De l'ombre à l'aurore d'Élisabeth Lafont
Le livre s'ouvre sur un pré texte en forme de prologue, mi fiction mi biographie qui pourrait se dérouler… Hier ? il y a Quarante ans ?
« La foule, la tour de l'horloge, les quais de Seine, la parvis de Notre dame, le km zéro… rien n'a changé. »
Tout de suite après, nous entrons au jardin des Tuileries, les promeneurs, l'orangerie, les jardiniers… « Monsieur Paul, attention, reculez-vous, vous gênez…» Un grand garçon d'une quinzaine d'années recule d'un pas.
Hop ! nous avons fait un saut de cent ans à peu près. Dans un style épuré, grâce à des descriptions évocatrices : le renard autour du cou de la femme, la pelisse, la canne à pommeau du monsieur en chapeau, les petits filles à longues tresses, on entre délicatement dans ce qui a été une tragédie pour l'une et un souvenir énigmatique pour le monsieur à la canne à pommeau.
Les gens de la Barre vivent certainement à la même époque, à la campagne, dans un château. Côté cuisine, tout y est réglé, ritualisé, les relations entre maîtres et gens de maison sont aimables et respectueuses ; le dérapage de frère Yaourt soulèvera un autre pan du voile.
Ce recueil de nouvelles est un délice par l'écriture et les observations. Il se lit vite (trop vite).
On en ressort un peu tourneboulé, partagé entre la nostalgie des choses faites et bien faites et la surprise de redécouvrir sous cette façade la dureté et la violence qui ne sont pas des phénomènes nouveaux comme les medias s'escriment à nous le faire croire.
Monique Douillet.