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sur 1184 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le massacre des corneilles...
Toute la famille Grimaud est massacrée: les parents et les enfants. La maison est maculée par le sang. Laura Grimaud, (on la traite de débile) qui semble sous le choc, erre avec un couteau ensanglanté. le seul survivant est son frère Pierre, blessé mais dans le coma, depuis... 6 ans!

Parce qu'une jeune infirmière a embrassé Pierre, le jeune homme ouvre un oeil...
Il rêvait de Laura disparaissant sous l'eau, et de cocons, puis d'un horrible crâne décharné. le cauchemar ne fait que commencer avec cette corneille qui fixe Pierre, dans les yeux.
C'est un patient isolé au bout du couloir de l'hôpital, car ses hurlements, pendant la nuit, terrorisaient les autres malades.

Pierre va raconter à Anna Kieffer, la jolie psy, qui le suit ses rêves et ses cauchemars...Une lueur dans les yeux, il la regarde s'asseoir, tirant sur sa jupe pour couvrir ses cuisses fuselées...

Il lui parle de cette ombre, un homme en noir, ce monstre qui le hante... Anna tourne la tête, sans le vouloir, pour tenter de localiser l'Entité dont parle son patient...

Anna a analysé le cas de Laura, la présumée meurtrière... Et a écrit un livre, à ce sujet. Pierre va le lire!
Qui a assassiné les Grimaud?
Laura, Pierre, l'homme en noir, ou quelqu'un d'autre?

L'auteur, dans une interview sur France inter- le Direct, nous explique le pourquoi des cocons... (Une homosexualité latente chez Pierre, avec ces corps de garçons, s'éveillant comme des chrysalides/ p12. " J'avais envie de parler de l'attirance entre un jeune homme et une femme plus âgée"...)

En sanglotant, Pierre arrivera à enlacer Anna, sa psy, à humer son parfum, à ressentir la chaleur du corps de la jeune femme, malgré sa robe et à s'abandonner sur sa poitrine...
Il va se confier.

Dans cette scène, l'ombre a disparu, mais dans d'autres... Regardez l'ombre de Pierre projetée, contre le mur!
C'est terrible!
Comment Pierre, après ces 6 années de coma, a-t-il pu récupérer aussi vite?
Il y aura d'autres morts ! Des accidents?...

