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4,24

sur 5979 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La perfection en 73 pages , remerciements et postface inclus .

En un peu moins de 20 lettres , cette nouvelle épistolaire , épurée à l'extrême , réussit le tour de force de passionner , toucher , attrister et surprendre un lecteur qui , finalement , n'y opposera qu'un seul bémol : sa brièveté !

Max Eisenstein – Martin Schulse .
Deux amis propriétaires d'une galerie d'art à San-Francisco .
Novembre 1932 , première missive de Max , d'origine juive , à son ami Martin , de retour à Munich .
L'entre-deux guerres laisse une Allemagne exsangue économiquement . Véritable terreau fertile pour qui saurait alors haranguer et galvaniser les foules désespérées désormais enclines aux solutions les plus extrêmes ! Ça vous rappelle quelqu'un ? Un indice pour vous qui êtes chez vous : il adorait les enfants...sic...
Deux visions antagonistes d'un nazisme balbutiant ses premières gammes et c'est une amitié qui va , non contente d'exploser en plein vol , se muer progressivement en aversion réciproque la plus profonde .
Deux intimes , véritables symboles d'une Histoire déjà en marche .

Tension maximale , final époustouflant , bonheur total !
Ce bouquin est un véritable condensé d'émotions qui , au pire devrait vous faire passer un excellent moment , au mieux , vous apparaître comme étant désormais incontournable !

Inconnu à cette adresse : à ne surtout pas retourner avant de l'avoir ouvert !!!
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Les deux Allemands Max et Martin, associés marchands d'art installés en Californie, sont des amis de longue date. Lorsqu'en 1932 Martin retourne vivre à Munich, s'établit entre les deux hommes une correspondance d'abord assidue, puis de plus en plus espacée, à mesure que Max, de confession juive, constate l'emprise croissante de l'idéologie nazie sur son ami.


Inspirée de vraies lettres, cette nouvelle fit grand bruit lorsqu'elle parut en 1938, en pleine tension d'avant-guerre. Comment ne pas voir dans cette histoire une miniature du processus d'escalade menant à la seconde guerre mondiale, entre une Allemagne nazie de plus en plus belliqueuse et sûre d'elle, et des nations d'abord incrédules, bientôt contraintes à la confrontation violente une fois l'inconcevable avéré ? A l'époque de sa publication, un tel texte ne pouvait que sonner comme une terrible prémonition et soulever un raz-de-marée émotionnel chez ses lecteurs.


L'aspect le plus saisissant du récit réside sans doute dans le contraste entre sa formidable puissance et son extrême économie de moyens. L'échange de quelques lettres suffit à rendre claire et palpable une vérité, alors forcément pressentie, mais encore repoussée dans l'esprit du public. L'indifférente et désinvolte cruauté de Martin s'exprime en quatre mots lapidaires : « Ta soeur est morte ». La riposte de Max tient en quelques très courtes lettres, assassines au sens littéral du terme, qui laissent au lecteur le soin d'imaginer leurs tragiques conséquences. Sous la surface de chaque page se profilent ainsi des perspectives d'autant plus vertigineuses qu'elles laissent à notre intuition le soin de les sonder et de combler les pointillés.


Coup de maître donc que cette nouvelle, au point qu'elle fut jugée par l'éditeur et par l'époux de l'auteur comme « une histoire trop forte pour avoir été écrite par une femme », d'où le pseudo masculin Kressmann Taylor. Un texte choc, intemporel, dont les qualités m'ont irrésistiblement évoqué Stefan Zweig.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un tout petit livre.
Quelques échanges de lettres entre l'ami Américain et l'ami Allemand.
La période : l'entre-deux guerre
Une amitié remise en cause. Une amitié brisée. Une amitié qui deviendra haine.
Une vengeance.
Ce livre se lit à une vitesse fulgurante. La puissance est impressionnante.
L'auteur, en quelques lignes, a réussi à mettre le point sur une situation qui, bien avant la guerre, était déjà horrible.
2 personnages, 2 ressentis, la question n'est même pas qui a raison ou qui a tort. Chacun a ses arguments, chacun a son libre arbitre... La question serait peut être : comment aurions nous réagi à la place de l'un ou de l'autre ?
Le livre refermé, je suis sans voix. Rien de plus à ajouter, et en même temps tellement d'interrogations, de pensées qui s'entrechoquent.
J'ai encore pris une claque face à ce pan de l'Histoire...
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Entre 1932 et 1934, Max et Martin s'écrivent, entre l'Allemagne et les États-Unis.
Martin, l'ami allemand pense que l'avenir s'élance vers son peuple telle une vague prête à déferler. Il faut bouger. Il choisit de le faire dans le sens de la vague et non à contre- courant. Il se laisse convaincre que la finalité de ce mouvement est juste, malgré ses doutes au départ.

