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Il n'a fallu que quelques phrases pour être séduite par l'écriture de ce roman.

La rencontre initiale avec le personnage central laisse tout de suite présager une originalité, quelque chose d'indéfini, qui en fait un être singulier. le doute ressenti à la lecture d'un curieux pronom personnel (une coquille ?…) laisse la place aux interrogations lorsque cette coquille se répéte, et définit ainsi l'ambiguïté de Sam.

Son arrivée dans la bourgade de Saint-Airy ( le clin d'oeil à Martin Mongin est réjouissant), ne passe pas inaperçu. Et lorsque son intention de s'y installer se précise, l'on parle, beaucoup, Clochermerle se réveille, pour le meilleur et surtout pour le pire.

L'intrigue m'a tenue en haleine, sans faillir jusqu'à la fin, soutenue par la magie de l'écriture. de l'écriture inclusive, qui aurait pu être un obstacle mais qui finalement est parfaitement justifiée par le propos, à l'emploi de néologismes, d'adjectifs déclinés en verbe, comme des bijoux dans un coffret.

L'auteur a un talent certain pour insérer des anecdotes à la fois drôles et informatives. Comme l'histoire de la vie de Mark Twain, et de sa relation à la comète de Haley. Et pour éviter l'effet wikipédia, recours au Jeu des Mille Francs !

Brève allusion à la pandémie, qui est une histoire ancienne et donc situe le roman dans un futur proche. de même que la polémique autour des humanoïdes. Et pourtant, on n'a aucune envie de classer le roman dans la catégorie SF.

La psychologie des personnages est subtilement mise en scène et le poids de l'exaltation collective démontre la fragilité de l'opinion personnelle face à l'irruption de sentiments refoulés.

La vie en collectivité dans une petite ville est bien cernée, avec les remous de conseils municipaux à haut risque, et la réputation des absents qui se construit entre les bacs à shampoings et le bar du centre-ville.


Très belle découverte d'un auteur lu pour la première fois mais pas la dernière.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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IndésirableErwan Larher

Saint-Airy, petit village français, conservateur, dans lequel on préfère se retrouver entre natifs du lieu. Là bas, tout ce qui est étranger ou étrange dérange.
Sam y achète une maison qui était à vendre depuis longtemps et cela ne plaît pas à tout le monde. Sam est un être différent, non genré, ce qui questionne et inquiète les habitants du village. Rapidement, deux clans se forment, ceux qui tolèrent, côtoient, voire admirent Sam, et ceux qui lui font porter tout ce qui a changé depuis son arrivée. Au cours du roman, le lecteur découvre Sam, être plein de ressources inattendues.
Un bon roman assez sombre qui aborde des thèmes sociétaux importants . Une écriture agréable et un parti-pris de l'auteur très intéressant pour d'une part faire ressentir aux lecteurs ce que ressent son personnage et aussi pour qualifier le genre neutre assez peu traité en littérature. J'aurais mis cinq étoiles à ce roman poignant mais je n'ai pas aimé la fin, je ne peux en dire plus sans en dévoiler plus que je ne voudrais. A découvrir !
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Sam Zabriski traverse le premier chapitre du nouveau roman d'Erwan Larher sans que l'on sache si c'est un homme ou une femme. Par réflexe, je l'ai imaginé homme. Puis, arrivée au troisième chapitre, je suis allée relire le premier pour vérifier et obtenir confirmation : à aucun moment le genre de Sam n'apparaît, une jolie prouesse d'écriture. Par la suite, nous apprendrons que Sam est neutre. Ni homme ni femme. Nous devrons nous adapter aux drôles d'articles et autres terminaisons grammaticales inventées pour permettre à ce genre neutre d'exister. Un peu ahuris, incrédules. Sourire sarcastique au coin des lèvres. Neutre ? Nan mais qu'est-ce qu'il ne va pas nous inventer... Il a fumé la moquette ou quoi ? Neutre, ça n'existe pas ! Et pourtant, Sam débarque bien dans le village de Saint-Airy, en plein coeur de cette France rurale qui oscille entre préservation des vieilles pierres témoins de son riche passé historique et nécessaire adaptation à la vie moderne. Les habitants sont bien moins accueillants que les lecteurs habitués aux facéties de l'écrivain et aux libertés offertes par la fiction, non les habitants ne rigolent pas, étranger et neutre, ça ne colle pas bien avec l'image qu'ils se font de la normalité d'une vie bien tranquille. Peu importe, Sam a l'habitude. Sam se méfie des humains. La chaleur, ce sont les vieilles pierres qui la lui apportent. Et justement, dans le bourg de Saint-Airy c'est le coup de foudre pour celle que l'on appelle La maison du disparu. Sam la ressent au plus profond de son corps, Sam la veut, Sam l'achète, Sam s'installe. Et Sam emmerde pas mal de monde.

