Youri, La Taupe, est rangé des bagnoles... Il a pris du ventre. Il ne proteste plus. Il se lamente sur tout. Il a un ado de fils de 15 ans qu'il ne comprend plus. Et en plus il a basardé tous ses disques de punk...
Récit semi-autobiographique, car Tomaz Lavric est né en 1964. La période punk, anar, biture, drogue, épingles à nourrice, OÏ, OÏ, OÏ... il a connu ça.
Mais il y a plus que ça dans cette compilation de 4 histoires. L'anarchie et le rock, certes. Et cela m'a rappelé mes jeunes années aussi. Pas dans le punk, mais dans le métal... Mais Lavric aborde aussi la révolution (soft en slovénie), l'après, les idéaux pervertis, les fachos, le nationalisme, la fermeture des frontières aux réfugiés...
On va à l'enterrement d'un pote... et c'est le moment de se rappeler. Nostalgie Kamarade... mais pas uniquement. Cela brasse tellement de choses, cela remue au fond. Madeleines salutaires... Anarchy in slovenia... Alerte rouge...
Au-delà de la couverture teintée de rouge, quoi de plus normal, les dessins sont en noir et blanc, impeccables. le trait de Lavric est fabuleux. J'adhère à l'ensemble. Il arrive à croquer des personnages en 1981 et maintenant, reconnaissables malgré l'usure du temps. Je suis fan. Où sont mes Doc Martens ou mes Pataugas... OÏ, OÏ, OÏ...
Un tout grand merci aux éditions çà et là ainsi qu'à Babelio Masse Critique de décembre 2019.
Commenter  J’apprécie         150
La nostalgie du Oi!
Un couverture ultra graphique.
Du blanc. du noir. Et ce rouge qui tranche le tout.
Un titre comme un slogan.
Un A de l'anarchie et un doigt d'honneur.
Cette bande dessinée avait tout pour m'attirer. Alors j'ai plongé dans le monde de Tomaž Lavrič et de Youri la Taupe...
Dans la Slovénie des années 80 qui vient tout juste de rompre avec le maréchal Tito mais baigne encore dans La Ligue des communiste de Slovénie, Youri la Taupe vit et survit avec ses potes et autres punks révoltés. le récit est un subtil mélange de souvenirs et de périodes actuelles. Tomaž Lavrič maîtrise le scenario à la perfection. Les différente époques s'alternent et retracent l'évolution des personnages, soulignant magistralement les idéaux perdus comme la confrontation de la réalité. C'est à la fois tendre, nostalgique, cynique, drôle et touchant.
C'est le récit poétique d'un vieux punk qui s'accrochera à son Oi ! jusqu'à sa mort tout en utilisant Word, en changeant les couches de son môme et en bouffant parfois au Fastfood du coin..
« Longue vie au socialisme ! Mais moi je veux l'indeterminisme ! »
C'est le récit sensible d'un vieux punk qui écoutera White Riot jusqu'à sa mort tout en critiquant les goûts musicaux de son ado, désemparé face aux nouveaux codes de la jeunesse et adoptant une vie saine sans clope et presque sans alcool...
« C'était cool, on avait une salle où jouer, des groupes, une scène cool. Et après ces porcs nous ont tout niqué... Qu'est-ce que t'as maintenant ? Des corbeaux ! des alternatifs ! Laibach !!! »
C'est le récit touchant d'un vieux punk qui rêvera de Pogo jusqu'à sa mort, même si son surpoids, son lumbago et ses artères bouchées l'empêchent à présent de sauter dans un vrai Mosh.
« La foule chauffée à blanc voulait du sang ! Si je n'avais pas été inconscient, ils m'auraient lynché ! »
Si le scénario est d'une qualité indéniable, le dessin l'est tout autant. Les personnages sont très réalistes et caricaturaux à la fois. Énergique et expressif, le dessin me rappelle la précision d'un Frankin comme la violence d'un Pratt. Tomaž Lavrič découpe ses cases, ses paysages, ses fresques avec virtuosité pour servir une narration fluide et enlevée !
C'est depuis mon canapé confortable, dans mes chaussons en pilou que je vous souhaite bonne lecture et vous adresse un « Punks Not Dead ! »
Commenter  J’apprécie         20
Suivons La Taupe sur 20 ans.
A ses débuts : Punk, Yougoslave, durant l'ère Communiste, il y a déjà assez de mots clés pour faire péter un imaginaire à la rudesse proverbiale et aux clichés grossiers. Même si la plupart ne sont pas démentis, La Taupe se souvient de ce passage à l'âge adulte la révolte aux lèvres et le romantisme au coeur, cette violence qui vient du dedans pour s'étaler un peu n'importe comment et surtout n'importe où, énergie brute grossièrement créatrice, modérément destructrice, surtout pyrotechnique, balaise en apparats et postures. Fuck off en réponse universelle et roulez jeunesse.
Puis la Taupe va se ranger, fonder un foyer. La Yougoslavie comme l'URSS vont éclater, le communisme laisse place au nationalisme, fout le feu dans la région, le capitalisme s'invite comme pompier et la vie reprend son cours. de nouvelles normes, de nouvelles règles. Les rebelles et anti-systèmes d'hier s'y intègrent, certains prospèrent d'autres végètent. Ils vieillissent et s'engraissent, se rangent au final et le punk est un souvenir, des faits d'armes et des copains pour la vie.
Il y a une telle tendresse dans ce bouquin, tendresse pour le temps qui passe et que l'on survole une bière à la main. La Taupe et ses copains ont traversé des périodes vraiment mouvementées, mais ils gardent la pèche avec la même morgue adolescente, no futur mais quand même...
Commenter  J’apprécie         10
Le principal attrait d’Alerte rouge est de donner à comprendre et même à ressentir l’enthousiasme d’une jeunesse pourtant soumise à un régime autoritaire. La découverte de la musique mais aussi des plaisirs de la fête rejoint l’élan vers un renouveau, forcément influencé par l’Occident étant donné le contexte.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Voila un petit bijou bien surprenant. Dans cette anthologie de récits dessinés sur les quinze dernières années (à l’époque, publiés en revue), Tomaž Lavrič parle d’abord, grâce à un usage très efficace de l’autofiction, de la nature du punk en tant que mouvement culturel.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Recueil d’histoires courtes écrites de 1996 à 2010, Alerte Rouge oscille entre l’excellent et le moyen (surtout au niveau graphique). Par contre, sa franchise et son ton débridé rendent la lecture prenante et des plus réjouissantes.
Lire la critique sur le site : BDGest
L'important, c'était d'être Sid !
- Qui ?
- Sid Vicious des Pistols !
C'était cool, on avait une salle où jouer, des groupes, une scène cool. Et après ces porcs nous ont tout niqué... Qu'est-ce que t'as maintenant ? Des corbeaux ! des alternatifs ! Laibach !!!
Longue vie au socialisme ! Mais moi je veux l’indéterminisme !