L'auteur utilise de longs travellings, comme au cinéma, pour nous dire que...
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Autant commencer par vous prévenir : vous ne refermerez pas ce roman graphique avant de l'avoir achevé car vous allez être complètement happé par ce thriller psychologique très hitchcockien qui met en scène des personnages complexes et complètement fascinants.
Commençons par le commencement : nous découvrons tout d'abord une jeune fille errant dans une zone pavillonnaire, la nuit, un couteau à la main, les vêtements tachés de sang et le regard vide. Elle est tout de suite identifiée par deux policiers en patrouille comme étant la petite Grimaud, une gamine surnommée « la débile ». La police découvrira quelques pages plus loin qu'elle est certainement l'auteur d'un véritable massacre : toute sa famille gît à terre mortellement blessée, sauf peut-être l'un d'entre eux.
Un bond temporel de deux pages nous propulse six ans plus tard, dans la chambre d'un hôpital : une jeune aide-soignante s'occupe de la toilette d'un beau garçon blond au visage angélique qui semble plongé dans le coma. Elle lui parle, s'interroge sur ce qu'il était, un pianiste peut-être, imagine-t-elle en observant ses longs doigts gracieux, pose deux doigts sur ses lèvres, se penche pour l'embrasser et constate avec surprise qu'il ouvre un oeil.
Lui, c'est Pierre Grimaud : il est le seul survivant de cette monstrueuse tuerie nommée par la presse « le massacre des corneilles » et il va être aidé par une psychologue spécialisée dans les troubles de stress post-traumatiques, Anna Kieffer, dont on apprend très vite qu'elle ne dépend pas de l'hôpital où a été admis Pierre, qu'elle fait même deux heures de route pour s'y rendre. Mais c'est elle qui a été nommée pour s'occuper de ce garçon : en effet, elle est aussi spécialisée dans la psycho-criminologie et la victimologie, collabore régulièrement avec la police et a suivi la soeur de Pierre, Laura Grimaud.
Elle va tenter, grâce à l'hypnose, de faire parler le jeune homme en le replongeant dans ses souvenirs afin de comprendre enfin ce qui s'est passé ce soir-là.
Ce qui m'a frappée dans ce roman graphique, outre la parfaite construction du scénario, le suspense impressionnant qui en découle, les jeux habiles sur la temporalité et les fausses pistes sur lesquelles nous lance régulièrement l'auteur, c'est, comme je le disais au début, la complexité psychologique des personnages et les relations extrêmement troubles qu'ils entretiennent entre eux au point que l'on s'interroge, jusqu'à la fin du roman graphique, sur ce qu'ils sont vraiment.
Jeux ambigus de séduction, manipulations malsaines et relations équivoques de domination/soumission finissent par nous pousser à nous interroger sur qui est la victime, qui est le coupable. Encore une fois, rien n'est simple dans cet imbroglio où les apparences sont trompeuses, où les êtres semblent porter un masque, où conscient et inconscient luttent en chacun des personnages dominés par des pulsions difficilement contrôlables.
J'ai beaucoup aimé aussi la présence de figures secondaires assez fouillées et dont on ne comprend pas d'emblée les réactions. Elles viennent ajouter de l'épaisseur à ce roman graphique dont chaque page mériterait d'être interprétée, creusée, discutée…
En effet, rien n'est simple, et il me semble que c'est un peu le coeur du sujet : les individus se débattent dans des obsessions dont ils ne parviennent pas à sortir, ils apparaissent comme doubles et perdus dans cette dualité faite d'ombre et de lumière. Ils tiennent de l'ange et du diable et sont faits d'une douceur à laquelle se mêle la pire des cruautés. Finalement, il est difficile de discerner qui sont les gens (le savent-ils eux-mêmes?) comme l'explique Pierre à sa soeur Laura avant le drame : « Ça ne veut rien dire Laura, les gens te montrent ce qu'ils veulent que tu voies », difficile de définir leur identité qui semble fluctuante, instable, sans rien d'immuable ou de continu.
Au fond, chacun porte (volontairement ou non/consciemment ou non) un masque et les apparences sont souvent bien trompeuses...
En dire plus concernant l'intrigue serait en dire trop, mais je pense que rien n'est simple dans ce roman graphique et que bon nombre de questions demeurent jusqu'au bout.
Enfin, les couleurs mates, l'aspect épuré du dessin et le côté géométrique des lignes créent un univers labyrinthique dans lequel chacun semble comme pris au piège.
Un univers trouble, fascinant, plein de tension et de non-dit qui vous habitera longtemps…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une famille est massacrée, les victimes ont reçu d'innombrables coups de couteau.
La fille aînée est retrouvée , errante dans la rue, recouverte de sang. Elle est arrêtée, désignée coupable. Elle se suicide un peu plus tard après avoir clamé son innocence.
Pierre est le seul survivant de ce carnage. Six ans plus tard il sort du coma. Amnésique, paralysé, hanté par une ombre étrange. Anna, une psychologue, lui propose de l'aider à retrouver la mémoire.
Ressurgit le policier assez bizarre qui avait mené l'enquête.
A l'hôpital Pierre se fait des amis, tout le monde l'entoure.
Mais Pierre n'est peut-être pas la pauvre victime qu'il paraît être...
Le suspense est superbement monté. le dessin assez simple a un étonnant pouvoir de suggestion. C'est parfois effrayant, d'autres fois très sensuel.
C'est le deuxième roman graphique que je lis de cet auteur, et assurément ce n'est pas le dernier.
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J'ai bien aimé ce tome même si je n'ai pas réellement été surprise. Je me doutais qu'il y avait beaucoup plus derrière cette histoire sanglante : un jeune homme se réveille du coma après 6 ans, seul survivant du massacre de sa famille par sa soeur qui avait des problèmes mentaux. Viens alors le moment de la reconstruction pour Pierre, suivi par l'ancienne psy de sa soeur.
Il n'est pas aussi bien que Ces jours qui disparaissent, en même ça avait un coup de coeur, mais j'ai passé un très bon moment avec ce thriller ! J'aime beaucoup la psychologie plutôt bien détaillée de ces personnages, l'ambiguïté, la tension qu'il arrive à faire naitre à chaque fois. Pierre est assez fascinant, intrigant. Je suis curieuse maintenant de lire sa nouvelle BD, j'aime vraiment cet auteur.
Challenge BD 2021
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Nouvelle rencontre avec Timothé le Boucher et nouvelle émotion. Cet auteur nous entraîne dans un thriller psychologique aux multiples rebondissements.

