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EAN : 9782267004380
167 pages
Christian Bourgois Editeur (18/06/2004)
3.83/5   3 notes
Résumé :
La question d’Adorno « la poésie, après Auschwitz, est-elle encore possible ? » était également, bien que sur un autre mode, la question même de Paul Celan. Celle qui, aggravant la poésie, ne cessait de la rendre plus difficile. C’est parce qu’il portait en lui une telle question que Celan, en 1967, accepta de rencontrer Heidegger avec l’intention de lui demander – à lui, le penseur de la poésie mais aussi le penseur de cet âge du monde qui est le nôtre, de s’expliq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lacoue-Labarthe choisit de résumer la poésie de Paul Celan en deux poèmes préoccupants : Jänner et Todtnauberg, noms de lieux mais aussi noms de personnes -respectivement Hölerlin et Heidegger.


Heidegger avait beaucoup lu et commenté Hölderlin. Celan prit la relève en lisant et commentant Heidegger.


Jänner : si un homme sage voulait aujourd'hui proférer sur son époque, comme Hölderlin en son temps, que pourrait-il faire sinon bredouiller ? Il serait condamné à l'aphasie (le pur idiome) comme ce fut le cas, dit-on, de Heidegger qu'à cette époque, en 1963, Paul Celan pouvait encore espérer rencontrer, brisant le silence voire amorçant le dialogue.


Todtnauberg, intitulé d'après le lieu de la Forêt-Noire où Heidegger reçut Celan au printemps de 1967 : d'après Beda Allemann, ce poème n'exprime « rien d'autre qu'une description du voyage jusqu'à la résidence du philosophe : fleurs, paysage, fontaine, voyage en voiture ». Il exprime surtout cette intention de Paul Celan qui se solda par un échec : « poser et imposer au philosophe la question de sa position vis-à-vis de ses déclarations de l'époque hitlérienne ». Paul Celan voulait entendre un mot, un seul, sur la douleur après la compromission de Heidegger. Peut-être le mot « pardon » qu'espèrent tous les bons samaritains. Mais Heidegger n'a rien dit. Son silence est-il la confirmation de ses réflexions poétiques enivrantes ou le paradoxe ? Paul Celan rentra chez lui. On put dire de lui, à cette époque, après sa rencontre manquée : « Je l'ai vu à son retour à Francfort : il en était malade ». le poème Todtnauberg parut en janvier 1968. Une lecture en fut faite en août 1968. Quelques mois plus tard, Paul Celan se donna la mort.


Toute la poésie de Paul Celan était une question adressée à la poésie sur la possibilité de l'existence. Est-elle possible en soi ou ne consiste-t-elle qu'à être sur le mode de l'étant ? Heidegger avait nourri l'espoir de Paul Celan. « Dieu apparaît par l'intermédiaire du ciel : et ce dévoilement fait voir ce qui se cache –non pas en tentant d'arracher à son occultation ce qui est caché, mais seulement en veillant sur lui dans cette occultation même ». Tout ce que racontent les poèmes, c'est l'Inconnu pour Dieu, ce qui fait la singularité de l'humain. le sens de la rencontre, c'est de laisser venir l'inconnu. Mais Paul Celan ne sut pas s'y résoudre avec Heidegger et il réclamait son petit sucre moral. La poésie est bien belle mais elle ne sert à rien. En rencontrant Heidegger, plus con et obtus qu'imaginé, Celan comprit l'existence de quelque chose de différent qui n'était pas la poésie, pas le langage, pas l'espoir.


Philippe Lacoue-Labarthe ne propose pas de solution claire à la lecture de Paul Celan. A chacun d'imaginer ce qui s'est passé, qu'aucun des concernés n'a expliqué (Heidegger en se taisant toujours, Celan en mourant). Ce qu'il me semble : avec Todtnauberg, Celan a trouvé la réponse à la question qu'il posait à la poésie. Mais ce n'était pas la réponse qu'il espérait. Toute sa vie l'interrogeant pour savoir si l'on pouvait dire le non-dire, espérant même que la solution serait le non-dire, signification au carré de l'existence, sa rencontre avec Heidegger concrétise cette possibilité. L'idéal imaginé dans la poésie devient vieille crasse dans le réel. Paul Celan avait oeuvré à élaborer une oeuvre poétique de la rencontre dans le non-dire, croyant résoudre une question essentielle de l'existence, mais c'est finalement l'existence elle-même qui a réglé son oeuvre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La faculté du langage –le pouvoir-nommer- est en réalité l’intimité elle-même, la différenciation intime de cet étant qu’est l’homme.
[…] Le langage est l’autre en l’homme, qui le constitue comme l’homme lui-même.
[…] L’homme est constitué à partir du langage, dont il n’est en aucune façon le maître. […] Le langage est l’essence –inhumaine- de l’homme, son (in)humanité.
Aussi le langage peut-il être pensé comme l’origine de l’homme, […] comme ce par quoi l’homme est nécessairement rapporté à l’autre, et donc au tout autre, en sorte que Dieu n’est pas le langage mais la supposition du langage […].
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Le beau donne un plaisir positif. Mais il y a une autre sorte de plaisir, il est lié à une passion plus forte que la satisfaction qui est la douleur et l’approche de la mort. […] L’âme peut […] affecter le corps comme s’il éprouvait une douleur d’origine externe, par le seul moyen de représentations associées inconsciemment à des situations douloureuses.
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L'acte poétique consiste à percevoir, non à représenter.
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[Dans l’échange, le dialogue]

