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EAN : 9791020908728
304 pages
Les liens qui libèrent (02/09/2020)
3.39/5   36 notes
Résumé :
Le premier roman social d'Aude Lancelin, lauréate du prix Renaudot essai 2016 pour son livre largement célébré "Le monde libre".
Le 24 novembre 2018, Yoann, Gilet jaune de 35 ans, est interpellé sur les Champs Elysées pour avoir lancé un pavé. Il sera condamné à quatre mois de prison avec sursis. Six mois plus tard, en mai 2019, alors que le mouvement périclite, ce jeune électricien au chômage se suicide dans la ferme de ses parents en Creuse, département le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Livre éminemment politique puisque sous couvert de raconter les trajectoires de deux protagonistes de la seule révolte populaire de ces dernières décennies, c'est bien son point de vue de journaliste, certes engagée, qu'elle met en scène dans ce roman.
Soyons francs, elle prend clairement fait et cause pour les «sans dents», les «terroristes», les «hordes de sauvage » qui ont brièvement mais intensément posé la question de la légitimité de nos maîtres (je n'utilise plus le mot « élite » depuis qu'on m'a fait comprendre que c'était trop d'honneur pour ces perroquets savants).
On navigue donc entre fiction et réalité. Les noms sont maquillés, parfois suffisamment, parfois pas, on cherche donc systématiquement à reconnaître les victimes de ses traits souvent assassins.
Si cupidon décoche des flèches d'amour, là c'est sa version féminine Nodupic, la déesse blonde vacharde !
Du coup c'est aussi ce qui fait la limite de l'exercice. le ton est uniforme, peu distancié et c'est clairement Mme Lancelin qui parle de son perchoir médiatique habituel (journal, éditorial), qui exprime ses opinions, qui juge au passage d'autres figures de cette contestation.
Figures engagées et donc pourtant aussi légitimes qu'elle, assez méchamment descendues par madame donneuse de leçon de probité pendant la révolte : je pense à Etienne Chouard ou bien à Juan Branco. Peut-être à d'autres que je n'ai pas reconnu franchement : François Boulo ?
Si un Babéliote peut me dire qui est le personnage central de Laurent Bourdin, je lui en serai reconnaissant !
Bref, une impression bizarre se dégage à la lecture de ce livre. Je me dis qu'avec des porte-voix de ce style, les insurgés ne sont pas forcément bien soutenus.
Mais justement, peut-être que les insurgés ne doivent compter que sur eux-mêmes ?
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On se souvient qu il y a déjà quatre ans, à la rentrée 2016, Aude Lancelin, journaliste bien connue, notamment des lecteurs de Nouvel Obs, avait fait beaucoup parler d'elle avec le Monde Libre", un ouvrage lauréat du Prix Renaudot Essai, alors qu'il ne figurait même pas sur la première liste.

Dans cet essai d'une force indéniable, Aude Lancelin décrivait les dérives d'une presse totalement asservie aux annonceurs qu'aux financiers qui possèdent les principaux titres, ainsi qu'à certains pseudos intellectuels .

Après un autre essai dans le même genre, "La pensée en Otage », Aude Lancelin tente sa première incursion dans la fiction (c'est également première incursion pour sa fidèle maison d'édition LLL) avec "la Fièvre" dont l'ambition première est d'être le tout premier roman des gilets jaunes.

La journaliste, qui a suivi de très près le mouvement des gilets jaunes, notamment avec sa nouveau média en ligne, QG, raconte, sous le prisme de la fiction, ces six mois de soulèvement populaire comme la France n'en avait pas connu depuis mai 68, ces 6 mois qui auraient pu faire basculer un pouvoir à l'édifice bien précaire.

Cette période historique de la vie de la nation française, qui n'est pas sans rappeller les heures de la commune de Paris du 19ème siècle, est racontée par la romancière à partir d'une tragique histoire vraie, à savoir le suicide d'un gilet jaune creusois qui avait été condamné pour avoir jeté un pavé lors des toutes premières manifestations sur les Champs Elysées.