La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée... 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l'unique survivant du "massacre de la rue des Corneilles", se réveille d'un profond coma. L'adolescent de 15 ans qu'il était au moment des faits est aujourd'hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d'amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie (résumé de l'éditeur).

Timothé le Boucher nous amène à suivre la rééducation de Pierre à travers ses entretiens avec Anna Kiefer. L'auteur nous plonge dans le huis-clos de l'hôpital avec les soins journaliers donnés à Pierre mais aussi dans le huis-clos des entretiens. peu à peu, nous découvrons mieux Pierre mais aussi Anna.

Pierre peut-il retrouver tous ses souvenirs et tout l'usage de son corps ? Comment va procéder Anna pour l'aider à plonger dans sa mémoire ?

Timothé le Boucher nous propose de découvrir la méthode utilisée par Anna comme psychologue. Il insiste aussi sur les rapports entre les diféfrents personnages de son histoire : relations de Pierre avec les soignants, relations des patients entre eux, relations entre les soignants entre eux et avec les patients, mais aussi relations de Pierre avec sa famille. le plus étrange est la relation qui se noue entre Pierre et Anna, entre le patient et le thérapeute.

Timothé le Boucher procède par petites touches, nous apporte les éléments les uns après les autres. Comme à chaque fois, son schéma narratif est très intéressant et il faut être attentif aux cases sans texte où tout se joue dans les postures et les regards.

Timothé le Boucher nous propose un vrai polar, avec de vrais retournements. le scénario est digne d'un script de film. L'aspect psychologique n'est pas s'en rappeler Psychose d'Alfred Hitchcock. le lecteur, que je suis, a été pris et a lu le roman graphique d'une traite, et a relu ensuite. Cet auteur arrive à me déstabiliser mais je ne suis certainement pas le seul...

Décidément et définitivement, Timothé le Boucher est un scénariste et un dessinateur à part qui étonne ses lecteurs à chaque fois. C'est un coup de coeur.
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Les gens te montrent ce qu'ils veulent que tu vois.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2019. Elle a été réalisée par Timothé le Boucher qui a tout fait : scénario, dessins, encrage, couleurs. Il s'agit d'une bande dessinée de 290 pages.

Dans une banlieue résidentielle, au sein du lotissement Les Corneilles, une adolescente marche de nuit au milieu de la rue en short et teeshirt, avec un couteau ensanglanté dans la main droite, et du sang sur ses bras nus, ses jambes nues, et sur ses vêtements. Elle est interpellée par une voiture de police. Elle continue de marcher après les avoir regardés. Les deux agents s'approchent d'elle, la plaque au sol et lui passent les menottes. Ils l'identifient comme étant Laura Grimaud, celle qui avait été signalée par un voisin inquiet. Une équipe de police se rend au pavillon des Grimaud et découvre le massacre : les cadavres de Xavier (43 ans, le père), Muriel (46 ans, la mère), Françoise (63 ans, la grand-mère), Jules (4 ans), Quentin (10 ans), Alison (12 ans), Pierre (15 ans), et le cousin Dylan (16 ans). L'un des policiers constate que Pierre est encore en vie et il fait appeler une ambulance. 6 ans plus tard, comme chaque jour, la jeune aide-soignante Tiphane fait la toilette de Pierre Grimaud, toujours hospitalisé, toujours dans le coma. Ce jour-ci, elle s'enhardit et dépose un chaste baiser sur ses lèvres. Il entrouvre un oeil et e referme aussitôt. Tiphane va chercher sa collègue plus âgée et plus expérimentée Carole qui constate également que Pierre ouvre les yeux par intermittence. Celui-ci fait des rêves entre cauchemar et délire, où apparaissent son cousin Dylan, puis sa soeur Laura, puis un corbeau. Les deux aides-soignantes reviennent dans la chambre et chasse le corbeau qui s'est posé sur son torse.

