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3,56

sur 218 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà une découverte tardive. Je n'avais rien lu de Kourkov avant de suivre cette série de personnages plus ou moins perdus dans un monde ukrainien qui, je le crains (même s'il n'est guère facile), n'existe plus.
J'ai toujours beaucoup de mal avec la littérature de l'absurde mais j'ai suivi l'intrigue (un peu longue…) avec intérêt, surtout le sort des bébés abandonnés. Et par ailleurs les chats dingues (hommage à André Franquin) m'ont bien plu.
Il me semble qu'une intrigue un peu plus resserrée aurait été plus agréable.
Ceci étant, lisant cet ouvrage en 2024, je me demande ce qu'il reste des monuments, rues, villages, décrits, avec cette terrible guerre, ce qui m'a sans doute un peu trop éloignée de l'humour pourtant très présent dans ce roman.
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L'humour et l'humanité (et une sorte de chat-garou !) d'Andreï kourkov, auteur ukrainien, dans ce roman de 2009, qui me semble fort optimiste presque 15 ans plus tard....
Dans la lignée du Pingouin, et pas encore aussi désespéré que les Abeilles grises.
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J'en voulais encore, de l'univers de Kourkov. Je l'ai vu à la Grande Librairie, et fus émue par son sourire un peu triste, un vrai Micha le pingouin cet homme. Modeste, l'oeil pétillant, l'humour mélancolique de ses livres, expliquant que depuis le 24 février 2022, ça lui était impossible de se concentrer sur une fiction, alors que la vraie vie se faisait saccager à sa porte, sous ses yeux, sur ses proches. Alors il tenait son journal de bord, la guerre, jour après jour, le cauchemar insensé.
Laitier de Nuit donc, c'était avant.
Trois histoires qui s'entremêlent. Un rien de fantastique, je ne suis pas fan, mais en cocktail comme ça, ça fonctionne. Kiev et sa banlieue. Toujours ces nouveaux riches cocasses et tapés, avec leurs humeurs, et leur pognon qui achète tout… d'ailleurs pourquoi pas, si ça peut faire le bonheur d'un orphelinat ! Et des bonnes gens normaux, qui s'en débrouillent, ne pensent pas vraiment à l'avenir, vivotant au jour le jour. Pas des malheureux non, pas des morts de faim, des gens comme vouzémoi, hésitants ou taquins. Des fifilles ou des dames qui ne s'en laissent pas compter, mais si, quand même, un peu. Des gars un rien éparpillés, relativement plein de bonne volonté mais encore engoncés dans la flemmardise soviétique qui ne produisait pas des foudres de guerre. Pas passifs pour autant, mais fatalistes, ça oui.
Le fait de sautiller entre ces trois histoires m'a gênée un peu. Mais on a tellement hâte de savoir ce que ça va donner, qu'on engouffre le livre quand même. Pas de pingouin dans celui-là, mais un sacré chat, un félin deus ex-machina, comme si les bêtes comprenaient mieux ce monde bizarre, que les petits humains d'Andreï.
Je commence à voir ses marottes, et les bizarreries de son style. Dans les trois livres que j'ai lus, le personnage erre, va chez lui, revient, va ailleurs, se demande, puis repart. Il y a de l'aller-retour, un peu inutile ? Ou est-ce justement, pour nous faire sentir que dans son univers, on ne sait vraiment pas où on va ? Ça erre beaucoup, en tous cas.
