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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Éloge de la valeur paresse.

L’homme politique, journaliste et écrivain Paul Lafargue (1842-1911) rédigea cet essai qui le rendit célèbre, tandis qu’il était incarcéré à Paris pour propagande révolutionnaire, en réponse aux paroles de Thiers qui appelait l’homme à souffrir au travail et à ne pas jouir de la vie, et en réfutation du droit au travail de 1848 (sous-titre de l’essai).

«Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.»

Initialement publié en feuilleton en 1881, puis en 1883 en un volume, réédité aux éditions Mille et une nuits en 1994, chez Allia en 1999 et au Passager clandestin en 2009, ce texte classique reste passionnant et plus que jamais d’actualité. Paul Lafargue s’y étonne et s’insurge contre la sacralisation de la valeur travail en particulier dans une classe ouvrière alors soumise à des conditions de travail quasiment inhumaines.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ah, que c'est bon, ce style pamphlétaire fin XIXème ! Plein d'hyperboles, de caricatures grivoises d'illustres politiques et capitaines d'industrie aujourd'hui totalement oubliés, ça sent encore la poudre de 48 et déjà tellement la Première Internationale... L'athée cite la Bible pour "confondre les jésuites", et le révolutionnaire, contre les moralistes, Platon, Cicéron, Hérodote, Xénophon, et j'en passe. Et puis, quel personnage tragique, que ce gendre de Marx !
Vous voulez en goûter, de l'hyperbole ? Tenez :
"La France capitaliste, énorme femelle, velue de la face et chauve du crâne, avachie, aux chairs flasques, bouffies, blafardes, aux yeux éteints, ensommeillée et bâillant, s'allonge sur un canapé de velours ; à ses pieds, le Capitalisme industriel, gigantesque organisme de fer, masque simiesque, dévore mécaniquement des hommes, des femmes, des enfants, dont les cris lugubres et déchirants emplissent l'air ; la Banque à museau de fouine [tiens tiens, déjà !], à corps d'hyène et mains de harpie, lui dérobe prestement les pièces de cent sous de la poche." (p. 80)
Une gourmandise littéraire que ce style, donc, qui valut à l'auteur d'être d'autant moins pris au sérieux qu'il a été souvent cité.
Et si, comme le suggère le préfacier (Paul Allies), ce petit opuscule avait mis le doigt sur la plaie que le communisme ne sut pas comprendre, à savoir le lien entre travail-croissance, surproduction et appauvrissement des classes laborieuses (cessons de parler de prolétariat !), avec une appendice non moins néfaste pour les "capitalistes" ? Eh oui ! dans ce cas, il s'agirait bel et bien d'une prémonition quasi prophétique, qui devrait avoir résisté à l'épreuve du temps, qui devrait valoir plus que la "nécessité historique" marxienne, en fait qui serait toujours d'actualité (même si la plupart des idées secondaires sont amplement périmées)...
Personnellement, je me suis fait ma petite idée là-dessus : jugez-en pour vous-mêmes si ça vous intéresse :
"Travaillez, travaillez nuit et jour ; en travaillant, vous faites croître votre misère, et votre misère nous dispense de vous imposer le travail par la force de la loi. L'imposition légale du travail donne trop de peine, exige trop de violence et fait trop de bruit ; la faim, au contraire, est non seulement une pression paisible, silencieuse, incessante, mais comme le mobile le plus naturel du travail et de l'industrie, elle provoque aussi les effets les plus puissants." (cité p. 39)

"... le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices." (p. 62)

"Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l'écoulement et en abréger l'existence. Notre époque sera appelée "l'âge de la falsification", comme les premières époques de l'humanité ont reçu les noms "âge de la pierre", d'"âge de bronze", du caractère de leur production." (p. 64).

Eh bien, pour être daté 1880, chapeau bas !
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Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités d'choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires.

Alain Souchon - Foule sentimentale.


