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EAN : 9782738126047
368 pages
Odile Jacob (24/03/2011)
3.74/5   23 notes
Résumé :

Vous n'en avez peut-être pas conscience, mais toute votre perception du monde, votre rapport à ce qui vous entoure, aux autres et à vous-même sont déterminés par un petit quelque chose qui vaut de l'or : votre attention - sans cesse convoitée et courtisée, toujours menacée. Cet ouvrage vous propose précisément de " faire attention à votre attention " dans votre vie quotidienne, pour en tirer un meilleur parti. Pourquoi l'attention échappe-t-elle si souvent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean-Philippe Lachaux était étonné de ne trouver aucun ouvrage qui vulgarise la concentration, sauf La pratique de la concentration de Taisen Deshimaru. Il se passionne au quotidien pour ce phénomène mental.
Dans le premier chapitre, on tente de définir l'attention en plongeant dans l'histoire de la psychologie. Comment l'étudier, introspectionnisme ou behaviorisme ? On découvre l'attention sélective, indispensable pour un organe comme le cerveau engagé dans un processus de digestion du monde. Et le phénomène du biais, qui désigne un décalage entre ce qu'on observe et ce que l'on s'attendrait à observer normalement.
Dans le chapitre 2, il dresse un panorama rapide de la constitution du cerveau, cortex, lobes, hémisphères, insula, cervelet, neurones, dendrites, axones, ions, molécules et les si fameux neurotransmetteurs. Il compare l'organisation des neurones à la vision d'une forêt en janvier. A partir de cet organe sous sa cloche d'os, le psychologue va étudier les fonctions cognitives sur trois niveaux: comportemental, neuronal et cognitif. (p.54). Il va ensuite disséquer les opérations mentales dans chacune des opérations de la vie quotidienne. Il est aidé en cela par les progrès du matériel avec l'IRMf, la TEP, l'EEG et la MEG mais s'aide aussi d'études menées sur des patients épileptiques ainsi que des études sur les animaux.
L'attention commence à être vraiment étudiée à partir de la seconde guerre mondiale au Royaume-uni parce qu'on veut améliorer les performances des contrôleurs aériens. L'attention sélective, les filtres attentionnels, l'effet pop-out, le phénomène de conjonction illusoire sont démontrés.
Ces théories servent à comprendre à quel point nous percevons peu d'objets si nous ne faisons pas attention. Nous avons l'impression de voir, mais il s'agit le plus souvent d'une reconstruction du cerveau après coup. Lachaux souligne le coté contre-intuitif de cette idée. Il cite l'expérience du gorille dans un petit film que les spectateurs ne voient pas traverser la scène. Et termine ce chapitre (à quoi sert l'attention ?) par l'hypothèse d'une conscience phénoménale qui ne laisserait aucune trace dans l'expérience du présent, un peu comme dans le cas des images subliminales.
Capturer l'attention est un enjeu vital pour les cerises dont la couleur rouge permet la dissémination en attirant les oiseaux. Et, à l'inverse, passer inaperçu pour le caméléon. Mais c'est aussi un métier, exemple pour les illusionnistes.
Si nous sommes si facilement déconcentrés, c'est parce que c'est utile à notre survie. C'est une forme de vigilance. Et si nous restons captifs de nos distractions, c'est parce qu'elles nous procurent un plaisir neuronal. Elles font agir le circuit de récompense, un des moteurs fondamentaux de la motivation et de la prise de décision démontré par l'expérience d'Olds et Milner . Ce passage est passionnant, schéma à l'appui, car l'auteur nous parle d'une chose que nous vivons chaque jour, cette tension entre nos plaisirs et nos déplaisirs, ou les poisons (alcool, tabac, junk food...) que nous ne pouvons pas nous empêcher de consommer.
A ce stade, Lachaux se permet un aparté:
« ...vous ressentez peut-être un léger vertige en pensant à tous ces mécanismes qui semblent décider à notre place de nos actions...p.183» .
Il reformule cette idée presque cent pages plus loin à la fin du chapitre le grand stratège en parlant d'illusion du contrôle volontaire :
« Nos gestes s'enchaînent bien souvent les uns aux autres de façon relativement automatique et sans réel contrôle volontaire de notre part; l'impression que ces gestes sont le fruit de décisions volontaires est" le meilleur tour de passe-passe de l'esprit" (Daniel Wegner- Harvard)».
