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EAN : 9782203171695
304 pages
Casterman (14/11/2018)
4.34/5   651 notes
Résumé :
De Grenoble à la Bérarde en mobylette. Des rappels tirés sur la façade du Lycée Champollion. Avec l'exaltation pure qui tape aux tempes, quand on bivouaque suspendu sous le ciel criblé d'étoiles, où qu'à seize ans à peine on se lance dans des grandes voies. La Dibona, le pilier Frendo, le Coup de Sabre, la Pierre Alain à la Meije, la Rébuffat au Pavé : le Massif des Ecrins tout entier offert comme une terre d'aventure, un royaume, un champ de bataille parfois. Car l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (88) Voir plus Ajouter une critique
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Au musée, Jean-Marc est fasciné devant le tableau de Soutine, « le boeuf écorché ». Alors qu'il tente de toucher la toile, sa mère le somme de ne pas le faire. Et elle commence à en avoir marre de toujours le voir enfermé dans les musées alors qu'il est entouré de montagnes. Elle leur organise alors une petite marche sur les sommets. Malgré la pluie, le gamin avance prestement, allant jusqu'à s'éloigner d'elle et atteint le haut d'un petit pic. Et là, il tombe amoureux de la montagne et n'a plus qu'une idée en tête : monter tout en haut...
Trois ans plus tard, Jean-Marc reçoit la visite de son ami, Sempé. Tous les deux ont prévu de grimper. Devant le manque de matériel de son copain, l'adolescent en emprunte à son ami, Éric Laroche-Joubert, un grimpeur chevronné. Finalement bien équipés, les deux amis escaladent une falaise d'entrainement et y prennent beaucoup de plaisir. Ils s'accordent parfaitement et se promettent de renouveler l'expérience... allant jusqu'à se jurer de grimper ensemble la face nord d'Ailefroide...

Jean-Marc Rochette se destinait à une tout autre profession, celle de guide de montagne. Tout gamin, émerveillé par tous ces paysages qui l'entourent, il ne rêve que d'une chose : grimper. Mais la vie en aura décidé autrement. La peur, les risques encourus, les amis qui disparaissent... Ce sera donc vers le dessin qu'il se tournera. Dans cet album, il se livre tout en émotion et pudeur sur la montagne qui le transforme petit à petit, ses vocations, ses premières escalades, ses amis qui l'accompagnent, sa mère qui ne le comprend pas, les accidents... de ce petit gamin renfrogné, l'on découvre un adolescent qui s'épanouit sur les sommets, qui veut toujours aller plus loin, jusqu'à prendre de nombreux risques, et le jeune adulte qui, finalement, se tournera vers la bande dessinée. Intime, sensible et passionnant, cet album fait la part belle aux montagnes que l'auteur chérit. Des étendues magnifiquement croquées par un coup de pinceau précis, des couleurs tranchantes et profondes. Avec Olivier Bocquet, il nous offre une autobiographie captivante et émouvante...
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L'histoire d'un gamin qui fréquente le lycée Champollion et qui découvre le massif des Écrins par sa face Nord.

L'histoire d'une région, Grenoble, entourée des plus belles montagnes que je n'ai jamais gravies. Et pourtant...

L'histoire d'un jeune illustrateur émerveillé par un peintre russe. de Soutine à Rochette.

Ce jeune gamin qui s'emmerde profondément au lycée découvre par hasard l'escalade. Et là, la magie des lieux, de l'effort aussi, le prix du risque et l'insouciance de la jeunesse, font qu'il trouvera sa voie, en même temps qu'il dessinera quelques croquis. le récit initiatique de l'adolescence face à l'adversité et à la bravoure. Parce que là-haut, tout aux sommets des montagnes et si proches des anciens de renom, il s'émerveillera d'un ciel aussi bleu que Soulages ses peines.

Beaucoup de bleus dans le ciel, de bleus à l'âme jusqu'aux souvenirs de la lune bleue. Les cases sont bleues. Un peu grises aussi, comme la roche à gravir, ou comme la vie d'un adolescent de Grenoble. Une teinte blanche, est-ce la neige au sommet du col, ou le faux col de ma bière ?

