Ah ma mère ! Un personnage ! Tout le monde la craignait. On disait qu’elle était voyante, jetait des sorts, un tas de commérages. Ceux qui médisaient venaient aussi se soigner. Nous étions quatre et avons reçu toute son affection surtout que notre père était absent, il travaillait à l’usine Bonne Canne. Il partait tôt le matin, quand il rentrait, nous étions déjà couchés. J’ai entendu dire que tu es très douée en médecine des anciens, tu as hérité de son don. Je parle de don parce que ni ta mère ni ta tante n’ont montré un quelconque intérêt pour nos remèdes naturels et moi j’ai dû apprendre en observant ce que ma maman faisait. Chez toi c’est inné.
N’en déplaise aux proches qui la qualifiaient de vieille fille, elle aimait au contraire disposer de cette liberté. À chaque repas dominical depuis ses trente ans, on lui rappelait qu’il devenait impératif qu’elle se trouve un partenaire.
Ils se demandaient pourquoi une jolie jeune femme, avec une bonne situation, ainsi que tous les critères de beauté de Kaloukaéra — taille moyenne, formes généreuses, une prestance — n’avait ni conjoint ni descendant. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. Trois tentatives soldées par des échecs.
Ces messieurs fuirent sa capacité à déceler avec une facilité déconcertante, leurs travers.
quand l’être humain ne trouve pas d’explication à un phénomène étrange, il se livre aux spéculations les plus folles et devient dangereux. Ils suivent aussi un apprentissage et possèdent également des dons : la vibration, la télépathie et le transfert d’énergie. Le voyage astral, mais seulement si nous les accompagnons. Tu as sept jours pour réfléchir. Très important, le deuxième commandement : cultiver l’art du secret, tu ne peux en parler à quiconque.
Je commence à croire aux rumeurs. Ils pratiquent des rituels, appellent les esprits et d’autres choses que je n’ose dire.
Le mal est là, il progresse telle une pieuvre déployant ses tentacules. Nous devons les couper.