Les premières parties sont intéressantes comme beaucoup d'autres livres sur les époques héroïques de l'alpinisme dans le massif du Mont-Blanc. Quelle différence par rapport à l'escalade moderne sur terrain aseptisé, à proximité du refuge, voire de la route!
Déjà, le nombre de bivouacs et surtout l'arrivée fréquente du mauvais temps, dont les conséquences peuvent être catastrophiques dans ces lieux si difficiles d'accès, donnent une tension aux récits étonnants de courage et d'endurance.
Mais la dernière partie "l'hôtel de la mort lente" est totalement prenante et effrayante. Que deviendront ces alpinistes coincés à plus de quatre mille mètres d'altitude par un vent insupportable, par moins quarante degrés? Bien sûr, on sait que
Raymond Lambert en a réchappé, mais l'évocation de ce long martyre a un effet puissant.
La langue de
Claude Varennes qui a recueilli ces souvenirs est précise et riche. Elle est un peu vieillie par moments, mais moins que certaines pratiques : quand il est pressé par le temps,
Raymond Lambert reste peu de temps au sommet, sa sécurité peut en dépendre. Mais la cigarette de la victoire est indispensable.
Lecteur au chaud, je me suis dit souvent que le climat capricieux, voire statistiquement carrément mauvais de la vallée de Chamonix donne de beaux paysages, grâce aux fréquentes chutes de neige. Mais quel risque il fait courir aux courageux ascensionnistes!