Où je suis ?
répète-t-il, parce qu´il a l´habitude
de penser lentement
- si lentement qu´il est
en général le dernier à comprendre
ce qui se passe dans sa propre vie.
Ce qui ajoute à sa sidération, c'est l'idée que ce nom de Nora, avec le visage et le corps qui l'enveloppent, va se fixer dans un endroit bien précis des cellules de sa mémoire et qu'il s'oubliera sans doute lui-même avant de pouvoir l'oublier.
Tout ce qu'on peut attendre, il l'aura attendu, tout ce que l'on peut perdre, il l'aura perdu.
En fait, c'est moins son absence qui l'effraie que son silence.
Il en plaisanterait presque, mais elle le regarde d’une telle façon à cet instant, avec une telle gravité enfantine, qu’il se sent déshabillé de son ironie, sans plus rien sur lui.
Il a besoin d'avoir une histoire. Tous les hommes, à un moment donné, ont sans doute besoin d'avoir une histoire à eux, pour se convaincre qu'il leur est arrivé quelque chose de beau et d'inoubliable une fois dans leur vie. (p.21)
Le tranchant de la rancœur est long à s’émousser
Peut-être que les souvenirs sont beaux à cause de cela. Parce qu'avec le temps, le filtre des années, ils deviennent comme des produits purifiés, débarrassés des scories du chagrin et de la peur.
Il sortira de sa vie comme on sort d'une pièce, en s'excusant de s'être trompé de porte.
Peut-être que les souvenirs sont beaux à cause de cela. Parce qu'avec le temps, le filtre des années, ils deviennent comme des produits purifiés, débarrassés des scories du chagrin et de la peur.
Les couples […] ressemblent souvent à des organisations incohérentes, alors qu’ils sont en réalité une alliance d’intérêts bien compris.