L'urgence de l'éphémère

Un titre que j'ai aimé, tant il exprime une vérité qu'on a parfois tendance à oublier : il est toujours urgent de profiter de ce qui ne durera pas forcément, on ne sait pas toujours ce qui se révèlera éphémère. Une couverture toute douce où deux silhouettes sont dessinées au crayon blanc sur un fond maritime. Une enfance en Bretagne. Tout ce qu'il fallait pour accepter cette lecture pour laquelle je remercie l'auteur.

Charlotte a passé une enfance heureuse en Bretagne, entourée de sa famille et de ses deux amis d'enfance. Et pourtant aujourd'hui, mère célibataire, elle vit à Paris et n'a pas revu les siens depuis 10 ans. Mais quand sa mère l'appelle au chevet de son grand-père malade, elle n'hésite plus.

J'ai aimé la façon dont l'auteur nous présente Charlotte, entre présent et passé. Un présent, peu conforme à ce qu'elle souhaitait, cependant riche de l'amour qu'elle porte à sa fille, riche aussi d'amitiés et d'entourage bienveillant. Mais la banlieue parisienne a du mal à rivaliser avec les paysages de son enfance. le passé, c'est cette enfance merveilleuse en Bretagne Sud, entre des parents et grands-parents aimants et attentifs, deux amis à la vie à la mort, on les appelle les trois mousquetaires.
Les chapitres alternent entre ces deux périodes, pour nous raconter à la fois les retrouvailles quelquefois faciles, quelquefois plus compliquées de Charlotte avec les siens, et les raisons qui l'ont amenée à les fuir.

Les chapitres racontant l'enfance heureuse de Charlotte sont pleins de douceur, les liens familiaux et amicaux très forts qui emplissent sa vie sont décrits avec beaucoup de bienveillance. Une enfance rêvée, en Bretagne en plus, pleine d'embruns. Et puis, après le bac, à quelques mois d'intervalles, deux évènements vont briser ces liens, d'abord ceux avec ses amis, puis ceux avec sa famille, particulièrement son père et son grand-père. Et c'est là qu'est mon gros bémol sur ce livre, je n'ai pas pu croire que ces évènements soient assez graves pour entrainer une brouille si durable, surtout celui qui sépare les amis d'enfance. En dix ans, ils ne se recontacteront pas une seule fois, aucune tentative d'explication, je n'ai pas compris.
La raison pour laquelle elle est chassée du domicile familial est certes plus grave, et peut donner lieu à une rupture, mais dix ans, la naissance d'une petite fille et sa mère, restée en contact avec sa fille, ne cherche pas à faire sa connaissance. Là aussi je n'ai pas compris.

C'est dommage, car le livre aborde un certain nombre de thèmes, le deuil, la reconstruction, les choix qui peuvent modifier complètement la direction que l'on prend, les difficultés de la vie de mère célibataire. Il y a de très belles pages sur les relations de Charlotte et sa grand-mère, l'aide apporté par le père de Charlotte à sa belle-mère, comment il va l'aider peu à peu à reprendre pied. Et puis cette chanson qui est celle du roman : « le sens de la famille » de Grand Corps Malade et Leïla Bekhti.

A noter que les critiques que j'ai lues après avoir écrit la mienne, ne mentionnent pas ce bémol que j'ai moi, si fortement ressenti.