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EAN : 9782707347329
176 pages
Editions de Minuit (02/09/2021)
  Existe en édition audio
3.65/5   878 notes
Résumé :
Quand il n’est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui, du haut de ses vingt ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l’aider à trouver un logement.
Extrait:
"Alors, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Avec la lumière du soleil qui maintenant frappait le sol et les meubles de vieux bois marqueté, avec l'ombre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (192) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 878 notes
Le sujet est banal. Max le Corre, boxeur ex-star des rings, y retourne à quarante ans. Au creux de la vague le maire de la ville , Quentin le Bars , quarante huit-ans, en a fait son chauffeur. Sa fille Laura, vingt ans , étudiante, est revenu vivre avec lui. Elle a besoin d'un logement et d'un emploi . Il l'envoie chez son patron.....
Chez Viel en faites seulement l'apparence est banal. Déjà le titre que je trouve très ironique, couplé d'une séance de plainte chez les flics qui coupe le texte sporadiquement annonce qu'il y a problème 😁!
A travers le prisme des liens Père-Fille et les relations d'emprise et de pouvoir, comme dans son excellent précédent roman “Article 353 du code pénal “ Viel met en scène des rapports de force. Nourrie de sujets actuels comme magouilles politiques,
ou abus sexuels, une intrigue peuplée de personnages ambivalents , où l'intelligence couplée d'impuissance, la force physique de fragilité mentale, le pouvoir d'absence de morale, sont exprimés en majorité à travers la description physique et moteur des corps. Des corps dont les personnages ont la difficulté d'en être souverain.

La prose de Tanguy Viel est géniale . Dense et cinématographique , d'une musicalité hypnotique, bravant une économie de mots visuels, un exercice de style simple mais efficace. Sans s'acharner il réalise naturellement des récits courts , précis et profond, avec des propositions littéraires très variées. le résultat est une atmosphère, et un plaisir de lecture très particuliers. Ici par exemple les deux visages du pouvoir dans la ville, Bellec, patron du Casino de la ville, le mafiosi du coin, super pote du maire est simplement esquissé par un costume blanc, qui en dit long, alors que celui de l'autre avec un simple « l'air propret et sérieux dans ses costumes cintrés sur l'embonpoint qui gagnait ». Un seul mot « par ailleurs... » prononcé par le maire, définit leur lien désormais impossible à démêler et la métaphore qui en suit est simplement superbe, que je vous laisse le plaisir de le découvrir avec sa suite....
“La vraie vie d'un livre, c'est sa vie sociale”, dit Tanguy Viel, j'espère que ce livre en aura une très riche, celle qu'il mérite.

« ....même le diable n'a pas toujours un costume rouge ni des flammes dans les yeux. »
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En même temps…
Je vais faire mien ce concept qui brille par son courage pour donner un avis du parti des indécis sur la dernière jurisprudence, pardon le dernier roman de Tanguy Viel. Je vote blanc pour un roman noir par temps gris.
Si le projet de l'auteur est de recenser tous les crimes et délits du code Pénal, il va falloir qu'il accélère un peu ses parutions avant d'être trop viel, qu'il adopte une cadence balzacienne et délaisse son côté Chabrol en charentaises.
Un boxeur sur le retour travaille comme chauffeur du maire d'une ville portuaire de bretagne. le Tyson du Far demande à son édile de trouver un logement à sa fille revenue sur place après une parenthèse malheureuse dans le mannequinat déshabillé.
L'élu aux ambitions ministérielles ne va pas faire que lui trouver un pied à terre, et à défaut de lui masser les petits petons, il va abuser de son pouvoir pour la placer sous son emprise et dans son lit. Un cumular du plumard. Histoire dans l'air vicié du temps, qui fait l'écho à l'actualité dont j'ai trouvé la trame un peu caricaturale. Les élus n'ont pas le monopole du vice, les patrons de Casino ne sont pas tous des escrocs en costume blanc et les boxeurs ne sont pas tous des cabossés de la vie.
Comme dans ses précédents romans, l'auteur va donner la parole à la victime qui s'appelle Laura, ah que y'a tant d'hommes que je ne suis pas, mais il ne s'autorise pas à incarner le récit à la première personne du singulier. Galanterie de plume, Tanguy s'émancipe du je. C'est à travers la plainte que la jeune femme va déposer auprès de deux policiers que l'histoire se déroule.
Je reproche également à ce roman son dénouement. Pas besoin de consulter la boule de cristal de madame Soleil ou d'envoyer un SMS à l'oracle de Delphes, Pythie la reine des potins, pour deviner la météo de la veille. La fin ne justifie pas le moyen.
A contrario, j'ai été impressionné par la capacité de l'auteur à décrire l'incapacité de la jeune femme à réagir face à l'emprise de cet homme charismatique qui gloutonne l'espace et à se rendre parfois responsable de son manque de résistance. L'affection silencieuse qui unit le père et sa fille est également présentée avec beaucoup d'élégance et de retenue, et bon point, les deux flics ne sont pas présentés comme des brutes misogynes, adeptes de la main courante.
Tradition littérale raffinée de call girl, le titre est un réquisitoire sur l'abus de pouvoir qui abuse des stéréotypes.