Dans ce roman étrange et protéiforme, Erwan Larher fait de Saint-Airy une sorte de laboratoire d'étude de la société française et même de la communauté humaine. Sam est le corps étranger qui vient perturber les petites affaires du clan du pouvoir, un être sans passé, mystérieux et différent. Autour de lui vont se cristalliser toutes les haines, les convoitises et autres intolérances. Mais son arrivée va également influencer les initiatives, donner à certains le courage d'entreprendre et de changer les choses. Ce qui offre à l'auteur l'occasion de développer pas mal de thèmes sociétaux et politiques tout en s'appuyant sur des personnages et une intrigue à haut pouvoir romanesque qui flirte parfois avec le fantastique. Sam Zabriski a des accents du Nicholaï Hel de Trevanian, toutes proportions gardées. Sam est peut-être de ceux qui fuient, comme le fameux Jo qui se cache pas très loin de là (voir Pourquoi les hommes fuient ?), les mafieux ne sont pas l'apanage des grandes villes et les murs de pierres multi centenaires sont de parfaits abris pour les trafiquants en tous genres. Il y a les apparences, celles et ceux qui vont au-delà et les autres. Et dans ce texte foisonnant à la densité aussi intelligente que tourmentée il y a une profonde interrogation sur l'existence et sa réalité. Sur ce qui définit un être vivant. Un genre ? Un passé ? Une appartenance ? Des idées ? Un comportement ?

"Elle a l'impression que ça n'existe pas quelqu'un. Il y a des moments de quelqu'un, des facettes de quelqu'un, des instantanés de quelqu'un. Elle n'est jamais une, elle se sent multiple, mouvante."

Faire un bout de chemin avec Sam est une drôle d'expérience dans laquelle on retrouve avec plaisir quelques ingrédients de l'univers d'Erwan Larher en plus de croiser certains personnages de son précédent roman. A la fois nouvelle et ancrée dans une oeuvre qui se construit livre après livre. L'expérience d'un langage, d'une immersion dans un monde parallèle qui ressemble pourtant étrangement au notre. Cette expérience a quelque chose d'un peu désespéré par ce qu'elle reflète de la communauté humaine par le prisme d'un regard devant lequel semblent être passées trop de déceptions. de désillusions. Trop d'articles de journaux sur la Fête des fleurs. Sam a bien raison et je l'adore : "Il faudrait ne pouvoir vivre que des premières fois".
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Encore un ! Encore un roman d'Erwan Larher ! Bien sûr, je ne pouvais que sauter dessus. Et bien sûr, je ne suis pas déçue !

Cette fois, sa passion pour les vieilles pierres transpire de tous les pores de ses mots, de ses phrases. A commencer par le titre du premier chapitre, L'érotisme des vieilles pierres. Sam entretient avec sa maison une relation charnelle et lorsqu'on connait un peu l'auteur, on sait qu'il ne nous dit pas de sottises quand il s'attaque au sujet de la rénovation d'un vieux logis.

Mais revenons à la source. Sam jette son dévolu sur une maison, non, plutôt une belle bâtisse ancienne à rénover dans les règles de l'art. Elle se trouve dans le village de Saint-Airy, un bourg français comme un autre, pas pire, pas mieux, peuplé de gens qui se méfient des étrangers surtout s'ils ne ressemblent ni à une femme, ni à un homme. Ce Sam Zabriski est un être énigmatique, qui surprend, fait frémir ou sourire, voire inquiète. Comme un pavé dans la mare, il va modifier la vie de cet endroit, et l'auteur va en profiter pour écorner ce qui lui déplait, non sans humour.

