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EAN : 9782874664489
281 pages
Jourdan (18/05/2017)
3/5   2 notes
Résumé :
Ces vérités qu'on a préféré oublier, les zones d'ombre de 14-18 !
Dans ce livre, l'auteur tire le voile de la bien-pensance pour nous proposer une vision plus juste, mais moins glorieuse, de ce que fut vraiment la Grande Guerre :
- l'alcoolisation massive des combattants qui rendit possibles des carnages.
- le retard chronique de l'armée française et l'impéritie des grands chefs.
- la maltraitance accrue du Poilu par rapport au solda... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Bien qu'il se passionne depuis toujours pour la Première Guerre mondiale, Gian Laurens n'est pas historien : ingénieur et socio-psychologue, chercheur en sciences humaines (selon les rares informations sur la Toile). Les propos de "14-18 La réalité cachée" ne suivent pas un cheminement chronologique ni une apparente cohérence : "Il y a pourtant dans ces miscellanées, un fil d'Ariane, la Grande Guerre, et un esprit fédérateur, à savoir mon intention de traiter de ce que j'ai trouvé dans ce conflit de particulièrement inepte, injuste, étrange et souvent négligé par beaucoup [...]." Ce travail s'appuie sur une bibliographie imposante détaillée à la fin, une bonne centaine d'éléments.

Malgré le respect qu'il faut, dans un silence recueilli, manifester pour ceux qui se sont sacrifiés, ou qu'on a sacrifiés, l'heure est aussi de dire ce que taisent les monuments à la gloire des disparus : l'impréparation de l'armée française en retard d'une guerre (qui serait chronique pour l'auteur), l'impéritie des généraux, l'intransigeance extrême de Clemenceau qui aurait suscité l'esprit revanchard des Allemands. La France ne s'est jamais remise de la Grande Guerre, affirme Gian Laurens. L'Europe non plus. Ces vues peuvent paraître faciles, après coup, trop dures envers ceux qui ont «fait leur possible», «fait leur devoir», mais ces développements ne manquent pas d'éclairer, en dépassant des tabous.

Il convient d'être sélectif dans le compte-rendu d'un ouvrage de trois cents pages. Laissons de côté les navrantes "extases cocardières", l'ultranationalisme soudain des plus pacifistes en 1914, les erreurs d'armement et d'équipement, les réflexions politiques sur le morcellement européen après 1918 (toujours en cours), les Russes décisifs à l'est (douze millions d'hommes), les maux nouveaux (obusite, gueules cassées,...), l'apanage allemand des atrocités, la grippe espagnole, tous sujets bien approfondis par le livre, pour ne retenir que deux aspects.

Le rôle des femmes est méconnu et surtout non reconnu. Rôle de substitution joué par les épouses, filles et parentes d'agriculteurs, par les isolées obligées de travailler pour vivre. L'Appel aux françaises lancé par René Viviani en août 1914 signe l'urgence et exhorte les femmes: "... il n'y a pas dans ces heures graves, de travail infime". On n'enregistra pas de pénurie dans la production ni disette majeure dans la consommation durant le conflit. Cela ne valut aux femmes aucune reconnaissance officielle, il faudra attendre l'implication féminine dans la Résistance durant la deuxième Guerre Mondiale pour que leur rôle actif soit évoqué. Au contraire, en 1919 c'est la glorification des valeurs viriles et les incantations natalistes (repeupler!) qui les incitent à rester mères au foyer avec de nombreux enfants: "... on ne reconnaît pas que la victoire de 1918 est aussi celle des femmes qui ont tenu l'économie de guerre à bout de bras pendant plus de quatre ans". Quand les canons se sont tus, elles furent licenciées sans préavis ni indemnités et soupçonnées d'avoir été licencieuses dans leur esseulement.
Mais les femmes de 1919 ne sont plus celles de 1914, l'avenir le montrera.

