Cette bande dessinée est un très bel hommage de Li Kunwu à sa mère, une femme forte au destin particulier. Il nous retrace sa naissance dans une famille paysanne et la chance qu'elle a eu de pouvoir aller à l'école malgré tout. Cette jeune fille avait une volonté de fer et ne rechignait pas à la tâche, elle était très jolie et intelligente, et ne rêvait que de continuer ses études coûte que coûte.
À travers le destin de sa mère, Li Kunwu nous présente l'Histoire de la Chine. Il nous explique dans quelques paragraphes le contexte de l'époque, par exemple la présence des étrangers dans le pays, la haute mortalité infantile, les coutumes (notamment le fait d'envoyer une petite fille dans une autre famille pour qu'elle épouse des années plus tard le fils de la maison etc.)
J'aime beaucoup la couleur du papier, cette impression de papier ancien, ainsi que les couleurs utilisées qui changent des autres bandes dessinées que j'ai pu lire de Li Kunwu. Il utilise ici des nuances de gris qui donne un ton assez doux à l'ensemble. Seul autre couleur : le rouge qui apparaît parfois sur les pommettes de sa mère quand elle rougit.
J'ai donc beaucoup aimé cet hommage touchant et ce destin si particulier.
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Les premières années du XXe siècle voient la naissance de Xinzhen en Chine. D'une famille divisée entre civilisation et aisance de la ville et pauvreté de la vie rurale, la petite fille grandira en fréquentant les deux mondes. Son existence sera rythmée par les guerres civiles, l'arrivée du communisme et l'invasion par le Japon.
L'auteur rend hommage à sa maman à travers un roman graphique qui prend une dimension historique dans cette Chine divisée entre faste et insalubrité. On découvre une tranche de vie insérée dans l'histoire de ce qui est maintenant une des plus grosses puissances mondiales.
Les paysages sont magnifiques mais j'ai eu du mal avec le dessin des personnages qui semble parfois rapide.
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Un mélange entre biographie et témoignage pour l’histoire.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Le taux de mortalité infantile était très élevé. Les gens faisaient beaucoup d'enfants par peur de ne pas avoir de soutien économique pour leur vieux jours. Ils espéraient ainsi en garder vivants un sur trois, deux sur cinq, trois ou quatre sur sept ou huit. Ainsi le cercle vicieux se mettait en place. Plus on faisait d'enfants, plus on s'appauvrissait, et plus on devenait pauvre, plus les enfants mourraient et plus on devait en faire.
- Tonton, c’est quoi une infirmière ?
- Comment ? Une infirmière ?
- Une dame étrangère m’a dit il y a quelques jours que je devrais être une infirmière plus tard.
- N’écoute pas les affabulations de ces dames étrangères. Elles connaissent les affaires de leur dieu, mais pas celles des humains.
- C’est quoi leur dieu ?
- Leur dieu, c’est comme les bouddhas dans les temples. Ce sont des divinités faites de boue, de bois et d’herbes.
- Pour quoi faire ?
- Pour escroquer les gens.
- Et une infirmière, c’est aussi pour escroquer les gens ?
- Euh... probablement.
Le gouvernement nationaliste de cette époque n'avait aucune capacité militaire de résistance contre les attaques aériennes. La seule chose qu'il faisait était d'avertir la population de la nécessité de se mettre à l'abri comme elle pouvait.
Lorsque les bombardiers entraient sur le territoire, on hissait une gigantesque lanterne rouge sur un poteau au centre-ville et on déclenchait les sirènes.
À mesure que les bombardiers s'approchaient, les lanternes devenaient plus nombreuses et les sirènes plus fréquentes.
Du premier bombardement de Kunming, le 28 septembre 1938, jusqu'au dernier, le 26 décembre 1944, l'aviation japonaise effectua une centaine d'attaques sur une vingtaine de villes du Yunnan, massacrant des dizaines de milliers de civils, notamment à Kunming.
Chine, France, Li Kunwu relie les mondes.