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Jean-Pierre Lefebvre (Traducteur)
EAN : 9782070403110
376 pages
Gallimard (25/11/1998)
4.18/5   74 notes
Résumé :
Cette édition propose un choix de poèmes réalisé par Celan lui-même. C'est le parcours de l'auteur dans son œuvre. L'extrême dispersion des éditions de Celan en français confère à ce livre une fonction d'éclaireur, de viatique. Celui-ci invite à plus qu'à la découverte d'un poète majeur de ce siècle : il favorise une approche qui se change en reconnaissance.
À l'effrayante question : comment écrire après Auschwitz ? Celan répond : en usant du langage de la mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce sont poèmes du souvenir mais aussi témoignages de la douleur; ce sont les expériences de la guerre, la shoah, l'absence et la mort que Celan traduit dans un langage au ressenti à la fois intime et universel, aux images extatiques côtoyant un vécu des plus insignifiants. le vécu y a ce caractère sacré des petites choses, images de l'éternel.
Une poésie large mais laconique comme la vie.
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Puisque tant de critiques précèdent ce billet, je ne vais pas m'étendre sur une poésie éblouissante qui parle d'elle-même mais voudrais partager dans cette critique une réflexion sur la traduction.
Merci à @sonatem qui dans un échange m'envoie une traduction différente du poème Compte les amandes. Me voici face à deux traductions que tout oppose, ce qui m'incite à partager une petite analyse des différences entre les deux visions du texte que je reproduis plus bas.
Jean-Pierre Lefebvre prend le parti d'un « tu » au masculin qui peut tout aussi bien être une forme d'amitié, d'amour qu'un dédoublement du « je ». Sa langue me semble plus soutenue mais utilise le passé composé qui prolonge dans le présent le vécu du poète; il martèle son souvenir avec cette anaphore des « que » et l'allitération des « qu » qui rythment toute la dernière partie du poème.
Valérie Briet, elle, associe le « tu » à la femme, possiblement l'être aimé. Elle utilise le passé simple plus littéraire qui marque surtout la cassure avec le présent donc la déchirure, le regret. Ses vers sont plus liés, coulants en quelque sorte et le vocabulaire plus commun ce qui rend le poème plus intime.
Deux superbes traductions au ressenti fort, cette-ci plus intime l'autre plus solennelle à mon avis.
Mes amis traducteurs ne me contrediront pas si je prétends que la traduction est un art en soi et qu'il faut aussi être poète pour traduire un poète.
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COMPTE les amandes,
compte ce qui fut amer et t'a tenue éveillée,
compte-moi parmi :

Je cherchai ton oeil quand tu l'ouvris, sans personne à te voir,
je tissai ce fil secret
où la rosée de tes pensées
roula jusqu'aux cruches
gardées par un adage qui n'a touché coeur de personne.

Là-bas seulement tu entras toute dans le nom qui t'appartient,
tu vins à toi d'un pas sûr,
libres, les marteaux s'élancèrent au beffroi de ton silence,
la parole devinée fit ta rencontre
ce qui est mort t'a enroulée toi aussi dans son bras
et vous alliez à trois dans le soir.

Rends-moi amer.
Compte-moi parmi les amandes.

in Pavot et mémoire, traduit par Valérie Briet, Christian Bourgois Editeur, 1987.
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COMPTE LES AMANDES,
compte ce qui était amer et t'a tenu en éveil,
Compte-moi au nombre de tout cela :

Je cherchais ton oeil quand tu l'as ouvert et que personne ne te regardait,
j'ai tourné ce fil secret
sur lequel la rosée que tu pensais
a glissé en bas jusqu'aux cruches
que protège une formule qui n'a trouvé le coeur de personne.

C'est là-bas seulement que tu es entré tout entier dans le nom qui est tien,
que tu as marché d'un pied sûr vers toi-même,
que les marteaux se sont balancés librement dans le beffroi de ton silence,
que le tout juste Entendu est soudain venu jusqu'à toi,
que le déjà-mort t'a aussi entouré de son bras,
et vous êtes allés trois en un dans le soir.