A travers l'histoire de ce jeune homme, Yoann, protagoniste principal d'un roman choral où divers protagonistes racontent leur point de vue, La Fièvre raconte ces mois de folie qui auront vu le pouvoir vaciller face à un soulèvement historique que personne n'attendait. Ce texte, aussi enflammé et intense que son titre ne l'indique, est l'occasion pour l'autrice de prendre la température (sic) d'une France aux abois, dans lequel la repression policière est particulièrement prégnante, les médias totalement soumis au bon vouloir olligarchiques des patrons du CAC 40 qui les controlent, les intellectuels de plus en plus dépassés et le peuple de plus en plus démuni et en rebellion totale.

Prenant la peine de donner la parole à tous les protagonistes de cet évenement historique; des membres des gilets jaunes bien évidemment, en passant par les journalistes qui ont couvert l'évenement, du préfet de police qui a cherché en endiguer le mouvement par tous les moyens ou les grands penseurs totalement dépassés par ce mouvement qu'ils n'ont pas vu venir, Aude Lancelin livre un roman engagé, militant, fortement et forcément partial, mais en même temps jamais manichéen.

La primo romancière, avec qui on a eu l'occasion de longuement échanger à la mi juillet, nous a confié avoir souhaité écrire une fresque sociale, sorte de portrait d'une époque de décomposition morale et intellectuelle, qui aura laissé s'installer un véritable apartheid entre les classes sociales.

Aude Lancelin nous a également expliqué à cette occasion qu'à l'origine, elle avait souhaité écrire La Fièvre à l'intention des personnes de son entourage qui n'ont pas forcément bien saisi la portée du mouvement et ont préféré croire les raccourcis que l'opinion publique avait tendance à relayer.

Mais "la Fièvre" est également l'occasion pour son autrice de rendre un vibrant hommage à des invisibles de la société qui ont eu pour la première fois depuis longtemps la possibilité de faire entendre leur voix, aussi inaudible et caricaturée soit elle.
suite et fin de l'article sur le site
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Bien heureux d'apprendre que Aude Lancelin, brillante et fine plume littéraire et philosophique, après ses errements douloureux dans les arcanes des médias politiques pourris, publie son premier roman, La Fièvre sur les Gilets Jaunes, avec au coeur de son action, le drame d'un jeune homme que la société dite civilisée n'a toujours pas vaincu : l'écart démesuré entre l'objet du litige et la sanction du pouvoir politique qui finira ici dans la noirceur de la nuit, insoutenable !..


De retour de Bretagne, il y a deux ans, j'ai été retenu par des barrages de Gilets jaunes, l'un à un rond point à Rouen, l'autre dans le Bray. non seulement je n'y ai pris ombrage, mais me suis mêlé à eux comme un frère. J'étais déjà conquis par leur lutte. Tous ces gens des ronds points, les Gilets jaunes historiques, solidaires, courageux, prenaient sur leur temps de repos pour monter à Paris et battre le pavé pacifiquement , pour crier leur colère et ont été traités comme des chiens par Macron Castaner et ses sbires. La police chargeait en permanence avec des armes plutôt faites pour endiguer une mutinerie ou un coup d'état, il y eut beaucoup de gueules cassées, d'éborgnés dans les rangs des Gilets jaunes. Cela a duré plus d'un an et jamais Macron ne les a reçus, il affichait une telle morgue à l'égard de son peuple !..

J'ai mieux connu les Gilets jaunes au rond point de Senlis, haut lieu de lutte, la télévision venait les voir dans leur campement de fortune, on échangeait librement, il y avait des assemblées générales.. Tous ceux qui les croisaient en voiture ou en camion ralentissaient l'allure et les saluaient avec déférence et sympathie ..On leur donnait plein de victuailles qui alimentaient l'intendance. La générosité ne manquait pas ! Jamais un rond point ne sentit mieux l'humanité !

