Citations sur La naissance d'un père (63)
C’est au contact des très jeunes enfants, seulement, que l’on mesure ce que nous avons perdu avec la maturité et à quel point nous sommes devenus blasés ; mais eux ont le pouvoir de faire tomber la cataracte que l’expérience a déposée sur nos yeux et de nous faire remarquer à nouveau les avions de ligne dans le ciel – pour ne rien dire des hélicoptères, ces bourdons métalliques qui ressemblent aux émissions d’une civilisation extraterrestre ! (pages 51-52)
C’est une charge trop lourde pour nos seules épaules. On ne peut devenir parent que par insouciance. (page 136)
Les fatigues de l’alcool n’affectent que les canalisations, les fatigues intellectuelles font vibrer les tuiles du toit, les fatigues sportives sont comme un grand soleil d’été chauffant les murs à bloc, séchant humidité et moisissures. Mais les fatigues liées à l’éducation des très jeunes enfants minent les bases mêmes. (pages 248-149)
Je n’en sais rien, et d’ailleurs, étant un homme, il est bien probable que je ne connaîtrai jamais rien d’équivalent aux souffrances de l’accouchement. Ce qui, par rapport aux femmes, force à l’humilité. (page 151)
Avignon, que je connaissais de fond en comble, me faisait l’effet d’une cité où des milliers d’anges déchus se consumaient. Au moins, à la campagne, si les gens n’étaient pas plus riches, ils étaient plus sains. (page 112)
Cette manière d’engager la conversation, par ce qu’elle avait de décalé, hors contexte, témoignait bien de la mentalité masculine : même quand une femme est en train d’accoucher à côté d’eux, les hommes sont à la fois présents et absents, ils flottent, pensent à autre chose. (page 14)
Le 26 avril 1335, le poète Pétrarque s’est élancé de Malaucène, bien avant d’autres, pour gravir à pied le mont Ventoux, ce qu’il raconte dans une lettre. Il s’agit, à ma connaissance, du premier témoignage qui nous soit parvenu d’une randonnée en montagne entreprise pour le plaisir, pour les joies de la contemplation. (page 123)
Il allait falloir fabriquer du romanesque avec un quotidien de couches et de petits pots. Pourtant, être père, s’occuper de ses enfants, n’était-ce pas ce genre d’aventure ? (page 412)
Alors oui, pour revenir à votre question, appartenir au modèle dominant, se trouver dans la norme hétérosexuelle, est rassurant au moins au départ, car on n’a pas à se justifier, on n’est pas non plus montré du doigt, mais ça ne garantit nullement qu’on trouvera le bonheur. (page 378)
Les mômes se cognent, tombent plusieurs fois par jour, et cela ne les empêche nullement d’y aller de plus belle dans la minute suivante. (page 213)