Rends-moi amer.
Compte-moi au nombre des amandes.

in Choix de poèmes, traduit par Jean-Pierre Lefebvre, Poésie-Gallimard, 1998
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Un recueil , une anthologie plutôt mais dont le choix, la disposition, la présentation bilingue sont voulus par l'auteur lui-même qui en a décidé en 1968. Pas de poèmes, donc, des dernières années de la vie de Celan, marquées par la dépression, la folie, et closes par son suicide, dans la Seine, où il s'est jeté depuis le pont Mirabeau -hommage macabre et cruel à un autre poète, Apollinaire?

L'édition de la NRF Poésie est argumentée, intelligemment présentée, commentée et annotée par J.P. Lefebvre.

La chose était nécessaire: la poésie de Celan est difficile, hermétique, de celles où on entre sur la pointe des pieds - une sorte de noir sanctuaire du néant, habité d'effroi où se dessine une parole sobre, au souffle coupé. On y retrouve les vocables de la poésie - cristal, nuit, étoile, amande, oeil...- mais accouplés différemment, déliés de leur imagerie poétique usuelle et réconfortante.

Un autre poète, Theodor Adorno, disait qu'il ne pouvait y avoir de poésie après Auschwitz. Paul Celan, dont les parents moururent dans la grande catastrophe de la Shoah, semble vouloir braver cet interdit: il écrit, dit Lefebvre, non une" poésie de l'après-Auschwitz, mais une poésie d'après Auschwitz". D'où cet agencement nouveau des mots, qui crée un nouveau langage, fait pour un monde hanté par la disparition des êtres et la destruction des valeurs.

C'est devant un grand tableau d'Anselm Kiefer que j'ai rencontré Paul Celan pour la première fois: Oh Halme, ihr Halme, Oh Halme der Nacht ..- Oh épis, vous épis, ô épis de la nuit- Je suis restée pétrifiée devant un champ immense, granuleux et sombre, tout hérissé de chaumes calcinés et blessants, à l'horizon duquel le ciel noir était couvert, oui couvert, par le poème de Celan, écrit à l'encre blanche, de la main appliquée et un peu tremblante de Kiefer...

Je me suis jetée sur le Choix de poèmes de Celan et l'ai lu d'une traite. Je n'y ai pas trouvé mon poème...et comme je ne connais pas l'allemand, il reste pour moi comme une incantation en noir et blanc sur un paysage concentrationnaire, une formule mystérieuse et pleine de douleur, et c'est sans doute aussi bien comme cela.

Sur le tableau de Kiefer le poème de Celan est moins seul.




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Paul Celan est quelqu'un à qui on a tout pris, un déraciné que l'histoire emporte. Sa poésie est minérale, crépusculaire. Elle a la taille d'une blessure et les silences alternent avec les cris, le visible avec l'invisible.
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Trouer la bouche morte du ciel

« Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends / wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts / wir trinken und triken / wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng » (« Lait noir de l'aube nous le buvons le soir / le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit / nous buvons et buvons / nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré »). Ainsi commence Todesfuge ("Fugue de mort") dans l'admirable traduction de Jean-Pierre Lefebvre, l'un des poèmes les plus douloureux qu'un homme ait pu écrire pour parler des camps de la mort : ces points noirs fruits d'une immonde cartographie. Cet habité du langage poétique perdit ses parents qui moururent dans un camp d'internement, après avoir creusé leur propre tombe dans le lait noir de l'aube... Cet homme, ce poète de langue allemande et d'origine roumaine ; ce juif qui échappa aux chambres à gaz grâce à un maigre sursis au sein d'un camp de travail forcé, finit pourtant par se suicider en 1970 à l'âge de 49 ans, après s'être jeté depuis le Pont Mirabeau dans la Seine, ce sale miroir couleur de boue ; son corps de plume, lourd d'une encre ténébreuse, balancé comme un boulet d'amertume dans ce Styx parisien qui lui ouvrit ses bras ainsi qu'une mère embrasse un enfant au coeur gonflé de larmes. Cet homme hanté par le sang de sa mémoire et qui avait choisi de rejoindre la cendre des siens, c'était Paul Celan : le plus grand poète de langue allemande que connut le XXe siècle.