[…] Il n’y a pas […] sortie hors de soi du même (du Sujet) et passage dans son autre, en vue de revenir et de se rapporter à soi pour se constituer comme tel. Mais sous le don (originaire) de l’autre auquel à l’avance toujours il se rapporte, le même est ce pur mouvement par lequel il se laisse creuser en lui, s’ouvrir et s’écarter la béance de l’intimité qui est en lui son « hors de soi originaire » (le temps).
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La poésie, Mesdames et Messieurs : cette parole d’infini, parole de la mort vaine et du seul Rien.
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Videos de Philippe Lacoue-Labarthe (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Lacoue-Labarthe
Édouard Manet (1832-1883) : Nuits magnétiques par Jean Daive (1983 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 8 juin 1983. Peinture : Édouard Manet, "Autoportrait à la palette", 1879. Par Jean Daive. Réalisation Pamela Doussaud. Avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay). Lectures de Jean Daive. Édouard Manet, né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville, est un peintre et graveur français majeur de la fin du XIXe siècle. Précurseur de la peinture moderne qu'il affranchit de l'académisme, Édouard Manet est à tort considéré comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre : sujets espagnols notamment d'après Vélasquez et odalisques d'après Le Titien. Il refuse de suivre des études de droit et il échoue à la carrière d'officier de marine militaire. Le jeune Manet entre en 1850 à l'atelier du peintre Thomas Couture où il effectue sa formation de peintre, le quittant en 1856. En 1860, il présente ses premières toiles, parmi lesquelles le "Portrait de M. et Mme Auguste Manet". Ses tableaux suivants, "Lola de Valence", "La Femme veuve", "Combat de taureau", "Le Déjeuner sur l'herbe" ou "Olympia", font scandale. Manet est rejeté des expositions officielles, et joue un rôle de premier plan dans la « bohème élégante ». Il y fréquente des artistes qui l'admirent comme Henri Fantin-Latour ou Edgar Degas et des hommes de lettres comme le poète Charles Baudelaire ou le romancier Émile Zola dont il peint un portrait : "Portrait d'Émile Zola". Zola a pris activement la défense du peintre au moment où la presse et les critiques s'acharnaient sur "Olympia". À cette époque, il peint "Le Joueur de fifre" (1866), le sujet historique de "L'Exécution de Maximilien" (1867) inspiré de la gravure de Francisco de Goya. Son œuvre comprend des marines comme "Clair de lune sur le port de Boulogne" (1869) ou des courses : "Les Courses à Longchamp" en 1864 qui valent au peintre un début de reconnaissance. Après la guerre franco-allemande de 1870 à laquelle il participe, Manet soutient les impressionnistes parmi lesquels il a des amis proches comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot qui devient sa belle-sœur et dont sera remarqué le célèbre portrait, parmi ceux qu'il fera d'elle, "Berthe Morisot au bouquet de violettes" (1872). À leur contact, il délaisse en partie la peinture d'atelier pour la peinture en plein air à Argenteuil et Gennevilliers, où il possède une maison. Sa palette s'éclaircit comme en témoigne "Argenteuil" de 1874. Il conserve cependant son approche personnelle faite de composition soignée et soucieuse du réel, et continue à peindre de nombreux sujets, en particulier des lieux de loisirs comme "Au Café" (1878), "La Serveuse de Bocks" (1879) et sa dernière grande toile, "Un bar aux Folies Bergère" (1881-1882), mais aussi le monde des humbles avec "Paveurs de la Rue Mosnier" ou des autoportraits ("Autoportrait à la palette", 1879). Manet parvient à donner des lettres de noblesse aux natures mortes, genre qui occupait jusque-là dans la peinture une place décorative, secondaire. Vers la fin de sa vie (1880-1883) il s'attache à représenter fleurs, fruits et légumes en leur appliquant des accords de couleur dissonants, à l'époque où la couleur pure mourait, ce qu'André Malraux est un des premiers à souligner dans "Les Voix du silence". Le plus représentatif de cette évolution est "L'Asperge" qui témoigne de sa faculté à dépasser toutes les conventions. Manet multiplie aussi les portraits de femmes ("Nana", "La Blonde aux seins nus", "Berthe Morisot") ou d'hommes qui font partie de son entourage (Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Georges Clemenceau, Marcellin Desboutin, Émile Zola, Henri Rochefort).
Sources : France Culture et Wikipédia
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