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3,5

sur 386 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous avons tous en tête tous la sculpture de Degas, reproduite à de très nombreux exemplaires .Mais qui connaît l'identité de la petite danseuse de quatorze ans qui posa pour le sculpteur ?
Dans cette enquête, Camille Laurens s'attache à retracer la vie en en apparence "minuscule" de Marie van Goethem et, à travers elle,à brosser le portrait de toutes ces petites filles pour qui la danse représentait plus un moyen de survie ,via l'exploitation éhontée de leurs corps, qu'un art exaltant.
L'auteure s'attache aussi à la manière dont l'oeuvre elle-même a été accueillie, de manière très violente au début, avant de connaître une renommée mondiale.
Très documentée , tour à tour émouvante et révoltante, cette enquête analyse aussi les relations entre l'artiste, son modèle et la manière dont une oeuvre est reçue par le public. Un document passionnant qui se dévore comme un roman.
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Vous connaissez peut-être Camille Laurens pour son roman Celle que vous croyez. Personnellement, je l'ai beaucoup vu sur la blogosphère littéraire, avec des commentaires souvent très positifs et je souhaitais découvrir l'auteur par ce titre.

Loupé ! le hasard fait souvent les choses autrement et j'ai reçu un récit totalement différent, La Petite Danseuse de Quatorze Ans, en service presse numérique. Merci Net Galley et les éditions Stock.

Attention, La Petite Danseuse de Quatorze Ans n'est pas un roman mais plutôt un essai, un compte-rendu des recherches de l'auteur. D'ailleurs, à la fin du livre, Camille Laurens vous explique pourquoi cette sculpture de Edgar Degas l'a interpellée et poussée à faire des recherches. Si vous êtes un amoureux d'art, vous trouverez aussi une bibliographie assez importante.

Vous l'aurez compris, pour apprécier sa lecture, il faut aimer l'art mais il n'est pas nécessaire d'être un fondu de sculpture pour adhérer.

Dès la première phrase, Camille Laurens donne le ton et le lecteur est plongé dans sa lecture.  « Elle est célèbre dans le monde entier mais combien connaissent son nom ? On peut admirer sa silhouette à Washington, Paris, Londres, New York, Dresde ou Copenhague, mais où est sa tombe ? »

Le texte très visuel ne pèse que 176 pages mais il vous immerge totalement dans le monde de la danse et celui de la sculpture. On ne peut que se rendre compte à quel point ce sont deux domaines aussi terrifiants qu'exigeants, demandant de nombreux sacrifices. Notez que le récit se déroule à la fin du 19ème siècle et que, s'il reste difficile de vivre de son art, certaines choses ont certainement, beaucoup évolué ! En tout cas, je l'espère car certains passages font froids dans le dos. Je n'imaginais pas qu'à l'époque, la majorité sexuelle venait de passer de 11 à 13 ans et que certaines prostituées étaient à peine pubères.

J'ai été malheureuse pour Marie, le modèle, et scotchée par l'histoire (valable pour de nombreuses autres oeuvres, j'imagine aisément) de cette sculpture. D'abord très mal reçue lors de sa première exposition, lors du salon des refusés de 1881, La petite danseuse de quatorze ans sera d'abord jalousement gardée par Degas, vexé, puis vendue aux Etats-Unis. Aujourd'hui, l'artiste est connu et reconnu et on peut admirer plusieurs copies de la sculpture dans le monde entier...

Étonnée par la facilité avec laquelle j'ai lu ce livre court, je ne peux que le conseiller d'autant que les amateurs de lectures classiques y trouveront plusieurs références littéraires. (Théophile Gauthier et Emile Zola, entre autre)