Pour de nombreux psychologues « la plupart des scénarios que nous imaginons ne sont que des recombinaisons d'éléments déjà vécus, mettant en scène des contextes et des personnes déjà rencontrées.» En nous parlant à nous-même, nous faisons comme si nous agissions sur le monde. Il existe une compétition dans le cerveau entre le mode réel et le mode virtuel. Et les évocations du mode virtuel activent notre système de récompense.
Après 300 pages d'explications, le psychologue cognitiviste essaie de nous apprendre à mieux nous concentrer. Et chacun peut en faire son miel, il donne quelques techniques intéressantes, comme les bulles de méditation et incite le lecteur à décomposer les tâches. Mais surtout, il nous aura aidé à nous accepter nous-mêmes et à sortir du mythe de la toute-puissance du contrôle de soi.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Assis dans l'herbe face à l'étang, j'attends. Un poisson vient de bondir hors de l'eau et j'attends son retour. Je suis immobile, le regard tranquillement posé sur la surface reflétant la lumière du soleil. Un petit bruit à droite. Fausse alerte. Je n'ai pas bougé, même pas mes yeux. Un petit bruit à gauche. Toujours rien. Le fuyard tarde à revenir. Je fixe toujours, sans bouger. Pourtant, quelque chose en moi se déplace sans cesse. Ce qui bouge quand rien ne bouge, c'est l'attention.
Plus foudroyante encore que mon regard, mon attention balaye le plan d'eau à la recherche de sa proie. A gauche, à droite, droit devant, partout à la fois. Parfois sous mon contrôle, parfois libre, independante et capricieuse. Toujours fougueuse, souvent fugueuse. Pourquoi s'intéresser à l'attention? Parce qu'elle détermine notre perception du monde, notre rapport à ce qui nous entoure et à nous-même. Elle éclaire le monde et nos pensées, nos sensations et nos sentiments comme une torche. "Mon expérience est définie par ce à quoi je porte attention.", disait William James, l'un des pères de la psychologie moderne. Faire attention à un objet, à une scène ou à un être, c'est le faire exister dans le champ de son expérience sensible, c'est lui donner vie. L'attention est un don. On fait attention à quelqu'un, on lui porte attention, comme s'il s'agissait de faire ou d'apporter un cadeau. En anglais, faire attention se dit to attend, ce qui signifie aussi "assister", "être présent". Faire attention à un proche, c'est être présent à ses côtés...vraiment. Car on peut être présent physiquement tout en étant absent, perdu dans ses pensées...
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Qu'est ce que l'attention objectivement? Il faut bien admettre qu'il n'existe toujours pas à l'heure actuelle de consensus au sein de la communauté scientifique concernant la definition de l'attention. Tous les experts ont bien sûr leur avis personnel et leur propre definition, mais aucune ne fait vraiment l'unanimité. Pour cette raison, ces experts préfèrent souvent s'en remettre à la phrase célèbre de William James, qui écrivit en 1890 :"Tout le monde sait ce qu'est l'attention." Voilà une façon de mettre tout le monde d'accord!
Heureusement, cette phrase a une suite plus explicite : " L'attention est la prise de possession par l'esprit, sous une forme claire et vive, d'un objet ou d'une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles. La focalisation, la concentration et la conscience en sont l'essence. Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres, et elle s'oppose à l'état d'esprit dispersé et confus que l'on nomme en français "distraction" et en allemand Zerstreutheit.
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Nous investissons souvent beaucoup d'argent et d'efforts pour stimuler nos sens de manière agréable : voyages, spectacles, restaurants, materiel audiovisuel de très haute qualité. Mais si la qualité de notre attention n'est pas à la hauteur, tout cela ne sert à rien. Lorsque l'attention est ailleurs, perdue dans ses soucis, la plus belle des femmes perd tout son attrait.
Mais l'attention est un bien rare et précieux, elle ne peut être partout à la fois. Aussi faut-il apprendre à bien la distribuer. Quelle joie cela doit être d'être maître de son attention!... Mais qui prétend être totalement maître de son attention?
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Pas facile de rester concentré. Notre attention se laisse capturer par ce qui est brillant, sonore, par ce qui est nouveau, par ce qui nous émeut, par ce qui nous obsède, par ce que regardent les autres ou tout simplement par ce à quoi nous avons l'habitude de faire attention. Mais faut-il vraiment s'en plaindre? Sans cette capacité à se laisser distraire, le cerveau vivrait dans un monde clos exclusivement centré sur don objet d'étude... ce qui n'est pas sans danger. Là distraction est un signal d'alarme, comme la douleur.
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Une bonne attention est une attention fluide, et non rigide, qui sait à l'occasion se laisser capturer pour se tenir au courant du monde.
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