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EAN : 9781020904608
Les liens qui libèrent (12/10/2016)
3.24/5   57 notes
Résumé :
Une plongée sans précédent dans les eaux troubles du "quatrième pouvoir" ! Aude Lancelin, ancienne directrice adjointe de L’Obs et de Marianne, raconte de l’intérieur un système médiatique français à la dérive… et en miroir, une gauche en pleine déliquescence qui a perdu tous ses repères.
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Il est assez ironique de constater que, quelques jours seulement après m'être régalé à lire la biographie romancée de Claude Perdriel , le ofondateur du Nouvel Observateur, j'ai enchainé avec une lecture qui a des gros points communs avec cet ouvrage mais qui en est également un peu son miroir inversé.

Cet essai, qui fait beaucoup parler de lui- plus d'ailleurs que "Sans Oublier d'être heureux"- en cette rentrée 2016, c'est "le Monde Libre" d'Aude Asselin, qui vient de recevoir le Prix Renaudot Essai- alors qu'il ne figurait même pas sur la première liste- et qui raconte également les coulisses du Nouvel Observateur de l'intérieur .
Naturellement, Claude Perdriel- renommé ici Claude Rossignel, car l'auteur prend soin de donner à chaque fois un nom différent à ses protagonistes mais suffisamment proche pour qu'on le reconnaisse- en est un aussi des protagonistes principaux

Sauf que l'être courageux, fort de ses convictions et de ses prises de risque, personnalité proprement fascinante et passionnante chez Marie Dominique Leliève, apparait chez Ancelin comme un industriel plutot lache, qui n'écoute que ce que lui dicte les marchés financiers et ne prend jamais part aux débats d'idées et à la ligne éditoriale de son journal.

Mais Perdriel n'est pas le seul homme de presse à prendre cher dans le récit d'Aude Lancelin, son acolyte Jean Daniel - renommé quant à lui Jean Noël- n'est pas mieux loti, en éditorialiste qui parait complètement désabusé et impuissant face à la dérive de cette presse écrite qui ne cherche même plus à trouver de nouvelles idéees et qui semble totalement abandonner le débat d'idées.

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La presse écrite que décrit Aude Lancelin, ex numéro 2 du journal, licenciée sans ménagement l'an passé, parait tout autant asservie aux annonceurs qu'aux financiers qui possèdent les principaux titres, ainsi qu'à certains pseudos intellectuels (l'image de BHL est particulièreement malmenée) et last but not least à encore hommes politiques ( particulièrement haut placés) qui n'hésitent pas à s'immiscer eux aussi dans les colonnes de ce qui ne semble plus vraiment mériter le nom de quatrième pouvoir qu'on lui a souvent prété .

On est en effet ici très loin de la presse qu'on aime, la presse libre et qui s'affranchit de toutes tutelles, celle que nous présente les films holywoodiens des Hommes du président au récent Spotlight.

Chez Lancelin, la presse parait au contraire constamment musélée, cadenasée, et pareillement complaisante envers le capital et les puissants.

Si le livre d'Aude Lancelin ne dépasse pas toujours le règlement de comptes plein d'amertume, ce qui en fait parfois sa limite, la morale de ce tableau lucide et saisissant d'un monde à la dérive est sans appel : le journalisme d'idées est une menace pour le pouvoir politique en général et l'ascension professionnelle et sociale de beaucoup et doit comme toute être menace réduit au silence...

Dans ce portait au scalpel et sans appel, Lancelin accable encore plus que les autres le nouveau directeur de la rédaction, qui visiblement n'a aucune visée profonde et semble être animé exclusivement par une obsession managériale, et on sent bien que le portrait est sans doute un poil à chargevu que c'est cet homme qui est à l'origine directe de son éviction.

"Les attentats islamistes n'étaient toutefois pas les seuls évènements à redonner à Mathieu Ludeneau quelque gout à la vie du journal. Les catastrophes aériennes produisaient chez lui un effet similaire quuoique de moindre durée. "

Toutefois, ce monde libre reste une lecture essentielle car, au delà du pamphlet et des attaques personnelles on sait gré à Aude Lancelin de parvenir à sonder avec une vraie justesse les errements d'un monde des médias et de la pensée en total déclin.

