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EAN : 978B003OS4U4C
(01/01/1954)
4.4/5   5 notes
Résumé :
En 1952, trois Suisses, Gabriel Chevalley, René Dittert et Raymond Lambert, tentent l'ascension de l'Everest. Dans leurs carnets, ils évoquent avec précision et honnêteté les immenses difficultés qui les conduiront à rebrousser chemin. Cet échec apparaîtra comme une véritable leçon pour tous les amoureux d'alpinisme.
En 1978, Pierre Mazeaud sera le premier Français à atteindre le toit du monde. Dans Everest 75, il retrace l'intégralité de son exploit - naissa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
1852 : l'emplacement du plus haut sommet du monde est confirmé, et sa hauteur mesurée. Il est baptisé « Everest » en l'honneur du géographe britannique Sir George Everest qui fut arpenteur général des Indes Britanniques (Surveyor-General of India) de 1830 à 1843.
1953 : deux hommes (un britannique et un néo-zélandais) atteignent le toit du monde.
Il a fallu un siècle pour conquérir l'Everest, et de multiples équipes qui ont chacune apporté leur pierre à l'édifice.
Parce qu'une telle montagne ne se gravit pas du premier coup, parce que les nombreux problèmes qu'elle pose ne peuvent se résoudre en une seule fois.

Si de nos jours l'Everest présente un itinéraire presque balisé (et on peut le regretter), avec des échelles fixes posées ici ou là, les pionniers ont dû tout faire par eux-mêmes, y compris chercher leur route : essayer un passage, revenir en arrière, s'engager dans une autre voie, tâtonner, tester une autre solution... rien n'étant jamais garanti, les journées ont pu se succéder sans qu'aucun progrès notable n'advienne. Et de temps en temps, la joie d'une avancée tangible.
Avant la cordée victorieuse de 1953, ils ont été nombreux à s'y casser les dents, beaucoup y ont même perdu la vie. Certaines expéditions ont été de complets échecs, d'autres ont effectué des percées notables.
C'est le cas des deux tentatives suisses de 1952.
John Hunt, qui dirigea l'expédition victorieuse de 1953 était bien conscient de ce qu'il devait à tous ceux qui l'avaient précédé, et aux Suisses en particulier, qui avaient sportivement partagé avec lui leur expérience et leurs connaissances avant son départ.
Il ne se montra pas ingrat puisqu'il leur adressa ce câble le lendemain de la victoire : "À vous une bonne moitié de la gloire !"
La grande classe !
Edmund Hillary, dans son livre Au sommet de l'Everest, mentionne également à de nombreuses reprises les cordées suisses, détaillant l'aide dont il a bénéficié grâce à eux dans tel ou tel passage.
Élégance et gratitude.

Alors, qu'ont-ils fait ces Suisses ?
C'est ce que l'on apprend en lisant ce livre.
Cerise sur le gâteau, mon édition contient trois appendices : la liste des sherpas, le certificat remis au sirdar (chef des sherpas) Tensing Norgay, et une chronologie succincte de la conquête de l'Everest.

La première partie intitulée "Il n'y a pas de victoire pour les pionniers" donne le ton : les Suisses sont conscients que devant les nombreuses difficultés rencontrées ils n'ont pas pu aller jusqu'au bout, et que d'autres bénéficieront de leurs découvertes : "L'obligation de déterminer la route la meilleure, les journées perdues en reconnaissances vaines risquent d'exténuer les grimpeurs et d'épuiser leurs forces avant l'assaut qu'ils devront livrer après avoir sévèrement entamé leurs ressources morales et physiques. C'est la lourde rançon que doivent payer les premiers, tribut d'erreurs, de peines gaspillées, de fautes inévitables parce qu'imprévisibles. Terrible surcroît de fatigue qu'ignoreront ceux qui viendront après nous."
Tout ceci est dit sans amertume mais avec lucidité.
À de nombreuses reprises nos amis helvétiques ont dû essayer plusieurs itinéraires, ont dû batailler pour trouver la clé d'un passage difficile ou périlleux.
Être le premier est exaltant mais tellement compliqué et angoissant parfois. En prendre pleinement conscience est l'un des intérêts de cette lecture.

