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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec l'essor d'Internet, la presse écrite est en pleine mutation. Cette revue pour enfants va en faire les frais, et avec elle, tous les salariés qui y travaillent. Les rumeurs cèdent la place à la panique, puis aux diverses stratégies d'intégration ou de rejet face à la restructuration. La polyphonie reflète bien la palette des réactions possibles : solidarité ou individualisme, bassesses et mesquineries pour sauver sa peau ou régler ses comptes. Les carriéristes opportunistes essaient de tirer leur épingle du jeu, les défaitistes se voient déjà dehors, tandis que d'autres essaient de s'en sortir le moins mal possible, sans trop de dommages. Mais attention, qui dit groupe dit interactions donc ajustements : personne n'est à l'abri de surprises...
Un livre intéressant sur le malaise au travail - exacerbé ici par une situation de crise - et plus généralement sur les relations au sein d'un microcosme, et sur la crainte du changement. Un léger bémol : ça m'a semblé dénué d'émotion, l'analyse des protagonistes reste relativement "froide", même si l'on suit la vie privée de certains. Bon, il faut préciser que j'avais en tête "Les heures souterraines" de Delphine de Vigan.

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Une maison d'édition de presse pour enfants, au bord du dépôt de bilan depuis un an, est rachetée par un homme d'affaires qui n'apparaît qu'un fugace instant comme un sauveur : sans scrupule, le vulgaire et cynique Paul Cathéter entend restructurer, réorganiser, rentabiliser, et, bien sûr, licencier.
Tous les employés, en choeur, vivent désormais sous l'épée de Damoclès de l'annonce des prochains licenciements (distillés au compte-goutte pour éviter un plan social).
On suit plus précisément Agathe, qui travaille dans la presse jeunesse parce qu'elle n'a jamais voulu grandir, fragile, qui cède à ses névroses ; Patrick, l'histrion ambitieux qui ne perçoit pas ses ridicules ; Dominique, qui ne craint rien plus que de ressembler à sa belle-soeur et veut (se) prouver qu'elle peut réussir dans son travail sans savoir voir combien elle est agie ; Muriel, à l'ambition dévorante de petite fille qui recherche désespérément l'approbation paternelle, si bien qu'elle se rend compte qu'elle n'est pas forcément prête à toutes les compromissions ; Ariane, enfin, anesthésiée par la vie, toute en révolte et en blessures sous son masque de détachement, terrifiée mais prête à céder à tous les instincts de survie.
Nous étions des êtres vivants évite l'écueil de beaucoup de romans sur le monde du travail, dont les personnages peuvent rester cantonnés à leur situation professionnelle désincarnée ; au contraire, les protagonistes de ce roman, notamment Muriel et Ariane, sont complexes et équivoques. Les tiraillements entre la solidarité collective et la préservation de ses intérêts propres sont traités avec intelligence, comme les fissures que créent la mise sous tension professionnelle et les menaces de licenciement.
Dans la forme, comme beaucoup de romans choraux qui juxtaposent des récits à la première personne, il y a une uniformité des voix qui se confondent dans celle de l'auteur. Néanmoins, comme le style de Nathalie Kuperman est incisif et élégant, c'est un moindre mal : au moins tous ses personnages ont-ils le sens de la formule et du trait d'esprit.
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J'ignore si ce le thème qui m'a plu puisque d'actualité, si c'est l'humaine condition de chaque personnage, ou si c'est l'écriture fluide et agréable qui m'a fait dévoré ce livre. C'est surement un tout :le fait que d'une situation devenue banale de nos jours (la restructuration d'une entreprise et ce qui s'ensuit) l'auteur ait pu écrire un roman intéressant, où chacun peut reconnaitre soit ses collègues, soit ses propres pensées . Roman écrit de plusieurs voix et c'est ce qui rend captivant ce roman, c'est que l'évènement ne soit pas vécu par un mais plusieurs personnages qui se débattent comme ils le peuvent entre leur peur, leur désir, leur valeur et leur vécu. Comme l'annonce la quatrième de couverture, c'est bien le chant d'une époque qu'on découvre là.
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Quand ça fait un an qu'on a peur pour son travail, la venue d'un repreneur apparaît comme une chance. On pense que finalement, tout devrait s'arranger. Surtout quand les représentants du personnel sont là pour s'assurer que toutes les conditions sont remplies pour que chacun garde sa place. Mais une société qui est à vendre l'est souvent car pas rentable ou plus assez rentable. Alors quand le repreneur est un financier avant tout et non un homme du métier, on se doute qu'il ne vient pas pour maintenir les choses en l'état.

Et, bien sûr, les choses vont changer et les employés vont s'en rendre compte très vite. Et c'est dans ce moment-là, ceux où on sent que les choses commencent à basculer, que les caractères se révèlent, que les clans se créent, que les langues se délient. Très vite, il va y avoir ceux qui vont tout faire pour se mettre en avant ; ceux qui refusent le changement, mais qui sont prêts à vendre père et mère lorsqu'une opportunité se présente ; ceux qui attendent, confiant encore en l'être humain et certains que les choses vont se passer pour le mieux ; ceux, aussi, qui finalement ne comprennent plus le monde inhumain de l'entreprise…
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/nou..