C'est surtout l'histoire d'amour entre l'homme et la montagne, entre l'homme et le sommet, une romance faite de noblesse et de courage. Car en chemin, la mort rôde à chaque pas. L'escalade peut t'emporter au moindre instant d'inadvertance ou d'oubli. La mort, ce jeune gamin la côtoie, la rencontre, la frôle...

Ce gamin qui escaladait les façades du Lycée Champollion, quelques années plus tard, dessinera le fameux Transperceneige. Mais il y a aussi, entre les cases, l'histoire d'un autre gamin qui a dû pisser contre un arbre près du Lycée Champollion et qui est devenu un pauvre type, le genre à se cacher derrière un pseudo bestial, et qui écrit des pseudos mots sur les maux de sa putain de vie. Comme quoi, juste des petits détails font la grandeur d'un homme.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Avec « Ailefroide : altitude 3 954 », Jean-Marc Rochette – auteur, notamment, du fabuleux « Transperceneige » - revient sur son enfance et son adolescence dans cette autobiographie graphique qui nous transporte dans sa vie de jeune lycéen grenoblois. Passionné d'art et de dessin, c'est par hasard qu'il découvrira ce qui deviendra l'autre grande passion de sa vie : l'escalade.

Nous suivons la vie de ce gamin qui, comme beaucoup d'autres, s'ennuie ferme au lycée, suit les cours d'une oreille distraite et ne vit que pour ces grands moments d'air pur, d'apprentissage, d'effort et de défi à soi-même, aux autres et à la mort, dans la splendeur des massifs alpins où la moindre faute d'inattention, la plus petite imprudence peut à chaque instant être fatale.

Avec son copain Sempé, le complice de toujours, puis d'autres grimpeurs, d'escalade en escalade, de sommet en sommet, à l'école de l'endurance et du courage, nous le voyons devenir au fil des années et des pages un alpiniste chevronné… qui butera pourtant sur un rêve pour lui inaccessible : la conquête de l'Ailefroide et finira par comprendre que sa véritable voie ne se tracera pas à coups de piolet dans la montagne mais le crayon à la main, sur une planche à dessin.

Une autobiographie originale et sympathique, servie par un dessin expressif et efficace qui nous raconte une trajectoire et un destin – avec ses erreurs, ses désillusions et ses blessures –, nous permet de pénétrer un peu dans les jardins secrets de Jean-Marc Rochette et nous offre un grand bol d'air frais dans la froide beauté des Alpes. Un bon moment de lecture même si, n'étant pas férue d'escalade, j'y ai trouvé par endroits quelques longueurs.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. Il a été réalisé par Jean-Marc Rochette (scénario, dessins, encrage, couleurs), et Olivier Bocquet (co-scénariste). Il comprend 278 pages de bandes dessinées. Il s'ouvre avec une citation de Gaston Rébuffat (1921-1985, alpiniste français) sur le Massif du Haut-Dauphiné. Il se clôt avec une postface de 5 pages rédigée par Bernard Amy (1940-, alpiniste, écrivain et chercheur français) sur l'entrée en montagne, la première expérience, texte accompagné de 7 pages de photographies. Rochette a déjà travaillé avec Bocquet pour Transperceneige : Terminus (2015), la suite de Transperceneige (1982, 1999, 2000, avec Jacques Lob et Benjamin Legrand). Récemment a été réédité le tribu avec Benjamin Legrand.

