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EAN : 9782080712103
283 pages
Flammarion (31/05/2004)
3.68/5   100 notes
Résumé :
"Le plus grand plaisir qui soit après amour, c'est d'en parler". Nul n'en a mieux parlé, et plus intensément, que cette "Belle Cordière" dont le Débat de Folie et d'Amour, les Elégies et même les Sonnets sont encore injustement méconnus. Ses contemporains ne s'y sont pourtant pas trompés, qui avaient vu en elle une autre Sapho, capable de créer un nouveau langage poétique. Cette édition moderne des Ouvres complètes (la seule à comprendre les Ecrits de l'originale) p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur. »

Louise Labé (1524-1566)

Je me souviens ...
La découverte de Louise Labé, XVIème siècle, l'une des rares femmes de l'époque poétesse et ... lyonnaise de surcroît (ma région !).

Je me souviens ....
Comme une révélation, un coup de foudre littéraire !
Mes quinze printemps touchés par ce poème d'un autre temps et pourtant ...

Je me souviens ....
À l'aube de mes premiers amours, la résonance des mots : alchimie violente et sensuelle à la fois ... la passion amoureuse dans toute sa dualité.

Indéniablement, mon poème préféré !

Et vous, quels sont vos poèmes d'amour préférés ?
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Dans beaucoup de pays, on fabrique des savons aussi décoratifs qu'inutiles, ciselés en objets de nature qu'on y préfère, souvent des fleurs – roses en Occident, lotus en Orient –, aux couleurs mignardes et aux parfums suaves, conformes à une mode toujours passée, sorte d'obsolescence perpétuelle qui est comme un appétit inavouée du kitsch, ni surprenants ni véritablement beaux, qui plaisent surtout aux esprits efféminés et aux touristes, et qui, fragiles et incitant au scrupule, ne sont pas destinés à servir. Ces savons proposés à la tentation du chaland sont conçus pour échapper à tous risques d'originalité susceptible d'inquiéter, et, taillés à la main avec des outils fins d'artisans qui en fabriquent en séries, ne se rapportant qu'à des goûts naïfs et surannés, attendus et uniformes, veules et mal affirmés ; l'acheteur les exposera dans des vitrines ou sur des meubles, et, sa lubie finie, un engouement bref, il prendra l'habitude de les ignorer ou de les voir empoussiérés, bien qu'y posant rarement les yeux il en admirera encore de loin la facture, le plaisir du façonnage minutieux ne se rattachant qu'au désir d'être possesseur de choses traditionnellement réputées soigneuses et élégantes : affection douceâtre, proprement édulcorée, d'amateur de bibelots au charme désuet, qui, rétrogradement complu à des valeurs anodines et reconnaissables, se sent honoré et adouci au spectacle des bonbonnières guère variées où parfois ces savons même sont placés. Au milieu des insignes de son humeur de sympathie et d'aisance, il est content, n'ayant eu nulle sélection dure à faire, n'étant touché que par l'évident qui est souvent le moins juste et par l'entretien d'un préjugé automatisé ; c'est pourquoi la satisfaction de ces figurines de coutume est étroitement associée à l'adhésion à une morale homogène : pour les mêmes raisons qu'il faut qu'une boîte à musique fasse tourner des ballerines ou que l'horloge en bois fasse surgir un oiseau, il ne s'agit point de chercher une vie mieux que figée en ces représentations de végétaux d'imagerie, comme une estampe d'Épinal ne plaisait qu'à confirmer des conceptions immédiates et de proverbe qui, ainsi, réalisaient une sensation de douceur agréable, pareille à l'abandon d'un enfant au repos en son lit et produisant ses propres visions luminescentes au revers de ses paupières closes. Il n'y a même aucun intérêt à tâcher de discerner l'artiste à l'origine de cet artisanat : la disparition du créateur contribue pour l'essentiel à la béatitude du client, car celui-ci se sentirait humilié du thème qu'il n'aurait pas prévu et dont il ne saurait d'avance s'il est convenable d'y pousser sa puérile tendresse.
Les poèmes de Louise Labé – et de beaucoup d'autres – s'inscrivent dans cette culture du consensus inoffensif.
