Parler ou mourir?
Voilà la question cruciale que posait Amador à Floride dans un épisode de L'Heptaméron de Marguerite de Navarre. Et voilà à quoi j'ai pensé tout le long de ma lecture d'
Armance de
Stendhal, car cette question est celle que soulève implicitement le duo Octave et
Armance.
Un couple romanesque, incarnation de l'impossibilité amoureuse- sujet universel et intemporel devenu un poncif littéraire et artistique (un de mes sujets préférés d'ailleurs!).
Deux personnages à fleur de peau, cultivés, plein d'esprit, qui cherchent à apprivoiser le sentiment amoureux avec difficulté (c'est le moins qu'on puisse dire !), souffrance, discrétion (trop!), retenue et non dits.
Car tout est là- Parler ou mourir?
Dire son amour que l'on croit impossible ou bien se taire à jamais et s'empêcher de le vivre?
Une passion amoureuse pleine de suspens mettant en scène un amour rendu impossible par l'amoureux lui-même, inhibé par un mystérieux secret, préférant attendre encore et encore de peur de gâcher la beauté de leurs sentiments.
Une histoire éminemment romantique portée par Octave, personnage touché par le Mal du Siècle, mélancolique et complexe à souhait, dégoûté par la société de l'argent qui l'entoure et dont la misanthropie ne peut s'effacer qu'en présence de la délicate
Armance.
Un roman social mais aussi récit d'apprentissage pudique et gracieux dont la sensualité discrète émane de la langue stendhalienne, à apprécier dans la lenteur.
Armance est le premier roman
De Stendhal, édité en 1827 alors qu'il a 44 ans- suivra le très célèbre
le rouge et le noir en 1830.
Certains voient dans cette histoire une évocation implicite de l'homosexualité, alors je suis complètement passée à côté de ce sujet! Certaines analyses parfois m'échappent!
Conseil: si vous lisez
Armance dans cette édition GF, évitez de commencer par l'introduction qui spoile toute l'histoire!