Au musée de Grenoble, un jeune Jean-Marc Rochette reste en arrêt devant le tableau le boeuf écorché (1925), de Chaïm Soutine (1894-1943). Il s'apprête à céder à la tentation de le toucher quand sa mère le rappelle à l'ordre. Il est temps de partir. Ils sortent et remontent dans leur voiture, une Ami 6 Citroën. Sa mère décide que son fils a besoin de faire une promenade dans la montagne avoisinante. Ils marchent sous la pluie, avec leur poncho à capuche. Ils arrivent en bordure d'un lac alors que la pluie a cessé, et Jean-Marc grimpe sur un sommet proche. 3 ans plus tard, Jean-Marc est adolescent et son copain Philippe Sempé sonne à sa porte. Il porte son casque sur la tête et son matériel d'escalade dans son sac à dos. Sempé constate que Jean-Marc n'a pas de matériel digne de son nom. Il lui présente son propre matériel, et l'emmène voir un copain Éric Laroche-Joubert pour lui emprunter du matériel. Ils arrivent à le convaincre. Ainsi équipés, ils se rendent sur le cyclomoteur Solex de Sempé, au pied d'une falaise d'entraînement que Jean-Marc trouve particulièrement moche.

Sempé prend le guide pour vérifier la difficulté de l'ascension et il explique la cotation des voies à Jean-Marc. Il lui explique ensuite comment passer son baudrier, comment s'encorder, comment faire un noeud de chaise, et comment l'assurer. Sempé passe en premier, et Jean-Marc le suit en suivant scrupuleusement ses conseils. Après un moment d'inquiétude dans un passage difficile, Jean-Marc rejoint Sempé au sommet. Les 2 amis apprécient la vue et se charrient sur leur performance respective, en se marrant bien. le temps est venu de la descente. En revenant chez lui, Jean-Marc indique à sa mère le plaisir qu'il a pris à grimper, encore tout excité par l'expérience. Sa mère n'est pas très réceptive, ni encourageante. Il lui indique qu'il va avoir besoin de matériel ; elle lui indique que c'est conditionné à l'obtention d'un 15 en allemand. Il obtient la note nécessaire et quelques jours après, il se rend à la Bérarde avec Sempé pour une nouvelle ascension. Après une montée assez longue en vélomoteur, ils arrivent au refuge. Ils indiquent au responsable qu'ils veulent manger et y dormir. Ils se font jeter avec moult invectives parce qu'ils n'ont pas de quoi payer. Ils en sont réduits à passer la nuit à la belle étoile à un bivouac, et à lire le Topo pour se renseigner sur l'emplacement des différentes vois d'escalade.

Il s'agit donc d'une bande dessinée autobiographique qui retrace la période la vie de l'auteur Jean-Marc Rochette, depuis son coup de foudre pour la montagne, jusqu'à l'abandon de son projet de devenir guide haute montagne. Afin de l'aider à prendre un peu de recul sur sa vie, il a travaillé avec Olivier Bocquet qui a structuré les séquences, l'architecture de la biographie, et ramassé les événements et écrits les dialogues. Avec le dessin de couverture, le lecteur prend conscience que la narration va présenter un aspect brut, des dessins fonctionnels, pas pour faire joli, plus l'impression que produisent les montagnes, les pics, les versants, la roche, les glaciers, qu'une représentation photoréaliste. le ton de la narration est en phase avec les dessins, sans lyrisme, sans romantisme, sans enjolivement. le lecteur éprouve l'impression d'un reportage réalisé sur le vif, sans chercher à mettre en valeur les individus, avec des phrases courtes et factuelles qui laissent le lecteur libre de sa réaction émotionnelle. le lecteur sait qu'il s'agit d'une reconstruction de souvenirs, réalisée 40 ans après les faits et présentée sous la forme d'une bande dessinée, c'est-à-dire une adaptation des faits se pliant aux règles de la bande dessinée. Pour autant, il se retrouve transporté aux côtés de Jean-Marc dès la première page devant le tableau de Chaïm Soutine, sans jamais songer à remettre en cause ce qu'il voit, sans éprouver l'impression d'une hagiographie à quelque moment que ce soit.