Paul Lafargue, gendre de Karl Marx a écrit en 1890 ce pamphlet dans lequel il dénonce l'attachement addictif au travail.
Bon c'est vrai qu'avec la révolution industrielle, on avait un peu exagéré avec des journées de travail de 13 ou 14 heures, hommes, femmes et enfants ruinaient leur santé à la tâche mais à bien y réfléchir, comme il le dit en page 59, c'est dans les pays pauvres que le peuple est à son aise et dans les pays riches qu' il est pauvre.
En se serrant le ventre, la classe ouvrière a développé le ventre de la bourgeoisie condamnée à la surconsommation, ce qui n'est pas bon pour ses artères. On a créé des besoins pour les consommateurs mais comme cela ne suffisait pas à épuiser les stocks, on a créé ces mêmes besoins aux peuples coloniaux qui n'en avaient que faire. Comme cela ne suffisait toujours pas, on a réduit la durée de vie des produits (ce qu'on appelle aujourd'hui l'obsolescence programmée) pour fournir toujours plus de travail aux ouvriers qui ne pouvaient pas se résigner à vivre les bras croisés. On inventa ensuite la mécanisation qui devait libérer l'homme du travail, on peut constater qu'il n'en est rien. Enfin, on a rationné le travail en inventant le chômage comme on rationne l'eau sur un navire en détresse.
Pourtant, il savait déjà même s'il ne le dit pas en ces termes qu'une réduction du temps de travail peut augmenter la productivité. Pour lui, le droit au travail n'est qu'un droit à la misère.
Pour lui, on pourrait ne travailler que 3 heures par jour, le temps libéré permettrait de prendre du bon temps et développerait la créativité. Un adepte de la simplicité volontaire avant l'heure ? Ce texte est étonnant !

Je viens de prendre ma retraite après avoir cotisé mes 168 trimestres et qu'est-ce que je fais depuis ? Je marche 10 km par jour et je m'impose des heures de lecture et des critiques sur Babelio. Il me faut apprendre à glandouiller, à siroter mon café en terrasse en regardant les gens qui vont bosser. de plus, je n'ai pas besoin de marcher à 6 km/heure puisque j'ai le temps. Il y a bien là un conditionnement dont il faut apprendre à se détacher. Il faut que j'apprenne à me promener plutôt que de crapahuter comme un bourrin…
Merci Monsieur Lafargue !


Challenge ABC
Challenge Riquiqui 2022.

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Écrit en 1880, c'est un pamphlet. Ce n'est pas un hymne à la paresse comme le titre pourrait le laisser supposer, c'est l'affirmation argumentée du droit aux loisirs et à la réglementation du temps de travail. L'auteur pointe le temps de travail excessif qui induit la surproduction et, paradoxalement, le chômage qui s'ensuit. Il critique vertement la bourgeoisie aux commandes économiques depuis la Révolution de 1789 pour avoir contribué à cet état de faits en réduisant drastiquement les jours fériés. Contre la religion du travail il prône en quelque sorte une société du temps libre.
Je ne jugerai pas ce livre avec des arguments économiques. J'ai avant tout pris goût à un pamphlet qui tape tous azimuts, la bourgeoisie en tête, les milieux industriels, les économistes et même le prolétariat responsable pour une part de sa situation.
Voilà une lecture vivifiante qui résonne particulièrement aujourd'hui, alors que peu à peu la sobriété s'impose, et que, plus radicalement, la décroissance est envisagée par certains.
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Lecture idéale pour la rentrée ? Peut-être, même s'il m'a fallu, cet après-midi même, dénier ce droit si précieux à quelques élèves encore en week-end... le propos de ce bouquin est intéressant, car il sonne encore comme une provocation face à l'idéologie dominante, celle du travailler plus pour gagner plus et du calcul du mérite en fonction des heures passées à bosser. Certes la rhétorique prolétarienne du beau-fils de Marx semble un peu dépassée, mais sa critique de la surproduction, de l'allongement non nécessaire des horaires de travail, des bienfaits supposés du boulot constant, me séduit. Il prône un maximum de trois heures de travail par jour et prétend que cela est possible, étant donné la machinisation, et surtout, et c'est là que j'abonde dans son sens, que c'est ainsi qu'on rendra l'homme épanoui. L'oisiveté, la glandouille, les grandes ripailles, les bénichons, les recrotzons, les bals des pèdzes, un peu de lecture, un peu de musique, un pique-nique, des grillades, un après-midi à la piscine, un peu de surf sur la vague Internet, une sieste crapuleuse, n'est-ce pas plus bénéfique qu'une journée à corriger les réponses critiques de mes élèves que, cet après-midi, j'aurais mieux fait de soulager, en les laissant faire la sieste qui manifestement les attirait irrésistiblement.
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Alors que l'on chipote aujourd'hui à propos de la semaine de 35 heures, Paul Lafargue (1842-1911) proposait dès 1880 des journées de trois heures. Dans ce manifeste audacieux, il s'indigne que le prolétariat se soit laissé pervertir par le dogme du travail, proclamé comme principe révolutionnaire.

