Inconnu à cette adresse

Une nouvelle sans aucun intérêt. Paru en 1938, ce livre est un échange épistolaire fictif entre deux amis. L'un s'appelle Martin, il vit en Allemagne et connaît la montée du nazisme, l'autre Max, il est juif et vit en Californie. Les deux hommes sont amis et décident de s'écrire pour se raconter leur quotidien.
L'idée est bonne mais j'ai trouvé le résultat vraiment mauvais. Rien ne donne envie de suivre les écrits des deux comparses qui racontent des faits insignifiants au lieu de nous faire comprendre leur amitié, leur personnalité ou le contexte global de leur époque. le seul moment qui aurait pu s'avérer intéressant retombe aussitôt vers d'autres bavardages. La transformation de Martin qui se laisse guider par l'idéologie nazie est intéressante pour comprendre à quel point cette partie de l'Histoire fut contrastée car il va jusqu'à mettre un terme aux relations avec son ancien ami à cause de sa religion. Un homme si tolérant qui se retrouve finalement enrôlé dans la terreur. Mais au lieu de ça, Kressmann Taylor expédie la fin de sa nouvelle (qui, heureusement pour nous, est courte). J'ai eu du mal à comprendre ce dénouement au premier abord qui aurait pu être plus simple et provoquer un vrai effet de surprise si le caractère des personnages avait été fouillé, les échanges moins plats et le tout dit plus simplement. Rien n'est suffisamment développé pour y voir un intérêt, dommage.

" L'histoire contée ici, diaboliquement habile dans sa conception mais d'une évidence, d'un naturel absolus dans sa forme expressive."

- White Burnett, postface d'Inconnu à cette adresse.




Je ne vois vraiment pas à quel moment l'histoire est diaboliquement habile. Peut-être que l'erreur que j'ai commise en tant que lectrice passionnée par la littérature de l'Holocauste ET de la correspondance épistolaire, c'est de m'attendre à une trame narrative solide.
Il faut l'avouer, le concept est intéressant, on suit au fil des lettres la dégénérescence d'une amitié censée être inviolable entre deux hommes de races différentes (et ennemies avec le temps) : Max le Juif et Martin l'Allemand. Sauf que Taylor a préféré s'attarder sur des détails futiles au lieu de bien dresser l'état d'âme des deux amis, et cela est très frustrant. D'ailleurs, on sent vraiment vers la fin qu'elle a juste bâclé son histoire, voulant soudainement en finir (comme quelqu'un qui parle beaucoup mais qui d'un coup, se tait x)

Dans le même thème : l'amitié au temps du progrom, je recommande L'ami retrouvé de Fred Uhlman, où on sent que l'écrivain a au moins fait de son mieux pour édifier une assez bonne base narrative.