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EAN : 9782268106663
220 pages
Les Editions du Rocher (24/08/2022)
3.53/5   35 notes
Résumé :
L'histoire commence et s'achève au cimetière du Montparnasse, sur une tombe. Celle du poète et résistant Robert Desnos, arrêté par la Gestapo un matin de Mardi gras. Interrogé rue des Saussaies, enfermé à Fresnes puis transféré au camp de Compiègne, celui que son ami André Breton surnommait le « prophète » du surréalisme, celui qui sidérait ses compagnons par ses facultés oraculaires dans les « Grands Sommeils », celui qui a donné souffle à Rrose Sélavy et au Corsai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 35 notes
Dans bien longtemps tu m'as aimé : « Je sais que ça n'est pas comme ça qu'il faut dire. » dit au poète dans son français hésitant, Alina, infirmière tchèque, celle qui lui a redonné sa qualité d'homme :
« Pour la première fois en seize mois il a cessé d'être un porteur de matricule, un animal numéroté pour l'abattoir ; pour la première fois en seize mois on lui a rendu son nom, sa dignité, son identité, celle d'un poète français, le poète français Robert Desnos. »
« Mais c'est bien comme ça que je l'ai écrit » répond Robert Desnos. Et comme le chante un autre poète, « le poète a toujours raison (et la femme est l'avenir de l'homme…) »

Cette phrase qui sert de titre au roman est extraite d'un poème de Robert Desnos et c'est sa vie et sa mort que nous raconte ce livre. L'auteur y mêle trois temporalités différentes.
La sienne où il vit un amour à l'issue hélas malheureuse, marqué par de nombreux clins d'oeil à Robert Desnos et son univers. Il parcourra les lieux chers au poète avec cette femme rencontrée dans une librairie alors qu'elle venait de prendre et de reposer le livre « Cops et biens » de Desnos, ce livre avec lequel l'auteur a découvert le poésie et Desnos en particulier.
Une plus strictement biographique où il retrace la vie de Desnos et enfin celle qui débute le 22 février 1944, jour de l'arrestation du poète par la Gestapo et s'achèvera à Terezin où le poète après avoir survécu à son passage dans trois camps différents, et à la marche de la mort succombera au Typhus.
Ces trois temporalités s'entrelacent adroitement, donnant plus de chaleur, d'incarnation à ce qui n'aurait pu être qu'une biographie.

Je ne suis pas familière de ce genre littéraire qu'est la biographie et c'est très clairement ce que j'ai le moins aimé dans le livre, cette partie plus riche de faits que d'émotions. Mais au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, ce qui prend le plus d'importance, ce qui m'a le plus touchée, c'est ce récit des derniers mois du poète, sa volonté de résister, de ne pas abandonner. Il veut revoir la femme qu'il aime, et ce qui va lui permettre de tenir c'est son art.
Balayeur ne sera pas son travail, même s'il n'est que cela aux yeux des gardiens. Écrire dans sa tête d'abord, puis sur le moindre bout de papier qu'il pourra trouver, voilà le vrai travail, voilà comment il a fait sienne cette infâme devise à l'entrée du camp : « Arbeit macht frei ».

Ce livre porté par une écriture qui n'est jamais aussi belle que quand elle exprime l'émotion est un formidable hommage à Robert Desnos, au poète et à l'homme. C'est aussi un hommage vibrant à la poésie, aux pouvoirs des mots. Un hommage tout aussi vibrant à l'amour, l'amour vécu durant quelques mois par le narrateur, les amours parfois non réciproques vécues par Desnos dans son parcours d'homme de lettres, et enfin son dernier amour, Youki. Cet amour qui va le porter tout au long de ces longs mois de souffrance, qui va lui permettre de trouver des ressources insoupçonnées, parce qu'il lui a dit qu'il reviendrait et qu'il ne peut lui mentir.
Mais amour et poésie ne se rejoignent-ils pas ? Quel art mieux que la poésie a-t-il pu nous parler d'amour, quel amoureux n'est-il pas aussi poète ?
Un roman que j'ai découvert dans le cadre du jury du prix du roman Fnac, qui est un peu comme les Masses Critiques une formidable occasion de découvrir des livres sur lesquels on ne se serait pas arrêté.
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Dans bien longtemps tu m'as aimé”. C'est sur ce vers de Robert Desnos, extrait du recueil “Corps et biens” dédié à Yvonne George, son impossible amour, que s'ouvre le roman de Yann Verdo. Dès les premières pages, le narrateur nous confie la fin de son histoire d'amour, prononcée dans le cimetière de Montparnasse, sur la tombe même du poète tant admiré. Une fin imprévisible, brutale, d'autant plus qu'elle survient après des mois d'une passion absolue et d'une complicité évidente. Un amour né d'une rencontre fortuite dans une librairie et placé sous le signe de l'Art et de la poésie. Face à l'incompréhension et à la douleur du deuil imposé de cette relation, le narrateur, fervent admirateur de Robert Desnos, dresse le portrait de cet artiste aux multiples facettes, tout en faisant le lien avec sa propre histoire, manière, peut-être, de trouver une conclusion à celle-ci.