Article complet en suivant le lien :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Le nombre de pages de ce livre laisse penser que l'auteur sait bien de quoi il parle.
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Paul Lafargue est né à Cuba en 1842. Revenu en France à neuf ans, il suit des études à Bordeaux. Très vite il épouse les thèses socialistes, rencontre Engels et Marx dont il épousera la fille Laura. Il sera élu plusieurs fois, fera des séjours en prison pour ses prises de position radicales et se suicidera avec Laura en 1911. Entre temps, il aura écrit et publié le droit à la paresse, un pamphlet à la fois véhément et ironique dans lequel il s'en prend au "droit au travail", à l'aliénation des ouvriers, à la surconsommation des bourgeois, aux capitalistes, à ce qu'on appelle aujourd'hui l'obsolescence programmée.
Quelle meilleure période pour lire ce pamphlet que les vacances ? Au moins à lire le titre, car le contenu est très revendicatif, bouillant voire violent.
Ce texte me ravit, moi qui n'ai jamais aimé le travail. J'ai toujours -et je continue- bossé avec une conscience professionnelle assez développée, mais que ce fut dur d'aller au bureau ou sur mon lieu de travail pendant des années. Une épreuve dont je me serais bien passé, contrairement à beaucoup de collègues, d'amis, de gens de mon entourage qui eux ne se seraient pas vus "inactifs" de peur de perdre une forme de vie sociale. Depuis que je bosse à la maison, je peux vous dire que ma vie a changé : j'ai à la fois l'impression de ne jamais travailler et celle de ne jamais quitter le travail. Paradoxal, déroutant, mais vachement bien. Bon, je ne suis pas encore rentier, mais je ne désespère pas, quand je serai grand...
Mais revenons à ce droit à paresser. Paul Lafargue s'élève contre l'abrutissement des ouvriers, il tient pour responsables de cet amour du travail qu'ils ont, les économistes, le clergé et les moralistes, les bourgeois consommateurs et les capitalistes.
La théorie de Lafargue est que s'il faut travailler pour ses besoins, point n'est utile de trop bosser, il faut travailler pour gagner de quoi vivre correctement. Pour Lafargue, le travail n'est pas une valeur, n'en déplaisent à ceux qui l'érigent en tant que tel (cf les discours politiques des uns et des autres), c'est un moyen, à condition qu'il soit dosé homéopathiquement, de se faire du bien et de faire du bien à la société. Lafargue dit que la mécanisation des industries doit servir à l'homme pour se dégager du temps et profiter de la vie et de la paresse, la véritable valeur à ses yeux. Que s'il faut consommer, il ne faut pas surconsommer. Que l'obsolescence programmée n'est pas un progrès, mais juste un moyen pour les industriels de se faire plus d'argent et pour les ouvriers de travailler toujours plus.
Un pamphlet d'une cinquantaine de pages qui donne un peu d'air aux discours ambiants, qui fait même passer les 35 heures pour une mesurette à peine sociale. Utopie ? Sans doute. Quoique. Certains de nos jours parlent de décroissance, de consommer moins, de travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler. Qui les contredira ? Pas moi !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Plus qu'une simple critique d'un système,c'est une invitation à repenser nos mode de vie impétueux et une relecture nécessaire de notre dépendance incestueuse au monde économique pour redéfinir d'autres priorités et savoir regarder la vie d'un nouvel oeil.Tant d'autres possibilités nous sont offertes que nous ne sachons voir,englués que nous sommes dans nos médiocres habitudes acquise sous le commandement de la rigueur et de l'efficacité.Nul besoin d'adhésion à telle ou telle appartenance politique pour reconnaître le grand mérite de ce brillant essai philosophique,juste un impérieux besoin de vivre pleinement l'expérience de la vie.Les différentes crises monétaires,du krach boursier dans La Grande Dépression de 1929 à la rechute des pétrodollars suite à l'effondrement du prix du pétrole causée par la guerre en Irak de Sadam Hussein dans les années 70,la crise des subprimes des années 2000 au USA,la dette d'obligation grecque et l'effondrement du marché espagnol,nombreux sont les exemples récents nous éclairant sur la lubie de cette drogue financière obnubilant nos dirigeants politiques.Repenser et réformer ce modèle relèvent de l'obligation.
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Or donc, quand on a l'occasion de tomber par hasard sur un pamphlet écrit fin XIXe, en prison pour propagande révolutionnaire, par le gendre de Marx, on n'hésite pas.
Ça vous pose son homme tout de même.