Sur un petit air de thriller (des morts, un vol de lingots, des mafieux très dangereux), quelques notes politiques (une élection municipale avec une liste participative), une petite ballade chez des habitants, dignes représentants de la diversité du genre humain, quelques clins d'oeil à Francis Rissin ou à son roman précédent Pourquoi les hommes fuient ? et le tour est joué. On enchaîne les courts chapitres les uns derrière les autres, on ne se ménage pas beaucoup de pauses, on en reprendra bien quelques pages, allez un petit chapitre supplémentaire, et voilà, on avale ce roman, l'air de rien, comme si l'on sirotait une bonne bière. Parce que c'est bon, c'est gouleyant, c'est surprenant, c'est vivant !

Je suis toujours amoureuse de cette langue, c'est un des rares auteurs qui m'oblige à ouvrir un dictionnaire, il joue avec les mots, s'amuse à transformer des adjectifs en verbes, il est inventif, il manie l'art du dialogue à la perfection et sublime trait de génie : il crée une langue pour transcrire le neutre, ni féminin, ni masculin ou les deux à la fois, à l'heure de l'écriture inclusive, c'est plutôt jubilatoire.

Encore un bon cru, mais existe-t-il des mauvais crus dans la cave Larher ?
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Sam Zabriski aime les grosses voitures et rouler vite. Il cherche un endroit où installer sa carcasse au sexe indéterminé, ni lui ni elle, donc iel, lae, pronom et article qui le désigneront tout au long du texte sans souci de la fatigue du lecteur qui ne manquera pas de survenir. Il jette son dévolue sur des vieilles pierres à retaper dans le village de Saint-Ary, bénéficiaire d'un passé historique dont il souhaite contribuer à raviver les couleurs. L'étranger au sexe indéterminé aura bien du mal à se faire accepter par la population, mais c'est sans compter sur sa détermination farouche à bousculer le ronron d'une municipalité qui cède trop volontiers au consumérisme moderne en effaçant sans vergogne toute originalité historique de la cité. Les événements qui adviennent, branquignoles à souhait le propulsent, à l'occasion de nouvelles élections dans la nouvelle équipe municipale qui oeuvre à la réhabilitation du passé historique de Saint-Ary.
La difficulté à faire accepter sa différence est patente et la présence de Sam est jugée de plus en plus indésirable par la population, malgré le petit cortège de fidèles qu'il parvient à conquérir. Au coeur de l'actualité de l'écriture inclusive pratiquée ici, ce roman laisse un goût amer d'intolérance pour celuielle qui n'est pas dans la norme.
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J'ai toujours rêvé de caler « protéiforme » dans une chronique et j'ai trouvé le roman parfait. Avec un « grand » mot comme ça, immédiatement ton petit avis gagne en crédibilité et en légitimité.

Dans « Indésirable », Erwan Larher mélange les fils narratifs et livre un roman protéiforme qui n'entre dans aucune case, si ce n'est celle du roman addictif.
Est-on face à un roman sociétal ? un polar ? une fiction politique ? Peu importe après tout. Peu importe, tout comme le sexe du personnage principal, Sam.

L'installation de Sam dans le village de Saint-Airy va venir remuer bien des choses. Ici tout est un peu figé, très traditionnel, très archaïque même. le conseil municipal fait la pluie et le beau temps, les notables mènent leurs petites magouilles, si besoin on ferme les yeux sur les maris violents, on regarde d'un sale oeil ceux qui mangent bio, etc… Alors l'arrivée de Sam dont on n'arrive pas à savoir si c'est un homme ou une femme, autant vous dire que ça n'a pas fini de faire parler, d'alimenter les conversations au café comme chez la coiffeuse, de perturber l'entre soi et la routine qui convient à certains. Les tensions ne vont faire qu'augmenter pour finir en véritable guerre.

Un roman très riche dans lequel Erwan Larher va intelligemment aborder un large panel de sujets qui font notre époque : l'identité sexuelle, l'altérité, la différence, l'intégration, le changement politique, la possibilité d'une autre forme de gouvernance. Un fourmillement de questions sociétales et politiques qui sont autant de fils conducteurs dans cette histoire qui brouille les pistes en se présentant dans un premier temps comme une simple querelle à Clochemerle.
Rythmé, fin, amusant, insolent, plein de trouvailles, « Indésirables » ne vous lâche pas et nous rappelle au passage que le collectif peut engendrer le pire comme le meilleur.

