D'après Grétry, la musique est un art d'imitation. Il le formule avec toute la netteté possible. Et sa thèse sera certainement reçue comme le comble du
paradoxe par les nombreux esprits qui se sont accoutumés à penser, tout au contraire, que la musique n'est pas un art d'imitation et que la place qui lui revient est à côté de ces arts, tels que l'architecture, la géométrie, qui créent ou composent des formes sans modèles dans la nature. La peinture, la statuaire reproduisent aux yeux des objets visibles. La poésie reproduit ces objets invisibles, mais parfaitements définis, qui sont les sentiments humains.
S'il est vrai, comme on se plaît à le dire, que l'opéra-comique soit, entre tous les genres musicaux, le genre "éminemment français ", français par excellence, il n'y a jamais eu de compositeur plus français que Grétry. Grétry est le roi, il est le dieu de l'opéra-comique.
Son plus haut rival y est Monsigny. Et Monsigny a sans doute des notes de sensibilité et de tendresse qui ne sont qu'à lui. Mais Grétry a la verve plus grande et la tête plus forte.