Cet ouvrage nous plonge dans une autre époque.
Une époque où la marche d'approche à elle seule était déjà pleine de péripéties.
Une époque où les communications n'étaient pas ce qu'elles sont de nos jours, où le courrier pouvait mettre plusieurs mois à arriver... quand il arrivait, et où l'on envoyait des télégrammes succincts pour donner des nouvelles, tels que : « Attaque col Sud va commencer. Difficile apprécier difficultés. Équipe forte et volontaire. Forme excellente. Bonne santé. Espoir. Dittert. »
Une époque où payer les coolies (porteurs) était compliqué et nécessitait parfois d'envoyer quelqu'un dans une petite ville où l'on essaiera de changer des travellers cheques.
Une époque où les appareils à oxygène n'étaient pas aussi perfectionnés et efficaces que maintenant.
Une époque où une grande partie de l'Everest était encore vierge de toute exploration.
Tout ces difficultés, ajoutés à celles purement liées à l'alpinisme, contribuent à faire de ce livre un vrai livre d'aventure. du genre de ceux dont on tourne les pages avidement en tremblant pour le héros et en se demandant comment il va pouvoir s'en sortir.

Un autre aspect que j'ai beaucoup apprécié est la façon de parler des sherpas.
Les Suisses se montrent toujours respectueux de ces hommes vaillants et courageux : "Autour de nous, les sherpas vont et viennent avec leurs visages un peu énigmatiques, lunaires, leurs dents éclatantes, cette gentillesse qui nous touche, cette bonne humeur qui nous gagne. Je ne pense pas qu'il soit possible d'être plus serviable, et moins servile."
Les auteurs sont souvent admiratifs du travail effectué par les sherpas qui ont, pour certains, pratiquement autant oeuvré en tant qu'alpinistes que les membres de l'expédition.
Une mention toute particulière pour Tensing dont le courage, la volonté et la résistance sont extraordinaires. de toute l'équipe, c'est lui qui connaît le mieux l'Everest. Il est d'ailleurs mentionné en tant que sirdar dans l'expédition du printemps mais en tant que "sirdar et membre de l'expédition" pour celle de l'automne.
En lisant ce livre, on comprend mieux l'importance qu'il a eue dans l'équipe britannique victorieuse l'année d'après, et qu'Edmund Hillary ait toujours tenu à l'associer à parts égales dans la réussite.
En tout cas, l'homme inspire respect et admiration.

Écrits à trois voix, ces récits sont passionnants et constituent une mine d'informations pour qui s'intéresse à l'histoire de l'alpinisme.
La fin est connue d'avance : les Suisses n'iront pas jusqu'au sommet, mais réussissent de précieuses avancées qui seront déterminantes dans le succès de 1953. Ils en sont bien conscients lorsqu'ils concluent : "L'aventure est terminée, l'équipe se disloque. C'est triste. Mais la « porte du sud » est ouverte."
Avant-premières à l'Everest est un classique de la littérature de montagne, à lire au même titre que Victoire sur l'Everest de John Hunt ou Au sommet de l'Everest d'Edmund Hillary.
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Un récit très complet sur une expédition pionnière de la conquête de l'Everest.

1952, l'Asie a connu d'importants bouleversements politiques qui ne sont pas sans conséquences pour les ambitions des alpinistes, fameux conquérants de l'inutile. le Tibet, qui jusqu'en 1950 constitue la voie d'accès à l'Everest, se ferme aux étrangers suite à l'invasion chinoise; tandis qu'en 1951, le Népal, jusqu'ici pays inaccessible, ouvre ses portes au monde et aux occidentaux.

Cette petite "révolution" dans l'himalayisme implique que les tentatives d'ascension de l'Everest, qui jusqu'ici s'effectuaient par la face nord (expéditions: Howard-Bury, Bruce, Norton, Ruttledge, Shipton, Ruttledge à nouveau et Tilman), transitent désormais par le Népal, pour un accès par le Sud, et ne sera plus l'apanage des anglais. Deux reconnaissances britanniques en 1950 et 1951, puis vient le temps de la première tentative d'ascension par des ressortissants d'un autre pays, les suisses.