Les villes sont vides. Comme si tout se passait au petit matin ou la nuit. Des grands espaces (j'ai découvert Kiev dans la série de Zélensky "Serviteur du peuple" - du temps d'avant… et c'est ce que j'en ai retenu, des vastes esplanades, des jardins du bord du Dniepr, des larges places). Quelques ombres qui passent au loin, puis une silhouette surgit, lâche quelques mots, un regard, avant de disparaître dans la brume. Les seuls êtres dangereux sont les oligarques plus ou moins politiques, pas parce qu'ils sont violents, mais parce qu'ils ont perdu tout sens de la réalité avec leur argent et leur pouvoir, et peuvent être soupe-au-lait. Les autres, depuis les gardes du corps jusqu'aux bistrotiers ou aides à domicile, sont normaux, souvent sympas. Des amitiés se créent au hasard des rencontres. Souvent riches.
Le froid est comme un personnage récurrent. L'hiver arrive pour tout nettoyer. Il y a cette habitude de tenir bon pendant la rude saison, et les gens s'y entendent à se blottir dans des vêtements chauds, en respirant l'air pur à pleins poumons, sans se laisser déborder. le froid vivifie la peau, rafraichit le visage, et pose ses étoffes de neige sur la ville vide, laissant le grand silence s'installer. Et le printemps se laisse désirer, avec un souffle presque tiède par ci, un bourgeon de fleur par là. On est content d'avoir tenu bon, encore cette année. Ça rend presque les autres saisons inintéressantes.
Les maisons sont accueillantes. Même modestes, elles tiennent bien la chaleur. On enlève ses chaussures en entrant, par réflexe, même les invités.
On se fait un thé. On se boit une vodka - pour les hommes, ces dames préfèrent le cognac. Une question ? Allez hop, une vodka. Une maison bien chaude en rentrant du boulot ? Allez hop, un thé. Y tak dalié.
Les enfants sont des petits univers à eux tout seuls - presque indépendamment des parents. Un bébé perdu trouve une famille, un sein à téter. Les orphelins trouvent un parrain marrant. Une grossesse se passe sans le père qui s'est barré, c'est pas grave. Un autre père arrive, qui fera beaucoup mieux l'affaire. Les enfants s'y font, c'est la vie, pas de problèmes.
Les animaux, c'est presque pareil. Des êtres qui font leur vie, avec leurs collègues humains. Des chiens un peu, des chats beaucoup, un pingouin en d'autres livres. Tout ce petit monde est assez autonome, les interactions entre eux, du coup, c'est cadeau.
Et Kourkov aime bien se pencher sur la vie des morts, aussi. Un petit enterrement, des cimetières, l'or d'une dent qui tombe après incinération, les banquets après la cérémonie, une momification plastique, un mari qu'on revisite avant de finalement le coller dans son caveau, des veuves qui font copines, des chats qui reviennent…
J'aime bien cet univers, ça me va. J'aime bien cet homme. Et ses personnages.
Il en reste encore plein à lire, des Kourkov.
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Veronika a demandé à son voisin Igor de suivre son mari Semion, dont la vie nocturne semble très agitée, bien que ce dernier n'en ait aucune conscience…étant somnambule. Mais une nuit alors que le pharmacien est assassiné, il rentre avec des taches suspectes sur ses vêtements.
Dima est vigile à l'aéroport. Avec son chien il traque les bagages suspects. Jusqu'au jour où il tombe sur une mallette contenant des ampoules d'une étrange substance. L'effet sur son chat Mourik ayant été fatal à l'animal, il lui faut le remplacer sous peine de drame conjugal. Ce qu'il parvient à faire sans difficulté mais Mourik décide de ressusciter…
Irina se lève tôt tous les matins pour aller vendre son lait maternel à Kiev. Sa mère garde son bébé Iassia, qu'elle élève seule, comme beaucoup d'autres jeunes filles pauvres. Mais ce lait semble être l'objet de sombres trafics et bientôt Yegor, agent de sécurité, vient se porter à son secours…