Quelques jours plus tard, la psychologue Anna Kieffer arrive dans l'hôpital et demande son chemin à la docteure Babette Cotteau qui s'occupe de Pierre Grimaud. Elle vient s'entretenir avec Pierre pour sa thérapie. La docteure Cotteau la conduit jusqu'à la chambre du patient, tout en lui expliquant que cela fait un mois qu'il a commencé à montrer des signes de réveil. Kieffer frappe à la porte de la chambre et y entre. Pierre Grimaud est allongé dans son lit, parfaitement immobile, les yeux fermés. Kieffer va voir la vue à la fenêtre, et il entrouvre leurs yeux. Il parvient à articuler un faible bonjour. Anna Kieffer s'assoit sur la chaise des visiteurs, se présente et explique ce qu'elle est venue faire : elle est là pour l'écouter et il peut commencer avec ce qui lui passe par la tête. Pierre se tait pendant un instant puis commence à parler : les infirmières disent qu'il a la meilleure chambre qu'elle est spacieuse, et qu'il a vu sur les arbres. Il continue : il a peur tout le temps, même du mouvement des oiseaux les branches. Comme il ne peut pas bouger, il a le sentiment que n'importe quoi pourrait lui arriver et qu'il serait incapable de réagir. La nuit il a parfois l'impression que quelque chose se tient au-dessus de lui et l'écrase, une silhouette noire menaçante. Kieffer lui indique qu'il est en sécurité ici.

En 2017, Thimoté le Boucher avait sorti un excellent album : Ces jours qui disparaissent, un thriller à la narration visuelle douce, au rythme lent, mettant le personnage principal Lubin, et le lecteur face au principe de réalité, avec implacabilité inévitable. La séquence d'ouverture dure neuf pages, pendant lesquelles le lecteur assiste à la fin du massacre des Corneilles, l'arrestation de la coupable, la découverte des corps, le survivant inconscient. Les dessins sont toujours aussi doux avec un trait d'encrage très fin pour le détourage, des lieux et des accessoires dessinés avec simplicité tout en incorporant un bon niveau de détails, une mise en couleurs pastel dans des teintes foncés apportant une forte consistance à chaque élément représenté. le lecteur est immédiatement accroché par ce fait divers atroce, le meurtre de sept personnes d'une même famille par la fille un peu attardée. Il découvre que l'enjeu du récit est de découvrir ce qui s'est réellement passé cette nuit-là. Laura Grimaud (17 ans) a-t-elle bien commis ces meurtres ? Ou est-ce que les événements se sont déroulés autrement ? Il est vraisemblable que l'esprit de Pierre contient des informations sur les circonstances du drame, mais qu'ils ont été profondément refoulés à la suite du traumatisme. le récit s'inscrit donc un registre d'enquête policière. Il se produit un ou deux autres événements qui font que le récit passe dans le registre du thriller, comme la découverte qu'Anna Kieffer était la psychologue suivant Laura pendant l'enquête et que celle-ci s'est suicidée peu de temps après avoir été arrêtée.

Les dessins montrent les environnements de manière clinique : des traits de contours fins et réguliers, des vêtements propres, des lieux propres, même le pavillon bon marché de la grand-mère de Pierre, des immeubles propres et sans une seule marque de l'usure du temps même dans une banlieue défavorisée, des sols et des murs impeccables. Cela peut produire une impression de froideur ou de distanciation chez le lecteur. D'un autre côté, l'artiste choisit des cadrages qui mettent en valeur la profondeur de chaque lieu, sans s'économiser sur ce qu'il y a à dessiner : de la vue du ciel de l'hôpital et de la ville qui l'entoure, à ses espaces verts, en passant par la salle d'activité commune, la piscine pour la thérapie physique, ou encore les chambres des différents patients. À chaque fois, la prise de vue permet de voir comment les personnages habitent ces lieux, comment ils en utilisent les accessoires, comment ils s'y déplacent en fonction de la géométrie des lieux et des obstacles. du coup, l'impression de lieux tout neufs et artificiels disparaît car le lecteur voit bien qu'ils sont utilisés et habités au quotidien.