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Si Tanguy Viel emporte le Goncourt (ou un autre prix littéraire), « La fille qu'on siffle », traduction brute de « La Call Girl », est une telle bombe que je parie que certains élus s'arrangeront pour que ce roman ne soit jamais acquis par les bibliothèques municipales.

Bombe politico médiatique car Le Bars masque un Ministre actuel et est le copié-collé d'autres élus adeptes du « droit de cuissage » et pratiquants du « service rendu » - le « win-win » de Bill Clinton - à leurs très chères électrices.

Bombe érotique avec Laura qui depuis ses seize ans fait le bonheur de la presse « dénudée » et des affiches de lingerie.

Bombe sportive avec Max le Corre qui ouvre, enfin, l'oeil, enfile ses gants, et retrouve une force juste et libératrice.

Bombe stylistique, car l'auteur a un réel talent pour massacrer la langue écrite et rédiger en français oral style BFM ou Skyrock, ce qui nous offre d'ailleurs des pages plutôt agréables pour qui apprécie Céline ou San Antonio.

Ces pages dessinent une photographie consternante des pratiques électorales actuelles et de l'emprise exercée par des « chefs » sur leurs assujettis ; elles mobilisent pour que l'élan #MeToo permette aux femmes abusées de se faire entendre. Une réussite.
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Depuis qu'il a quasiment raccroché les gants de boxe, l'ancien champion Max le Corre est devenu le chauffeur du maire de la ville. Sa fille de vingt ans, Laura, ayant l'intention de revenir s'installer près de lui, il a l'idée de solliciter son patron pour aider la jeune femme à trouver un logement.


Le premier abord surprend, tant l'écoulement interminable de certaines phrases laisse le lecteur sans respiration. L'on s'y perd parfois, il faut relire, c'est d'abord déconcertant. Mais, conquis par la justesse des mots et par la perfection des tournures, l'on se laisse vite emporter par la vague, définitivement impressionné par une singularité stylistique sublimant un propos qui fait mouche à tout coup.


Rapidement se précise entre les personnages une inextricable et sordide relation de pouvoir. Un élu accro au sexe s'est habitué à user sans vergogne de son omnipotence. Il est flanqué d'une sorte d'homme de main, engouffré dans son sillage pour son arrangeante et discrète complicité. Face à eux, une jeune fille, sans grandes ressources en dehors de sa beauté plastique, devient une proie idéale lorsque son père la leur livre innocemment en quémandant un appui. le récit s'intéresse à la manière dont se met en place l'emprise, enfermant sournoisement sa victime dans une ambivalence paralysante qui aura beau jeu de passer pour un consentement. Quoi qu'il arrive, l'assujettie endosse tous les torts : n'ayant jamais réussi à dire clairement non dans l'impasse où elle se trouvait acculée, elle ne sera jamais crédible lorsqu'elle cherchera à dénoncer l'abjection qu'on lui a imposée. L'emprise a ceci de terrible : la victime se laisse prendre au piège qu'elle pense sans échappatoire, et ne parvient jamais à prouver la perversité du manipulateur qui a toutes les apparences pour lui.