Ces trois histoires apparemment sans liens entre elles vont se croiser, et peu à peu tisser la trame d'un récit unique.
Veronika devient amie avec Daria, la veuve du pharmacien qui décide de faire embaumer son mari et de l'installer dans son salon. Semion décharge chaque nuit des bidons de lait dans un orphelinat pour un député, Guennadi Illitch qui lui propose de devenir son assistant. Il découvre qu'il est membre d'une église sectaire, l'Ambassade de la Lune, véritable société secrète. Irina accepte d'arrêter ce travail et Yegor lui confie un autre nourrisson…qui était promis à Semion et Veronika. Mais comme les chats, les bébés se monnaient, et un autre est trouvé.
Derrière cet univers loufoque, Andreï Kourkov dénonce une société profondément corrompue, adoucie par la générosité des femmes et de quelques hommes. Heureusement que liqueur d'ortie, vodka et cognac coulent à flots pour adoucir la rigueur de l'hiver et du régime politique. Encore une fois conquise par l'univers kourkovien !
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Irina est la mère célibataire d'une petite fille de trois mois. Pour vivre avec sa mère, elle vend son lait dans un établissement de Kiev, situé en face du Parlement. A quoi sert tout ce lait collecté? Parfois, elle aperçoit des baignoires emplies de ce breuvage.
Dima est maître-chien à l'aéroport de Kiev. Un jour, son fidèle compagnon flaire une valise suspecte. Ses collègues la détournent et la cache dans le garage de Dima. Que contiennent les ampoules dissimulées dans cette valise?
Semion dirige une société de sécurité et travaille pour Gennadi Illitch, un député opportuniste et ambitieux. Somnambule, il demande à son ami Volodka de le suivre la nuit. Que fait-il la nuit avec cette femme inconnue et cette société secrète d'opposition, L'ambassade de la lune?
Des vies de couple tourmentées qui se croisent
A Kiev, Irina rencontre Yegor, membre de l'équipe de sécurité du Parlement. Amoureux, il veut libérer Irina du lactarium qui l'exploite en achetant son lait maternel. Mais on ne sort pas si facilement d'une entreprise qui fait commerce avec les politiques.
Dima vit avec Valia. En attendant d'être enceinte, elle porte tout son amour à un gros chat gris. Un chat que Dima pense avoir tué en lui administrant une ampoule mystérieuse de la valise. Mais curieusement, le chat semble présenter d'étranges pouvoirs.
Veronika, la femme de Semion, s'inquiète des absences nocturnes de son mari et se lie d'amitié avec la veuve du pharmacien. C'est ce pharmacien qui a mis au point les ampoules, un sérum « Antifrousse », destiné à ceux qui devront libérer Kiev de la racaille.
Une fable burlesque sur fond politique
Avec un ton léger et burlesque, ces trois histoires qui se croisent au coeur de l'hiver kievien, est une vision caustique du régime politique ukrainien. Nous sommes après la révolution orange, entre 2007 et 2010 ( date de parution du roman en France). Devant le Parlement, des communistes agitent leurs banderoles anti-Otan. L'ambassade de la lune, mouvement d'opposition dirigé par un psychiatre, souhaite soigner le pays et mettre fin aux privilèges des députés. Dans ce pays corrompu, tentent de vivre des personnages ordinaires qui louvoient au milieu des arrangements des politiques.
J'ai beaucoup aimé le suspense de ce récit loufoque, sous vodka et cognac, qui mêlent les destins de personnages étonnants et attachants. J'aimerais beaucoup lire les derniers romans d'Andreï Kourkov pour suivre sa vision de l'avenir de l'Ukraine.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Après « le Pingouin », je retourne à Kiev avec le même auteur.
Ce roman est constitué de tranches de vies de personnages qui semblent éloignées les uns des autres (bien que toutes liés à Kiev).
Un maitre chien qui tombe sur des fioles aux propriétés surprenantes,
Une femme qui vend son lait maternel,
Une veuve de pharmacien assassine qui fait plastifier son mari,
Des gardes du corps aux ordres de politiciens qui restent jeunes,
Des chats « dopés » (ne divulgâchons pas)…
Chacun lié sans qu'il le sache aux autres.