Les 2 premières séquences servent à mettre en place les passions de Jean-Marc Rochette : la peinture, la montagne. Ces 2 séquences sont sobres et efficaces montrant la réaction de l'enfant face au spectacle qui s'offre à lui, le lecteur éprouvant son émotion, se trouvant en phase avec son état d'esprit. C'est une leçon de dosage des éléments présents sur la page, sans sensation démonstrative, sans dramatisation exagérée. La séquence suivante dure un peu plus de 20 pages, pour la première grimpe de Jean-Marc, son initiation à un sport de haut niveau et très technique. Pour un lecteur profane, c'est également une initiation indispensable pour comprendre qu'il s'agit d'alpinisme et pas de simple balade en montagne, avec des passages difficiles. de l'avis des apprentis guides de haute montagne ayant vécu cette époque, c'est une restitution fidèle des sensations de la première fois, et par la suite de la manière de pratiquer, du matériel, de l'entraide, des prises de risques. La première qualité de ce récit est donc le témoignage de la pratique de l'alpinisme dans les années 1970, que ce soit pour le matériel, pour les termes techniques (du noeud de Prusik au Topo, le guide papier utilisé par les grimpeurs pour trouver l'emplacement des voies d'escalade sur les falaises et en montagne), pour les installations, pour l'organisation, pour les caractéristiques de l'émulation dans ce milieu. Les pratiquants de ce sport ont loué l'exactitude des dessins du point de vue descriptif des techniques et du matériel.

Le récit et les images ne se limitent pas au témoignage de la pratique de l'alpinisme dans ces années, car ils contiennent aussi la reconstitution historique des environnements où se déroule l'histoire, lorsqu'il ne s'agit pas de la montagne. En page 9, le lecteur reconnaît tout de suite le modèle Ami 6 de la marque Citroën, et la Deudeuche en page 176. le dortoir de l'internat apparaît plus vrai que nature dans son dénuement. L'évocation du surgénérateur Phénix de Creys-Malville semble être extraite directement des archives télévisuelles de l'époque. La découverte des rues d'une grande métropole étatsunienne donne l'impression d'être en train de marcher aux côtés de Jean-Marc. La restitution des conventions sociales de l'époque est plus discrète, mais tout aussi présente, que ce soit la liberté dont jouissent les adolescents pour escalader sans encadrement, les méthodes d'enseignement très directives, l'absence de formation à la gestion de la douleur des patients pour le personnel soignant, la montée des mouvements libertaires avec la participation au magazine Actuel. Ces éléments sociétaux sont intégrés au récit comme faisant partie de la vie de l'auteur. le lecteur comprend que lorsqu'il y consacre plusieurs cases ou plusieurs pages, c'est qu'il s'agit événements ayant compté dans sa vie, ayant une valeur formatrice. Il évoque aussi ses premiers travaux en bande dessinée, comme la série Edmond le cochon (1979) avec Martin Veyron.

Au vu du titre de l'ouvrage, le lecteur se doute que la montagne ou l'alpinisme tiennent un rôle aussi important que Jean-Marc Rochette lui-même. Environ 70% du récit se déroule en montagne, à marcher, à grimper, à redescendre. Jean-Marc Rochette donne son avis sur 13 voies d'escalade, par une courte annotation en bas de la page racontant sa propre ascension. Il consacre également 9 dessins en pleine page à la montagne. le lecteur se rend compte qu'il n'éprouve jamais l'impression de voir 2 fois le même paysage. Les ascensions se déroulent de manière différente, racontée par quelqu'un qui les a faites. le relief et les revêtements sont très différents d'une ascension à l'autre : la forme des parois, la nature de la roche, la présence ou non de neige ou de glace, etc. C'est un exploit extraordinaire d'avoir pu ainsi rendre compte de la diversité des sites, de la rendre visible pour des lecteurs qui ne pratiquent pas la montagne. de prime abord, le lecteur peut être dubitatif devant les traits un peu bruts des dessins, le fait qu'ils ne soient pas peaufinés pour être plus précis, avec une qualité plus photographique. Très rapidement, il s'habitue à ce rendu esthétique, et constate qu'il transcrit avec force le caractère sauvage et minéral de la montagne. le lecteur peut ressentir son caractère inhospitalier, la sensation de devoir se battre pour mériter sa place dans ces lieux, la conquête que cela représente, les risques de chute malgré le matériel, le gigantisme des massifs rendant minuscules les grimpeurs, la nécessité d'une attention de tous les instants pour déceler les crevasses, les endroits moins stables, etc. Rochette a l'art et la manière de faire voir les prises de risques, sans devoir se reposer sur les dialogues ou des explications, un exercice de vulgarisation aussi sophistiqué qu'élégant.