Quelle aventure nous offre ces alpinistes, qui seront les premiers à atteindre le cirque Ouest dans le glacier du Khumbu, puis le fameux col Sud après une lutte acharnée!
La tentative du printemps 1952 est très détaillée; un peu trop je pense, compte tenu des légers accents lyriques de la marche d'approche, mais la suite est extraordinaire. La seconde tentative d'automne est plus lapidaire, plus tragique aussi, mais suffisamment renseignée pour effectuer un parallèle sur les conditions d'avant et d'après mousson. Dans les deux cas, nous retrouvons Tensing en tant que chef des sherpas, qui atteindra notamment l'altitude de 8600 m avec Raymond Lambert.
À la lumière de cette lecture, il apparaît que la contribution des suisses à la conquête de l'Everest a été déterminante, car ils ont volontiers partagé leurs expériences avec Hunt, qui conduira l'expédition victorieuse de 1953. Mais c'est surtout la présence systématique de Tensing Norgay qui est remarquable, car il est de toutes les cordées d'assaut; et que sa connaissance, aussi bien de la région, des populations, de la logistique, que de la montagne elle-même, a été le principal atout pour qu'un jour des hommes foulent la plus haute cime du monde.

Je termine sur la qualité de la présente édition, très riche de part ses nombreuses photos, cartes et croquis. Elle date de 1953 mais la reliure cousue et le papier vélin ont bien résisté au temps, et la lecture se fait dans de bonnes conditions. Il existe une réedition d'anthologie chez Arthaud que je n'ai pas eu l'occasion de voir.

Je recommande vivement ce livre pour les amateurs du genre, et je le range juste à côté de Victoire sur l'Everest de John Hunt.

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Une aventure incroyable qu'on vit en direct avec l'expédition suisse qui a tenté en un an deux fois l'ascension du plus haut sommet du monde, échouant mais ouvrant la voie du Col Sud par le glacier du Khumbu, côté Népal donc, permettant à l'expédition anglaise de gagner le sommet dès le printemps suivant.
Des hommes forts, persévérants, courageux, fraternels et d'un optimisme tenace, accompagnés des bienveillants Népalais qui le sont encore plus !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Katmandou, déjà. Petite émotion à l'atterrissage, l'avion touche délicatement le sol, mais s'élève de nouveau en vacillant, puis reprend contact durement cette fois-ci. Concours d'obstacles inédit, nous avons sauté par-dessus une vache qui traversait la piste, confiante sans doute dans le respect des Hindous pour sa personne sacrée.
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J'ai décidé, le jour où l'on m'a confié la direction technique de l'expédition, de ne jamais oublier qu'on me confiait la responsabilité de vies d'hommes. Je me suis juré de ne jamais les exposer quand je pouvais éviter de le faire. Ces responsabilités-là sont sans doute celles qui pèsent du poids le plus lourd sur le cœur du chef, car le problème n'est pas simple puisqu'il est entendu que des risques, on en prend tous, et tous les jours.
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La montagne, en surélevant l'homme pendant de précieux moments au-dessus de la vie ordinaire, lui dévoile un monde que, sans cet effort, il n'aurait jamais connu.
Effort purement gratuit, risques librement acceptés, énergies mises en commun pour une cause commune qui n'est pas l'apanage d'un groupe d'individus ou d'une seule nation, mais appartient au patrimoine de l'humanité.
[Extrait de la préface du Docteur Édouard Wyss-Dunant]
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L'installation d'un camp est toujours un moment plein de confort, de poésie primitive. Les tentes se dressent au long d'une haie bleue d'agaves, le feu pétille, la fumée répand son nuage odorant léger qui depuis des temps immémoriaux a dû mettre au cœur de l'homme la joie de la solitude rompue ; un feu, même en plein air, c'est déjà la maison et c'est pour cela qu'une famille s'appelle un foyer.
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La morphologie du Népal est étrange. On est frappé, en regardant une carte, par le découpage que les rivières opèrent dans le terrain. La main qui a modelé la plus haute montagne du monde s'est impatientée en la réalisant, elle a froissé la terre, lui a donné un aspect colérique de sourcils froncés.
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