Le récit joue avec la réalité.
On oscille entre réalisme parfois cru sur la réalité de la vie à Kiev.
Pas de politicien intègre. Pas de petit profit. Pas de morale surtout et y compris religieuse (ou alors de façade et de façade dans le style clinquant).

On oscille aussi vers une douce fantasmagorie, un peu loufoque, un peu ironique et toujours très caustique.
Fantasmagorie qui vous prendra par surprise tant elle est juste après la frontière du vrai.

La société est profondément inégalitaire. Obscènement inégalitaire.
Le pauvre compte ses kopecks, le riche distribue ses dollars bien à l'abri derrière ses gardes du cor ps.
L'éventail des personnages est vaste et coloré.

J'ai préféré « le Pingouin » mais « Laitier de nuit » est aussi un bon point de départ dans l'oeuvre d'Andreï Kourkov.
Bémol

Le découpage en chapitre est trop haché. On passe quelques pages avec un personnage et… clac au suivant !
Et comme le récit se compose de quatre ou cinq histoires parallèles, vous retrouvez votre personnage cinq chapitres plus loin.
Aucune exception. C'est parfois un peu frustrant.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Deuxième roman de Kourkov pour moi. Je retrouve l'Ukraine en pleine décomposition , ces personnages quelconques (quoique …) pris dans des situations plus ou moins délirantes : trafic de lait maternel, ampoules mystérieuses ,somnambules , super-chat , cadavres et beaucoup, beaucoup d'alcool ! Un tableau caustique d'une société gangrenée par la politique , les mafias et l'absence de perspective autre que la survie par les magouilles. On en sourit mais c'est triste. Un peu dur d'y entrer à cause du grand nombre de personnages et de ces satanés noms slaves mais au bout d'un moment ça va.
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10 actes et une dizaine de personnages dont les vies s'entrecroisent, un portait de l'Ukraine bien étrange mais qui se laisse agréablement écouté.

Un agréable moment, décalé, un peu absurde ou se mêlent manipulation, meurtre, animaux fantastiques,... on s'attache aux personnages, on a envie de savoir comment ils vont évolué, se sortirent de ces situations si alambiquées.

Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Je vous vois venir. Avec pareil titre, vous imaginez déjà des scènes bucoliques de traite de vaches et de livraison de lait. Vous n'y êtes pas du tout : le Laitier de nuit de Kourkov est l'histoire, entre autres personnages, du livreur d'un trafic de lait humain. Et à défaut d'être bucolique, c'est drôle pour qui aime quand ça grince.
La construction du récit n'est en soi pas d'une originalité folle : des personnages que rien ne devrait amener à se rencontrer se croisent au fil de scènes surréalistes et pourtant crédibles si on veut bien considérer que la réalité a souvent tendance à aller bien plus loin que la fiction. Andreï Kourkov perpétue une longue tradition littéraire slave : la tragédie absolue et néanmoins burlesque. Il ne manque jamais de tendresse pour ses personnages, mais ça ne l'empêche nullement de leur faire traverser des situations d'une gravité extrême afin de mieux porter un regard éminemment cynique sur la société ukrainienne post-révolution orange. La corruption est absolument partout et les lubies des puissants sont payées, d'une façon ou d'une autre, par les plus démunis.
L'écriture est simple et efficace, à l'exact inverse de la société ukrainienne qu'il nous donne à voir et sert à merveille cette non moins fort slave résignation qui n'interdit pas un certain optimisme fataliste.
Sans être un chef d'oeuvre, Laitier de nuit est un roman social instructif et plaisant, bien loin des tendances nombrilistes et niaiseuses qu'on rencontre beaucoup trop de nos jours dans la littérature de chez nous.
Ça gratte et ça pique et c'est exactement pour ça que c'est bien.
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Une satire sociale étonnante, un portrait caustique de l'Ukraine actuelle, indépendante depuis 1991 et qui se cherche encore, empreint d'humour et d'absurde.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, les histoires sont loufoques, la construction est très intéressante, les histoires s'enchaînent et s'entrecroisent attisant la curiosité du lecteur (tout du moins la mienne a été attisée!), rendant la lecture absolument addictive, une fois le livre ouvert, il est difficile de le lâcher, c'est un tourbillon qui nous entraîne au coeur d'une Ukraine où corruption, pauvreté, violence, petits trafics en tout genre, sociétés secrètes font partie intégrante du décor.

La description de la société est très réaliste et pourtant, certains éléments surréalistes parsèment le récit et rendent l'atmosphère à la fois plus glauque et paradoxalement plus douce.

Une belle découverte, même si la fin m'a quelque peu laissée sur ma faim...

Ce livre fût un coup de coeur pour un bibliothécaire de ma ville, et c'est qui m'a donné envie de le lire. Bien m'en a pris. D'autres oeuvres de l'auteur me tentent : le Pingouin, le dernier amour du président, L'ami défunt, le Caméléon. Sa plume et son humour décalé me séduisent.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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