Ebba et Melker viennent de s'installer sur l'île de Valö, aux abords de Fjällbacka, dans la maison qui appartenait autrefois à la famille d'Ebba. Ils ont perdu leur enfant accidentellement et ne peuvent pas se remettre de leur chagrin et donc ne parviennent plus à communiquer. Ils ont vendu leur maison à Göteborg pour faire table rase des souvenirs. Mais un incendie se déclenche…
Cette grande maison était autrefois un internat pour jeunes gens issus de familles aisées, tenu par Rune et sa deuxième femme Inez. Rune a eu trois enfants d'un précédent mariage, Claes Annelie et Johan et avec Inez il a une petite fille Ebba. En 1974, le jour de Pâques, un évènement étrange s'est produit, ils ont tous disparu sauf Ebba qui a été retrouvée seule dans la maison. le déjeuner était sur la table, le repas avait commencé.
A cette époque, cinq élèves parmi les pensionnaires étaient restés à l'internat et lors de l'enquête, ils avaient dit ne rien avoir constaté d'anormal et qu'ils avaient trouvé Ebba en revenant de la pêche. L'enquête a piétiné, parmi les policiers en charge, Gösta s'était beaucoup impliqué, ce qui est rarement le cas habituellement.
En parallèle, une autre histoire qui commence en 1908. Une femme, Helga Svenson, qui accueille en en nourrice des enfants que les parents ont du mal garder, est accusée de meurtre, car elle les fait disparaître, pensant que les parents ne reviendront pas les chercher. C'est une « faiseuse d'anges » comme on dit à l'époque. Leur fille Dagmar, se retrouve placée en famille d'accueil. Y a-t-il un rapport entre l'incendie qui vient de se produire et la disparition de la famille en 1974 et quel lien existe-t-il avec
la faiseuse d'anges en 1908 ?
C'est ce que vont découvrir l'inspecteur Patrik Hedström et son équipe tandis que bien entendu, l'épouse de Patrik, Erica Falck, écrivain à succès, habitée par la curiosité, fourre son nez partout.
Ce que j'en pense :
Comme à son habitude, l'auteure nous raconte deux histoires en même temps, une qui s'est produite dans le passé, et une actuelle avec cette fois une troisième histoire intercalée.
Les cinq étudiants de 1974, se retrouvent à Fjällbacka, chacun ayant suivi sa route, John devenu un politicien d'extrême droite, Léon qui a relevé des défis invraisemblables, jouant parfois avec la mort a fini par avoir un accident qui le laisse tétraplégique, Joseph, de confession juive, qui veut construire un musée de la mémoire car ses parents sont décédés dans les camps de la mort, Sebastian un homme d'affaires corrompu qui ne pense qu'à l'argent et Percy, un noble qui a hérité du château familial en spoliant son frère et sa soeur.
Qu'est-ce qui peut bien pousser tout ce petit monde à se retrouver après tant d'années?
Camilla Läckberg sait très bien mêler dans ses romans, l'enquête et la vie personnelle de ses héros. Bertil Mellberg, le chef, comme d'habitude brille par sa nullité, mais lui aussi a des défauts parfois touchants notamment quand il couve Paula enceinte comme si elle était malade ou Martin qui vient d'apprendre la maladie de sa femme et plonge dans la dépression.
On se demande aussi quels sont les liens entre Ebba et Gösta qui tout d'un coup fait preuve d'un zèle bien inhabituel.
De même, l'auteure traite, comme toujours dans ses romans, d'un sujet de société importants ; dans le cas présent, il s'agit de la perte d'un enfant pour Anna comme pour Ebba, et la culpabilité qui l'accompagne, le vide qu'il laisse, le deuil impossible à faire qui peut faire perdre la raison, tellement il fragilise.
L'histoire de Dagmar et son grand amour pour Herman Göring avec qui elle a passé une nuit fabuleuse qui lui laissera une petite fille Laura et cet amour lui fait perdre la tête. Elle est persuadé que Göring l'aime et qu'il l'épousera donc elle passera sa vie à le chercher, obsédée par lui, et noyant son chagrin dans l'alcool.
On retrouve Erica, qui cette fois dépasse les bornes. Elle a suivi de près la disparition de 1974 et a constitué un épais dossier. Comme toujours la curiosité la domine et elle est franchement insupportable : j'ai eu envie de la gifler tellement elle mettait son nez partout. Je ne sais pas si la police fonctionne de cette façon en Suède, toujours est-il qu'il y a une interaction telle entre police et journaliste (ou écrivain) qu'on finit par se demander qui mène l'enquête et pourquoi Patrik ne la freine pas. En plus, ses trois enfants sont des diables en puissance, elle les emmène n'importe où, inconsciente du danger éventuel ou les laisse à sa belle-mère.
Franchement, j'aurai aimé qu'il lui arrive quelque chose pour qu'elle se tienne tranquille et reste à sa juste place. Certes, elle est touchante, entre ses kilos en trop, ses enfants, sa soeur qu'elle materne (Anna, victime d'un accident dans un roman précédent, a perdu l'enfant qu'elle attendait, et son couple est en danger).
Il a fallu attendre la page 120 pour que je commence à m'intéresser vraiment aux personnages (Göring entre en scène p 121). Au début, on ne voit pas le lien qu'il peut y avoir entre les différents protagonistes, on ne sait même pas que certains se sont connus autrefois.
Cependant, l'histoire est prenante et je me suis laissé prendre au jeu malgré ma colère contre Erica. L'auteure a travaillé sur des archives, elle s'est inspirée de faits réels qu'elle a réinterprétés. La maison sur l'île de Valö existe, tous les enfants de Fjällbacka y sont allés et tout le monde l'appelle « la colo ». Il y a vraiment une énigme concernant le corps retrouvé dans le cercueil de Madame Göring qui était suédoise (cf. un article publié en 1991).
Ce livre est intéressant par la technique de l'auteure qui fait coïncider la réalité et la fiction et mais je pense que
Camilla Läckberg devrait canaliser davantage son héroïne, sinon je risque de me lasser définitivement. Elle donne l'impression d'avoir cinq ans et se trouve incapable de réfléchir un minimum avant d'agir. A petite dose ça va mais cela risque de détourner d'elle des lecteurs même assidus, dont je fais encore partie pour l'instant.
Note : 7/10
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