On y recherche avant tout la grâce impersonnelle sise en-dehors des courants mâles et hardis, la référence intellectuelle censée identifier et parer le témoignage d'esprit, le phénomène stylistique dont se félicitent couramment les pâmés de poésie, la manière coutournée dont on orne des faits tels qu'ils ne sont pas vécus, la joliesse femelle et inessentielle des couturières à l'ouvrage, en quoi, nécessairement, il faut élire tous ses sujets sans surprise du côté traditionnel, comme de l'amour galant c'est-à-dire de l'ampoule, et des vicissitudes d'aimer c'est-à-dire de la variabilité des émois. Insincère ou faisant de la vie une effusion d'impressions fallacieuses, l'écrivain doit respecter un carcan de codes circonstanciels et environnementaux, et ne jamais prétendre à examiner véritablement le motif de ces exercices où l'ornementation bienséante et grégaire suffit à se passer de justification intransigeante et virile.
Je m'étonne ainsi que les préfaciers de cette édition s'inquiètent si Louise Labé a existé : ils semblent d'emblée courroucés à l'idée que l'oeuvre ne soit pas d'une femme réelle, ce qui démentirait leur thèse féministe dont ils tiennent à se persuader, et, après avoir nié l'hypothèse d'une mystification en réfutant un argument, le moins solide, de leurs détracteurs (le fait qu'on rencontre des graphies diverses du nom Labé ou Labbé), ils croient avoir suffisamment prouvé la vérité d'une poète en ayant finalement déniché du côté de Lyon une Louise Labé (suppose-t-on donc ce nom rarissime ?) quelque peu fortunée en rapport avec le commerce d'équipement des bateaux, ce qui expliquerait qu'on la qualifie en maints poèmes de « belle cordière » (on doit présumer que ce surnom n'a rien à voir avec le « tissu » dont on fait les « textes » : et voici nos commentateurs de métaphores devenant tout à coup fort prosaïques !). Or, cette pseudo-recherche orientée, pour ce que l'oeuvre de Labé contient manifestement d'empirique, n'a pas un soupçon d'utilité : sa poésie est aux antipodes de la personnalité et de l'existence, il y importe surtout de n'exprimer en soupirs proprets et réglés que ce que le public est disposé à entendre, sans once de subversion ni tentative risquée. Et c'est ce qui suffirait à justifier l'invention du personnage de Labé, les poètes ayant des scrupules, quelquefois, à s'effacer dans la foule et la mondanité à ce degré de complaisance et de honte (j'ai par ailleurs suggéré dans une critique sur Honoré d'Urfé combien L'Astrée peut être compris comme une machine à piéger la crédulité féminine, ce qui expliquerait mâlement la persistance de sa rédaction). Que Labé ait été ou pas n'est absolument d'aucun effet ni rapport à la compréhension de sa poésie, environ comme la vie de Desbordes-Valmore n'est d'aucun intérêt pour le peu d'intelligence qu'elle eut du monde et de l'amour, puisqu'il ne s'agit surtout pas pour l'apprécier de comparer son propos au réel mais d'y appliquer une vision constituée avant l'expérience, notamment par les usages et par les livres, artificiellement entretenue dans le cours des phénomènes traversés selon sa mentalité initiale : il serait même ainsi préférable, je veux dire plus estimable pour elle, qu'elle n'ait certes consisté qu'en un prête-nom, ou l'on s'inquiéterait qu'une femme fut diluée à ce point en fantasmes poseurs et ridicules, et devenue si factrice de transmission des préjugés banaux, tout en écrivant selon le moule décoratif d'une société pédante dont elle n'aurait rien su déceler. Il n'est pas improbable que le nom de « Labé » n'ait servi qu'à feindre une voix alors relativement originale de femme pour susciter un « inédit » plus propice à succès littéraire (on peut se figurer des astuces au choix de ce patronyme), et permettant de rassembler une multiplicité d'écrivains dans la complicité d'une imposture amusante – mais à vrai dire, je l'ignore et n'ai pas enquêté là-dessus, j'ai eu seulement quelque doute, à la lecture d'un passage de la préface et d'un autre du premier texte, sur la prétendue féminité ; cependant, l'étude est complexe qui requiert une solide Psychopathologie-du-Contemporain-de-la-Renaissance qui me fait défaut ainsi qu'à tous les commentateurs qui prétendent y dire leur mot, d'autant que, je le répète, ça n'a presque pas le commencement d'un intérêt de le savoir.