Le grand mouvement est en marche. « La petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement…le résidu malpropre d'une révolution », passe par-dessus bord, submerge le pays, entrainant avec elle la folie d'hommes électrisés par les paroles d'un fou.

Martin est de ceux-là. Pourquoi n'a-t-il pas nagé à contre –courant, quitte à se noyer dans sa lutte ?
Comment un homme peut-il se laisser à ce point transformer en homme approuvant des actes ignobles, des paroles monstrueuses et insensées ?

Dans cet échange de lettres entre Max le juif, et Martin l'allemand, on voit se dérouler une tragédie, un tsunami inéluctable. Aux mots froids et cruels de Martin qui assassinent leur amitié, qui piétinent la soeur de Max comme une souillure, Max répond par d'autres mots, plus subtils, mais non moins efficaces. Max n'a plus que ces mots dans ces lettres pour se défendre, pour venger sa soeur, pour effacer cet homme, en faire un « inconnu à cette adresse ».

Roman épistolaire bref et percutant, suivi des faits historiques qui décrivent cette période de l'histoire qu'il ne faut pas oublier, pour que la vague ne se reforme pas.
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Une courte mais grande nouvelle, inconnue à cette adresse pendant 40 ans.

En voulant lire « Si c'était un homme » de Primo Lévi, un proche m'a recommandé de découvrir « Inconnu à cette adresse » de K. Kressman Taylor, journaliste d'origine allemande mais citoyenne américaine. L'auteur rédige cette nouvelle en 1938, sous un nom masculin, plus vendeur à l'époque pour l'éditeur parait-il. Elle dit avoir eu cette inspiration à la suite de lettres d'américains, dont le contenu était censuré, envoyées en Allemagne avant la guerre 39-45, mettant en danger les citoyens allemands recevant ces mêmes lettres.
J'ai été surpris de constater qu' « Inconnu à cette adresse » avait connu une traversée du désert pendant 40 ans après la seconde guerre mondiale et ce jusqu'en 1995, date de sa réédition. La société ré-éditrice pensait même que K. Kressman Taylor était décédée, c'est pour dire.

Cette nouvelle est donc construite uniquement sous forme d'échange de lettres entre un américain juif, Max Eisenstein et un allemand, Martin Schulse, ayant vécus ensemble aux Etats-Unis pour créer une galerie d'arts. L'échange démarre en novembre 1932 lorsque Martin est rentré dans son pays et qu'Hitler va accéder au pouvoir, mettant fin à la république de Weimar. A vous de découvrir la suite…

Nouvelle éditée au rayon jeunesse (précisément « historique adolescent » pour la version que j'ai lue), ce texte est bien entendu destiné à tout public intéressé par cette période trouble. On s'attarde sur la plume magnifique de l'auteur dans les deux premières lettres et le contenu prend le dessus par la suite, jusqu'à ce dernier courrier qui aurait mérité de ne pas être traduit en français.

Très rapidement, j'ai établi un parallèle avec « La liste de Schindler », roman historique écrit par l'Australien Thomas Keneally qui relate l'histoire d'Oskar Schindler, un allemand membre du Parti nazi, qui a sauvé plus d'un millier de juifs du camp de concentration de Płaszów en Pologne. La question ambiguë posée était comment peut-on agir contre la barbarie du nazisme tout en étant membre du parti ? Martin s'est-il posé la question le jour où il a ouvert sa porte à une jeune femme, pas inconnue, en novembre 1933, ce jour où tout a basculé ?

Si on lit parfois des ouvrages pendant un mois que l'on oublie dans la foulée, il est certain que cette lecture d'une heure me hantera quelques années encore. La dernière image du livre, avec l'entrée dans le camp de Birkenau II, a fini par m'achever. Suite à mon voyage en Pologne (1), j'ai rêvé pendant des années de ces rails, longeant la route venant d'Auschwitz (Oswiciem en polonais) et traversant le camp de Birkenau. Cette image réelle a été, pour ma part, bien plus forte que la visite du camp de Mauthausen en Autriche, beaucoup plus évocatrice en tout cas pour imaginer le pire…

Pour terminer sur la nouvelle « Inconnu à cette adresse », un texte à lire absolument d'une puissance dévastatrice, comme cette image furtive du camp de Birkenau II.