Alors que le philosophe Theodor Adorno proclamait le fait qu'« écrire un poème après Auschwitz est barbare » ; de sa lance poétique, celui qui n'était alors qu'un inconnu, remua la poussière des morts pour témoigner de ce qui fut, pour qu'une parole puisse apporter un peu de présence aux absents dont la seule tombe fut l'implacable vide du ciel. Et cet homme tourmenté, traînant avec peine son âme ainsi qu'un éternel drap noir de deuil, à force de former dans sa bouche des mots de fantôme pour tenter d'exprimer l'indicible, devint à son tour un absent : la vie s'écoula de son sein comme l'eau qui file entre les doigts d'une main. Mais sa parole avait fendu la mer sanglante du passé et désormais rien ne serait plus comme avant.

Paul Celan avait su trouer le silence obstiné de la bouche morte du ciel. Pour finir, je tiens à laisser la parole à Henri Michaux, autre grand poète, qui écrivit ces vers pour exprimer le suicide de son ami : « Partir. / de toute façon partir. / le long couteau du flot de l'eau arrêtera la parole. »

© Thibault Marconnet
Le 16 juin 2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Considérez les paradoxes fatidiques de l'exil qui ont hanté l'oeuvre fragile mais tenace de ce poète. Né Paul Antschel en 1920 dans une famille juive prospère de Bucovine, il a adopté le nom de Celan après sa jeunesse dans un camp de travail en Roumanie (ses parents ont été déportés et tués dans les camps de la mort). Bien qu'il écrive alors exclusivement dans l'allemand natal de sa mère, il n'y a jamais vécu, rarement visité. Malgré le célèbre dicton du critique allemand Adorno, "Ecrire de la poésie après Auschwitz est barbare", Celan a écrit le classique envoûtant et surréaliste Fugue de mort au milieu des années 1940.
Par la suite il a voulu répudier son histoire inspirée de l'Holocauste en tant qu'albatros poétique. Il se réinvente en tant que citoyen français, intellectuel émigré parisien, père de famille, professeur d'allemand et traducteur. Après son suicide par noyade dans la Seine en 1970, sa grandeur de poète allemand, anthologisée comme héritière de la grande tradition de Hölderlin et Rilke, a rayé la France de son histoire. Il vécut et mourut dans la langue meurtrière de sa mère, bourreau littéraire de facto de la langue de la patrie.
Tout comme Osip Mandelstam, lui-même victime des camps de Staline, et pour qui Celan ressentait une parenté intense, l'extrême sensibilité nerveuse de Celan était à la fois apaisée et enflammée par un langage déjà profondément infesté des barbaries et des obscénités sadiques des despotes politiques. Sa paranoïa selon laquelle la Nouvelle Allemagne ressemblait beaucoup à l'ancienne n'était pas sans fondement : même son public allemand éclairé en 1952, entendant sa Fugue de mort, se plaignait que sa voix leur rappelait Goebbels ! À la fin des années 1960, il fit des lectures de ses poèmes en Allemagne et rendit visite au philosophe Martin Heidegger, mais le silence de pierre du professeur sur la Shoah ou sa propre implication dans le régime nazi était une pierre silencieuse de plus, une autre trahison insupportable.
La vocation de Celan était de transformer ces pierres muettes en témoins silencieux avec la peur perpétuelle de l'échec, mais aussi du succès.
'La vérité fragile de ses derniers poèmes en dit long :
Un arbre
haute pensée
saisit le ton clair :
il y a
encore des chansons à chanter au-delà
de l'humanité.'
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne dormions plus car nous gisions dans les rouages de l’horloge mélancolie
et courbions les aiguilles comme des verges,
et elles se sont détendues d’un coup et ont fouetté le temps jusqu’au sang
et tu racontais une pénombre qui grandissait,
et douze fois j’ai dit tu à la nuit de tes mots,
et la nuit s’est ouverte, et elle est restée déclose,
et j’ai mis un œil en sa chair et t’ai tressé l’autre dans les cheveux
et j’ai noué entre les feux la mèche, la veine ouverte –
et un jeune éclair a nagé jusque-là.