Notons également ceci : les oeuvres de Louise Labé sont bien des nature et teneur dont s'emparent en premier lieu les professeurs de France, surtout universitaires. C'est notamment qu'en les consultant et les donnant à lire, ils ne trouvent nulle inconvenance éclairée manifestant le véritable génie par laquelle on pourrait les accuser de détourner la jeunesse, nulle audace ni pénétration autre que vétilleuse et d'expert-comptable, et cependant beaucoup de symboles et de figures qui sont l'apanage d'auteurs accessoires n'ayant rien de substantiel à communiquer. C'est lisse et bardé de savantasseries aisément consultables, raison pour laquelle on en a fait un texte au programme d'agrégation beaucoup plus volontiers que Nietzsche ou que Céline. Ainsi, ce peut tout à fait servir à quelque étude finassière sur la langue du seizième siècle et à réaliser tant de commentaires littéraires dont la composition signale une mentalité docile et orthodoxe, esprit aimable de lauréat, l'élève jugé meilleur étant celui qui, sans individualité ni expérience, consent avec obligeance à vanter joliment et doctement l'auteur plébiscité par ses professeurs. Mais Labé, à toute personne de réalité ou de vécu, ne fait rien, n'induit pas un sentiment tangible, ni ne fonde une position nouvelle, ni ne transmet une opinion vraiment distincte ; son écriture et sa posture suggèrent une propension à l'affectation voire au carriérisme puisque ne rien dire est propre à ceux qui, souhaitant plaire, veillent en particulier à ne pas être contredits.
Pour preuves :
Le recueil débute par un débat entre les dieux Amour et Folie, en litige devant Jupiter, quatre-vingts pages de préciosités en prose comme vouées aux concours d'éloquence, dont la formalité est comparable à Éloge de la folie ou Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes ainsi qu'à maints remplissages rhétoriques auxquels les littérature et philosophie de tous pays ont habitué le lecteur, s'efforçant de ne rien enseigner de pratique, de n'aller sur les brisées de personne, de n'instruire d'aucune connaissance concrète, de ne différer en rien du sentiment réputé et majoritaire au lieu où l'ouvrage sera publié, de ne contester nulle part un su, et plutôt d'asseoir ses contemporains dans des dictons populaires que de les édifier hors des sottises théoriques qu'on se passe depuis les Grecs anciens : c'est tout de finesses idéales, sans apport plus que « esthétique », sans une volonté de dépassement, c'est en somme d'un ennui si renommé que les Français finirent par prendre cette vacuité et ce faux style pour repères et à en constituer, à force de les porter en exemples, un goût national qu'on pourrait intituler : goût de la fatuité des pompes. Ça ne veut à peu près rien dire, c'est constamment surfait, nul n'a jamais authentiquement et spontanément ressenti l'amour avec telle faconde benoîte ou difficultueuse, c'est spécieux, captieux, ainsi que tous les mensonges qu'on aime entendre répéter et auxquels on souscrit faute d'en imaginer une alternative, auxquels on s'agglomère suivant le pouvoir de persuasion d'une humanité vue comme une élite. Mais c'est « plaisant », comme on dit de certains vocables d'effet rare dans le dictionnaire, et ce réalise une approbation de toutes les tendances irréfléchies des peuples qui s'estiment cultivés pour ne faire qu'imiter et qui aspirent à se croire déjà éduqués-comme-il-faut. Après cela viennent vingt-quatre poèmes reprenant les stéréotypes les plus distingués sur l'amour selon les recettes habituelles de l'antithèse entre plaisir-d'amour et souffrance-d'aimer (et je m'interroge s'il est possible de n'avoir écrit de toute sa vie que vingt-quatre sonnets), où la langue d'alors permet opportunément des montages factices en lesquels la phrase disloquée parvient à une rime forcée et rendue facile, et grâce auxquels la disparition de certains mots obtient le mètre voulu (où, par rapport à Villon antérieur de cent ans, tout le naturel du verbe s'offusque derrière des dorures alambiquées faisant illusion de noblesse) : surtout maniérisme voire simulacre de féminité. Enfin, pour achever l'expression de « beauté dans la contrainte », le livre termine sur maints hommages à Louise Labé en vers et présents déjà dans l'édition originelle, éloges dont il est plausible que les contributeurs soient également les auteurs de la poésie-même de Labé – il y aurait une