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EAN : 9782070432325
192 pages
Gallimard (23/04/1976)
4/5   10 notes
Résumé :
Arrêté par la police, un gangster, qui pense avoir été trahi par son jeune frère, s'évade et découvre la vérité.

Paisible garagiste le jour, Louis Bertain, alias Louis Le Blond, se mue la nuit en redoutable gangster, spécialiste du hold-up. Avec ses complices, Pépito le Gitan, Raymond le Matelot et Frédo, il vient de réussir un gros coup et attend tranquillement que l'affaire se tasse. Mais le lendemain, au petit jour, Pierre, le frère cadet de Louis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Fan de littérature populaire policière, de films policiers, et aimant déguster un style moins plat que ce que nous proposent les auteurs actuels, je me demande encore comment j'ai mis autant de temps à découvrir la plume d'Auguste le Breton.

Ce n'est pourtant pas faut de connaître l'univers de l'auteur en ayant déjà goûté aux multiples adaptations cinématographiques de ses romans comme « Razzia sur la chnouf » ou « le clan des siciliens ».

Oui mais voilà, des rencontres pourtant évidentes sont parfois tardives, c'est le cas de celle-ci, de celle d'Auguste le Breton, auteur et de moi, lecteur.

Si je ne cesse de clamer que « chez un artiste, seul l'oeuvre m'intéresse et non pas la biographie », je rajoute souvent « sauf si sa vie peut expliquer son oeuvre »... et c'est exactement le cas d'Auguste Montfort, alias Auguste le Breton.

Effectivement, l'oeuvre d'Auguste est totalement inspirée de sa vie. D'abord, son prénom d'Auguste, donné par son père Eugène, qui était clown (un Auguste). Père qu'il perdra avant ses deux ans et avant d'être abandonné par sa mère, puis de devenir pupille de la nation, d'être placé en orphelinat d'où il s'évadera plusieurs fois avant d'être envoyé en centre d'éducation surveillée.

De cette enfance tumultueuse, il en tirera deux romans, « Les hauts murs » et « La Loi des rues ».

Puis il fréquente la pègre où il nouera plusieurs amitiés et d'où il tirera son pseudonyme puisqu'on l'y appelle « Le Breton ».

La guerre et l'occupation lui inspirera le roman « 2 sous d'amour ».

Juste après la guerre, à la naissance de sa fille, il décide, comme il se l'était promis durant ses moments de galère, à écrire sur son enfance pour qu'elle comprenne d'où il vient.

Mais c'est son roman « du rififi chez les hommes » qui signe son premier succès et son arrivée dans le monde du polar. Rififi est d'ailleurs un mot qu'il a inventé et qu'il déposera.

S'en suit alors de nombreux romans policiers dont plusieurs seront adaptés au cinéma.

Mais, n'entrons pas plus dans le vie d'Auguste le Breton, ces éléments suffisent à comprendre son oeuvre, et passons au titre en question.

Auguste le Breton évoque le milieu qu'il connait bien avec une plume argotique, populaire, mais néanmoins parfaitement maîtrisée. Tout comme est maîtrisée une histoire plutôt simple, linéaire, mais très agréable à suivre.

Car c'est une portion congrue du monde de la pègre que nous propose l'auteur. L'action se déroule sur un temps assez court (tout comme l'est le roman) et nous présente un panel évocatif de la pègre de son époque. Louis Bertain, alias le Blond, car il est blond, est un braqueur élégant, froid et dur comme l'acier, qui n'a de tendresse que pour sa vieille mère mais qui a le code d'honneur du milieu ancré au plus profond de lui. Pépito, le gitan, défouraille plus vite que son ombre ; il mitraille comme d'autres se mouchent et, lui, sa vie n'est régie que par la vengeance. Frédo alias Quesquidi est un braqueur vieillissant dans tous les sens du terme. Braquer, tuer, cela le lasse, cela l'angoisse et s'il n'était pas aussi avide d'argent, il se serait depuis longtemps rangé des voitures. Et il y a Pierre Bertain, le jeune frère du Blond, un gamin, encore, tout juste sorti de l'adolescence, qui a voulu se frotter au milieu, pour faire comme son frère, montrer qu'il en avait, mais qui n'en a pas et qui sort juste de taule et qui n'a pas envie d'y retourner d'autant que ça l'éloignerait de la belle Hélène, la femme qu'il a dans la peau.

