AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 100 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
2 avis
1
0 avis
« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur. »

Louise Labé (1524-1566)

Je me souviens ...
La découverte de Louise Labé, XVIème siècle, l'une des rares femmes de l'époque poétesse et ... lyonnaise de surcroît (ma région !).

Je me souviens ....
Comme une révélation, un coup de foudre littéraire !
Mes quinze printemps touchés par ce poème d'un autre temps et pourtant ...

Je me souviens ....
À l'aube de mes premiers amours, la résonance des mots : alchimie violente et sensuelle à la fois ... la passion amoureuse dans toute sa dualité.

Indéniablement, mon poème préféré !

Et vous, quels sont vos poèmes d'amour préférés ?
Commenter  J’apprécie          465
La Sapho du XVIème siècle! Une grande amoureuse, une grande poétesse, rompue aux lois sévères du (nouveau à cette époque) sonnet, venu d'Italie, pratiquant l'oxymore et l'anaphore avec une élégance toute naturelle: en 14 vers, elle consume brillamment toute sa ferveur , tout son talent, avec une générosité unique.
Il faut relire Tant que mes yeux pourront larmes épandre...C'est, pour moi, un des sommets de la poésie renaissante.
Commenter  J’apprécie          172
Elles sont courtes les oeuvres complètes de Louise Labbé : un discours, quelques élégies, quelques lettres, moins d'une trentaine de sonnets, dont seule une vingtaine est attribuée avec certitude...
Pourtant, ses oeuvres portent une voix singulière. Celle d'une "dame lyonnaise", éprise de culture gréco-latine, une humaniste oui. Mais ce n'est pas qu'une érudite qui alignerait les citations ou imiterait les anciens ou les Italiens. C'est avec son propre coeur, ses propres émotions et ses propres désirs qu'elle écrit : elle désire, oui, elle pense à son amant, aux baisers de son amant, et elle le dit avec une écriture sensuelle. Elle revendique aussi l'instruction, l'élévation pour les femmes qui doivent être les égales des hommes. le mot féminisme n'apparaît pas, mais il y a bien certaines idées qui peuvent être qualifiées de féministes ; et, par son écriture même, son érudition et sa sensibilité, Louise Labbé prouve que les femmes peuvent être des poétesses.
Je regrette en revanche l'illustration de la couverture : les poétesses sont déjà peu connues et reconnues, présenter un portrait qui n'est pas celui de Louise Labbé, en cachant le regard comme pour marquer une forme d'anonymat est un nouveau moyen de l'invisibiliser ou de la rejeter dans l'ombre de ce qui serait une grande histoire littéraire masculine. de son vivant déjà ou juste après sa mort, certains poètes et critiques ont mis en doute son existence même, ou le fait qu'elle ait écrit elle-même - elle aurait été aidé par son amant, un homme donc, le génie ne pouvant pas être féminin pour certains. Pour dénigrer son oeuvre, d'autres critiquaient sa moralité, la traitant de courtisane, ce qui est un mot plus élégant pour prostituée - une jeune femme veuve non remariée a, de toute façon, était critiquée.
Commenter  J’apprécie          131
On ne connaît ordinairement que quelques sonnets frappants et sublimes de Louise Labé, mais cette édition, ce mince volume de ses oeuvres complètes, donnera au lecteur une image plus globale de cette personnalité, de cette femme de lettres comme il y en eut au XVI°s. La lettre liminaire, qui dédie tout le recueil à Clémence de Bourges, est un programme féministe comme ce siècle en produisit quelques-uns, sous la plume de Marguerite de Valois ou Marie de Gournay. le "Débat de Folie et d'Amour" révèle les qualités de prosatrice de Louise Labé. D'autre part, les Elégies fournissent un heureux pendant aux magnifiques sonnets, d'un pétrarquisme tragique et expressionniste, qui méritent bien leur célébrité. Enfin, la partie des Hommages d'autres poètes à Louise Labé donne à lire des textes inconnus, en français, italien, latin ou grec. C'est toute une culture humaniste que ce volume nous donne à retrouver.
Commenter  J’apprécie          100
Je vis et je meurs,je me brûle et me noie,j'ai chaud extrême en endurant froidure.Quelle belle langue classique!A connaître absolument.
Commenter  J’apprécie          101
Ce soir
au sortir du verbe de Louïse, de la toute neuve langue qu'elle épanouit en corolles multiples....
Commenter  J’apprécie          100
"Le plus grand plaisir qui soit apres amour, c'est d'en parler." Cette citation tirée du Débat de Folie et d'Amour est le grand sujet de l'oeuvre de Louise Labé. En parler sous toutes les formes, dans une lettre, dans un discours en prose, dans des sonnets, dans des élégies. En parler avec la truculence et la gourmandise de la jeune langue française, une langue encore libre dans sa forme et sa structure.
Lire Louise Labé aujourd'hui, au-delà de la sensualité de l'oeuvre, c'est se rendre compte que l'engagement féministe ne date pas d'hier. Ecrire était, pour la Belle Cordière, une lutte politique contre la condition féminine. Elle a ouvert la voie à un combat qui dure encore: la bêtise des hommes est tenace.
Commenter  J’apprécie          60
Lyon, au début du XVI° siècle, est le lieu intellectuel français. Ici, pas d'Université et de contrôle tout puissant de l'Eglise. Les idées circulent, quelles viennent d'Italie ou des pays réformés.