(1) Je raconte quelques épisodes de mon voyage avec mon grand-père, déporté durant la guerre, dans la critique de la « Liste de schindler ».
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*Concision parfaite*

Inconnu à cette adresse n'est pas à proprement parler un roman. C'est une nouvelle épistolaire de 46 pages avec beaucoup de blancs. Ca se lit en 20 minutes top chrono... et pour ceux qui sont passés à côté, vous pouvez franchement prendre vos 20 minutes pour lire cette perle.

Que nous raconte Kathrine Kressmann dans ce bouquin ? La montée du nazisme dans les années 30-40, vue par les yeux des deux protagonistes, émigrés allemands aux Etats-Unis dont l'un retourne vivre en Allemagne en 1932. Celui qui reste aux States est juif. Amis, presque frères, au début du roman, le discours d'Hitler a tellement d'emprise sur celui qui est rentré qu'il en arrive à renier son amitié... voire même à ne plus se montrer humain envers les gens qu'il a pourtant aimés. S'ensuit une subtile et magnifique vengeance machiavélique à souhait.
Par chez moi on dirait "El bac finit toudi par rqueyi sur le pourchau » (mais vu que je suis sympa, je vous fait la traduction en bon françois « Une auge finit toujours par se retourner sur le cochon »)

A lire, car c'est un monument... ok un petit monument, mais un monument quand même.


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1932, Deux amis vivant aux Etats-Unis se séparent : Max est resté en Amérique tandis que Martin a regagné l'Allemagne, nous informe la première lettre de Max. « C'est une Allemagne démocratique que tu retrouves, Une terre de culture ou une magnifique liberté politique est en train de s'instaurer » C'est ce qu'affirme Max. Nous ne sommes qu'en 1932 et une amitié éternelle semble unir les deux amis. Amitié menacée dès 1933, après la chute de la République de Weimar, par l'arrivée au pouvoir d'Hitler, qui s'atténuera et disparaîtra pour des raisons idéologiques, le national-socialisme faisant des ravages dans une certaine proportion de la population allemande.

Un écrit court mais poignant qui montre l'absurdité de la guerre et la façon dont le führer parvint à galvaniser les foules pars ses talents d'orateur pour les amener à accepter l'inacceptable. On observera l'attitude des deux hommes : incompréhension de Max, fanatisme grandissant de Martin s'accompagnant de la « haine du juif » prônée par le gouvernement.

Un roman épistolaire court mais efficace et complet que les professeurs d'histoire devraient étudier avec les élèves, certains le font certainement, pour en extraire de nombreuses connaissances sur cette terrible période.

Inconnu à cette adresse, affirma Kathrine Kressman Taylor, est fondé sur quelques lettres réellement écrites que l'auteur a choisi de romancer et de publier en 1938 dans Story Magazine, et qui connaîtra un tel engouement que le Reader digest le publiera à son tour. Un grand succès donc, aux Etats-Unis. Il est bien dommage de se dire que cette publication impensable dans l'Europe, sous le joug allemand aurait été de suite censurée.

C'est avec une énorme boule au ventre que j'ai parcouru cet écrit qui m'a rappelé Mon ami Frédéric et l'ami retrouvé, des écrits tout aussi poignants.
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J'ai longtemps tardé à rédiger une critique de ce livre épistolaire.
Besoin d'y réfléchir.
Ce livre m'avait été conseillé et prêté par une amie qui revendique fortement ses origines juives et n'hésite à mettre en avant ses convictions pro-israëliennes.
Cet échange épistolaire m'a énormément troublé. Point de vue intéressant sur la Shoah. Je crois qu'on n'en aura jamais fini, à juste titre, avec ce pan de l'Histoire.
C'est court mais très intense et ne laisse pas le lecteur indemne.
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Deux protagonistes seulement, une vingtaine de courtes lettres, une poignée de mots échangés, à peine 80 pages.
Et paf : sans crier gare, on se prend une giga fessée littéraire. Beaucoup plus puissante que la claque, car forte de cet avantage non négligeable d'une masse corporelle plus conséquente pour frapper de plein fouet.

