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Citations sur Fanny Stevenson : Entre passion et liberté (26)

Pas une once de préjugé social chez Fanny. Un refus d'appartenir à aucune classe, une résistante à la notion de milieu. Même à Londres, quand elle fréquentera les cercles les plus fermés, elle ne sacrifiera à aucun de leurs snobismes, elle n'obéira à aucun de leurs codes. Le mot "élite" reste pour elle lettre morte. Fanny, l'antithèse d'une intellectuelle, le contraire d'une "aventurière". Elle ne s'intéresse aux êtres que pour les émotions qu'ils suscitent en elle. Elle aime, elle déteste, et de ses sentiments, de ses sentiments seuls, découlent la moindre de ses idées, le plus infime de ses actes. La liberté de sentir, elle en fait toute une morale : l'héritage qu'elle veut laisser à ses enfants.
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Epoque bénie pour quiconque s'intéresse à la peinture ! Millet, Corot, les précurseurs de l'Ecole de Barbizon, viennent de mourir. Mais pour la première fois, au printemps dernier, on a prononcé le mot "impressionnisme". Monet peint sa série des gares Saint-Lazare. Renoir habite rue Saint-Georges, Degas rue de Douai, Henry James y rend visite à Tourgueniev, et une certaine Mrs Samuel Osbourne s'installe à quelques pas, dans un galetas du quartier de l'Europe. Elle arrive à l'heure la plus existante. A ce moment de l'histoire où l'art va basculer dans le XXème siècle.
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- Pour l'examen de fin d'année, je vous demande de me dessiner, telle que vous l'imaginez, la main droite de la Vénus de Milo. A vos fusains !
Belle, avec les autres jeunes gens, se rua sans réfléchir sur sa feuille. Fanny demeura seule, plantée au pied de la statue. Les yeux brillants, la bouche entrouverte, elle semblait plongée dans un intense bonheur physique.
- Elle vous plaît ? murmura Virgil Williams avec une pointe d'humour.
- Oui, répondit-elle sans le regarder, comme si elle craignait de se laisser distraire de son plaisir. La lumière, le mouvement, la matière... c'est comme si je ne les avais jamais vus. Pas vous ?
Il sourit de sa naïveté. Mrs Osbourne figurait parmi ses étudiants les plus âgés et les plus doués. Sa totale inculture le ravissait. A la lettre, elle ne savait rien. Une terre vierge où s'exprimait à grands coups d'émotions l'ivresse de la beauté. L'élève idéal pour un professeur : la virginité des sens, couplée avec la maturité.
Sans idée. Sans image. Sans référence. Le trouble de Fanny n'en était que plus brutal et plus profond. Williams n'avait qu'à jeter un coup d'oeil sur ses dessins. A chaque exercice, c'était la même pureté de trait, la même audace dans la couleur. Quelque chose de maladroit et de puissant qui rendait sa copie immédiatement reconnaissable. La joie devant un idéal esthétique que cette femme parvenait à exprimer sans le comprendre - n'était-ce pas précisément cela, l'art ? se demandait-il quelquefois.
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Le 10 mai 1869, soit trois semaines avant le voyage de Fanny, les rails reliant l'Est à l'Ouest des Etats-Unis se sont rejoints à mi-chemin dans les montagnes du Nebraska. Un fil court désormais de l'Atlantique au Pacifique. Le Transcontinental existe ! Une oeuvre de titans, six années de duels financiers, d'accidents, de meurtres, plus d'un million d'hommes au travail, dont près de dix mille reposent six pieds sous terre. Deux cents arrêts, une trentaine de changements de train, dix jours de voyage.
A l'arrivée, Fanny garde à jamais imprimée dans sa conscience l'image d'une nature vierge et folle. Le pressentiment d'une civilisation en voie de création. La révélation d'une monde. L'extase d'une force illimitée. La sienne.
Fanny ou l'Amérique.