Ces dans ce climat que vont s'épanouir des Génies poétiques et notamment celui de certaines femmes comme Louise Labé. Egérie d'un mouvement humaniste, elle ose dire le désir au féminin à une époque où la femme doit se taire et obéir. Elle ose parler des souffrances morales et physiques, bref dire que l'amour est une puissance universelle plus forte que l'ordre établi.

Elle mettra en scène cette puissance à travers des dialogues allégoriques ou des sonnets, pièces qui sont peut-être celles qui nous touchent encore le plus.
Commenter  J’apprécie          60
Magnifique!
De très beaux sonnets autour de l'amour, de l'amour amer, de l'attente de l'être aimé. Bref des poèmes à découvrir ! Louise Labé écrit au XVIe siècle, elle reçoit une éducation complète ce qui pour l'époque est peu courant (surtout pour une fille d'un riche marchand) et cela se ressent dans ses poêmes qui prône une certaine forme d'émancipation féminine, on a d'ailleurs dit plus tard qu'elle était un précurseur du féminisme.
Commenter  J’apprécie          40
Je come back dans la poésie du XVIe (siècle, pas arrondissement), avec encore un bouquin que j'aurais dû finir il y a six mois ; vous commencez à savoir que j'aime pas vraiment trop ça. Pourtant, avec Louise Labé, c'est l'ardance et la fouguositude des Grands Rhétoriqueurs qui s'en va pour laisser place aux années 1650 : nettement moins de cabrioles littéraires, d'ornements et de fioritures, ici on va droit au but plutôt que de laisser passer la forme avant le fond (les jeunes, de nos jours, même pas foutus de nous pondre une figure de style...). Si on est pas encore ici sur du romantisme anglo-saxon nageant dans l'expérience du sublime et n'hésitant pas à jouer sur un certain aspect nébuleux, on se rapproche de cette poésie sentimentale que j'aime, se voulant naturelle, ancrée dans les sens et leur beauté, avec les douleurs et les plaisirs de leur subjectivité. Labé nous parle sans détour de ce qu'elle ressent, angoisse, douleur, solitude, amour serein voire flamboyant ; reconnaissons-lui déjà ça, à une époque où on disait que les femmes ça savait même pas écrire la poésie correctement (ce qui me rappelle d'ailleurs un gag de Gotlib...). On pense à la pauvre Pernette du Guillet, qui s'est faite à la même époque taxer de tchoin par tous les bien-pensants de salon comme de comptoir...
Du reste, Labé n'hésite pas non plus à se lancer dans la philosophie quand ça lui chante, et imagine un récit mythologique dans lequel elle fait dialoguer Amour et Folie, l'un étant alors traditionnellement associé à l'homme et l'autre à la femme. Forcément, on se dit qu'il faut préférer l'Amour, mais l'autrice fait raisonner la Folie (!), et parvient à nous faire découvrir que les choses ne sont pas si simples que ça...
Du reste, ces "Oeuvres complètes" ont le mérite d'être à la fois courtes et exhaustives, nous dressant le portrait d'une femme fragile mais vaillante, sans cesse en recherche de beauté et luttant contre la douleur qui pourtant lui conférera sa part d'immortalité. Pour un peu, moi stéphanois chauvin, je finirais par apprécier la poésie lyonnaise...
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (314) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}