On aime la façon dont Aude Lancelin décrit minutieusement rouages et coulisses d'un monde qui n'essaie même plus de faire face aux dérives capitalisme et on ferme la dernière page de ce monde libre assez inquiet et déprimé sur l'état de notre monde tant les médias en sont un fidèle miroir..

Et en même temps, on se dit aussi qu'on est finalement pas si malheureux d'être un simple blogueur sans avoir de compte à rendre à personne..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il y a plusieurs manière d'aborder la lecture de cet essai - récemment couronné par le Renaudot - selon que l'on soit attiré par son angle "pamphlet parisiano-microcosmique", par son angle "plongée au coeur des réalités de la Presse du XXI e siècle" ou par son angle "analyse politique d'un système et d'une gauche à la dérive".

Mais quel que soit l'angle de lecture, force est d'abord de constater que c'est bien écrit, très bien écrit. Et ce n'est pas une surprise de la part d'une des grandes plumes de la presse des idées et de la culture de ces vingt dernières années, dont la carrière l'amena à co-diriger L'Obs, qui n'était déjà plus Le Nouvel Observateur qu'elle avait connu - aimé ? - à ses débuts de jeune journaliste.

Et c'est là qu'apparaît l'angle "parisiano-microcosmique" puisque Aude Lancelin nous décrit dans le monde libre ses deux années de désillusions passées à la tête de l'hebdomadaire jusqu'à son éviction récente et brutale qui y mirent fin. Sous couvert de pseudos, tant pour le titre que pour certains de ses dirigeants, ou d'allusions tellement précises que le nom des personnes évoquées ne fait plus aucun doute pour le lecteur un minimum au fait de l'actualité, elle nous livre la chronique d'un flingage annoncé, réglant ses comptes avec férocité à tout une caste qui l'a rejeté. C'est un peu le Koh Lanta du parisianisme médiatique : "La tribu des journalistes parisiens bien pensants à décider de vous éliminer, et sa décision est irrévocable ! ".

Sous cet angle, bien que la plume soit incisive et que les accroches flattent le lecteur avide de révélations de salons, l'ouvrage est vite lassant. le couperet fut certes rude et a priori injuste, le complot fomenté avec soin, ce qui justifie cette réparation de haut vol par la plume qui laisse, parfois, des marques plus profondes que l'épée des duels d'antan. Mais de là à émouvoir le lecteur sur cette injustice, il y a un pas. Un fossé. Un gouffre !

Ainsi, si Aude Lancelin s'en était tenue là en simple victime expiatoire d'un système qui tourne désormais en rond, son livre n'aurait eu aucun intérêt. Mais elle a au contraire eu le mérite d'explorer deux autres angles qui font tout le sel de son essai.

Celui de l'état de la Presse du XXIe siècle est le plus intéressant et décrit parfaitement la spirale infernalement vicieuse dans laquelle la plupart des titres sont engagés : la publicité florissante a longtemps masqué dans les ressources les incessantes baisse de lectorat des journaux. À cause d'Internet, de la TV etc... Oui, bien sûr, mais pas seulement. Aude Lancelin nous renvoie à l'essence même du journalisme d'opinion, celui des idées, du débat, du pluralisme, du temps de la réflexion et de l'expression des textes. Mais ces mêmes baisses de ressources ont conduit les dirigeants des titres à adapter constamment les charges, "downsizant" leurs effectifs et leurs rédactions de plan en plan ; ne permettant plus - métaphore politique fort à propos - de relance par l'offre ; et ouvrant la voie à de nouveaux dirigeants concentrateurs plus soucieux de l'image acquise par leur nouveau statut que de la pérennité de leur lectorat. Des « tigres de papier » comme disait le grand Jacques dans L'Aventure…

Bref, Aude Lancelin nous décrit dans le monde libre l'apogée de la pensée unique, en y déployant son troisième angle, engagé et politique, faisant le lien entre une presse d'opinion de gauche qui s'éloigne de ses valeurs fondatrices au fur et à mesure que le principal parti de son camp en fait de même.

