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EAN : 9782892615722
159 pages
Xyz (29/01/2010)
4/5   11 notes
Résumé :
Alice apprend que son père itinérant a été trouvé mort sur un banc de parc, à Montréal. Elle veut d’abord jeter ses cendres à la décharge municipale, car elle juge que c’est tout ce qu’il mérite pour ne pas s’être occupé d’elle et pour avoir si lamentablement échoué sa vie, mais elle se résout finalement à le ramener à Mékiskan, là où il est né et a grandi. Son père est un Amérindien. Sa mère l’a quitté quand Alice n’était encore qu’une petite fille, et Alice n’a p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je viens de refermer ce court roman de 159 pages et j'ai la gorge serrée. C'est une belle histoire d'Indiens cris que Lucie Lachapelle nous conte là, une histoire moderne et éprouvante, mais aussi une histoire heureuse malgré tout. Je me suis dit que j'allais essayer de vous présenter cela sous forme d'abécédaire, avec les lettres des mots Amérindien et cri(s).

A comme amertume et C comme colère, ce sont les sentiments qui dominent au début. le coeur d'Alice est rempli de colère envers ce père qui a sombré dans l'alcoolisme et qui a fini sa vie dans la rue, sur un banc de Montréal, sans plus aucun souci apparent pour sa femme et sa fille, à qui il n'a jamais voulu raconter quoi que ce soit de sa vie dans le Nord, à Mékiskan.

C comme cendres, celles qu'Alice se résout à ramener à Mékiskan, croyant n'y rester qu'une journée. Mais l'accueil un peu rude de Lucy la fait rester une semaine, une semaine au cours de laquelle d'abord, Alice s'interroge, remâche sa colère, observe, se retranche derrière ses certitudes et reste sur son quant-à-soi. Et puis elle va se laisser petit à petit gagner par la sympathie et le courage de Lucy, qui veut célébrer dignement les funérailles d'Isaac. Et les peines, les échecs, les humiliations du passé vont refaire surface.

D comme dénuement et dévastation : ce que les Blancs ont imposé aux Indiens, en les obligeant à vivre dans des réserves, en obligeant les enfants à être éduqués dans des pensionnats français dans lesquels on les éloignait non seulement physiquement mas surtout moralement de leur peuple, en exploitant systématiquement leurs forêts à outrance, en les privant de leurs ressources et en les poussant à des comportements auto-destructeurs. Ou à partir loin, pour tenter d'oublier l'humiliation et la misère.

R comme rêves et comme rituels : les rêves incompréhensibles d'Alice, ceux que lui raconte et lui interprète Lucy, les rêves prémonitoires, les rêves cauchemardesques ou les rêves rassurants. Et les rituels que pratique Lucy, ceux qu'avec Katrin et Walter elle va faire passer à Alice pour la « purifier », pour la relier au monde de ses ancêtres, à ses racines. (Et j'ai beaucoup pensé au Chemin des âmes, de Joseph Boyden !)

I comme initiation, car c'est bien cela qu'Alice va vivre durant cette semaine à Mékiskan, au bord de la rivière. Des rites de passage pour passer de la colère à l'apaisement, de l'amertume à l'acceptation de soi et des autres.

Enfin E comme enfants, car ils jouent un rôle important dans ce roman : victimes du malheur transmis par les adultes, symboles d'une innocence à protéger et à retrouver, mais aussi guides joyeux d'Alice au cours de sa semaine indienne.

J'ai bien aimé ce roman, vous l'aurez compris, même si parfois j'étais un peu gênée par la simplicité un peu trop fruste de la plume de Lucie Lachapelle, et pourtant cette simplicité était nécessaire aussi pour faire passer le message de ce retour aux sources et pour faire passer les émotions sans fioritures.
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Alice rapporte les cendres de son père amérindien à Mekiskan, un village perdu à douze heures de train de Montréal.
Là elle découvre un monde où coexistent difficilement traditions amérindiennes et mode de vie des Blancs, où la forêt a été mutilée par les coupes à blanc, où les jeunes risquent fort de devenir délinquants et alcooliques, quand ils ne suicident pas, mais un monde, aussi, peuplé de gens fort attachants tels la vieille Lucy, une cousine de sa grand-mère, et ses petits-enfants. Alice en sera à jamais transformée.