Et puis ce titre et cette couverture sont trop beaux pour passer à côté.

Petit aparté avant de rentrer dans le vif du sujet, il semblerait que les écrivains de 1880 et des poussières n'étaient pas tendres entre eux. Dans ce pamphlet, Paul Lafargue trouve quand même le moyen de traiter Victor Hugo (qui avait écrit les misérables en 1862) de "charlatanesquement romantique". On est loin du #coupdecoeurlitteraire et j'ai trouvé ça drôle.

En replaçant dans le contexte (et donc en remplaçant le terme prolétariat par salariés et bourgeois par actionnaires), ce texte est toujours furieusement d'actualité.

Très court, il donne vraiment à réfléchir à l'heure du Ralentir ou périr.

L' auteur fustige une époque qui veut qu'alors que les progrès technologiques permettraient désormais de ne travailler que 3h par jour (en 1880 hein, ça donne le vertige), on ait réussi à persuader les masses laborieuses (c'est le XIXe, vous pouvez remplacer par les salariés) qu'il faut travailler toujours davantage.

Par conséquent, pour la faire courte: trop de temps de travail = surproduction = affadissement des matières premières pour pouvoir continuer à produire + recherche effrénée d'acheteurs pour des produits fabriqués en surnombre = naissance de besoins de consommation parfaitement inutiles + exportation massive dans des pays qui n'avaient rien demandé.

En bref, la naissance de la société de consommation.
Le travail toujours plus parce que "plus mes peuples travaillent, moins il y a de vice" (c'est Napoléon, déjà, qui le dit en 1807).
La standardisation, l'ennui, le métro boulot dodo.
Hé oui, déjà. Bon j'extrapole un peu certes.

Un point quand même qui devrait rassurer notre pamphlétaire, 150 ans plus tard.
Il s'exclame au début du texte: "Ou sont donc les commères dont parlent nos fabliaux, hardies au propos, franches de la gueule, amantes de la dive bouteille?"

Elles sont toujours là, Paul 👋.

A lire, parce qu'à coup de livres, je franchirai tous ces murs.
Lien : https://www.instagram.com/tu..
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