Si vous aimez les thrillers psychologiques, fouiller les méandres de la psyché, comprendre les relations liées au genre humain, alors ce roman est fait pour vous ! Dans la lignée des "Apparences" de
Gillian Flynn ou encore d' "Avant d'aller dormir" de S.J Watson, sans toutefois être le meilleur de sa catégorie, ce récit entretient le suspense tout en dessinant les contours de personnages travaillés. Construit sur un réseau de flash-back autour de trois personnages,
Mary Kubica nous balade gentiment pour apporter une touche humaine et sensible à ce kidnapping qui soulève bien des interrogations. Sans grands rebondissements ni actions démesurées, il aborde avec finesse des thèmes universels comme les relations parents / enfants, l'amour maternel ainsi que la violence psychologique au sein du couple. Derrière cet enlèvement, se fissure le portrait des apparences...
A Chicago, Mia jeune et jolie enseignante pour élèves en difficultés a disparu. Fille d'un célèbre juge, James Dennett, elle est plus précisément enlevé par Colin
Thatcher, un séduisant et sombre jeune homme payé par un certain Dalmar. En ne livrant pas Mia comme convenu, il s'expose au courroux de son employeur... Cachés en forêt dans un chalet rustique, le ravisseur et sa victime vont se jauger, se défier pour, enfin, amorcer le dialogue. Pourquoi Mia a-t-elle été kidnappée ? Que s'est-il passé dans ce chalet pendant deux mois ? Roman choral, on écoute en deux temps, pendant et après enlèvement, trois personnages répondre à nos questions. Entre Gabe, le flic investi, Eve la mère dévastée et Colin en homme acculé, les masques tombent...
Thriller plutôt soft, exempt de mièvrerie, il s'agit plutôt ici d'une introspection des émotions et réactions humaines. On peut considérer que le kidnapping n'est finalement pas le plus important au profit des relations et des conséquences qu'il provoque grâce, notamment à l'habile construction de l'auteure. le "pendant et l'après" permettent de mettre le doigt sur ce qui n'allait pas ou risquait d'imploser. En prenant l'exemple flagrant du personnage d'Eve, maman de Mia, on remarque une évolution surprenante du personnage et de son caractère. Femme très discrète, peu loquace, elle s'efface volontiers devant un mari imposant. Régulièrement humiliée par celui-ci, le soutien moral qu'offre Gabe lors de la disparition lui ouvre les yeux sur sa condition domestique.
Comme une dénonciation des violences psychologiques infligées,
Mary Kubica y introduit aussi la pression parentale imposée aux enfants. Considérée comme le vilain petit canard de sa famille en ne voulant pas suivre le modèle professionnel de son père, Mia exprime plus son incompréhension que sa colère envers une famille qu'elle ne reconnaît pas.
Les liens douteux qui unissent peu à peu les personnages clé du récit, en font plus qu'un thriller, mais bel et bien un livre sur les relations. Justement, qu'elles soient chaotiques, évidentes ou non, l'intérêt est l'improbabilité de certaines rencontres.
J'ai notamment aimé la surprenante relation entre Colin et Mia. Alors que tout oppose les jeunes gens, un lien semble se tisser. Est-ce dû à l'hiver glacial qui s'abat sur le chalet et l'impossible réchauffement des corps ? Une compréhension de l'histoire familiale ? La question du syndrome de Stockholm est posée.
La famille, l'amour et la maternité sont, entre autres, des questions récurrentes dans ce roman maîtrisé bien qu'un peu trop long. J'ai, malheureusement, deviné la fin... la faute à tous ces thrillers déjà lus ! Malgré l'illusion quasi parfaite, ce roman oscille entre stéréotypes et interrogations pertinentes. Une lecture en demi-teinte donc accompagnée de son thé blanc Lov Organic mangue / passion et d'une tranche (ou deux, voir trois...) d'une brioche maison.
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