Tout cela, elle n'a pas attendu son livre pour le dénoncer : elle l'a fait peu à peu, de plus en plus ouvertement pendant deux années. Et a fini par le payer. "Le premier qui dit, la vérité. Il doit être exécuté !" disait Béart...

Au final, un livre profond et passionnant, qui manque juste d'un peu de recul (c'est tout chaud) et donc laisse un peu sur sa faim en matière de solutions, d'alternative. OK pour le constat. So what ?
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Un livre mal ficelé, mais les brûlots doivent-ils s'embarrasser d'une construction ? Trop long pour que le style percutant, apprécié dans un format journalistique, ne s'épuise pas, ou n'épuise pas le lecteur. Plus grave, l'auteur hésite entre le sérieux objectif de l'enquête (elle nous ferait presque croire qu'elle fut en immersion durant une décennie) et le pamphlet cinglant et humoristique à la fois, à la manière des bons mots meurtriers qui flinguent une carrière. le problème est, qu'à tirer, de loin, sur certaines ambulances, Aude Lancelin ne nous fournit pas de quoi espérer beaucoup mieux à leur place. Et que si son tir est souvent ajusté, il n'en reste pas moins tardif. Ayant à son tour reçu un prix de ceux que sûrement elle épargna, elle prend, peuchère, place dans la file des futures cibles d'autres justiciers.
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Une plongée dans le monde du journalisme écrit dont je suis sortie un peu groggy.
Aude Lancelin, en direct du ventre de l’Obs raconte, témoigne de la lente et inexorable dégradation de la presse écrite, du copinage, des acoquinages des journalistes avec le pouvoir et l’argent.
Qu’un nouveau riche venu du minitel rose s’offre un journal, pourquoi pas.
Qu’un esthète (soi-disant) venu du monde de la haute couture s’offre un journal, pourquoi pas
Qu’un banquier s’offre un journal pourquoi pas
Mais que ces trois lascars se réunissent créent un groupe baptisé « Le monde libre » pour désincarner des journaux comme Le Monde, l’Obs entre autre et, surtout, le mettre à leur service, il y a de quoi rugir. Le nom de la holding prête à sourire jaune après lecture du livre.
Aude Lancelin va plus loin que l’explication de son licenciement, elle décrit le déclin de l’Obs devenu sous sa plume « l’Obsolète » -titre très parlant- et, plus généralement, de la presse écrite.
La collusion entre le politique et la presse, à travers ses journalistes, a toujours existé. A trop se fréquenter, se mêler s’épouser… Amoindrir la liberté de la presse équivaut, pour moi, à amoindrir la démocratie… C’est peut-être le but visé des grands argentiers.
Comme chez les politiques, une fois les spots éteints, les patrons de journaux sont copains comme cochons !! « Les patrons des trois plus grands hebdomadaires, « L’Obsolète », Le Point et Marianne, qui toute l’année faisaient mine de s’empailler sur les tréteaux comme des marionnettes batailleuses, passaient tous leurs Nouvel Ans à festoyer ensemble. Tantôt dans l’hôtel particulier de Saint-Germain-des-Prés qui appartenait à l’un d’entre eux, tantôt dans leurs datchas respectives de la côte normande qu’ils avaient achetées à proximité tant leur symbiose était totale et ne s’embarrassait pas d’obstacles idéologiques. » Mince (remarquez comme je suis polie !)Marianne ! Moi qui croyais en sa liberté pure et dure « La chose était d’autant plus stupéfiante à remarquer dans le cas de Marianne, fer de lance de la dénonciation de la « pensée unique » depuis la fin des années 90. ». Il est vrai que Laurent Joffrin Môquet passe gaillardement du fauteuil de Marianne à celui de l’Obs !
« L’Obsolète » est victime des « amis du journal » dont « Une sénescente poignée d’hommes politiques fermait le ban de cette infernale cohorte, au premier rang desquels un ancien ministre de la Culture, incarnation parcheminée et presque parodique de la gauche incantatoire des années 80, celle-là même que tout le monde était désormais désireux d’oublier. » qui font la pluie et le beau temps pour leur petit entre-soi. Certains intellectuels philosophes dont notre BHL national (« un pitre mégalomane dont chacun riait par-devers soi. »), Finkielkraut font partie de ces gens qui font la pluie et le beau temps à l’Obsolète.
Ce n’est pas qu’un règlement de compte mais la constation de l’échec du parti socialiste, de sa glissade à droite « La glissade à droite de tout le spectre intellectuel et politique était continue, d’une profondeur inouïe. Et ce qui ne laissait pas d’étonner, c’est que, même parmi les journalistes qui comprenaient la situation, rares étaient ceux qui s’aventuraient à en fournir le saisissant tableau ».