Histoire familiale racontée sous fond de beaux paysages
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Magnifique découverte du peuple amérindien: brut de pomme, sans donner de leçon pour autant.
Retour à la nature, ses mystères, ses rites mystiques auxquels Alice va se frotter.
Des situations de vie difficile, sans cadeau, des gens simples mais avec des parcours de vie plus que chaotique.
Une belle ecriture qui donne envie de partir avec Alice à 12h de train de Montréal.
Une belle découverte de la littérature québécoise.
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Pour ce livre, Lucie Lachapelle a été lauréate du "Prix littéraire France - Québec" 2011. Prix amplement mérité tant ce livre a de qualités: il est bien écrit, avec des tournures à la québecoise bien sûr, et captivant, on suit une semaine de la vie d'une jeune femme de Montréal dont le père améridien vient de mourrir; Alice a décidé d'emporter ses cendres là où il a vécu enfant. C'est à Mékiskan, à douze heures de train de Montréal qu'elle se rend; et elle va y retrouver quelques souvenirs, elle y a un peu vécu petite, et surtout découvrir une partie de sa famille paternelle; la citadine va rencontrer Lucy, la cousine de sa grand-mère et peu à peu comprendre comment cette partie de sa famille a vécu et vit encore: l'amour de la nature et de la vie au grand air, le souci de fréquenter "les blancs" le moins possible, les problèmes d'alcool, le devenir des jeunes, la vie l'hiver dans les réserves ... Il émane de ce livre un charme indéfinissable, fait de nostalgie, de racines retrouvées et donc de meilleures prévisions d'avenir.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
« Pieds nus sur des rochers, Alice s’accroupit et plonge un seau dans l’eau noire dont l’odeur vaseuse emplit ses narines. Des libellules aux ailes irisées volent à la surface. Une chaloupe rouge est amarrée et tangue sous le souffle du vent. Alice réalise qu’elle est bel et bien rendue dans ce lieu mythique, source de toutes les douleurs et de tous les dangers. Elle devrait se sentir effrayée, mais, au contraire, elle a le sentiment d’être en sécurité. Comme si les arbres, la rivière, le ciel et le vent léger l’enveloppaient et la protégeaient. » (p. 44)
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Alice se désole de la triste réalité : on a tout arraché, les enfants comme les arbres, et c'est la tristesse et l'amertume qui se sont enracinées à leur place. Puis, le grondement de l'eau résonne, encore plus profond et plus sourd, et le regard d'Alice est de nouveau attiré vers la rivière. Eblouie par la beauté, troublée par la puissance sauvage, Alice ne peut en détourner les yeux. "En pénétrant dans toutes les failles, les fentes et les crevasses de la terre, en imposant son débit, se dit-elle, la rivière réussira peut-être à faire jaillir la vie de nouveau, à régénérer le territoire, envers et contre tous. Tant mieux, ils ne gagneront pas sur tous les fronts." Elle respire à fond, écoute encore l'eau qui coule, libre. Elle a bon espoir que, dans une centaine d'années, la rivière ait pris sa revanche.
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Elle se demande si, au-moins dans sa jeunesse, elle a été heureuse. Elle en doute. La femme est trop lucide pour ça. Pour Alice, le bonheur est une invention et non un état réel. Ou plutôt une illusion après laquelle on court quand on ne veut pas voir la vie telle qu'elle est. Une sorte d'hallucinations épisodique qui empêche la planète entière de se jeter en bas d'un pont ou d'une falaise.
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Sur les murs, les trophées de chasse sont alignés : une tête d'orignal avec un panache énorme, une tête de chevreuil, une peau d'ours noir, une de renard, une autre de loup, immense, un castor empaillé et quelques autres bêtes plus petites. Alice s'attarde un moment sur les yeux vitreux et les pelages poussiéreux.
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Pour Alice, avoir des racines autochtones signifie avoir honte et avoir peur. Et elle porte un fardeau : son propre père a incarné tout ce que les autres pensent des Autochtones. Isaac était un fainéant, un alcoolique fini.
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Video de Lucie Lachapelle (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucie Lachapelle
Camille Bui, maîtresse de conférence en cinéma, nous parle de la manière dont les villes sont filmées dans les documentaires canadiens. du cinéma direct aux films les plus récents, cinéastes francophones et anglophones montrent les villes canadiennes, et notamment de Montréal, comme des milieux habités, multiculturels et en mutation. Le podcast Pour une poignée de docs explore des sujets qui traversent les documentaires programmés par la Cinémathèque du documentaire à la Bpi. Il est produit par Balises, le magazine de la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou. Cet épisode a été préparé et réalisé par Marion Carrot, avec l'aide de Marion Bonneau. Musique du générique de début : Danijel Zambo Musique du générique de fin : Raymond Lévesque (extrait) Extraits entendus : Village mosaïque Côte-des-Neiges, de Lucie Lachapelle (1996) © Office national du film du Canada À Saint Henri le 5 septembre, de Hubert Aquin (1962) © Office national du film du Canada Les Voleurs de job, de Tahani Rached (1980) © ACPAV Le Plan, d'Isabelle Longtin (2011) © Office national du film du Canada Où êtes-vous donc ?, de Gilles Groulx (1969) © Office national du film du Canada La P'tite Bourgogne, de Maurice Bulbulian (1968) © Office national du film du Canada
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