logique à cela, ce qui s'est souvent vu, comme les canulars des poètes fictifs Bilitis, Ossian ou Ern Malley (j'en oublie un autre que j'ai découvert assez récemment, sans doute dans le dossier ou en note d'un ouvrage, où l'on créa un écrivain dont on prétendit que les vers d'ancienne facture étaient parvenus par héritage jusqu'à nous dans des malles – toute ma sympathie au lecteur qui m'en fournira la référence que je ne suis pas parvenu à retrouver.) Une certaine cohérence dans le motif imposé, le passage obligé, le thème institué, en un mot dans l'exercice de la rédaction de classe, pousse ici les poètes sur la voie des louanges qui est d'un ennui mortel quand il chante le mérite funèbre à la Bossuet, servant de prétexte à un jeu versifié, après les codes de l'élégie et du paradoxe, à savoir la convention du dithyrambe, où ils rivalisent de compliments sur la beauté d'une femme qu'ils n'ont pas vue et sur ses vertus personnelles que ses poèmes ne trahissent point. On ne saurait faire avec tant de traits subtils oeuvre plus futile, et ne m'attendant déjà pas à trouver si mièvrement mécanique la poésie de Labé, je ne décidai pas de poursuivre avec des auteurs inconnus selon le resserrement d'un genre hypocrite qui ne m'est d'aucun plaisir, hormis ce sempiternel souci français du « bon mot » qui est cependant la plus mauvaise notion, et durable, la manie la plus sinistre, que notre littérature puisse contenir, perpétuée au grand dam des goûts de tous les siècles : idée d'art pour art, d'écriture par virtuosité, d'impressionnement et d'épate, sans qu'à un seul moment le lecteur ne s'éloigne du divertissement ni n'apprenne une chose – littérature flatteuse et courtisane de néant.
J'ai cessé à la page 217 de m'intéresser à ses passes d'emphase et de « haut style », n'y trouvant rien de véritablement humain sinon l'éternel vice des oiseux de mauvais augure. Il faut imaginer cela, ma perpétuelle déception : se pencher avec curiosité et franchise vers un recueil sur l'amour, et n'y rencontrer que des dictons sophistiqués, tout en sachant qu'il est impossible que des penseurs aient conçu de telles visions après une réflexion appesantie : ainsi, encore des poèmes en pose ! Que le lecteur croie à ses billevesées sentimentales parce qu'il découvre des pièces et que dans le cours de ses divertissements il n'a pas le temps de les sonder est une chose déjà navrante quoique compréhensible, mais que le philosophe ès sensibilité n'ait pas démenti ces naïvetés et même les confirme, ceci prouve ou sa superficialité ou son outrageuse racole : écrire pour maintenir des mentalités de proverbe est décidément ce qu'on peut faire de pire en matière de littérature, puisqu'à défaut de silence où chacun pourrait encore rencontrer sa liberté de pensée, l'écrivain influence et persuade alors dans le sens des immobilismes insidieux et les plus paradigmatiques. La littérature ne devrait jamais consister en paralysie et en innocuité, ni concourir à cette sensation fausse « d'universel » qui affermit le lecteur en ses clichés les plus confortables, car l'écrivain se fait ainsi complice d'une supercherie plus grave que d'inventer peut-être une poétesse pour placer leurs pièces en une bouche qui sera mieux écoutée, à savoir la mystification traître d'accompagnateurs de faussetés qui, avec la réputation d'artistes qu'on leur attribue, installent des moeurs fondées sur la facilité qui ne sont jamais le nécessaire, tout au contraire, dont l'humanité aurait besoin pour s'améliorer en devenant plus consciente, plus juste et plus honorable.
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Elles sont courtes les oeuvres complètes de Louise Labbé : un discours, quelques élégies, quelques lettres, moins d'une trentaine de sonnets, dont seule une vingtaine est attribuée avec certitude...
Pourtant, ses oeuvres portent une voix singulière. Celle d'une "dame lyonnaise", éprise de culture gréco-latine, une humaniste oui. Mais ce n'est pas qu'une érudite qui alignerait les citations ou imiterait les anciens ou les Italiens. C'est avec son propre coeur, ses propres émotions et ses propres désirs qu'elle écrit : elle désire, oui, elle pense à son amant, aux baisers de son amant, et elle le dit avec une écriture sensuelle. Elle revendique aussi l'instruction, l'élévation pour les femmes qui doivent être les égales des hommes. le mot féminisme n'apparaît pas, mais il y a bien certaines idées qui peuvent être qualifiées de féministes ; et, par son écriture même, son érudition et sa sensibilité, Louise Labbé prouve que les femmes peuvent être des poétesses.