Très rapidement, le lecteur prend conscience qu'il ne s'ennuie jamais lors des ascensions. Il voit aussi qu'il dévore les pages à un rythme rapide, sans être creuses. L'artiste a intégré une quarantaine de pages silencieuses qui laissent au lecteur le temps d'admirer le paysage, d'en profiter, de prendre la mesure du gigantisme du spectacle qui s'offre à lui. Les dialogues sont concis et expressifs, portant à la fois des informations factuelles, à la fois des informations sur l'état d'esprit de celui qui s'exprime. Il en va de même pour les cartouches de texte, qui ne sont jamais envahissants, jamais du remplissage. Sous des dehors qui peuvent sembler frustes, les visages se révèlent expressifs, que ce soit celui toujours souriant de Philippe Sempé, ou celui souvent fermé de Rochette, se protégeant par un mutisme, même s'il n'en pense pas moins. Les personnages ne sont jamais réduits à des artifices narratifs, à des coquilles vides pour donner la réplique à Rochette. Les dialogues permettent de comprendre leur motivation propre, et le fait qu'ils ont une histoire personnelle.

Tous ces éléments (les voies d'escalade, les différentes facettes de la reconstitution historique, les individus rencontrés et leurs interactions) font que le lecteur peut ressentir les émotions, l'évolution de la construction personnelle de Jean-Marc Rochette par incidence, par un processus d'empathie tellement organique qu'il se transforme en intimité consentie, sans être intrusive. le lecteur voit évoluer cet adolescent, au fur et à mesure de ses expériences. Il y a l'amitié avec Sempé, la sensation d'être vivant en pratiquant l'alpinisme, de se sentir bien et serein en montagne, l'éloignement progressif d'avec sa mère, les relations avec les femmes, le soutien de sa grand-mère, la révolte contre l'autoritarisme, le rapport aux autres, le jugement sur les adultes installés dans la vie, le rapport à l'effort et au dépassement de soi, etc. Les auteurs ne recourent jamais à un discours psychologique, encore moins psychanalytique, tout en mettant en lumière des moments d'une rare intimité personnelle. Juste après l'exaltation de la première grimpe avec Sempé, Jean-Marc évoque son sentiment de bonheur avec sa mère, et se retrouve déconcerté par son manque d'enthousiasme. Plus loin dans le livre, Jean-Marc a l'occasion d'emmener sa mère grimper en montagne et il se retrouve à lui servir de guide (inversant le schéma éducatif parent / enfant) dans une séquence d'une rare finesse, aussi bien psychologique qu'émotionnelle. Au fil des grimpes, le lecteur s'interroge également sur les risques pris par Jean-Marc Rochette, sur sa mise en danger, sur un comportement présentant parfois des symptômes d'addiction. Il voit comment le jeune adulte est confronté à la réalité de la mort à plusieurs reprises, sous des formes différentes. de scène en scène, le processus d'apprentissage se fait, provoquant des réminiscences, des échos chez le lecteur quant à ces points de passage de l'adolescence à l'âge adulte, par lesquels il est lui aussi passé au cours d'expériences de vie différentes. Ce récit très particulier d'apprentissage et de pratique de l'alpinisme participe de l'universalité de l'apprentissage de la vie.

