A la manière d'un tableau impressionniste,
Carole Labarre articule de courtes scènes de vie comme autant de touches de couleur qui malgré leurs contrastes trouvent une cohérence d'ensemble.
« Installée sur ses montants, je contemple l'embarcation à la lumière du soleil couchant. Sa toile rouge, devenue d'un rose fané, est maintenant déchirée à plusieurs endroits, en lambeaux sur son ventre creux. le bois, jadis d'un beau blond doré et brillant, s'assèche en une couleur grise et terne. Sa flamboyance, éteinte. » (Chapitre « le canot de Shenum »)
Lorsque Pishimuss évoque les souvenirs de sa vie innue dans le Nutshimit, la plume est plus poétique, les couleurs plus lumineuses et chatoyantes, le tableau plus vivant.
L'effet de contraste avec les scènes se déroulant dans le présent est d'autant plus saisissant. La mélancolie, la perte de repères, le désarroi de ceux qui ont été privés de leur mode de vie sont exprimés à travers le personnage de Mathias, ce père absent, alcoolique, « le fils qui meurt sans jamais mourir ».
Et pourtant le lien avec sa culture, avec la forêt, avec les anciens n'est pas définitivement rompu, une lueur de cet idéal continue de l'animer.
« Toute sa culture n'est que survivance. Elle n'est que résilience. Elle n'est que résistance. Tu es toi aussi un enfant de la Terre. Tu es innu. Ne l'oublie jamais Mathias. » (Chapitre « Innu »)
Avec une écriture délicate et poétique
Carole Labarre signe un premier roman plein de sensibilité.