Fin 1932 à début 1934. Kathrine Kressmann Taylor retrace la correspondance entre deux amis, deux galéristes associés aux Etats-Unis : Max, juif resté à San Francisco, et Martin, allemand retourné vivre à Münich. Si dans un premier temps l'éloignement ne semble pas ternir l'amitié sincère et de longue date des deux hommes, il n'en sera pas de même quand L Histoire se mettra en marche. Lorsque le régime nazi accompagné de toutes ses fielleuses douceurs s'installe perfidement dans la Deutschland des années 30, le ton change : tandis que Max s'inquiète de la montée en puissance d'un certain Hitler, Martin s'en félicite, y voyant un visionnaire porteur d'espoir et de renouveau pour l'Allemagne. Tout juste Auguste, encore un qu'a tout compris.

Chaque nouvelle missive est plus vigoureuse que la précédente, faisant monter une écrasante tension. L'animosité grandissante de Martin, virevoltant sur le fil de l'antisémitisme, ainsi que sa métamorphose en nazi convaincu sont fulgurantes, nauséeuses. Coupant court à l'alarmisme de Max et dévoilant un discours malveillant, il fera voler en éclats nauséabonds la belle amitié. Seule arme de Max contre la trahison : ses lettres.

Kathrine Kressmann Taylor met en scène le pouvoir des mots : la puissance de l'écriture devient une formidable et pernicieuse arme, figure de résistance active et avant-gardiste à la veille d'une guerre de la haine sans précédent.
L'auteure nous transporte de bout en bout dans une valse endiablée d'émotions jusqu'à l'étourdissement, avec un final inattendu, flamboyant. 

Moyennement emballée par les formats courts, et encore moins par les récits épistolaires, je me suis pourtant aventurée dans cette lecture, en ufologue éclairée, curieuse de l'aura de chef d'oeuvre planant sur le soi-disant ovni. Je pensais naïvement ouvrir un petit livre que j'aurais pu rapidement expédié aux oubliettes spacio-corticales de mon cerveau. Mais, oh surprise étonnamment surprenante, me voilà finalement à aboyer avec la meute sur l'indiscutable grandeur de l'oeuvre, jusqu'à embarquer Inconnu à cette adresse sur mon île déserte babéliote.
Rarement livre sur la portée de l'idéologie nazie ne m'aura autant abasourdie, troublée. Cette auteure m'a littéralement renversée, pour ne pas dire mise le ass par terre, par tant de force narrative, de subtilité et d'intensité en si peu de pages.

Une magistrale déculottée je vous dis.
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Max Eisenstein, juif américain et Martin Schulse, allemand, plus que des amis, sont des frères. Ensemble ils tiennent une galerie d'art à San Francisco, sont complémentaires au travail et entretiennent, dans le privé, des liens indéfectibles.
Quand, en 1932, Martin décide de retourner en Allemagne, l'éloignement ne change rien à cette amitié. Une correspondance assidue s'établit entre les deux hommes qui échangent, l'un sur sa nouvelle vie et la dure réalité de son pays mis à mal par la première guerre mondiale, l'autre sur les affaires toujours florissantes de la galerie.
Mais, l'Allemagne, lentement se relève de ses cendres, portée par l'énergie d'un homme qui donne à son peuple un but à atteindre et un coupable à blâmer. Si Martin est sceptique au début, il adhère au fil du temps aux thèses d'Hitler. Ses lettres s'espacent et il finit par trahir son ami de toujours, son frère…

Une nouvelle épistolaire époustouflante. Peu de pages mais qui contiennent tout le drame d'une période trouble qui a vu tout un peuple se jeter corps et âme dans l'aveuglement et l'antisémitisme.
Une amitié reniée, une trahison commise au nom du patriotisme, car finalement c'est peu de chose si l'on compare avec l'élan insufflé par Hitler, avec la renaissance de l'Allemagne qui retrouve sa dignité, qui se relève après avoir été humiliée. Avoir un ami juif devient une tache qu'il faut effacer…
Martin ne peut y croire et pourtant…
Sa vengeance sera insidieuse et subtile. Son arme : les mots. Des mots bien choisis pour compromettre ce frère qui n'en est plus un, pour détruire celui qui fut tout pour lui et qui n'est plus rien, moins que rien…
Un texte fort et poignant à lire, à relire, à faire lire.
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