Derrière un titre énigmatique et une couverture dépouillée et austère, le lecteur découvre un parcours de vie extraordinaire, avec une narration visuelle personnelle exprimant parfaitement le caractère de l'auteur, transcrivant la beauté austère de la montagne. Les auteurs réussissent un récit exceptionnel, donnant envie de s'adonner à la montagne (même sous forme de simple randonnée), un passage de l'adolescence à l'âge adulte rendant compte des différentes facettes de ce moment de la vie, une reconstitution d'une époque, d'une société, une étude de caractère pénétrante… Sans pouvoir se douter de la richesse de cette biographie, le lecteur éprouve un grand plaisir de lecture à s'immerger dans ce parcours de vie à la narration fluide et intelligente, à ressentir la puissance des émotions éprouvées, à se reconnaître dans certaines étapes (prise d'autonomie par rapport aux parents et aux figures tutélaires, passions, amitiés, tests de ses limites) attestant de l'universalité de certaines expériences humaines, indépendamment de la forme qu'elles prennent.
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Le Loup de Jean-Marc Rochette se trouvait dans mon pense-bête. Mon choix s'est porté sur ce livre car je m'intéresse aux loups et le nature writing est une thématique que j'aime suivre : Jack London, Nicolas Vanier, Clara Arnaud… le livre m'ayant plu, j'ai voulu lire Ailefroide : Altitude 3954 du même auteur. Ce livre étant une autobiographie, j'ai appris qui est cet homme.

Jean-Marc habitait à Grenoble. Il aimait traîner dans les musées. Sa mère le secoue pour son bien et lui recommande de sortir au grand air. A l'occasion d'une promenade, il laisse en plan sa maman et gravit une montagne jusqu'à son sommet. C'est alors qu'il prend goût à l'alpinisme. Il aime grimper des versants abrupts. Pour grimper, lui dit Sampé, il faut du matos, du matériel. Sa mère qui a une pension de veuve, lui promet du matériel s'il a un quinze sur vingt en allemand. C'est chose faite, le voilà parti avec son ami.

Je suis ces deux braves avec intérêt me posant la question : Quelle est la différence entre alpinisme et escalade. L'alpinisme se pratique au-delà de 2500 mètres. L'alpiniste est confronté à la neige et à la glace. L'escalade se pratique en basse et moyenne montagne.

Les deux amis cherchent des voies tracées dans un topo guide. Ils échangent sur les difficultés. Ils dorment dans des refuges ou bivouaque. En cordée, il convient d'être solidaire, de s'entendre d'être prudent et de suivre certaines règles. Pas d'initiative à l'insu du guide de montagne ou du chef de cordée. Les deux amis ont évolués la nuit avec une lampe frontale. Parfois, ils se levaient tôt pour jouir du lever du soleil vu du sommet. Jean-Marc s'est fait des connaissances et s'est ainsi trouvé de nouveaux partenaires avec qui il a fait équipe. Sampé et lui, en tant que jeunes ont voulu faire des prouesses et épater les filles. Il est arrivé à Jean-Marc de monter en solo. Il y a eu des accidents, des blessés des morts par chutes. Quand Jean-Marc s'imaginait mourir, il disait : « Je ne serai jamais un grand dessinateur » et pas « … un grand alpiniste ».

A la suite d'une chute, il a été défiguré et à subit de nombreuses opérations. Dans ces circonstances, il relativisait. Lui sortira de l'hôpital, son voisin de chambre va y rester et mourir d'un cancer.

Il n'aura peut-être pas de deuxième chance de s'en sortir. Il substituera à l'alpinisme le dessin.

Il a eu raison Jean-Marc, Il est scénariste et dessinateur de bande dessinée. le résultat est au rendez-vous. J'aime sa façon de représenter les personnages, ses ciels bleu, de tempêtes, ses levés de soleil.

Ces mordus de la montagne sont des gens déterminés qui risquent leur vie et doivent pouvoir prendre des décisions rapides pour eux et leurs coéquipiers. J'ai appréciés les vues en élévation, les vues plongeantes aussi où l'on voyait ce qui se trouvait au sol en miniature, des voitures dans un parking, par exemple, à vous donner le vertige.

