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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On se souvient qu il y a déjà quatre ans, à la rentrée 2016, Aude Lancelin, journaliste bien connue, notamment des lecteurs de Nouvel Obs, avait fait beaucoup parler d'elle avec le Monde Libre", un ouvrage lauréat du Prix Renaudot Essai, alors qu'il ne figurait même pas sur la première liste.

Dans cet essai d'une force indéniable, Aude Lancelin décrivait les dérives d'une presse totalement asservie aux annonceurs qu'aux financiers qui possèdent les principaux titres, ainsi qu'à certains pseudos intellectuels .

Après un autre essai dans le même genre, "La pensée en Otage », Aude Lancelin tente sa première incursion dans la fiction (c'est également première incursion pour sa fidèle maison d'édition LLL) avec "la Fièvre" dont l'ambition première est d'être le tout premier roman des gilets jaunes.

La journaliste, qui a suivi de très près le mouvement des gilets jaunes, notamment avec sa nouveau média en ligne, QG, raconte, sous le prisme de la fiction, ces six mois de soulèvement populaire comme la France n'en avait pas connu depuis mai 68, ces 6 mois qui auraient pu faire basculer un pouvoir à l'édifice bien précaire.

Cette période historique de la vie de la nation française, qui n'est pas sans rappeller les heures de la commune de Paris du 19ème siècle, est racontée par la romancière à partir d'une tragique histoire vraie, à savoir le suicide d'un gilet jaune creusois qui avait été condamné pour avoir jeté un pavé lors des toutes premières manifestations sur les Champs Elysées.

A travers l'histoire de ce jeune homme, Yoann, protagoniste principal d'un roman choral où divers protagonistes racontent leur point de vue, La Fièvre raconte ces mois de folie qui auront vu le pouvoir vaciller face à un soulèvement historique que personne n'attendait. Ce texte, aussi enflammé et intense que son titre ne l'indique, est l'occasion pour l'autrice de prendre la température (sic) d'une France aux abois, dans lequel la repression policière est particulièrement prégnante, les médias totalement soumis au bon vouloir olligarchiques des patrons du CAC 40 qui les controlent, les intellectuels de plus en plus dépassés et le peuple de plus en plus démuni et en rebellion totale.

Prenant la peine de donner la parole à tous les protagonistes de cet évenement historique; des membres des gilets jaunes bien évidemment, en passant par les journalistes qui ont couvert l'évenement, du préfet de police qui a cherché en endiguer le mouvement par tous les moyens ou les grands penseurs totalement dépassés par ce mouvement qu'ils n'ont pas vu venir, Aude Lancelin livre un roman engagé, militant, fortement et forcément partial, mais en même temps jamais manichéen.

La primo romancière, avec qui on a eu l'occasion de longuement échanger à la mi juillet, nous a confié avoir souhaité écrire une fresque sociale, sorte de portrait d'une époque de décomposition morale et intellectuelle, qui aura laissé s'installer un véritable apartheid entre les classes sociales.

Aude Lancelin nous a également expliqué à cette occasion qu'à l'origine, elle avait souhaité écrire La Fièvre à l'intention des personnes de son entourage qui n'ont pas forcément bien saisi la portée du mouvement et ont préféré croire les raccourcis que l'opinion publique avait tendance à relayer.

Mais "la Fièvre" est également l'occasion pour son autrice de rendre un vibrant hommage à des invisibles de la société qui ont eu pour la première fois depuis longtemps la possibilité de faire entendre leur voix, aussi inaudible et caricaturée soit elle.
suite et fin de l'article sur le site
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La journaliste Aude Lancelin se fait romancière pour rendre hommage à un gilet jaune arrêté devant elle lors d'une manifestation et condamné injustement.
Le personnage principal Eliel , journaliste à Libération, se rend auprès des gilets jaunes en Creuse et fait la connaissance de Yoan avec qui il sympathise. Il saisit alors la coupure entre deux mondes . D'un côté la bourgeoisie parisienne complètement coupée de la réalité, de l'autre des travailleurs, chômeurs, retraités dont le point commun est la précarité. Son roman est un véritable brûlot contre les médias, les intellectuels dits de gauche et le pouvoir Elle montre aussi les travers du mouvement qui conduisent à sa perte.
Un éclairage indispensable, pessimiste hélas, sur notre société.
PS : Je regrette vivement les nombreuses coquilles laissées par l'éditeur.
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Un roman mais, qui a une forte connotation à la fois politique et biographique, puisque le personnage principal de ce livre a réellement existé. le cadre est celui de la crise des gilets jaunes, en France. Il se veut une dénonciation des politiques anti-sociales qui ont prévalu depuis des décennies et qui ont conduit à la précarisation de la vie de beaucoup de personnes, surtout dans les campagnes de France.
A travers un destin particulier, on sent une tentative de reconquête de destins particuliers et communautaires, d'une souveraineté existentielle, allant jusqu'à ébranler le pouvoir en place.
Aude Lancelin montre l'irruption dans le paysage social et politique de ceux que l'on avait anonymisé, réduit à l'impuissance et que l'on considérait comme inoffensif.
C'est un même temps un roman choral, donnant la parole, à des personnages très typés: un universitaire marxiste désenchanté, un jeune journaliste en proie à des illusions perdues, etc. C'est un roman qui rend compte de toutes les ruptures, mais notamment de celle des entendements populaires et bourgeois.
Nous nous laissons à notre tour, prendre par la fièvre, lancinante et parfois violente, mais la politique, elle est toujours enjeu de vie ou de mort.
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Avant d'écrire cette chronique, il a d'abord fallu me remettre de cette lecture, affronter le sentiment de désespoir, de vide que sa lecture a provoqué en moi. Je ne vais pas raconter le livre bien sûr si ce n'est ce que j'en savais avant l'achat. Bien qu'il n'y a dans ce livre aucun suspens, nous connaissons la fin.
D'abord parler d'Aude Lancelin qui est une personne que j'aime beaucoup, d'une sensibilité humaine que j'apprécie.
Aude, je la connais plus comme intervieweuse, intervenante sur « Là-bas si j'y suis » par exemple.

