Margot est une jeune fille de dix sept ans à peine quand elle croise la route du docteur Donnelheur : elle souffre de troubles variés, étiquetés psychosomatiques. Un jour elle se confie davantage à un des médecins qu'elle rencontre au hasard des symptômes du moment et celle-ci l'envoie chez ce psychiatre qu'elle connaît, en faisant comprendre au passage aux parents de Margot qu'ils sont déficients sinon aveugles…
Dans la famille de son père, les problèmes psychiques sont passés sous silence, on ne peut parler en fait que de la pluie et du beau temps pendant les repas. du côté maternel, tout s'explique de manière rationnelle : mauvaise alimentation, manque de magnésium… Donc même dialogue de sourds.
Les séances commencent, mais elle a du mal à entrer dans le cabinet, à trouver les mots, devant cet homme impassible qui fume la pipe sans vergogne. (Mimétisme de
Freud : son divan, sa pipe…)
Peu à peu, elle évoque l'inceste dont elle a été victime de la part de son oncle, qu'elle aimait beaucoup, dès l'âge de 14 ans, et la complicité des grands-parents, notamment la grand-mère : son fils ne peut pas être coupable, c'est forcément Margot qui l'a aguiché !
Peu à peu, le psy sort de ce qui devrait être la neutralité bienveillante (a-t-il jamais été neutre d'ailleurs ?) commence à parler de lui, de ses lectures, qu'elle prend pour des conseils au départ, se permet d'arriver en retard sans s'excuser,
Quand le « bon docteur » de vient un peu trop lourd en sexualisant beaucoup en termes fleuris, Margot lui trouve des excuses, ne sent pas l'attitude limite. « Il faut bien qu'il ait quelques défauts, ce grand homme » pense-t-elle.
L'auteure décrit très bien les séances, leur déroulement, la manière dont Margot idéalise le psychiatre, lui trouvant toujours une excuse. Il se réfugie derrière les notions de transferts, contre-transferts, vocabulaire psychanalytique pour établir son emprise. Il lui propose de changer de méthode, en plein milieu du travail : on ne passe pas la psychothérapie en face à face au divan avec le même analyste… mais il n'est pas à une manipulation près.
L'inceste est plutôt bien évoqué, même si j'aurais aimé une réaction de type « Festen » film que j'adore, quand Margot profite d'une réunion familiale pour le révéler enfin.
J'ai bien aimé ce livre, même si j'ai senti très vite que la thérapie dérapait, j'ai adoré détester le docteur Donnelheur, mais j'ai fini par retenir tout ce que je considérais comme des « fautes », c'est-à-dire, réquisitoire à charge, me transformant en procureur…
Freud a dû se retourner dans sa tombe ! donc exercice réussi pour
Chloé Lambert car le lecteur s'investit, participe.
Un grand merci à NetGalley et à Elidia, éditions du Rocher qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure
#nousenresteronslà #NetGalleyFrance !
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