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Citations sur Douces déroutes (27)

Ici, rire est une esquive, la plus douce de toutes. Pour regarder l’amer et le sombre. Pour endormir le malheur ou la douleur d’un sommeil inavouable. Rire pour aplanir le monde et avancer comme dans un songe. p.140
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Brune est partie avec cette photo de son père la tenant sur ses genoux en riant. Jamais douleur ne fut si profonde. Ramassant avec elle, au passage, colère et peur. Et ronces et broussailles et haine. Mais, pardessus tout, la peur. Peut d’être au mauvais endroit dans son lieu natal, peur de ne pas être à la hauteur, peur de mourir avant le temps. Alors Brune a fui ses peurs de toujours. Les nouvelles, elle ne les connaît pas encore. Et ne veut ni les comparer ni les mesurer à celles qu’elle ne connaît que trop bien. Brune rêve de contrées lointaines enneigées, antichambres du paradis, là où le feu n’a pas encore brûlé, même si elle le soupçonne de couver partout. Dans les vertes prairies, dans le vent, sous la pluie, dans les déserts. Mais elle chasse cette idée avec sa voix, qui balaie tout et porte son rêve. Elle sèmera des cailloux dans toutes les villes du monde pour ne pas perdre le chemin du retour, le chemin de l’enfance très loin enfouie.
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Brune est une fille des commotions, de la colère et du sang, des vertiges, de l’âpre beauté de cette ville. Brune ne connait que ce concentré de force aveugle, torrentielle, qui fait frémir sa mère chaque fois qu’elle saute à l’arrière de la moto de Mackenson. Brune ne connait rien d’autre. Mère se souvient d’une ville plus tranquille.
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Mais, à vingt ans, la mort a le visage d'un ange qui te frôle avec une telle douceur que tu veux la caresser, toi aussi. Sentir tes mains sur ta peau.
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Je n’ai pas pu pleurer. Je n’ai pas pleuré. Je suis resté bête et nu comme un ver sous ma douche, les yeux hagards. Ce que je ressentais pouvait se passer de mots, tant était forte cette souffrance dans chaque pouce de chair, dans chaque muscle, chaque goutte de sang. p.22
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Ma petite enfance, c'est une terre loin d'ici. Quand nous étions petits, mère ne nous quittait pas du regard. Elle suivait mes pas jusqu'à ce que je disparaisse au bout de la rue. Et, le soir, ce même regard voilé d'une certaine inquiétude, elle guettait notre retour. Elle continue à nous attendre le soir. Tous les soirs. Cela fait des années qu'il en est ainsi. Depuis l'enfance. J'ai détesté mon enfance. Je la déteste encore. J'ai détesté les chaussures usées jusqu'à la corde, la faim, les morsures de rat la nuit et l'absence de rêves pour enjamber tout cela. J'ai détesté ma petite enfance et, aujourd'hui, je déteste moins ma petite enfance que les histoires qui embellissent la belle enfance des pauvres. Ceux qui n'ont jamais eu faim raffolent de ces histoires.
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La mort n'effraie pas Pierre. Ce qui lui fait honte, c'est de continuer à vivre en voyeur silencieux, couard, la queue basse. Ce qu'il craint, c'est l'usure qui inexorablement rongera tout. Les muscles qui ne tiendront plus rien, la vie qui s'évidera en miasmes et sécrétions tout en bas, la mémoire qui prendra l'eau, la douleur qui appellera la morphine et l'oubli de tout. P.20
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Lui qui venait à peine de laisser derrière lui des peurs qu'il pensait déjà loin, voilà qu'il s'en allait pieds et mains liés au-devant de nouvelles. Il sent le souffle brutal de l'effroi gagner cet espace encore vierge que même l'évènement de Médéquilla n'avait pas encore conquis. Une telle synchronisation de la peur était désormais dans l'ordre du temps. Quelque chose n'a pas cessé de nous arriver, que nous n'avons pas vu venir. Et il se trouvera toujours des gens pour gouverner nos frayeurs. Ceux-là même qui les auront créées. Et la peur nous rongera les tripes, malgré nos divertissements et nos dérobades. p.213
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Tu te trompes mon frère, tu te trompes affirmait Onèl. Tout ce qui nous concerne, nous, les vaincus, est sans importance, n'est pas humain. Nos dieux ne sont pas les bons, notre compréhension du monde est mauvaise, nos croyances sont illégitimes. Je veux aller du bon côté de l'histoire. Une fois parti, je regarderai l'île à la télévision. M'exprimerai avec discrétion sur la conjoncture. Tout excès peut te faire rater des opportunités, petit frère. Je ferai dans le mystère et l'humour. Dans la diversité réussie. Et j'épouserai une Blanche. Oui, une Blanche, jusqu'à la disparition totale du Nègre dans ma descendance... Je n'en voulus pas à Onèl, mais à ce monde qui l'avait à ce point blessé et faisait monter sa rage. p.158
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Je ne lui dis pas que, souvent, ils allument une flamme vacillante dans ma nuit, tout au fond. Une flamme que je me hâte d’éteindre. Je ne peux pas me laisser toucher. L’émotion est un luxe. Je ne veux rien faire ni dans la nuance, ni dans la dentelle, ni dans l’émotion... J’aime que les gens aient peur. De mes cheveux. De mes chaussures. De ma peau. De mon regard. De la faim inscrite aux commissures de mes lèvres. La haine, c’est ma blessure qui ne guérit pas. Que je ne veux pas guérir. Je veux cogner, et fort. p.114 et 115
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