Impossible de ne pas conclure en parlant de l'écriture et du tour de force de l'auteur qui jamais ne fera de faux pas, jamais ne tranchera entre le « il » et le « elle », choisissant le « iel », déroulant toute la grammaire et la syntaxe qui vont avec.
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Je me souviens de l'été 2019 (et oui déjà !!) où j'avais été éclaboussée par une évidence qui confirmait l'appartenance d'Erwan Larher à cette famille d'écrivains qui : (je me cite… waouh…)
« détient l'art du maniement des mots, du maniement des pages, de la typographie, de l'écriture, qui sculpte des personnages, qui façonne la langue afin que le lecteur puisse s'interroger et questionner le monde »
Et là… rebelote !
De nouveau, un objet littéraire est né !
Ben oui il est fort notre affranchi!
Il parvient encore une fois à questionner intelligemment notre société, mène une intrigue qui nous tient en haleine jusqu'au bout entre le polar et le SF, dans ce village perdu au milieu de nulle part.
Dans cette satire sociale, le mystérieux Sam, être indéfini, va acquérir la maison du disparu pour la rénover. Mais l'arrivée de cet étranger dans ce trou pommé va faire jaspiner !!
Altérité, identité sexuelle, politique, pouvoir, refoulements, intolérance, attractions, tout y est et c'est jubilatoire.
Une intrigue haletante, une écriture intelligente extrêmement travaillée, ou si elle ne l'est pas, cela relève du génie car il est rare de voir un auteur manier le verbe de cette façon.
On se délecte d'anecdotes, du jeu avec les mots et notre grammaire. Erwan Larhrer manipule subtilement les néologismes… et il nous embarque.
C'est à lire !!!

Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Roman débutant classiquement par l'arrivée d'un personnage dans une petite ville provinciale sur le déclin, Saint-Airy, le nouvel opus d'Erwan Larher va bien évidemment réserver quelques surprises au lecteur. Sam, dont on devine entre les lignes une carrière au théâtre et une autre moins avouable, tombe en amour d'un vieux logis, la maison du Disparu, l'acquiert et la retape avec goût.

Hélas son arrivée et son installation vont intriguer, gêner, comme un petit caillou dans la chaussure. Il faut dire que le physique de Sam est particulier, et les braves gens aiment bien caser les gens dans des catégories.

Et c'est parti pour des péripéties attendues ou pas, une joyeuse critique sociétale, des élections municipales, des coups fourrés, des trafics louches (qui l'eut cru, dans ce coin justement trop tranquille?), un épisode de L'amour est dans le pré, un poil de mystère dans les sous-sols. le tout en usant d'une écriture dense, drue, inventive mais fluide.

Sans oublier les réactions face à la différence. Jusqu'ici, j'ai été futée, sur trois paragraphes je peux le faire, mais avec Sam il a fallu utiliser iel et des terminaisons neutres qui passent très bien et que j'ai trouvées harmonieuses. Oui, le français et ses accords...

On l'aura compris, j'ai dévoré le roman, un bon cru, et l'on peut dire 'mâtin, l'auteur est égal à lui-même pour dézinguer ce qu'il n'aime pas et raconter une histoire mais il se renouvelle dans son inspiration, jamais là où on l'attend'.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Ou la fluidité de l'identité vient troubler, réinventer, le sens de la communauté. Sam Zabriski, par fascination pour les ruines, s'installe à Saint-Airy. Sa neutralité du genre donne lieu à une étude hilare d'un petit village. Erwan Larher s'en donne à coeur joie dans la caricature, dans le pastiche du roman provincial et rural, pour doucement faire basculer son lecteur dans un roman oscillant entre le thriller et le roman politique : l'invention d'une autre communauté et ses troubles et égoïstes financements.
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Je ne comprends pas l' unanimité des critiques de ce livre qui, selon moi, passe complètement à côté de son prétendu sujet. Quelle déception de voir autant de descriptions ultra-détaillées de l'architecture du village et aussi peu de développement de l'architecture de la pensée humaine et de cette implacable besoin de classer les humains selon 2 genres.
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