Aude Lancelin envoie non pas des gifles, mais des scuds que j’ai reçus en pleine figure. Avec beaucoup de talent, de calme, elle raconte ce qu’elle a vu, ce qu’elle a supporté. Les lâchetés des patrons de presse, de sa hiérarchie, des collègues, la mainmise de certains intellectuels, d’anciennes gloires du PS, les courtisans genoux à terre, la médiocratie, la fuite des plumes. Elle met à nu la misère intellectuelle du triumvirat, de ses supérieurs hiérarchiques.
Un livre cruel par ce qu’il dévoile, mais un livre nécessaire ; un constat accablant
Combien d’années faudra t-il pour réparer ce formatage, cette descente vers la nullité. J’attends d’un journaliste, d’un éditorialiste qu’il élève le débat, qu’il soit, non pas impartial, cela n’existe pas, mais intelligent et courageux. L’Obsolète n’était plus, depuis plusieurs décennies, le journal de gauche que l’on a connu, mais quand même !!
Notre président de la république actuel est bien un président normal : le fait du prince, il pratique. « Une source élyséenne celle-là, affirmait qu’il y avait plus d’un mois que mon sort avait été scellé lors d’une entrevue ».

Claude Rossignol, fondateur de l’Obsolète l’avait compris « Le danger aujourd’hui est que, n’ayant pas fait les réformes nécessaires et sans moyens financiers, la presse et ses lecteurs tombent entre les mains des pouvoirs de l’argent, du politique ou du CAC40, dont les intérêts sont liés ». Nous avons un immense pouvoir, nous lecteurs : ne plus acheter ces journaux !!
Quelle plume, quel vocabulaire ! « Dans tous les événements qui seront relatés ici, il n’est pas une phrase, pas un fait, qui ait été informé ou même déformé. » écrit Laure Ancelin dans l’avertissement en début de l’ouvrage.
Un livre salutaire à lire, une belle plume.
Une question me taraude : Pourquoi Aude Lancelin est restée si longtemps à l’Obs ? Pourquoi n’être pas partie avant puisque le hiatus augmentait entre sa conception du journalisme et l’hebdomadaire ?
Est-ce la réponse ?
« Quel était, au fond, ce désir sur lequel je ne voulais pas céder ? Seulement, je crois, celui de ne pas renoncer à prendre ma part, celle que n’importe qui peut prendre à tout moment du temps, dans la lutte éternelle contre l’écrasement de l’esprit. Lâcher l’affaire, prendre ses distances, couvrir prudemment des opérations de faux-monnayage intellectuel, comme j’en vis tant d’autres, des gens de qualité parfois, accepter de le faire au fil des années, c’eût été capituler, et capituler c’eût été mourir intérieurement. Cela ne m’était tout simplement pas possible »