Lien : https://lireparelora.wordpre..
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Camille Laurens nous offre un livre atypique sur la petite danseuse de Degas. Elle nous livre ses recherches sur cette jeune danseuse et enfant ainsi que ses propres réflexion sur l'expérience que cette dernière a vécu. Entre essai et roman les pages se tournent facilement tandis qu'elle donne corps à une des oeuvres les plus connues et décriées du grand peintre mais aussi sculpteur qu'était Degas.
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Très beau livre sur l'art, une oeuvre d'art, sur l'artiste, Degas, la création.
Belle mise en perspective sur l'époque, les ballets, la condition sociale des petits rats qui ne faisaient pas encore rêver, leur destinée, leur chance et leur malheur.
Degas, son caractère, son tempérament, sa place d'artiste dans la société et parmi ses pairs.
Un très beau livre.
Dommage que dans le dernier chapitre/épilogue, l'auteure parle d'elle. Hors sujet ! le parallèle avec la petite danseuse de Degas est maladroit et ennuyeux. La vie de Camille Laurens ne nous intéresse pas, et c'est une tendance fort répandue parmi les auteurs à penser le contraire. Stop au nombrilisme, laissez toute la place à vos sujets. Merci.
Lien : https://laffairekoutiepov.wo..
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Très différemment de ses autres romans, Camille Laurens a écrit cette fois presqu'un essai et s'est intéressée à la génèse de la sculpture de Degas très connue, la petite danseuse de quatorze ans (entre 1875 et 1880), existant en plusieurs versions (bronze ou cire).
Dans la première partie, on découvre le monde des petits rats de l'opéra, de ces petites filles pauvres que leurs mères, souvent célibataires et dans la misère, vendaient à l'opéra pour un maigre salaire. Ces petites filles travaillaient dur et devaient souvent, en plus de leurs jambes, vendre leur corps à un riche abonné de l'opéra qui puisse, au mieux, leur servir de protecteur (comme on peut d'ailleurs l'imaginer dans cette toile de Degas, L'Etoile, peinte en 1876, où l'on peut apercevoir sans doute un de ces « protecteurs »…)
Marie van Goethem, petite fille belge de 14 ans, fut l'un de ces petits rats de l'Opéra. Elle servit de modèle à Degas pour sa sculpture. Camille Laurens s'interroge sur les raisons qui poussèrent Degas à la réaliser de manière si réaliste, avec de vrais vêtements et des traits ingrats voire vicieux qui amenèrent les visiteurs du salon des Impressionistes de 1881 à crier au scandale et à critiquer très durement aussi bien la sculpture que le modèle. Elle nous transporte dans ce Paris de la fin du XIXème, où tout n'est qu'apparence et où la vérité ne saurait se montrer. Les visiteurs du salon ont sans doute vu dans cette sculpture leurs propres déviances et perversions, d'où leurs cris faussement outrés.

Dans une seconde partie, Camille Laurens s'est intéressée à la relation/non relation entre Degas et son modèle, au souhait de Degas de dénoncer ou en tout cas de montrer par son art ces vies difficiles de filles à peine pubères : la représentation de la vérité dans sa sculpture est le moyen qu'il a trouvé.

Et enfin, dans la dernière partie, Camille Laurens a cherché à en savoir plus sur cette petite Marie, sur ce modèle, ce qu'a pu être sa vie par la suite.

-> L'auteure s'est vraiment beaucoup documenté, son écriture est fluide et sans fioritures inutiles, et on peut lire très facilement son (court, 176 pages) roman car il est passionnant, s'attachant à toutes les facettes d'une oeuvre fascinante et que tout le monde connaît de vue.

Il n'est pas nécessaire de s'y connaître dans l'art du XIXème pour apprécier ce livre mais forcément, pour ceux qui s'y intéressent, c'est un plus indéniable.

Et pour ceux à qui cela donnerait envie de (re)découvrir Degas, une exposition s'ouvre au Musée d'Orsay (28 nov 2017 au 25 fév 2018) : Degas Danse Dessin

Lien : https://edenlivre.wordpress...
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En cette rentrée littéraire 2017, Camille Laurens s'attaque au mystère de la Petite Danseuse de quatorze ans de Edgar Degas, oeuvre magistrale, universelle, significative etc.
Camille Laurens ne signe pas une biographie, ni une histoire romancée, plutôt une investigation sur le modèle, l'artiste, leur rencontre. Elle mène une enquête sur l'époque, les moeurs, les conditions de vie.

Elle a tout lu, tout épluché pour comprendre, donner vie à ce corps, offrir du mouvement à cette statue figée pour l'éternité. Et c'est une réussite.
Le lecteur est embarqué dans le Paris en chantier de la fin du 19e (merci Haussmann), dans les salons artistiques, dans les taudis du 9e arrondissement, dans les coulisses de l'Opéra. Camille Laurens lève le voile sur les conditions (difficiles et ingrates) des petits Rats de l'Opéra de Paris.
Attention : Camille Laurens n'apporte pas vraiment de réponses sur qui était ce modèle, Marie von Goetham, perdue dans l'anonymat du temps. Mais elle sait poser les mots justes sur le monde artistique de l'époque, sur la relation spéciale entre un artiste et son modèle, sur cette oeuvre grandiose qui les a marqués à tout jamais. Et surtout elle éclaire d'un oeil nouveau Degas et sa précocité artistique, le vrai génie qui l'habitait, incompris de ses pairs, loin de l'image de pervers qu'il avait (à tort).

