Le démon du crépuscule

Un livre difficile à présenter sans révéler les thématiques qui sont abordées par l'auteur. Aussi, n'allez pas plus loin si vous voulez garder la surprise de ces thématiques.

L'auteur brasse donc, pêle-mêle : secte sataniste, les Templiers, les protestants, les météorites, les druides, la franc-maçonnerie (contemporaine et égyptienne !), la communauté ecclésiastique, des prêtres exorcistes, les forces cosmiques, les prophéties, les cérémonies rituelles, les stigmates religieux, les tombes profanées, les cercles satanistes… Cette énumération parle d'elle-même : n'est-ce pas un peu trop ?
Comme dans Les soeurs de Montmorts, une enquête est menée par le héros qui débarque au village.
On tord un peu le nez aux explications alambiquées insérées un peu artificiellement dans les dialogues entre les personnages. On se croit carrément dans un épisode de la série Charmed pour les scènes de fin. Il faut en ce sens être sensible au paranormal, sachant que l'histoire prend le parti du réalisme. Un peu dur d'y croire…

Pas facile de changer de registre. François Lange nous avait habitué à des polars historiques, certes souvent empreints de soufre, mais il restait dans un univers rationnel dans lequel on finissait par trouver ses repères. Avec le Démon du Crépuscule (Palémon 2023), il abandonne sa démarche habituelle pour nous plonger dans l'univers d'un occultisme foisonnant qui n'est pas sans évoquer la patte d'Aleister Crowley. Nous sommes toujours en Bretagne, dans la région de Locronan, et notre enquêteur a abandonné l'uniforme de la police du Second Empire pour le costume, plus sage, d'un jeune journaliste travaillant pour un magazine contemporain de psychologie. Et Thomas Salaün, c'est son nom, a pour première mission un morceau de choix : faire la lumière sur un étrange météorite s'évanouissant dans la forêt alors que plusieurs enfants se retrouvent avec des… morsures d'âne. Et pour corser le tout, cet étrange phénomène se serait déjà produit au même endroit dans le passé, la dernière fois en 1955. On ne saura pas très bien quel est le but de ce bourricot satanique, mais il est évident qu'il est piloté par un magicien noir qui n'a pas suffisamment potassé les rituels de protection contre les Grands Anciens. Et pourtant nous voguons au sein de manuscrits aux titres prometteurs (Le Livre des Arcanes Maudits), nous avons droit à de mini-planches de symbolisme celtisant, à de rassurants commentaires sur les avenantes bestioles qui peuples l'astral et à une belle collection d'artefacts magiques (médaille, miroir, épée) toujours utiles. Malgré ce climat de terreur cosmique, Thomas, comme son vieux prédécesseur de Fanch', apprécie le pot au feu breton et les bolognaises bien baveuses, tout en courtisan les quilles gouleyantes extraites de caves méphitiques.
Voilà un petit gars qui pourrait faire une belle carrière s'il prenait un peu d'épaisseur et si, oubliant un moment ses traités de psychologie, il trouvait le temps de s'investir de temps à autre dans des ouvrages indispensables comme le Livre de la Loi de Maître Thérion.

Habitué des éditions du Palémon dont j'apprécie les choix, j'ai donc abordé ce livre comme habituellement.
Grave erreur ! J'ai totalement omis de relever que ce dernier appartient à la série "Mystère" alors que je suis habitué aux diverses séries policières.

L'entrée dans le déroulement de l'histoire est, comme à chaque fois chez Palémon, très rapide. de même on arrive très rapidement en Bretagne.

Pour l'organisation et l'écriture, on retrouve tout ce qui est la marque de fabrique de cet éditeur. L'ensemble est structuré, l'écriture agréable laissant la place au récit et non à des formes stylistiques pompeuses.
L'agrément est total.

Pour le contenu en lui-même, il faut être amateur de légende, de pouvoirs surnaturels, de personnes dialoguant avec le mal etc...
Je ne suis pas amateur de cet irrationalisme, il ne m'est donc pas aisé de donner un avis "passionné". J'ai terminé le livre sans difficulté survolant toutefois les passage trop ésotériques à mon goût.
J'ai apprécié trouver au fil de la lecture des explications sur tel ou tel phénomène, permettant de se retrouver dans l'évolution de l'histoire.

En conclusion, j'ai trouvé dans cet ouvrage ce qui fait le charme des romans de cet éditeur : pas de prétention mais de l'efficacité et de l'agrément.

En ayant bien en tête la nature du récit, la présence de légende et des personnages qui en découlent, ce livre est totalement recommandable.

Ma note ne reflète pas le plaisir que pourra en tirer un amateur du genre, elle se limite à la qualité de réalisation du récit tempérée par mon manque d'intérêt. Je reconnais pourtant que j'ai appris des choses concernant ces légendes bretonnes.

Le roman "Le démon du crépuscule" de François Lange est un roman noir qui s'aventure sur les terres des sciences occultes inspirées par l'ancien culte égyptien de Seth, le dieu assassin à tête d'âne.
L'intrigue solide progresse avec malice, distillant l'effroi à petites doses. La lecture est fluide. Des sacrifices ancestraux, des incantations dans les sous-bois bretons, une enquête difficile, une ville à fort potentiel occulte : Locronan, autour de laquelle des présences maléfiques rôdent. L'auteur jongle avec le surnaturel s'inscrivant dans l'imaginaire cinématographique de Jacques Tourneur (Rendez-vous avec la peur). Un roman fantastique réussi.

Ce roman de la collection « Mystère » est fort envoûtant et il est difficile de le lâcher en cours de lecture tant on désire en connaître la suite, et surtout le dénouement. La plupart des faits sur lesquels l'intrigue se fonde sont vrais, la dimension fantastique du récit, pour peu que l'on en accepte la fantaisie, nous permet d'apprendre un tas de choses, outre celui de délicieusement frissonner.
Écrit en langue parlée, constellé de disgressions inutiles (sur le café, les routes bretonnes, les vins…) et de détails superflus que l'on pourrait croire destinés à allonger la sauce, ce récit bien ancré dans notre temps présent est un agréable délassement.