Avec ses personnages croqués dans la plus grande économie de moyens et qui crèvent pourtant les pages, ses vérités si finement observées et l'inimitable qualité de son écriture, ce roman brillant et hypnotique est un pur moment de plaisir. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Quelques lignes suffisent pour reconnaître le style particulier de l'écriture de Tanguy Viel, même cinq ans après Article 353 du code pénal. C'est le même phrasé, la même mélodie.

C'est aussi avec le même procédé que dans son roman précédent que l'on découvre l'histoire, pour un sujet tout autre : Laura est au commissariat pour porter plainte. Elle déclare avoir subi l'emprise d'un homme politique connu, promu de la mairie au ministère. S'il n'y a pas eu viol à proprement parler, puisque jamais la jeune femme n'a pas clairement dit non, elle n'a pas eu le choix et veut en convaincre ses interlocuteurs. C'est d'autant plus difficile que cette jolie fille a posé quelques années plus tôt dans un de ces magazines que l'on ne peut atteindre dans les kiosques que si l'on est grand ou dressé sur ses pointes de pieds, et plus récemment, sa plastique parfaite a orné les panneaux publicitaires de la ville.

Ce sont des prédateurs, des hommes puissants qui tirent les ficelles. Avec la question sous- jacente : est-ce le pouvoir qui génère les prédateurs ou est-ce cette appétence de la prédation qui les mène au pouvoir ?


Le mécanisme de l'emprise qui est exploré avec beaucoup de finesse, mais le roman ne se limite pas à ça, car c'est aussi l'histoire d'une vengeance spectaculaire, qui va laver l'affront mais aussi dévoiler la pudeur d'un amour filial mis à mal pour de mauvaises raisons.

Belle critique du cynisme des hommes de pouvoir mus par leurs instincts les plus bas et démonstration de la complexité de la notion du consentement.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (7)
LePoint
19 janvier 2022
L’écrivain crée des portraits touchants et complexes, interrogeant notamment l’impuissance de Laura à se déchiffrer elle-même. Max est boxeur, et comme sa fille, son corps ne lui appartient pas tout à fait, il a pris pour habitude de l’oublier. Mais la colère va les rattraper l’un et l’autre, tandis que l’écrivain tisse le récit d’une initiation à la révolte.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
21 octobre 2021
Dans « La fille qu’on appelle », en lice pour le prix Goncourt, le romancier s’empare de la question de l’emprise et du consentement. Magistral.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
15 octobre 2021
Le romancier Tanguy Viel s'empare de la question du consentement dans un roman brillant, déployé dans une écriture sans respiration, à l'image de ce que provoque l'agresseur chez sa victime.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
23 septembre 2021
Entre quête de rédemption et ode à l’amour filial, le nouveau roman de Tanguy Viel décortique domination masculine et féminité blessée.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaLibreBelgique
06 septembre 2021
Dans un magnifique roman, Tanguy Viel analyse l’emprise sexuelle des puissants sur leurs victimes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
03 septembre 2021
Plus virtuose que jamais, l’écrivain démonte les mécanismes de la domination masculine et de l’emprise sociale dans une petite ville bretonne. Brillant.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
01 septembre 2021
Dans son dernier roman, Tanguy Viel explore les questions d’emprise dans un texte virtuose, tendu comme un polar.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (105) Voir plus Ajouter une citation
Mais qu’est-ce que ça peut faire ? a-t-elle dit à l’avocat qu'elle était allée voir. Même si j'y avais pensé, même si j’avais su que cette histoire ressortirait comme les vêtements d'un cadavre à la surface de l’eau, qu’est-ce que vous croyez ? Que je n'aurais pas porté plainte ?