Bref, j'ai trouvé ce livre extrêmement intéressant. Bien écrit, truffé d'anecdotes, la lecture en est un réel plaisir.
Le seul bémol a été d'apprendre, en postface, que cet essai constitue un volet du doctorat de Camille Laurens intitulé « Pratique et théorie de la création artistique et littéraire ». Je ne sais pas pourquoi mais cette information m'a déçue. Comme si on avait fait les fonds de tiroirs pour trouver quelque chose à vendre. C'est bête – je sais -, ça ne veut rien dire, mais je suis quand même déçue.

Vous l'avez lu ? Vous avez aimé ? Si vous aimez l'art, l'histoire, les enquêtes sans réponses assurées, pour le plaisir de la quête, je vous le conseille absolument.
Lien : https://brontedivine.com/201..
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Si cette oeuvre de Degas est très connue, cette fillette en chaussons et tutu véritable, avec sa jambe tendue et ses mains tirées vers l'arrière, le visage bien levé – vers quoi ? -, on connait un peu moins le scandale que provoqua sa première présentation au public lors d'une exposition impressionniste en 1881, et ce que l'on ignore totalement, c'est ce que fut la vie du jeune modèle. C'est une véritable enquête qu'a menée Camille Laurens sur la petite danseuse de quatorze ans, passionnante et méticuleuse, nous faisant découvrir quelques bribes d'histoire dans le Paris artistique du XIXème peu connues – et souvent peu reluisantes.

Si l'on sait qu'Edgar Degas était le peintre des danseuses qu'il aimait représenter des coulisses, en représentation ou en répétition (il finit par se mettre à la sculpture car il perdait la vue), le livre nous fait découvrir le mode de vie des petits rats de l'Opéra de Paris, qui pour la plupart ne trouvaient pas dans la danse une vocation mais, bien loin des dorures, un gagne-pain à une époque où les enfants travaillaient, et aussi le moyen de se trouver un protecteur, car « de l'Opéra au trottoir il n'y avait que quelques pas ». Ainsi Marie von Goethem, tout comme ses soeurs et ses autres petites camarades, poussée par sa mère, se cherchait probablement un souteneur lorsqu'elle posa comme modèle. Partant de là et du nom de la jeune fille, Camille Laurens imagine dans quelles conditions elle travailla pour le peintre, et ce qu'il a pu advenir d'elle ensuite.

Quant à cette statuette, pas trop grande pour ne pas être taxé de triche comme a pu l'être Rodin, l'auteure décortique toutes les raisons du scandale : à une époque où la peinture et l'art consacraient le beau et la perfection esthétique, cette danseuse choqua car considérée comme obscène, car elle était en cire (ce qui en accentuait le réalisme), car elle était habillée (ce qui supposait qu'elle était nue en dessous), car elle était trop… laide (ce qui révélait son vice, à n'en pas douter).