Quand j'entends Barbier de BFMTV parler des Gilets jaunes avec mépris de classe, les prenant pour des imbéciles, des bons à rien et des brutes épaisses tels l'ogre capable de manger du bourgeois, sans les connaître, de de son confort douillet, portant l'écharpe rouge en plein studio pour se donner l'air d'exister : c'est tellement saugrenu ! j'ai envie de lui apporter un miroir au Barbier pour qu'il regarde sa face de crabe. A force de cracher sur son prochain, les gens de condition modeste qui ont du mal à joindre les deux bouts, on n'ira pas pleurer sur lui en cas de malheur. Cette engeance représentative de l'anti-peuple ne mérite que mépris !
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A travers deux personnages, Yoann Defresnes, un électricien au chômage de 35 ans, que sa compagne a quitté et Eliel Laurent, journaliste, Aude Lancelin (elle-même journaliste) retrace le mouvement des Gilets jaunes qui a "secoué" la France à partir d'Octobre 2018.  S'appuyant sur des faits réels, que nous avons tous vécus de près ou de loin, elle retrace à travers deux hommes, deux destins pour deux visions d'un mouvement. du côté des "révoltés", Yoann, qui sera interpellé et condamné à une peine avec sursis pour avoir lancé un pavé (inspiré d'un fait réel), qui vit dans la Creuse, un des départements les plus pauvres, les plus éloignés en temps normal de l'agitation et Eliel, qui a pour mentor Laurent Bourdin, célèbre journaliste à Libération et figure emblématique des médias, qui se lance dans une recherche d'informations pour rédiger un mémoire sur les événements.

Rien n'aurait dû les faire se rapprocher, il a fallu le ras-le-bol d'existences partout en France pour qu'ils se rejoignent, l'un parmi les autres qui ont eu le sentiment, pendant quelques temps d'être vus, entendus et qui y ont cru, l'autre non pas dans ceux qui leur faisaient face mais ceux qui en faisaient le compte-rendu en découvrant également les manipulations et revirements.

La confrontation des deux univers est particulièrement édifiant avec deux tons et deux ambiances différentes : Yoann emporté par un ras-le-bol général dans sa vie mais non préparé à une mise sous le feu des projecteurs qui pourtant y prendra goût sans comprendre que tout à une fin et Eliel qui pense tenir un sujet qui le fera sortir de l'anonymat mais dont la naïveté face aux briscards de l'information et du pouvoir va le conduire à revoir son avenir. 

Ce document-roman permet d'analyser les deux facettes : celle de l'intérieur pour ceux qui s'y sont retrouvés sans trop savoir où cela allait les mener au départ et celle de l'extérieur à travers l'oeil d'un témoin grâce à Eliel qui rencontrera préfet et autres détenteurs du pouvoir et fera un constat amer à la fois d'un système mais aussi du milieu où il évolue.

Je ne suis pas versée dans ce genre de littérature ni cette zone de lecture. J'ai vécu comme tout à chacun cette période houleuse, avec des sentiments partagés et j'ai eu parfois un peu de mal à suivre les chemins de chacun et plus particulièrement tout ce qui touchait aux arcanes du pouvoir mais non pas du fait de l'écriture mais parce que c'est un secteur pour lequel je ne me sens pas à mon aise, même si je m'intéresse à l'actualité. J'ai malgré tout aimé cette confrontation des deux mondes, si loin l'un de l'autre, l'auteure restituant tout ce qui les sépare que ce soit dans leurs attentes, leurs espoirs et leurs colères.

Stratégies, espoirs, désillusions, c'est à la fois un roman mais aussi un document qui pourra intéresser ceux (ou celles) qui veulent en savoir un peu plus que ce qui était montré dans les médias et même si je me suis attachée au personnage de Yoann et à son tragique destin et à la quête d'Eliel pour restituer une vision juste des événements, je me suis parfois perdue dans les attitudes et langages surtout du côté d'Eliel car je n'en comprenais pas toujours le sens, n'étant pas au fait des rouages des mécanismes politiques et médiatiques.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Plaidoyer? Réquisitoire ? Avant tout un témoignage.
Puisqu'il est d'usage de déclarer que ce sont les gagnants qui écrivent l'histoire, alors il faut pour remettre la justice en bon équilibre écrire des romans et les donner à lire.
Un mouvement, qui était en réalité un soulèvement. Celui des Gilets Jaunes.
Entre Paris et Guéret, Aude Lancelin, auteure et journaliste, nous montre toute l'étendue de la complexité des évènements qui se sont déroulés lors de ces révoltes. Si certains parlent d'échec, d'autres y voient la naissance d'une prise de conscience d'une grande majorité des français.e.s , face à un système autoritaire, inégalitaire, répressif et violent.
L'analyse d'Aude Lancelin est , je le pense, juste, effroyablement juste.
Quels furent les rôles de chacun.es durant ces mois ? Monde politique ( partie et syndicats), intellectuel, journalistique, et celui de la nation toute entière.

