Lola Lafon a voulu construire un VRAI roman autour de l'enlèvement en 1974 de
Patricia Hearst, fille d'un magnat américain de la presse par l'Armée de Libération Symbiolaise, groupuscule d'extrême-gauche. Apparement atteinte du syndrome de Stockholm, la riche héritière s'est convertie à l'idéologie violente du groupe et s'est rendue coupable de vols à main armée.
A priori il y avait tous les éléments d'un thriller passionnant (et basé sur une histoire vraie.)
Je suis bien déçue.
L'auteure a imaginé pour mettre en scène ces évènements, la rencontre de la narratrice avec une universitaire spécialiste des enlèvements féminins perpétrés depuis la conquête de l'Ouest.
Cette dernière a été chargée par le cabinet d'avocats qui défend Patricia, de faire un rapport dans le sens de son irresponsabilité pénale. La narratrice, Violaine, toute jeune bachelière française, assiste la brillante intellectuelle, un rien manipulatrice, pour le dépouillement des archives.
Violaine développe envers elle une admiration sans borne, au point d'employer un vouvoiement reproduit dans le texte de façon compliquée et nuisible à la clarté du propos.
Elle aussi, semble-t-il, engluée dans les filets de l'universitaire capricieuse et narcissique, développe à son égard une admiration mêlée de crainte, véritable complexe de Stockholm qui fait écho à celui de
Patricia Hearst à l'égard de ses ravisseurs.
Tout cela semble bien embrouillé.
J'aurais préféré une enquête toute simple où
Lola Lafon se serait impliquée elle-même, comme Jaenada dans "La Serpe" ou
Emmanuel Carrère dans "
L'adversaire".
Il faut savoir faire simple et ne pas toujours parier sur l'originalité qui n'est pas tout. La simplicité n'est déjà pas si facile.