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Une fois n'est pas coutume, c'est dans un essai que je me suis plongée ces derniers jours. "Le Monde libre", couronné depuis par le Prix Renaudot, catégorie "essais" est, ce n'est un secret pour personne, un pamphlet à l'encontre de l'Obs, magazine d'actualité, ici appelé l'Obsolète. L'auteur en fut la directrice adjointe, licenciée depuis.
Nous sommes prévenus par un avertissement préalable "Dans tous les évènements qui seront relatés ici, il n'est pas une phrase, pas un fait, qui ait en quoi que ce soit été inventé ou même déformé." Oui, mais… Jean Daniel, le co-fondateur du journal, le "Jean Joël" de l'ouvrage, monte au créneau dans un article du magazine Le Point et avance que "Dans ce livre prétentieux, complotiste, et logorrhéique, il y a une erreur par page". Loin de moi l'idée de distribuer les bons et mauvais points. Je ne possède pas les compétences et surtout les connaissances suffisantes du milieu pour me poser en justicière.
J'ai senti la journaliste animée par une haute idée de la presse et de ses devoirs, visiblement chagrinée, et le mot est faible, par la collusion des grands journaux avec la politique, sans parler des actionnaires. Elle se déchaîne, sans donner de noms, contre le triumvirat qui dirige l'hebdomadaire, se plaint de la déliquescence de son métier et pleure l'agonie du socialisme.
Encore une fois, il est difficile pour moi d'émettre un avis sur le fond du problème même si ma propre opinion va intuitivement dans le même sens. S'agissant de la forme, j'ai trouvé l'écriture digne d'une agrégée de philosophie – elle ne manque d'ailleurs pas au détour d'une phrase de nous informer de son prestigieux diplôme et des lectures hautement intellectuelles qui sont les siennes – même si, pour ma part, une langue moins ampoulée m'aurait davantage satisfaite. Les phrases sont souvent longues et tarabiscotées, enlevant par là même du rythme au texte. Par ailleurs, si son récit est de nature à enthousiasmer le monde médiatique qui va sans doute trouver là un brillant défenseur de sa cause, je ne le trouve pas suffisamment accessible à tout un chacun et c'est dommage. Je lis beaucoup la presse d'information et notamment politique et ce sujet m'intéressait. Un texte simplement écrit, je le répète aurait tout aussi bien porté les valeurs de liberté chères aux journalistes qu'elle défend bec et ongles, c'est tout à son honneur, et que je vénère. Alors, "prétentieux", peut-être, "complotiste", les éléments me manquent pour en juger, " logorrhéique", pourquoi pas ? Reste le grand intérêt de sa réflexion.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
C'est dans le même esprit que les patrons des trois plus grands hebdomadaires français, qui toute l'année faisaient mine de s'empailler sur les tréteaux comme des marionnettes batailleuses, passaient tous leurs Nouvels Ans à festoyer ensemble. (...) La proximité entre tous ces personnages, lorsqu'elle vous était révélée, donnait le sentiment puissant que la presse, sous son apparence de diversité, n'était qu'une nappe phréatique de certitudes communes, d'intérêts puissamment liés, de visions en réalité semblables, qui prenaient le soin de se partager en différents fleuves dans les kiosques, seulement pour les besoins du commerce, et l'amusement de la galerie.
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Cela faisait deux ans que j'en avais la certitude. Ce gouvernement férocement libéral, quasi extrémiste dans son acharnement à ignorer la volonté du peuple qui l'avait porté au pouvoir, allait un jour s'en prendre aux lois protégeant encore stoïquement le travail contre le capital dans ce pays. (...) Habiles à faire passer pour archaïsme sentimental de légitimes demandes, les lieutenants du capital avaient cette fois décidé de pousser leur avantage aussi loin que possible en s'appuyant sur un gouvernement prêt à tout solder. Ainsi (...) le noir souci de la précarité se voyait-il désormais repeint en expérimentation de nouvelles libertés, l'insécurité généralisée en bienfaisante fluidité, et la location de ses propres draps en libre entreprenariat.
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"La proximité entre tous ces personnages, lorsqu’elle vous était révélée, donnait le sentiment puissant que la presse, sous son apparence de diversité, n’était qu’une même nappe phréatique de certitudes communes, d’intérêts puissamment liés, de visions en réalité semblables, qui prenaient le soin de se partager en différents fleuves dans les kiosques, seulement pour les besoins du commerce, et l’amusement de la galerie. La réalité du milieu tenait dans cette promiscuité-là »
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"Les attentats islamistes n'étaient toutefois pas les seuls évènements à redonner à Mathieu Ludeneau quelque gout à la vie du journal. Les catastrophes aériennes produisaient chez lui un effet similaire quoique de moindre durée. "
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Les mots de la politique en étaient venus, au sein des élites dirigeantes du pays, à désigner l'exact contraire du sens que l'usage ordinaire ou l'histoire entière leur accordait.
Ainsi le partage entre la droite et la gauche avait-il perdu toute substance, tant une même uniformité libérale et autoritaire régnaient désormais d'un bord à l'autre.
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