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Nathalie Kuperman nous raconte une tragédie moderne en trois actes, avec choeur et personnage. L'unité de temps (un weekend, pas plus) est respecté, et le changement de lieu va être cause de bouleversement. Se pourrait être un roman social, qui rappellerait Zola, si ce n'est que la solidarité n'est qu'un mot. le but de chacun n'est pas tant de lutter pour conserver la maison d'édition dans son intégrité mais de garder ses avantages acquis et bien sûr, son métier.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Nous étions des êtres vivants / Nathalie Kupermann
C'est sous la forme originale d'un journal de bord assez froid dans lequel s'expriment les différents acteurs de cette histoire très actuelle que Nathalie Kupermann nous met dans l'ambiance d'une restructuration d'entreprise de presse spécialisée pour enfants après son rachat alors que la crise socio économique déferle sur le pays. Dans un style très maîtrisé, sobre, mesuré et concis, l'auteur nous fait découvrir ce monde cruel et sans pitié de l'entreprise. La presse papier connaît un recul indéniable, inéluctable et inexorable. Elle doit s'adapter et là nous observons le décalage qui prévaut la plupart du temps entre le point de vue de l'employé qui grosso modo se satisfait de son sort quand tout va bien alors que les nécessités présentes et futures réclament une évolution pour être en phase avec les réalités économiques modernes, et la direction à la botte du repreneur qui nourri d'ambition et de résultats à tout prix use de tous les moyens plus ou moins avouables pour parvenir à ses fins. le décalage est constant entre ceux qui détiennent les plus hauts postes et ceux qui dans l'incertitude ne rêvent plus, rongés par l'angoisse du lendemain, et se contentent d‘une médiocrité relative mais stable, sans illusion et chargée de doute. Tous ces thèmes sont très actuels.
Trois protagonistes se font face : la direction, le repreneur et les ouvriers. Un compte-rendu circonstancié de leurs pensées respectives, de leurs projets et de leurs actions participe ainsi à la construction de ce récit, heure par heure, jour après jour, au présent de l'indicatif. Cette forme originale fait songer à un requiem au cours duquel se succèdent les arias des personnages clef et le choeur de l'entreprise dans son ensemble.
le personnage de Cathéter, (jeu de mot ?), le captieux repreneur, qui doit amener en principe un sang nouveau à l'entreprise est d'un cynisme révoltant et distillant la peur il se livre à des déclarations qui ne sont pas vraiment du genre à rasséréner les employés : « Les ordres doivent être vécus comme des invitations à se fondre dans l'intérêt commun de la nouvelle entreprise. » Et plus loin : « Les plaintes des ouvriers doivent être considérées comme des humeurs déplacées. » Et les ouvriers de dire : « Cathéter, sa force, c'est qu'il s'endort sans penser à nous. » Sans illusions les employés ! Par ailleurs le poids des inimitiés, des disconvenances et des allergies guide la conduite de chacun et personne ne se fait de cadeau : il faut sauver sa peau. À tout prix. Absolument.
Malgré l'intérêt évident du thème choisi par l'auteur en cette période de crise mondiale, je pense que finalement la forme n'est pas tout à fait à la hauteur du fond comme l'a dit un lecteur. Honnêtement, j'ai ressenti peu de plaisir à lire ce récit qui ne m'a à aucun moment captivé. Je l'ai lu comme un reportage d'hebdomadaire bien senti et bien rédigé. J'ai même connu des moments d'ennui ne parvenant pas à bien cerner des personnages un peu falots qui ne séduisent pas le lecteur et qui manquent de charisme. Et puis il y a des longueurs malgré la brièveté d'un récit qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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Livre prenant sur la reprise, délocalisation et finalement "dégraissage" d'une entreprise de presse par un patron voyou.
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Dans ce roman, nous assistons directement à la fin d'une entreprise.
Voici près d'un an que les salariés éspèrent un repreneur. Pendant de longs mois, c'est l'angoisse, l'espoir, les "on dit"... qui alimentent le quotidien. Ils anticipent, ils s'imaginent et se préparent à tout. Jusqu'au jour où ces salariés doivent préparer les cartons. Fini le plan social à préparer, un repreneur est annoncé! C'est dans un soulagement général mais aussi avec une certaine crainte que les salariés se préparent à la restructuration de leur entreprise. Une autre vie commence pour eux...
Un roman très touchant qui nous plonge dans le monde très incertain des entreprises d'aujourd'hui. Nathalie Kuperman dresse le portrait moral de quelques salariés et du "choeur" face à la sitution vécue et à son évolution.
De telles situations, de plus en plus courantes hélas, ne peuvent que laisser des traces, aussi bien à ceux qui en sont acteurs qu'à ceux qui liront ce livre.
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