A un moment de ma lecture j'en avais assez de voir toujours de la montagne. Lors d'une deuxième lecture certains points ont vu le jour, ont recadré les choses et accru mon intérêt pour l'ensemble

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critiques presse (5)
Culturebox
23 juillet 2018
Le dessinateur Jean-Marc Rochette signe une autobiographie dessinée dans laquelle il raconte son amour de jeunesse pour la haute montagne et l’alpinisme. Un récit intime mais aussi tragique qui rencontre un beau succès dans l’Oisans.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
23 avril 2018
Jean-Marc Rochette raconte, sublime mais aussi douloureuse, sa découverte des sommets à l’adolescence. Un album bouleversant.
Lire la critique sur le site : LaCroix
BoDoi
26 mars 2018
Cette majestueuse et humble bande dessinée est à même de séduire et de toucher un large public, plus large que les seuls fans de montagne. On le souhaite ardemment.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Lexpress
26 mars 2018
Natif de Grenoble, Jean-Marc Rochette, a dessiné les 280 planches d'Ailefroide, un formidable récit autobiographique de son adolescence montagnarde.
Lire la critique sur le site : Lexpress
BDGest
14 mars 2018
Un joli livre que Renaud aurait pu résumer ainsi : « C’est pas l’homme qui prend la montagne, c’est la montagne qui prend l’homme, tatatin. ».
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
A chacun aussi de savoir maintenir l’équilibre fragile entre ses compétences et les aléas de la montagne, en sachant qu’il y aura toujours une part de chance. Le grand alpiniste Reinhold Messner, quand on lu demande quel a été son plus grand exploit, répond : « avoir survécu ! »
Chaque année à Chamonix, pour souhaiter bonne chance à la nouvelle promotion de guides de haute montagne, le directeur de la formation, François Marsigny, leur adresse un ultime mot d’ordre : « Vous savez tout ce que vous devez savoir. Je n’ai qu’un conseil à vous donner, restez en vie ! » Il pourrait aussi leur rappeler la réponse lapidaire de l’alpiniste Georges Livanos à qui on demandait qui était à son époque le meilleur alpiniste : « Le plus vieux ! »
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Ma mère n’était pas une expansive, mais le col de la temple au soleil levant la cueillit en plein cœur, comme tout le monde.
― Tu vois ça passe là par le Dièdre. Là c’est la partie la plus raide, c’est pas très difficile, mais il faut faire attention c’est trente mètres quand même. Ça ne pardonne pas. Pas besoin de m’assurer, mais tu me préviens quand j’arrive en bout de corde. Et surtout, tu ne bouges pas avant que je te le dise ! J’y vais. Tu feras gaffe, il y a juste un petit pas ici ;
― AAAAAAH !
J’ai entendu la corde siffler comme un serpent qui prévient du danger.
― ça va ? Putain, qu’est ce qui s’est passé ? T’es monter sans me prévenir ! Putain, mais merde, mais putain, mais MEEEERDE ! T’as failli nous tuer tous les deux ! Tu as failli tuer ton fils !
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Pas de nouvelle de Sempé. Je fais équipe avec Bruno Chardin. […].
J’ai lâcher mon piolet, plus aucun moyen de me ralentir. Ça tourne dans tous les sens. Le ciel, le rocher, la neige. J’ai la certitude que ma vie va être emportée par ce chaos. Je ne deviendrai jamais un grand dessinateur. Je me suis toujours imaginé alpiniste, mais au moment de mourir, c’est le dessin que je regrette. Avant de plonger dans l’abîme, le petit couloir se divise en deux, séparé par un pierrier. Chardin atterrit miraculeusement dessus, mais il me tire à sa suite avec la corde. Je fonce sur lui, les crampons en avant droit sur sa nuque. J’essaie de l’éviter en tapant mes pieds dans le rocher ― et tout s’arrête. Il y a ce moment où on se demande si on est encore entier, où on reprend contact avec son corps.
― Ça va ?
― Non.
― Montre-moi.
J’avais pu éviter sa nuque mais mon crampon lui avait ouvert le bras gauche. L’entaille était longue et profonde.
― On voit l’os !
― ça va aller, ce n’est pas si grave !
Je mentais.
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C'est plus beau qu'un Soutine.
Qu'un quoi ?
Soutine. Le peintre. Le bœuf écorché au musée de Grenoble.
Y'a un musée à Grenoble ?
Laisse tomber.
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Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la montagne n'est pas un ennemi. Elle n'est qu'un miroir qui renvoie à chacun l'image trouble de cet autre lui-même que les doutes et les failles peuvent parfois pousser à des extrémités.
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