Changer de vie. Voilà le rêve d'Adam Sijilmassi qui pourrait être celui de tout un chacun. Adam est ingénieur à l'Officce des bitumes du Tadla, il n'a rien à envier à personne : bonne situation professionnelle et le salaire qui va avec, appartement de fonction, vacances à Marrakech, la panoplie du bon employé prometteur ; jusqu'au jour où, au dessus de la mer d'Andaman, Adam réfléchit à sa vie. Pourquoi courir ainsi, vivre à cent à l'heure ? Que fait-il dans cet avion au milieu d'hommes d'affaires comme lui tous vêtus de la même façon ? C'est une crise existentielle qui commence à faire rage à l'intérieur de lui.
Retour sur Terre, aéroport de Casablanca, il va rentrer chez lui retrouver sa femme Naïma, qui n'aime chez lui que sa situation, inculte mais déterminée, il s'en va donc lui annoncer la « bonne » nouvelle : il va démissionner de son poste et ralentir, retourner à la « vraie vie ». A partir de là les situations cocasses vont se multiplier, et la première commence à l'extérieur de l'aéroport, il compte rentrer à pieds !
Les complications ne font donc que commencer. L'épouse, croyant son mari devenu fou, appelle sa mère à la rescousse puis finit par le quitter embarquant le chat avec elle par la même occasion. Adam ouvre les yeux et se rend compte que dorénavant il n'est plus rien aux yeux des autres et après moult questionnements part sur les routes, sur les chemins et atteint son Azemmour natal et la maison familiale où un étrange culte se met en place après son arrivée. Ne sortant guère, se nourrissant peu et passant le plus clair de son temps dans les livres laissés par son grand-père il découvre la philosophie arabe et en oublie son éducation française, ses mots de grands penseurs français qui envahissaient sa tête. D'ailleurs la partie la plus intéressante est bien l'échange de point de vue entre Adam et son cousin Abdelmoula.
Descendant d'une famille renommée Les Sijilmassi et de leur fameuse baraka, Adam verra sa personne utilisée à des fins politique et religieuse, d'un côté par la police secrète du Makhzen et de l'autre par les islamiste. Un maelstrom dans lequel il finira par se perdre lui-même.
Malgré mon désir de vous en raconter davantage il me faudrait des lignes et des lignes pour vous transmettre chaque sensation, rire, étonnement. Ce récit aux allures de conte nous donne à réfléchir sur le sens de notre vie, les frivolités qui prennent tant d'espace et ce retour à l'essentiel et à nos racines qui est parfois difficile à accorder avec notre mode de vie. Quant à la place de la religion et de la philosophie dans la tête de cet ingénieur finit par lui faire perdre le sens des réalités. Des scènes cocasses frôlant parfois l'absurde donnent du plaisir à la lecture, et ce personnage attachant qu'est Adam se pose surement trop de questions au lieu de penser simplement à vivre.
C'est un beau et joyeux voyage dans ce Maroc aux multiples visages, dans ce mélange de culture qui pose tout de même la question de l'identité.
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