*

Brandmal

Wir schliefen nicht mehr, denn wir lagen im Uhrwerk der Schwermut
und bogen die Zeiger wie Ruten,
und sie schnellten zurück und peitschten die Zeit bis aufs Blut,
und du redetest wachsenden Dämmer,
und zwölfmal sagte ich du zur Nacht deiner Worte,
und sie tat sich auf und blieb offen,
und ich legt ihr ein Aug in den Schoß und flocht dir das andre ins Haar
und schlang zwischen beide die Zündschnur, die offene Ader –
und ein junger Blitz schwamm heran.

*

Stigma

We slept no more for we lay in the clockwork of sorrow
and bent the hands like rods,
and they bolted back and scourged time till blood was drawn,
and you spoke a gathering twilight,
and twelve times I said thou to the night of your words,
and it opened and stayed apart,
and I put one eye in its lap and plaited one in your hair
and I twisted the fuse between them, the open vein-
and a young flash of lightning came floating.

***
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PSAUME

Personne ne nous pétrira de nouveau
de terre et d'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
C'est pour te plaire
que nous voulons fleurir.
A ton encontre.

Un Rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes
et resterons, fleurissant:
la Rose de Néant, la
Rose de Personne.

Avec
le style lumineux d'âme,
le filet d'étamine, ravage du ciel,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.

PSALM

Niemand knetet uns wieder aus
Erde und Lehm,
niemand bespricht unsern Staub,
Niemand.

Gelobt seist du, Niemand.
Die zulieb wollen
wir blühn.
Dir
entgegen.

Ein Nichts
waren wir, sind wir, werden
wir bleiben, blühend:
die Nicths-, die
Niemandsrose.

Mit
dem Griffel seelenhell,
dem Staubfaden himmelswürst,
der Krone rot
vom Purpurwort, das wir sangen
über, o über
dem Dorn.
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Mandorle.

Dans l'amande- qu'est-ce qui est dans l'amande?
Le néant.
C'est le néant qui est et se tient dans l'amande.
Il est là et continue d'être.

Dans le néant-qui donc est là et se tient? Le roi.
C'est le roi qui est là, le roi.
Il est là et continue d'être.

Boucle de juif, tu ne seras pas grise.

Et ton œil - vers quoi se tient-il ton œil?
Ton œil se tient et fait face à l'amande.
Ton œil, c'est au néant qu'il fait face.
Il se tient et reste du côté du roi.
C'est comme ça qu'il est, tient, continue d'être.

Boucle d'homme, tu ne seras pas grise.
Amande vide, bleu roi.

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PSAUME

Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
C'est pour te plaire que nous voulons
fleurir.
À ton
encontre.

Un Rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant
la Rose de Néant, la
Rose de Personne.

Avec
le style, lumineux d'âme,
le filet d'étamine, ravage de ciel,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.
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À hauteur de Bouche

À hauteur de bouche, perceptible :
excroissance ténèbre.

(Pas besoin, lumière, que tu la cherches, tu demeures
le filet de neige, tu tiens
ta proie.

L'un et l'autre sont valables :
Touché et Non-touché.
L'un et l'autre, avec la faute, parlent de l'amour,
l'un et l'autre veulent et exister et mourir.)

Stigmates de corolle, bourgeons, blocs ciliaires.
Œil épieur, étranger au jour.
Cosse, vraie et ouverte.

Lèvre savait. Lèvre sait.
Lèvre finit de le taire.
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Vidéo de Paul Celan
Chaque mois, un grand nom de la littérature contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'écrivain Stefan Hertmans est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Rencontre animée par Cécile Bidault, productrice chez France Culture
QUI EST STEFAN HERTMANS ? Stefan Hertmans, né à Gand en 1951, a publié plusieurs recueils de poésie, des essais et des romans. Son oeuvre poétique a été récompensée par le prix triennal de la Communauté flamande. Son roman Guerre et Térébenthine, traduit dans vingt-quatre langues, a été nommé pour le Man Booker International Prize. Il a publié tous ses romans aux éditions Gallimard, dont Une ascension en janvier 2022. Dans la collection « Arcades » paraît également en mai 2022 Poétique du silence, un volume regroupant quatre essais de Stefan Hertmans sur la modernité poétique dans ses rapports au langage et au mutisme, concentré de ses réflexions sur les oeuvres de Hölderlin, de Paul Celan et De W.G. Sebald notamment.
En savoir plus sur les masterclasses littéraires : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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