L'impression donnée par les personnages peut également s'avérer un peu déstabilisante au premier regard. En fonction de sa bédéthèque, le lecteur peut y voir plutôt l'influence des mangas, ou plutôt l'influence des bandes dessinées pour la jeunesse. Effectivement, la plupart des visages sont lisses, sans rides, que ce soient les patients adolescents ou jeunes adultes, ou les adultes plus âgées comme madame Pinsolle qui aimerait bien toucher Pierre, ou l'inspecteur Henri Carrier visiblement plus proche de la retraite que du début de sa carrière. Mais là encore, les autres caractéristiques des dessins font que ces personnages acquièrent une véritable identité graphique reflétant leur âge et leur condition. le lecteur peut ne pas y prêter attention et juste le ressentir, mais à une ou deux reprises l'évidence s'impose à lui. La première fois se produit quand Anna Kieffer fait une remarque sur le sweatshirt que porte Pierre dans son lit. le dessinateur porte une réelle attention aux tenues vestimentaires qui sont choisies en fonction de la personnalité de l'individu, de sa position sociale (les chemisiers de prix d'Anna) et de son occupation du moment. S'il n'a pas fait attention à ce détail, cela devient manifeste avec le pull tricoté que madame Pinsole offre à Pierre. Rétrospectivement, il se dit que le joli serre-tête avec un noeud rose de Tiphane est aussi révélateur de son caractère.

Qu'il y fasse sciemment attention ou non, le lecteur plonge donc dans un thriller psychologique dans lequel l'auteur a soigneusement conçu chaque élément graphique, chaque information visuelle. Arrivé à la page 40 (sur 290) de la bande dessinée, il devient apparent que le massacre des Corneilles est survenu dans un environnement spécifique : le caractère de la mère, la stratégie d'adaptation du père, la relation entre la grand-mère et sa fille, le milieu défavorisé, le retard mental de Laura, l'arrivée du cousin Dylan. Cela peut paraître un peu chargé, mais l'auteur montre une vie de famille plausible, sans maltraitance physique, mais avec une agressivité latente de la mère. La grande force de le Boucher est de ne pas mettre les pieds dans le plat en étant le plus explicite possible, mais de rester majoritairement dans les sous-entendus. du coup, le lecteur est dans l'incapacité d'empêcher son cerveau de gamberger, d'essayer de reconnaître des schémas, d'établir des connexions logiques pour aboutir à des suppositions qui seront confirmées ou infirmées par les informations présentes dans les séquences suivantes. Il prend bien sûr fait et cause pour la victime, que ce soit Pierre dont le visage porte la marque des lacérations au couteau, que ce soit Laura victime des remarques méchantes de sa mère, que ce soit Anna portant la culpabilité du suicide de Laura, que ce soient les autres patients de l'hôpital (Bastien muet et en fauteuil roulant après un accident de la route, Max qui a perdu ses deux jambes après un accident de scooter, une jeune femme atteinte d'un cancer). Il relève les petites remarques en coin qui atteste que tout le monde n'est pas animé de bonnes intentions et que la méchanceté est bien présente chez certains, au moins au point de faire quelques crasses. Il est également tiré de la douceur ambiante par des remarques qui sortent de la banalité affligeante des échanges pour faire la conversation, avec l'évocation du mythe d'Actéon et son interprétation psychanalytique, ou encore le phénomène de reproduction sociale, l'explication de la paralysie du sommeil.

Le lecteur commence ce récit à la narration visuelle douce et solide, un peu froide pour les décors, comprenant qu'il s'agit d'un roman policier dans lequel il s'agit de comprendre comment est survenu le massacre des Corneilles (une jeune fille de 17 ans assassine tous les membres de sa famille dans le pavillon de banlieue) et comment il s'est déroulé. Les dessins propres sur eux donnent vie aux personnages, sans impression de voyeurisme ou de sensationnalisme. le malaise s'installe progressivement, des petits éléments dissonants de ci de là qui amènent le lecteur à se poser des questions sur la fiabilité de certaines déclarations, à participer lui-même aux déductions. Il est ferré et totalement impliqué, incapable de décrocher de ce thriller extraordinaire, aux personnages abimés tout en restant attachants, voyant très bien que tout cela ne peut que mal finir, sans pour autant savoir quelles seront les victimes suivantes, ni qui est vraiment coupable de quoi. du grand art.
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Le Patient de Timothé Le Boucher est un thriller vraiment angoissant.
Le psychopathe (le héros) vous donne des frissons. La tension monte en crescendo.
Niveau graphisme, j'ai aimé même si cette bande dessinée s'éloigne des dessins auxquels, je suis habituée. J'avais besoin de « renouveau » en matière de lecture.
C'est chose faite. Je me laisserais tentée par une autre bande dessinée de cet auteur.
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L'auteur Timothé le Boucher est très impressionnant et ce malgré son jeune âge. L'année dernière, Ces jours qui disparaissent avait été pour moi une révélation dans le monde de la bande dessinée. Je considère qu'il réitère nettement son exploit avec « le Patient ». Il est certainement l'auteur le plus doué de la nouvelle génération. J'ai littéralement sillonné ces pages avec bonheur et contemplation. La légende est en train de s'écrire. Oui, il se passe enfin quelque chose.