Je regrette en revanche l'illustration de la couverture : les poétesses sont déjà peu connues et reconnues, présenter un portrait qui n'est pas celui de Louise Labbé, en cachant le regard comme pour marquer une forme d'anonymat est un nouveau moyen de l'invisibiliser ou de la rejeter dans l'ombre de ce qui serait une grande histoire littéraire masculine. de son vivant déjà ou juste après sa mort, certains poètes et critiques ont mis en doute son existence même, ou le fait qu'elle ait écrit elle-même - elle aurait été aidé par son amant, un homme donc, le génie ne pouvant pas être féminin pour certains. Pour dénigrer son oeuvre, d'autres critiquaient sa moralité, la traitant de courtisane, ce qui est un mot plus élégant pour prostituée - une jeune femme veuve non remariée a, de toute façon, était critiquée.
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La Sapho du XVIème siècle! Une grande amoureuse, une grande poétesse, rompue aux lois sévères du (nouveau à cette époque) sonnet, venu d'Italie, pratiquant l'oxymore et l'anaphore avec une élégance toute naturelle: en 14 vers, elle consume brillamment toute sa ferveur , tout son talent, avec une générosité unique.
Il faut relire Tant que mes yeux pourront larmes épandre...C'est, pour moi, un des sommets de la poésie renaissante.
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On ne connaît ordinairement que quelques sonnets frappants et sublimes de Louise Labé, mais cette édition, ce mince volume de ses oeuvres complètes, donnera au lecteur une image plus globale de cette personnalité, de cette femme de lettres comme il y en eut au XVI°s. La lettre liminaire, qui dédie tout le recueil à Clémence de Bourges, est un programme féministe comme ce siècle en produisit quelques-uns, sous la plume de Marguerite de Valois ou Marie de Gournay. le "Débat de Folie et d'Amour" révèle les qualités de prosatrice de Louise Labé. D'autre part, les Elégies fournissent un heureux pendant aux magnifiques sonnets, d'un pétrarquisme tragique et expressionniste, qui méritent bien leur célébrité. Enfin, la partie des Hommages d'autres poètes à Louise Labé donne à lire des textes inconnus, en français, italien, latin ou grec. C'est toute une culture humaniste que ce volume nous donne à retrouver.
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O dous regars, o yeux pleins de beauté,
Petits jardins, pleins de fleurs amoureuses
Ou sont d'Amour les flesches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s'est arresté !

O cœur félon, o rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j'y ai coulé de larmes langoureuses,
Sentant l'ardeur de mon cœur tourmenté !

Donques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ses yeux recevez :
Mais toy, mon cœur, plus les vois s'y complaire,

Plus tu languiz, plus en as de soucis,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon œil estre à mon cœur contraire.
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Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
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Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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Tout aussitôt que je commence à prendre
Dans le mol lit le repos désiré,
Mon triste esprit, hors de moi retiré,
S'en va vers toi incontinent se rendre.

Lors m'est avis que dedans mon sein tendre
Je tiens le bien où j'ai tant aspiré,
Et pour lequel j'ai si haut soupiré
Que de sanglots ai souvent cuidé fendre.

Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse !
Plaisant repos, plein de tranquillité,
Continuez toutes les nuits mon songe ;

Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir de bien en vérité,
Faites au moins qu'elle en ait en mensonge.
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Tant que mes yeux pourront larmes épandre

Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
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