L'alcool: "... si les soldats étaient restés sobres, la guerre aurait-elle duré si longtemps ?" Les abondantes vendanges du Midi dans les années précédentes facilitèrent le recours au vin, parfois de manière officieuse et mêlé à des alcools forts. Joffre et Pétain ont salué le rôle du "Père Pinard" car ils y voyaient un auxiliaire intéressant. Les soldats auraient pu y voir l'inconvénient de faire ce dont la lucidité les écarterait... Suivant François Cochet ("Guerres et conflits contemporains", 2006), il serait simpliste de penser que le soldat combat grâce au vin, il y a d'autres raisons: grandeur et défense de la patrie (chez les intellectuels surtout), sens du devoir, camaraderie de tranchées, fidélité aux morts.

Ambivalent et hypocrite, l'état-major ne trancha jamais entre avantages et inconvénients de l'alcoolisation. Ainsi devant les désertions provoquées par l'alcool, il fut spécifié que le soldat saoulé pour se rendre incapable de servir serait davantage puni que l'ivresse involontaire. Cette disposition ne fut jamais appliquée, car techniquement insoluble.

La quantité de vin réquisitionné s'élève à quatre millions de litres par jour ! Impossible d'en déduire une consommation individuelle, car une partie officieuse non répertoriée alimente les soldats au repos.

L'alcool fut aussi intensément présent du côté allemand comme l'attestent flasques et cruchons retrouvés : "On veillait soigneusement à ce qu'il n'y ait jamais rupture de stock".

Gian Laurens conclut à ce propos: "...on doit reconnaître que, finalement, il y eut pour l'état-major plus d'avantages pour conduire dans l'instant sa guerre, que d'inconvénients qui furent différés après le conflit et délégués à la société civile": parmi ceux-ci, l'alcoolisme qui, par contagion, s'étendit aux non anciens combattants.

Autre constat, avec la Grande Guerre, advient une transformation culturelle majeure, le vin devient boisson de tous les Français, ou presque, et parallèlement, la langue française voit une unification nationale suite à la régression des parlers régionaux.

Un chapitre concernant le consentement à la guerre, "massif et tacite", des mobilisés reprend les mots de la Boétie sur la servitude volontaire extrême: "c'est le peuple qui s'asservit, qui consent à son mal" (1546). Ce constat troublant qui voit les humains, oublieux de leurs intérêts, se soumettre à la volonté d'un seul ou de quelques maîtres peut s'apparenter à la «peste émotionnelle» analysée par Wilhelm Reich dans "La psychologie de masse du fascisme" (1933). Dans ce contexte, Gian Laurens considère deux travaux plus récents, l'immanquable Henri Laborit avec "L'inhibition de l'action" (1979) et "La soumission librement consentie" (1998), de Beauvois et Joule.

Je n'ai pas adhéré à tout dans cette étude. Des chercheurs tentent d'établir des différences culturelles sur la perception du temps et de l'espace entre Allemands et Français, mais ces travaux portent sur des faits plus récents que la Grande Guerre. Les extrapolations faites dans le livre envisagent que polychronie, rythmes inconsistants, attentes prolongées seraient plutôt français, alors qu'organisation rationnelle et capacité à relativiser les ordres seraient plus allemands. (Edward et Milfred Hall).

Revenons un instant à ce "monument écroulé, que l'écho seul habite, poussière du passé, qu'un vent stérile agite" (les vers De Lamartine).
Devant ce calme, cette paix, ce recueillement, nous ne comprenons rien de la guerre, et ceux qui l'ont faite voudraient sûrement qu'on sache ce qu'ils ont vu. Pourquoi pas de vrais monuments de l'authenticité ? (article complet sur le blog).
Lien : https://christianwery.blogsp..
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L'auteur annonce d'emblée qu'il n'a pas fait de plan.
Effectivement, on passe un peu du coq à l'âne, tout en abordant bien d'autres sujets que la guerre de 14-18.
Ce n'est un pas intéressant, mais, outre que c'est assez littéraire avec bien des longueurs, on reste sur le sentiment de tromperie sur la marchandise.
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