Je crois qu'elle est un peu le héros journaliste du roman. Au niveau purement littéraire on sent bien qu'Aude n'est pas dans son élément avec un roman. Elle est plus à l'aise quand il s'agit d'essai, de document, de pamphlet ou d'interview. du coup, elle flotte un peu dans ces différents mondes lors de son écriture. Mais, ne boudons pas, ce roman m'a terriblement touché. Sa description du monde des gilets jaunes (je ne veux pas écrire du « peuple des gilets jaunes » car c'est aussi ces travers de langage qu'il faut combattre) mais surtout description journalistique des explosions des gilets jaunes. Description sans indulgence des mécanismes de l'état, de ses serviteurs sans pitié et de ses pseudos maîtres. le monde de l'oppression tel qu'il est sous le masque, masque qui se déchire d'ailleurs de plus en plus pour montrer leurs faces hideuses de cruauté, d'égoïsme, d'entre soi. D'un président jeune et beau, aux préfets de police, aux « forces de l'ordre » tous au service et marionnettes d'un système. Tous interchangeables, tous remplaçables par d'autres marionnettes, plus jeunes, plus belles, plus cruelles, et encore moins accessibles à la pitié. Au-delà sa description du microcosme des journalistes (parisiens, journalistes papier comme radio ou télé) et ses lâchetés, ses bassesses, ses carnets d'adresses, ses carriéristes et sa position dans les mains d'une oligarchie qui les soumet à la botte du pouvoir. Sa critique échevelée des « intellectuels de gauche » qui sont, objectivement le jouet, la caution, sans risque pour les deux côtés, du pouvoir. « …le monde intellectuel incarné par Laurent Bourdin et les siens. Jamais plus il ne les regarderait comme auparavant, ces chauffeurs d'estrades estudiantines, ces dames patronnesses de la théorie révolutionnaire, ces phraseurs pour séminaires du CNRS qui n'avaient jamais mis leur peau sur la table, ni rien vécu de dangereux ou d'important. Leur défection aux côtés du peuple était la preuve que tout n'avait jusqu'ici été de leur part que des mots n'embrayant sur aucun réel, qu'ils étaient avant tout, et même uniquement, des professionnels de l'échauffement cérébral. » Son regard sur les militants gauchistes (et de droite, d'ailleurs) qui ont bien tenté de phagocyter le mouvement, sans succès. « Je les connais, Monsieur, je suis à leurs côtés depuis décembre maintenant. Au début, comme les autres militants professionnels de mon camp, j'étais venu pour essayer de les retourner, bien sûr ! Je ne pensais même pas à une révolution, évidemment ! J'espérais bêtement, comme tant d'autres, pouvoir profiter du mouvement pour diffuser notre propagande. » Et puis, j'en prends pour mon grade, moi aussi, et fort justement. C'est bien cela qui fait mal. Mais pas seulement. C'est aussi la constatation cynique que ce mouvement dans la forme qu'il s'était donné était condamné dès le début. Silence, on meurt ici. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, et j'en connais d'immortels qui sont de purs sanglots » dirait Alfred de Musset.
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C'est avec joie que je découvre la plume d'Aude Lancelin, pertinente et très agréable à lire. En effet, ce livre est rempli de réalisme (inspiré de faits réels) dans un contexte historique qui a marqué la France ces derniers mois ; les gilets jaunes. Nous avons vécu, chacun à notre façon, collectivement ou individuellement, cette cause qui nous a tous touché de différentes manières. Pour ma part, je me suis laissée emporter par ce récit vraiment intéressant et traité en profondeur. Nous faisons la connaissance de plusieurs protagonistes, de leurs divers points de vues sur la situation, portant parfois un regard différent face aux événements. L'auteure utilise des mots percutants, qui marquent et traite avec une grande justesse ces faits et gestes. Aude Lancelin signe ici un livre moderne, historique, très engagé mais également captivant. Merci pour ce bon moment de lecture qui m'a permis d'en apprendre davantage sur le sujet !
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