Mais vous auriez pu me prévenir ! s'énervait l'avocat, dépité maintenant devant la page de Ouest-France, je vous avais dit de tout me dire !

Oui, eh bien, j’ai oublié, voilà, ça arrive, d’oublier certaines choses, non ?

Oui, ça arrive. Certaines choses, a-t-il ironisé. Vous connaissez la théorie de la victime parfaite ? Non, elle a répondu.

Eh bien, c'est tout le contraire de vous. Vous comprenez, il a repris, ce dont on a besoin, c’est que vous y laissiez toutes vos plumes, votre virginité, même, si possible, ça, oui, c'est une victime parfaite. Et donc vous ne l'êtes pas.

Et sans le dire il a pensé «vraiment pas», se demandant plutôt pourquoi lui tombaient dessus des cas aussi indéfendables, avec autant de batons pour se faire battre, à commencer par ces photos qu'il imaginait déjà dans le dossier de la défense ou bien même pas, puisque de défense il n’y aurait pas besoin, vu qu'avec des casseroles comme ça, il a dit, le procureur allait sûrement classer l’affaire.
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(…) elle découronnée par les années mais toujours sœur de Franck, posée là près du bar comme une mascotte usée, ayant subi ce vieillissement accéléré qui tombe comme un couperet sur les gens de la nuit : à trente-cinq ans, on lui en aurait donné dix de plus, quand pour elle le temps s’était transformé en un dieu punisseur qui avait décidé de faire tomber ses joues et de gonfler ses paupières de tout l’alcool en surplus que son sang n’aurait pas absorbé.
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Tant mieux que certains jours dans nos vies fassent des crêtes au-delà desquelles on sent bien qu'on bascule, quand en dessous les pointes rocheuses font se lever la mer,et qu'alors certains jours ,oui,il faut les contourner prudemment,comme on passe un mauvais cap à la voile.
Elle,Laura,elle en avait déjà franchi quelques -uns,des caps--je ne dirais pas en toute clarté ni même en toute prudence mais disons ,l'oeil alerte et planté le plus haut possible sur la vigie d'un mât que du haut de son jeune âge elle essayait de construire ,et même, auquel elle grimpait peu à peu pour mesurer l'étendue d'eau autour--seulement que jusqu'à un certain âge se maintient une brume difficile à trancher,de celles qui interdisent le dessin de l'avenir,et pas seulement l'avenir mais même le passé, oui,jusqu'à l'ombre de ce qu'on a vécu, et alors il ne faut pas compter sur la mémoire ou l'expérience pour porter sa silhouette sur demain,et parce que jusqu'à un certain âge étrangement on la supporte ,la brume ,on supporte de ne pas chercher au loin ,on se contente du périmètre réduit où le regard se porte ,ou mieux encore,on ne sait pas qu'il existe un .monde sans brume.( Pages129/130).
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De ce qu’elle essaya d’expliquer plus tard, elle dira que c’était comme une main géante qui l’a poussée dans le dos, une vague plus haute que les autres qui l’a prise par le bras et l’a soulevée plus haut qu’elle ne l’avait prévu – une vague d’où n’aurait plus surgi cette fois aucune naïade ricanante mais plutôt Némésis en personne venue lui conférer cette force quasi pneumatique par laquelle elle avait eu le sentiment qu’on la déposait là, devant le perron d’un commissariat.
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« […] comme si, écarté le regard de son père, elle s’était à nouveau barricadée derrière la fatalité, celle d’une jeune fille qui n’était pas née pour prendre des décisions et se laissait faire depuis longtemps par ceux qui savent en prendre – elle si clairvoyante en même temps, si capable de sonder toute la situation, effarée elle-même peut-être par la stérilité de sa propre intelligence. (p.119)
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Mercredi 10 août 2022, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022
Cycle Autour de Minuit, jusqu'à minuit Lectures de et avec Laurent Mauvignier, Yves Ravey, Tanguy Viel & Régis Goudot
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