Un grand merci à ma fille pour avoir déniché ce livre édité en 1937 et écrit par mon père. J'ai été agréablement surprise par la qualité de l'écriture, les desriptions poétiques et la puissance des évocations capables de mettre tous les sens en éveil.
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Elle aurait voulu rester là, blottie dans un coin de ces parcs dont les grands arbres séculaires ployaient sous le vent, et le tonnerre qui tant l’effrayait d’habitude, lui devenait maintenant plus acceptable. Il donnait la note de ses pensées agitées et reflétait bien son âme. Elle trouvait que ce mauvais temps qui escortait son retour était le seul convenable, le seul digne de faire cortège à sa profonde tristesse. Comme la nature, elle subissait les rafales d’une tempête qui, pour être intérieure, n’en restait pas moins violente.
Madame Delay et sa fille trouvèrent un air particulièrement imposant au splendide hôtel Renaissance, que Mr Dubarry avait appelé "sa maison". Une lourde porte de fer forgé s'ouvrit devant elles avec une lenteur solennelle, la lenteur d'une marche nuptiale, comme si elle avait conscience de son rôle de gardienne du sanctuaire où régnait dans le silence, en souveraine, la beauté, ou bien, comme si elle regrettait de livrer des trésors aux yeux des profanes.
Au crépuscule, dans l’atmosphère où se jouaient les bruits confus de la vague, sous les senteurs balsamiques de la dernière amasse, leurs lèvres en s’unissant, leur révélèrent le secret de leur coeur. Le temps n’existait plus et tous deux buvaient à la coupe du bonheur.
- Y a-t-il longtemps que vous attendez, Fernand ? Suis-je en retard ?
- Raymonde, vous n’êtes jamais en retard, puisque vous êtes toujours avec moi, cependant, en vous attendant, je pensais à quelque chose de grave.
- De grave ?
- Oui, je n’ai pas osé vous en parler jusqu’à ce jour et il me semble que, de vous le dire, cela me soulagerait. J’ai là un grand poids qui m’étouffe. Et Fernand montrait son coeur.
Ici, près du grand Océan, le confident de ses secrètes pensées, sous la faible crainte que fait naître en elle son murmure, elle vient se reposer du travail de l’année passée et prendre de nouvelles forces pour les efforts de l’année à venir. Dans le choeur des bruits confus et enveloppants des eaux, elle berce, pour l’endormir, sa grande peine.