Emue et intriguée par "
La petite danseuse de quatorze ans", la statue de cire de Degas devenue célèbre dans le monde entier, l'auteure a voulu savoir qui était cette jeune fille qui avait servi de modèle à l'artiste. Degas est connu pour ses nombreux tableaux représentant des danseuses. Quand il n'était pas à son atelier il passait des journées entières dans les coulisses de l'Opéra à observer et dessiner les mouvements de ces jeunes corps pris sur le vif. En 1878, il change un peu ses méthodes et se lance dans la sculpture.
La petite danseuse, c'est Marie van Goethem. Comme beaucoup de filles issues d'une famille très pauvre, Marie devient petit rat de l'Opéra, ainsi que sa soeur aînée Antoinette. C'est pour leur mère l'assurance de leur trouver un riche protecteur. En effet la plupart des messieurs qui assistent aux représentations de l'Opéra ne sont pas là pour l'amour de la danse mais plutôt pour reluquer les jeunes danseuses en tutu. L'Opéra à cette époque était un vrai lieu de débauche ; il était de bon ton pour les hommes d'un certain milieu d'entretenir une danseuse : cela prouvait qu'ils avaient de la fortune. Les plus jolies et les plus chanceuses n'auront pas de mal à plaire à un de ces messieurs ; les autres finiront dans un bordel. Degas, lui, est très loin de ces considérations ; ce qui l'intéresse ce sont les danseuses qui peuvent lui servir de modèle. C'est tout. Il vit seul, fréquente peu ses semblables et surtout pas la gent féminine. Lorsque la statue de la petite danseuse sera exposée pour la première fois en 1881, elle va faire scandale. On va lui trouver "des traits de criminelle", "l'air profondément vicieux". L'anthropologie, en plein développement à l'époque établissait un lien entre l'aspect physique et les qualités morales et intellectuelles des êtres.
La petite danseuse de quatorze ans n'est pas un roman, mais plutôt un essai.
Camille Laurens a cherché tout ce qu'elle pouvait trouver pour reconstituer la vie de Marie, mais il existait peu d'éléments. On sait qu'elle fut renvoyée de l'Opéra en 1882 à cause de ses absences : bien sûr elle ne pouvait pas à la fois être à ses cours de danse et dans l'atelier du sculpteur.....Ensuite Marie disparaît, ne reste d'elle que sa représentation en cire. de ce fait, on en apprend beaucoup plus sur les moeurs de l'époque, la condition des femmes et des filles, le milieu de la danse et surtout sur celui des artistes peintres et sculpteurs, particulièrement sur Degas et sa façon de travailler, que sur Marie. le récit est très documenté, l'auteure s'appuyant sur des écrits de contemporains du peintre tels que
Balzac,
Théophile Gautier, les frères Goncourt, et sur des lettres de Degas lui-même.
Un petit livre de 178 pages seulement qui se lit très vite, passionnant de bout en bout, mais j'espérais en apprendre plus sur cette petite danseuse.
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