L'histoire d'amour du narrateur, placée sous l'égide de Robert Desnos, est racontée en filigrane dans le récit et sert surtout de prétexte à nous offrir une superbe biographie romancée du célèbre poète résistant. Grâce à Yann Verdo, j'ai appris énormément de choses sur la vie incroyable de cet homme dont j'ignorais absolument tout, si ce n'est qu'il était l'auteur de “Corps et biens”. J'ai découvert l'histoire de cet enfant terrible du début du XXème siècle, frondeur insolent, résistant de la première heure, épris de liberté et qui avait trouvé dans les mots, le moyen de la conserver et ce, malgré la déportation et les rangées de barbelés infranchissables…

Portrait d'un homme gouverné par l'espoir et la ténacité, qui a côtoyé les plus grands noms du monde des Arts dans les années 1920-1930. Surréaliste reconnu et admiré, doué pour le spiritisme et capable d'entrer en transe et de délivrer des prédictions, fervent admirateur de Nerval et de Hugo, ami de Breton et d'Aragon avant leur terrible brouille, compagnon de soirée de Kiki de Montparnasse, de Man Ray, de Foujita, de Morand et j'en passe, Desnos était devenu un homme du monde et évoluait dans un décor propice à l'inspiration et à la création. Les seules chaînes qu'il accepta furent celles de l'amour, placé au coeur de sa poésie. Qu'importe qu'il ne fût pas réciproque, au contraire même! Car si la muse inspire, le chagrin, quant à lui, se prête au lyrisme et le sublime.

S'il dresse le portrait d'un artiste passionné, Yann Verdo n'oublie pas que l'homme fût aussi un grand résistant aux heures les plus sombres de l'Occupation. Déporté à Compiègne, puis à Auschwitz et à Terezin, Robert Desnos succombera au typhus après avoir été largement affaibli par une marche forcée de trois semaines. J'ai beau avoir lu et relu des textes sur la Shoah et sur les camps de la mort, ces passages, pourtant nécessaires, sont toujours aussi éprouvants et bouleversants à lire… Mais, là où Yann Verdo excelle et diffère d'autres témoignages, c'est à dépeindre les conditions d'internement de Desnos, sa volonté implacable de conserver son identité, de ne pas se réduire à un numéro et surtout, surtout, de continuer à créer en dépit du manque de papier et de fournitures, en dépit des privations et des brimades: l'art et la poésie comme actes de résistance et comme signes de liberté, malgré l'enfermement. Il initie ainsi, au sein de la tragédie, des moments lumineux et incroyablement forts.

Dans bien longtemps tu m'as aimé” est un roman magnifique et terriblement émouvant, qui déborde d'énergie et de passion et nous entraîne avec lui dans les affres de l'Histoire. J'ai été séduite par la plume de Yann Verdo ainsi que par sa construction narrative vive et bien rythmée qui alterne entre les époques sans jamais nous perdre. J'ai aimé côtoyer les grands noms du XXème siècle et découvrir les enjeux et les rivalités de l'époque. J'ai été séduite par la manière d'aimer de Robert Desnos et par la façon dont ça a influencé son oeuvre. J'ai été bouleversée par son courage et sa capacité à espérer, toujours, porté par l'amour. J'ai adoré ce que j'ai lu du poète, son lyrisme, son humour, sa prescience. Ce fût, pour moi, une lecture édifiante et j'ai envie à présent de me plonger dans l'oeuvre de Desnos afin d'approfondir tout ça!

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Rocher pour ce partenariat Masse Critique qui m'a permis de faire cette belle découverte et merci aux Babeliotes pour leurs avis qui m'ont donné envie d'ajouter ce livre à ma sélection!
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L'histoire commence au cimetière du Montparnasse, où un jeune couple d'amoureux déambule entre les tombes à la recherche de celle de Robert Desnos. Leur rencontre s'est faite autour d'un livre de l'auteur « Corps et Biens » que le jeune homme a offert à la jeune femme alors que celle-ci hésitait à le choisir. Il va lui transmettre sa fascination pour le poète et leur histoire se construire autour de son oeuvre.
Yann Verdo va nous raconter en parallèle l'histoire de Robert Desnos, son ascension au sein du mouvement surréaliste, les querelles entre les membres du mouvement, les dissidences, son amour à sens unique pour Yvonne, puis sa rencontre avec Youki, qui quitte le pieintre pour lui, son arrestation par la Gestapo, son internement au camp de Compiègne, la déportation, Auschwitz, Terezin…

Je connaissais mal l'oeuvre de Robert Desnos, je l'avoue, comme les Surréalistes en général, car je préfère les Romantiques, mais tous les poèmes cités par l'auteure de ce livre m'ont plu et depuis que je l'ai refermé, je rattrape le temps perdu…
Le style, la construction du livre et l'écriture de Yann Verdo m'ont beaucoup plu et donc donné envie de lire son autre roman « Noone », par contre j'avais noté son essai « le violon d'Einstein » mais le temps passe…
Vous l'aurez compris, ce livre est un coup de coeur…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Elidia qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur
#Dansbienlongtempstumasaimé #NetGalleyFrance !

