225 milligrammes de moi

J'avais bien aimé “Borderline” de la même auteure, de même que le film éponyme qui en avait partiellement été tiré. Force est de constater qu'une vingtaine d'année plus tard la vie de son héroïne, aux connotations autobiographiques évidentes, n'est toujours pas facile malgré certains succès indéniables. Toujours rongée par de l'anxiété maladive, constamment en chicane avec mère et grand-mère, elles-mêmes atteintes de maladie mentales sévères, en proie après la mort de la première à une dépression majeure, elle avertit en prologue “ je gobe 225 milligrammes d'Effexor par jour. Ainsi j'arrive à la tenir en laisse, la fille déglinguée. du moins, un peu.” Pourtant elle aura réussi à écrire des romans et de la littérature pour enfants, à co-produire un film et en assumer partiellement la promotion, avoir une relation relativement stable, enfanter et s'occuper décemment de son fils. Tout cela avec une tempête dans la tête et du goudron dans le coeur quand ce n'est pas une boule à l'estomac. le témoignages de problèmes de santé mentale, même romancés, m'ont toujours intéressé non par voyeurisme mais parce que je trouve hallucinant tout ce que ces personnes peuvent endurer d'étrange et les trésors d'ingéniosité qu'elles doivent déployer pour survivre. Ce court roman, très bien écrit, illustre parfaitement cela.

Histoire passionnante d'une personne borderline. Malheureusement, l'auteure, qui est également psy, n'a pas imprégné son roman autobiographique de données utiles dans le domaine de la psychologie. Il ne s'agit pas de le concevoir comme un manuel de thérapie. Non. Mais que le lecteur vive les sentiments et les impressions des sujets abandonniques. Cela aurait enrichi le récit au lieu des plaintes répétitives de la maman (l'auteure). L'auteure aurait pu nous faire vibrer et même nous faire pleurer, car justement c'est cela que ressent en centuple le sujet limite. Dommage ! C'est vrai que pour nous faire vivre la terreur émotionnelle de l'héroïne, celle-ci devait au préalable se dépassionner ; ce qui est quasi-incertain. Tout de même, elle aurait trouvé une manière de nous transmettre ses sensations éprouvantes et douloureuses. L'autre point négatif du roman est justement la langue. Je l'ai lu presque d'une seule traite, non qu'il était à ce point passionnant, mais je n'ai pas eu besoin de faire des pauses pour prendre des notes ou chercher des mots au dictionnaire. La langue était du niveau familier. C'est ce qu'on dit dans la rue. Je n'ai rien appris de ce côté-là dans la sphère littéraire. En un mot, je suis encore une fois déçu. Pourtant, j'ai longtemps espéré lire des textes de sujets qui souffrent ou ont beaucoup souffert dans leur vie, car je me dis qu'il y là matière à l'écriture. Et pourtant !