Six ans plus tard, Robert Louis Stevenson ne s'y trompera pas. A peine aura-t-il rencontré Mrs Osbourne au coeur de la vieille Europe qu'il la décrira à ses amis comme l'incarnation d'un nouvel idéal féminin : "The American Girl". C'est de la liberté, c'est de la sauvagerie des grandes plaines qu'il sera tombé amoureux.
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J'ai quelquefois la pressentiment que je ne vous reverrai jamais, avait écrit Fanny de San Francisco, ce serait un bonheur trop grand.
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A huit heures, quatre heures, minuit, lanterne et casse-croûte à la main, les mineurs de Virginia City s'entassaient par deux ou trois sur des cabines à claire-voie qui les descendaient à la verticale pendant près d'un kilomètre. Interminable.
Vapeurs. Gaz. Suffocations. Avec la profondeur, la chaleur augmentait. Si, par mégarde, leurs coudes touchaient la paroi du puits : brûlure au troisième degré.
Au dernier niveau, le thermomètre indiquait + 65°. L'enfer. Ils allaient devoir y survivre huit heures. Au bout de trente minutes dans cette fournaise, le coeur lâchait. Ils prenaient donc une pause toutes les demi-heures et se précipitaient dans la "chambre froide" où fondaient pour eux de gigantesques pains de glace. Contre les blocs, ils se frottaient. Ils se roulaient dans les glaçons, les léchaient, les suçaient et, pour finir, vidaient les bacs dans leurs fonds de culotte. On prévoyait cinquante kilos de glace par homme et par jour. Deux chambres froides par galerie. Mais un mineur s'évanouissait toujours quelque part... S'il perdait conscience sur le monte-charge qui le ramenait à la surface, il plongeait dans le vide.
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Rien de ce qui brille n'est de l'or.
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Tu es une enfant de l'amour, Belle, murmura-t-il à l'oreille de sa fille, c'est pour ça que tu es si jolie.
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Déjà le plâtre s'écaillait, les mauvaises herbes poussaient dans les fissures. La tombe, soulevée par les lianes, recouverte par le lierre, allait disparaître.
- Fais une prière, Belle.
Sans rien trouver en elle pour cet oncle à peine entrevu, la petite joignit les mains et garda quelque temps la tête baissée. En se redressant, elle eut la surprise de remarquer sur le visage de sa mère de grosses larmes qui coulaient. C'était la première fois que Belle voyait Fanny pleurer.
Elle pleurait de pitié, de regret sur son compagnon de jeu, son premier flirt. Elle pleurait sur Sam qui avait enterré ici, seul, cet ami tant aimé. Elle pleurait sur sa sœur Jo dont cette tombe brisait l'existence. Elle pleurait sur leur jeunesse.
En se mariant, Fanny n'était pas sortie de l'enfance. Elle n'avait pas grandi en mettant Belle au monde, ni même en se séparant de son père sous le château d'eau de la gare d'Indianapolis. Son enfance, elle y renonçait maintenant. Elle le savait.
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Après... Après, Jacob savait qu'il perdait tout contrôle sur le bien-être et la survie de Fanny. Elle allait s'embarquer avec sa petite fille sur l'océan Atlantique, descendre jusqu'à Aspinwall, traverser l'isthme de Panama, remonter le Pacifique, débarquer à San Francisco et s'enfoncer dans l'arrière-pays ensanglanté par les guerres indiennes. Le train est-ouest qui relierait en 1869 - dans cinq ans - les deux côtes américaines n'existait pas encore. Pour qui voulait atteindre la Californie sans franchir les montagnes en chariot, les plaines interminables, les déserts de tout un continent, la "route de Panama" était le chemin le plus sûr. Disons le moins long. Trente-deux jours au lieu de six mois. On préférait oublier que deux bateaux venaient de couler corps et biens. Que la dysenterie, la fièvre jaune et le choléra tuaient plus du quart des voyageurs. Que les enfants ne résistaient pas aux "fièvres de Panama"...
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