Arrivé dans la sacristie, l'espoir que le bedeau était resté tranquillement chez lui s'évanouit. Harald entendit sa voix et se dit que de pauvres touristes s'étaient fait piéger par le bedeau le plus conservateur du pays. Un instant il fut tenté de repartir, mais il soupira et décida de faire la seule chose charitable et chrétienne : aller sauver les pauvres diables.
Aucun touriste en vue, cependant. En revanche, Arne, perché dans la chaire en train de prêcher d'une voix de stentor au-dessus des bancs vides. Stupéfait, Harald le regarda et se demanda ce qui avait bien pu lui prendre.
Arne gesticulait et se démenait comme s'il refaisait le Sermon sur la montagne, il ne s'arrêta qu'un court instant en voyant Harald entrer. Puis il reprit comme si de rien n'était, et Harald s'aperçut alors qu'il y avait plein de feuillets blancs en bas de la chaire. Arne était en train d'arracher les pages d'un livre de cantiques et les laissait s'envoler doucement par terre.
— Oui, c’est Patrik. Puis il se tut et se retourna lentement vers Erica. Elle était toujours en train de sourire et d’admirer la bague sur sa main, et, quand elle vit qu’il la fixait, elle décocha un large sourire dans sa direction, sourire qui s’éteignit petit à petit face à la tête qu’il faisait. — C’est qui ? dit-elle sur un ton angoissé. — C’est la police de Stockholm. Ils veulent te parler. Le visage de Patrik était grave. Lentement elle se leva et alla prendre le combiné de sa main. — Oui, c’est Erica Falck.
dans sa nouvelle langue. Agnes eut envie de se pencher en avant et de lui coller une baffe en travers de son visage joyeux et souriant. À quoi pensait-il donc ? Croyait-il vraiment qu’elle allait monter à bord d’un bateau pour aller dans un pays étranger avec lui et ses mômes ? Était-il aussi bête ? Pour se retrouver encore plus dépendante de lui, dans un pays qu’elle ne connaissait pas, avec une langue inconnue et des gens inconnus.
— Espèce de… espèce de…, bégaya August en cherchant désespérément les mots. Espèce de traînée !
Il vit s'ouvrir dans les yeux de Veronica le gouffre que toutes les mères connaissent lorsque pour une brève seconde elles voient leur propre enfant victime d'un accident. Et il vit aussi le soulagement que ce soit un autre enfant qui ait été frappé, et pas le sien. Il ne pouvait guère lui en vouloir. Ses propres pensées étaient très souvent allées vers Maja cette dernière heure, des visions de son corps inanimé s'étaient imposée, l'empêchant presque de respirer. Lui aussi était reconnaissant que la victime soit l'enfant de quelqu'un d'autre et pas le sien. Si ce n'était pas à son honneur, c'était du moins très humain.
[...] Patrick et elle pratiquaient une sorte de philosophie du "survivre minute après minute" avec Maja, et Erica sentait que le moment était sans doute venu de reprendre le contrôle. Ça ne pouvait pas être normal qu'un nourrisson de deux mois gouverne leur vie comme c'était le cas actuellement.