C'est un livre court et surprenant qui donne envie de rendre visite à Marie au Musée d'Orsay et de la regarder sous un autre oeil, avec l'impression de la connaître un tout petit mieux, et qui donne à réfléchir aussi sur notre rapport à l'art : qu'est-ce qui nous émeut et nous attire dans une oeuvre, parfois de façon inexplicable, et si connaître son histoire ou la personne qui l'a inspirée pouvait changer notre regard du tout au tout ? Et n'est-ce pas cela finalement que l'on cherche en déambulant dans un musée, un coup de foudre, une émotion, un souvenir, une connivence ?
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"Avoir trois filles est à la fois un désastre et une aubaine quand on n'a pas d'argent. On peut toujours les vendre."
Être immigré belge à Paris à la fin du XIXème siècle, c'est crever la faim, loger dans des bouges insalubres, déménager à la cloche de bois tous les 6 mois, faire travailler les petits garçons, prostituer ses filles ou les inscrire à l'Opéra pour qu'elles deviennent des petits rats (ce qui revient au même !). La meilleure chance : trouver dans les coulisses un protecteur, soit amateur de très jeunes filles prépubères, soit artiste, comme l'était Degas qui aimait à peindre les ballerines...
Camille Laurens livre dans cette monographie tout ce qu'elle a pu extraire de l'existence de Marie van Goethem, tout juste 14 ans : les faits biographiques (quoique incertains) et ce que la sculpture de la danseuse lui évoque, tissant un récit inspiré, parfois à la frontière du roman.
Marie qui, via son portrait en cire, fit scandale au Salon des impressionnistes en 1881 : critiques horrifiées sur cette face simiesque (on est dans une période où l'anthropo-morphologie associe certains traits du visage au crime et au vice ; d'ailleurs une "danseuse" n'est-elle pas à l'époque une prostituée avant tout ?, sur ce qu'elle peut représenter, et Marie qui s'évapore (a-t-elle survécu au XIXème siècle ?) comme un modèle anodin...
J'ai aimé la manière dont l'auteur tisse son histoire autour de cette jeune fille au destin mystérieux, comment elle raconte les réactions d'un public hypocrite et bien-pensant, comment l'oeuvre trouve une résonance dans ce Paris fin de siècle qui s'émancipe mais sclérose aussi les classes populaires, et puis, tout ce que Camille Laurens a rattaché de sa propre histoire à ce document
Une très belle lecture, instructive et fascinante !
Merci à Valentine et aux Editions Stock ;o)
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C'est vrai qu'elle est fascinante, cette petite danseuse de celui qu'on connaît surtout comme un peintre et qu'on associe au mouvement impressionniste, Edgard DEGAS. Il n'était pas qu'un peintre, mais aussi un sculpteur, un photographe et il n'était pas vraiment impressionniste : il a réalisé peu de peintures en extérieur sur le motif. C'était la vie parisienne, la scène, les champs de courses qui le passionnait : le mouvement !
L'auteur, C. LAURENS a un grand attachement pour la petite danseuse de 14 ans, en cire, aux bras trop longs, mais à la parfaite position classique des pieds, au tutu et au noeud de tissu dans les vrais cheveux.
Parce qu'on connaît beaucoup d'informations sur DEGAS et si peu sur le modèle de cette sculpture qui lors de son exposition sous cube de verre, a fait scandale, C. LAURENS va aller à la rencontre de la petite danseuse.
Sa quête va l'emmener dans les archives de l'Opéra Garnier à l'époque où les petits rats portaient ce nom parce qu'ils ne coûtaient pas cher, étaient corvéables à merci et finissaient pour la plupart dans les ruisseaux d'où ils étaient sortis pour être "vendus" par leurs parents à l'école de danse. Une enfance pas heureuse du tout, un âge adulte qui arrivait trop vite avec les messieurs en habit de soirée qui exploitaient sexuellement les petits rats. Cette petite danseuse, pas forcément exceptionnelle, qui n'allait pas à l'école, devint éternelle par la main du sculpteur. A une autre époque,aurait-elle bénéficié d'instruction, cette jeune fille, issue d'émigrés belges, venue des quartiers pauvres et dont E. DEGAS semble avoir volontairement enlaidi le visage (on la retrouve dans d'autres oeuvres du peintre et elle était plutôt jolie) ? Quel était le but de l'artiste en créant cette oeuvre ? en exposant sa petite danseuse, qu'y voyait ceux qui la regardait ? La petite danseuse nous interroge toujours les yeux fermés, renfermée sur elle-même.
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Dans cet essai Camille Laurens nous raconte l'oeuvre (les étapes de sa créations), les normes esthétiques de l'époque, le travail de l'artiste, le travail de modèle, ainsi que le contexte social. Elle nous raconte aussi les conditions de travail des ''petits rats'' aussi appelés ''marcheuses'', les heures de travail difficile, la fatigue, les mères (maquerelles) espérant souvent que de riches hommes prennent leurs filles si ce n'est sous leur ''protection'' au moins pour extra, l'auteur nous rappelant alors que la majorité sexuelle à l'époque était de 13 ans contre 11 avant 1863 ( beaucoup de ces petits rats finissaient d'ailleurs par se prostituer en cas d'échec à l'Opéra, ce que fit Marie...)

Une lecture très riche et instructive, apportant beaucoup d'informations non seulement sur la société d'alors mais aussi en nous éclairant sur cette période de l'Histoire (de l'art), le contexte socio-historique, scientifique (phrénologie, anthropologie criminelle, supériorité ethnique)sur l'artiste exigeant qu'était DEGAS.
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