Le
sport en Chine dossier n°3
700 000 000 de sportifs l'ouverture
portrait de MAO porté dans rues au cours d'immenses manifestations - survol du stade - GP
GUY LAGORCE journaliste "France Soir"
interview 1969 athlètes entrant dans gymnaste - extrait match basket ball haltérophilie - spectateurs - BT saut hauteur NICHICHIN - avril 71 délégation pongistes
américains en CHINE - athlètes se faisant masser sur stade - suite...
Julien Cazals jeta un coup d’œil sur sa montre, plaça un disque de Miles Davis sur la platine, s'assit droit et raide sur une chaise et écouta, immobile.
Pour lui, dans cette musique, il était toujours cinq heures du matin à New York. L'heure où la ville est froide, nue et où une vapeur tremble au ras de l'asphalte. Musique de l'urgence, des agonies, blues de la peur et pourtant musique de l'espérance ; mais de l'espérance sans illusions. On imaginait, suspendu sur la ville, le disque d'un soleil froid, débranché, un soleil bleu, un soleil électrique. C'était un supplice, un glissement immobile vers une fin, un retrait morose et délectable qui, par fulgurances, s'épanouissait en extase.
Raymonde regarda son mari descendre les marches. Elle se disait qu'il n'était pas mauvais homme mais que son défaut, c'était d'être un envieux. Et quand on est envieux, il n'y a pas moyen d'être vraiment heureux un jour.
Dans les villages, aux veillées, on parlait à voix basse en regardant mourir le feu de « forces importantes et bien armées, entraînées par des parachutistes américains et anglais, massées dans la forêt de Cublac ». On en parlait comme on parle des choses lorsqu’on veut qu’elles arrivent : avec une ferveur d’autant plus forte qu’elle ne repose sur aucune réalité.
Il a fallu pour revivre cela y plonger sans précaution, la tête la première. Mais pour redevenir un enfant, encore faut-il l'avoir été. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Alors que certains la renient - c'est pourtant à mon sens aussi vain que d'essayer de sauter hors de son ombre -, j'ai toujours été de mon enfance comme d'autres sont d'un pays... Il m'a suffi de laisser flotter les rubans au fil de la mémoire.
Il cultivait maintenant la mélancolie légère, et s'efforçait de ne jamais sombrer dans la gravité qui en est le continent le plus proche. Peut-être, à la fin, ne lui restait-il plus aujourd'hui que le meilleur de lui-même. Il est ainsi des natures longues à se décanter...
Monique ne pouvait pas le savoir. Et Julien, peu porté d'ordinaire à observer sa propre trajectoire - il craignait trop de s'ennuyer ou de ne plus s'y retrouver -, ignorait qu'il abordait au rivage de la sérénité
Et le lui aurait-on dit, qu'il aurait répondu : "Trop tard !"
Bien avant qu'ils fussent édités en France, Julien s'était procuré les "principes politiques philosophiques, sociaux et religieux" de l'ayatollah Khomeiny. Julien relut le début d'un de ses articles qui commençait par une déclaration de l'iman traduite par un de ses fidèles. L'article avait fait quelque bruit à l'époque : " Si on appliquait pendant une année seulement les lois punitives de l'Islam, on déracinerait toutes les injustices et les immoralités dévastatrices. Il faut châtier les fautes par la loi du talion : couper la main du voleur, tuer l'assassin et non pas le mettre en prison, flageller la femme ou l'homme adultère. Vos égards, vos scrupules "humanitaires" sont plus enfantins que raisonnables. Au terme de la loi coranique, n'importe quel juge réunissant sept conditions : être pubère, croyant, connaître parfaitement les lois coraniques, être juste, ne pas être atteint d'amnésie, ne pas être bâtard ou de sexe féminin, est habilité à rendre la justice dans n'importe quel cas. Il peut aussi juger et régler en un seul jour vingt procès différents, quand la justice occidentale met plusieurs années à les aborder..."
Un article éclairant après lequel bien des confrères avaient commencé à regarder la révolution islamique d'un autre œil.
"Ça va mieux, répéta Monique. Mais avec toi - je veux dire avec Antoine et toi -, on ne savait jamais. Je n'ai jamais su si vous vous aimiez ou si vous haïssiez. Vous n'en saviez probablement rien vous -mêmes. Je ne comprends rien à ces sentiments-là... à votre violence.
- Demande à l'index s'il aime l'annulaire. C'est la même question.
- Un peu facile, Julien, non ?
- Non, Monique, dit-il avec un sourire amer. Et entre les deux il y a le majeur. Le majeur c'était toi. Tout ça vivait ensemble. Un jour on nous a amputé le majeur... et puis il a repoussé... et puis... Il n'existe pas de cure de désintoxication sentimentale. Tu le sais bien.
A trente-cinq ans Pierrot n'avait pas d'âge. Fils de métayers alcooliques du domaine de la Larnaudie, il s'était retrouvé orphelin un beau soir à l'âge de douze ans, son père - au plus aigu d'une cuite un peu rude - ayant tiré à bout portant dans la tête de sa mère une cartouche de chevrotine dévastatrice avant d'aller se pendre (avec d'ailleurs paraît-il, beaucoup de difficultés) à la branche maîtresse d'un châtaignier.
Il ne s'était pas passé un seul jour sans que remonte la marée des souvenirs
Vous ne savez de l'amour que le mal qu'il peut faire. Vous aimez vos douleurs