Astrid Shriqui Garain


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critiques presse (2)
Actualitte
11 février 2021
Ex-directrice adjointe de l’Obs et Marianne et fondatrice du média indépendant QG, Aude Lancelin a signé en 2020 La Fièvre, un roman qui s'inspirait directement du contexte social brûlant en France, avec le mouvement des Gilets Jaunes.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
17 septembre 2020
L’ancienne journaliste affiche dans son premier roman une force imaginative qu’on ne lui connaissait pas en restituant ce petit morceau d’histoire de France qu’est la crise des «gilets jaunes».
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Laurent Bourdin, à qui l’intelligence toujours en éveil donnait une absolue lucidité quant à la réalité des rapports de force, savait que l’État français pardonnait tout aux intellectuels, absolument tout, sauf à ceux qui avaient pu leur manquer en certains moments décisifs, subtils à saisir, les seuls qui comptaient. À cet égard, Bourdin se félicitait d’avoir fait un sans-faute en réussissant à ne pas se discréditer ouvertement dans le rôle de l’opposant officiel, tout en se montrant en sous-main totalement inoffensif aux yeux du pouvoir.
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Eliel sentait à quel point leurs vies étaient en train de commencer à diverger irrémédiablement. Mais il n'en voulait pas à ce garçon à la fois commun et sympathique, incarnation aboutie de tous les idéaux de sa classe. Après tout, de simples occasions, c'est ce que les événements étaient surement pour tout individu normal, parfaitement adapté à son environnement et qui allait bien. Le seul fait de voir celui-ci prendre des proportions extraordinaires, commencer à vous préoccuper pendant les heures de bureau, voire à vous habiter littéralement, était en soi très sûrement un signe de début de désordre psychique. A l'instant même, Eliel se sentait comme un de ces animaux malades qui s'écartent tristement du troupeau avant que les soigneurs ne finissent par le repérer et ne se décide de l'abattre avant qu'il ne contamine les autres.
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« S’il y avait des yeux pour le voir, on jurerait ce jour-là qu’un roi d’un nouveau genre descend la célèbre artère parisienne. Son pas est puissant, et en même temps plein de candeur. Lui-même semble surpris par la facilité avec laquelle il avance sur l’asphalte des Champs Elysées, qu’il n’avait jamais vu qu’à l’écran, lorsqu’enfant il regardait les chars et les galonnés parader les matins de fête nationale, tapi dans la pénombre aux côtés de son
père. Il a revêtu l’habit orange fluorescent des terrassiers en hiver, mais aucune hermine de l’ancien temps ne lui donnerait davantage de majesté. Son beau visage, prématurémentvieilli , comme sculpté par la douleur depuis l’été dernier, est à demi recouvert par un masque chirurgical qu’une main lui a tendu une demi-heure plus tôt. Dès le premier regroupement au Rond-Point à neuf heures, la police a déversé dans l’atmosphère des milliers de mètres cubes de gaz qui, en quelques minutes, ont fait suffoquer la foule, semant la plus extrême confusion en son sein, ainsi qu’un sentiment de profonde stupéfaction, et aussi de révolte. »
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Ainsi, les événements de l’année précédente, les prolétaires matraqués, les terribles mutilations, les vies pulvérisées, la pendaison d’un désespéré, tout cela n’avait eu lieu que pour certains, et pas du tout pour d’autres.
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Le mouvement avait apporté une puissante diversion à son isolement, et bien davantage encore. Le déploiement de son esprit, stoppé net par les horaires de travail harassants dès la sortie du lycée technique, s'était récemment remis en marche avec les joutes collectives, et les découvertes quotidiennes qu'il faisait sur le Web. Maintenant, le fils de paysans creusois, avançait à pas de géant dans le dévoilement du monde. La prédation capitaliste, les avancées de la Chine face à une France en train de solder tous ses biens publics, l'obtention de la Sécurité Sociale à l'époque où les Russes faisaient encore trembler le bourgeois, le saccage de la nature entière, les élus à la solde des lobbies bruxellois et des banques, le déterminisme scolaire qui avait définitivement banni les fils de prolétaires des écoles de l'élite, tout était en train de s'emboîter méthodiquement dans sa tête. Hier encore le monde était dur, et indéchiffrable. Il offrait aujourd'hui pour Yoann un visage plus féroce encore, mais également plus lisible, révélant son affreuse logique. Il offrait enfin une prise.
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