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Une lecture fort décevante, en partie parce que j'en attendais probablement un peu trop, mais pas que… Je pense même que dans ce livre c'est la partie biographique qui est la plus réussie, d'un style agréable et d'une grande justesse de ton dans les derniers chapitres.
En revanche j'ai détesté le parallèle avec l'histoire d'amour du narrateur. le début, avec leur rencontre dans la librairie, et ce lien du recueil « Corps et biens », fournit une bonne entrée en matière à la biographie, mais la suite, avec les parallèles avec les amours de Desnos, m'a paru artificielle, à la fois convenue et quelque peu prétentieuse. Reste que cet ouvrage m'a donné envie de relire Desnos, ce qui est toujours ça.
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Le titre de ce roman est un vers du grand poète Robert Desnos , il lui est cité par une infirmière alors qu'il va décéder 1 mois après sa libération en Tchécoslovaquie,usé par 16 mois de déportation à Birkenau. Né en 1901, il a accompagné les « surréalistes », Breton, Aragon.. .
Le roman écrit par Y.Verdo est composé de deux « chants »qui se répondent, et pour chacun une grande histoire d'amour déçue.
Desnos est amoureux fou d'Yvonne George, une artiste de cabaret qui préfère les femmes.Plus tard il aimera Youki, ex de Fujita entre autres. le narrateur ,lui, rencontre son amoureuse dans une librairie, « ils ont vécu un amour de papier, celui qui s'enflamme vite et s'éteint tout autant ».Il a duré 8 mois. Pour essayer de se défaire de cette passion, le narrateur revient avec tendresse sur la vie et les grands malheurs de cet auteur mort à l'âge de 45 ans, qui n'a cessé d'écrire des poèmes dans les pires moments de sa vie. Un bien beau roman documenté sur la vie intellectuelle bouillonnante de ces années là, et de l'éclairage donné à l'oeuvre de R. Desnos.
Merci aux # Edts du Rocher pour cette proposition de lecture.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Parce que c'est aussi et peut-être surtout cela, aimer : ne pas s'étendre sur ce qui est pénible ou douloureux, ne pas infliger à l'autre la connaissance de faits qui le ou la peineraient pour rien. Et alors, quand on a bien compris cela, quand on s'en est bien pénétré, on écrit : " De mon côté, je prends une bonne gorgée de jeunesse ; je reviendrai rempli d'amour et de forces " alors qu'on a traversé Auschwitz et Buchenwald, alors qu'autour de soi règnent les poux, la faim, l'arbitraire, l'inhumanité, la dysenterie et le désespoir.
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Mais le bonheur ne se raconte pas, il se sent. C'est quelque chose comme le grand vent du large quand il vous cingle au visage. Il n'y a rien à en dire sinon qu'il faut le humer à pleins poumons, cet air si vivifiant, l'avaler yeux fermés jusqu'à ce que la tête vous tourne, lui laisser votre visage aussi longtemps que vous le pourrez. Quitte à vous en faire éclater la poitrine.
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Heureusement qu'on ne demande pas souvent aux poètes ce que leurs vers veulent dire ! D'ailleurs, s'ils voulaient dire quelque chose, ils écriraient en prose, comme tout le monde. La poésie ça ne sert pas à ça. Ça sert à se faire la belle.
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Pour la première fois en seize mois il a cessé d'être un porteur de matricule, un animal numéroté pour l'abattoir ; pour la première fois en seize mois on lui a rendu son nom, sa dignité, son identité, celle d'un poète français, le poète français Robert Desnos.
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C’est souvent par ce qu’elles ne disent pas que les lettres d’amour sont les plus belles.
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Videos de Yann Verdo (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann Verdo
L'histoire commence et s'achève au cimetière du Montparnasse, sur la tombe du poète et résistant Robert Desnos, arrêté par la Gestapo un matin de Mardi gras. Interrogé rue des Saussaies, enfermé à Fresnes puis transféré au camp de Compiègne, celui que son ami André Breton surnommait le «prophète » du surréalisme, celui qui sidérait ses compagnons par ses facultés oraculaires dans les « Grands Sommeils », celui qui a donné souffle à Rrose Sélavy et au Corsaire Sanglot, prend le chemin de l'Allemagne nazie, où il sera déporté de camp en camp jusqu'à Terezín. À cette histoire se mêle celle d'un amour entre un homme et une femme de notre époque. Un amour passion qui se noue – et se dénoue – autour de l'auteur de "Corps et Biens". Un amour foudroyant dont le souvenir le hante encore. Pour s'en libérer, le narrateur devra parcourir en pensée le Chemin de croix de son poète fétiche.
Yann Verdo est journaliste au quotidien "Les Échos". Il a publié, en 2018, aux éditions Odile Jacob, un essai scientifique, "Le Violon d'Einstein", et un très beau roman remarqué aux éditions du Rocher en 2019 : "Noone"
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