L'histoire gagne petit à petit en complexité avec des personnages qui prennent de la profondeur. Il est vrai qu'il y a des fausses pistes mais savamment orchestrées. On dénouera le fil et on déchiffrera les indices avec intelligence. Certes, on se doutait bien du jeu de manipulation. La fin aurait pu être différente et faire dans l'outrance avec un retournement de situation magistral. Cependant, l'auteur évite soigneusement cet écueil non original. Il fait dans le psychologique et cela fonctionne à merveille. On ira jusqu'aux dernières limites de la moralité de l'être humain. On remarquera également une ambiance à la Hitchcock ce que souligne également la magnifique couverture.

En effet, les sentiments y sont justes et sans excès. Ils sont d'ailleurs sublimés par la pureté du trait. de nombreuses pages certes mais qui nous permettent d'apprivoiser les personnages pour en devenir plus proches. Graphiquement, c'est parfait pour une lecture agréable. Cette somptuosité du trait conduit au bonheur. Je suis à la fois convaincu et conquis avec cependant une réserve quant au basculement du récit qui aurait pu être plus subtile.

Courrez acheter ce thriller et vous ne le regretterez pas. Un immense coup de coeur. Il ne reste plus à faire qu'une adaptation au cinéma.

Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
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Appelez cela comme vous voulez, une gifle, un coup de coeur voire un coup de foudre mais je ressors de cette lecture essorée mais ravie.
Tout d'abord une superbe couverture qui évoque la rue des corneilles, lieu du massacre mais qui est surtout riche en symbolisme. Nous ne le savons pas encore mais elle nous dit tout. Elle n'est d'ailleurs pas sans rappeler le célèbre film d'Hitchcock « les oiseaux ». le corbeau et la corneille illustres charognards nous renvoyant à la mort sont des oiseaux rusés et profiteurs. le fond rose nous rappelle la jeunesse de la victime mais évoque aussi la séduction moins propice à l'innocence. N'oublions pas le titre un patient s'appelle aussi dans la recherche médicale « un sujet ».
Une entrée en matière qui nous plonge dès le départ dans l'horreur avec le massacre d'une famille. Mais l'avidité du sensationnel passée, les habitants de la ville ont enterré l'histoire avec les morts. Au réveil du seul rescapé, seule Anna une psychologue marquée par le drame décide de s'occuper de Pierre. Il faut dire qu'elle a suivi la soeur présumée coupable des meurtres.
Un scénario machiavélique qui nous entraîne doucement dans le doute puis dans la folie douce jusqu'à nous sécher avec une fin aux multiples facettes. Qui est le corbeau finalement? Chacun fera son propre jugement.
C'est beau, c'est bon et on en redemande.
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Attirée par le graphisme et le titre de cette BD, je l'ai empruntée à la médiathèque. C'était la première fois que je lisais un policier en BD et ça m'a plu.
Dramatique fait divers. Une jeune fille erre dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. Des policiers l'interpellent et découvrent les cadavres de plusieurs membres de sa famille à leur domicile. Son frère Pierre est le seul survivant. Grièvement blessé, il se réveille du coma 6 ans plus tard. Que s'est-il passé ? Anna Kieffer, psychologue spécialisée en criminologie et victimologie, le prend en charge et tente de lui faire retrouver la mémoire des faits. L'enquête est close.
Je trouve que le graphisme sert très bien la narration. L'angoisse monte au fil des pages. Dénouement à la fin.
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