Puis il y a les femmes... deux femmes, les deux extrêmes, les deux visions différentes de la femme dans le monde de la pègre de l'époque. M'man, la vieille mère douce et aimante et Hélène, la jeune et attirante Hélène, l'autre versant de la femme, la garce, vénale voire vénéneuse... La femme n'a pas grand place dans ce monde et, surtout, n'a pas grande estime.

Et Auguste le Breton nous convie à cet ultime braco qui va bouleverser toutes ces vies à jamais sans en faire des caisses, sans faire d'esbrouffe, juste avec ce qu'il faut de gouaille pour rendre l'ensemble captivant.

Car on pourrait se désintéresser de tout ce monde, peu glorieux, au final, mais l'auteur rend certains personnages malgré tout attachant. Que ce soit le Blond et sa tendresse extrême pour sa mère ou même Pierre et sa candeur et sa naïveté. Et c'est ce qui permet au lecteur d'avoir les sensations qu'il a à la lecture de cette histoire de malfrats.

Même le style est au diapason et si l'ensemble est porté par une verve argotique, c'est fait sans excès (à part, peut-être, pour le langage gitan), sans outrance, afin que la plume n'emporte pas le dessus sur l'histoire pas plus que l'histoire ne l'emporte sur le style.

Au final, une bien intéressante découverte qui tranche avec la lecture d'autres auteurs oeuvrant dans un genre et une époque similaires, comme Albert Simonin, chez qui la plume prenait le pas sur l'histoire.
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Truand, mon ami, gaffe aux gonzesses !


La trame

Connaissez le gang des tractions ? Des zigues qui châssent le braquage, le préparent avec soin, l'exécutent avec ou sans violence –plutôt avec- et se remettent au vert une heure après, tout tranquilles ? Cherchez pas, c'est les hommes qui suivent. Celui qu'indique, qui réfléchit, qui prépare, c'est Fredo dit « Quesquidi » du temps où il était aux Amériques pour éviter Verdun et ses tranchées. le gonze à la bastos facile, vacharde, volontaire voire sadique, c'est Pépito « le Gitan ». L'homme aux nerfs d'acier, conducteur émérite de Citroëns 15, dur avec tout le monde mais tendre avec sa M'man, c'est Louis, « le Blond ». Pis y'a aussi Raymond « le Matelot ». S'fait repasser à la moitié du bouquin, c'lui là.

Braque, braque, re-braque… Fredo n'en peut plus, il a les foies, y va tout laisser tomber. Ses potes pensent le dessouder –manque de confiance- mais en auront pas le temps. S'ront faits aux pattes avant.

Y'a une mousmée aussi, Hélène, une belle garce qu'aime le pognon, surtout le pognon. Voilà-t-y-pas que Pierre, le frangin de Louis, en est dingue. Mais fait pas le poids, le Pierrot, un jeunot qu'a un coeur trop tendre et pas grand-chose dans l'falzar. Gaffe aux gonzesses ! Louis l'avait bien compris, lui : il consomme, c'est tout. Quand on est truand, le premier duce à suivre, c'est qu'il faut jamais s'attacher. Aux potes, à la rigueur, aux gonzesses, jamais.

L'avis

Excellentissime polar, tout ce que j'aime. D'abord, ça se lit en trois heures et j'ai jamais compris pourquoi certains (surtout des saxons d'ailleurs) voulaient toujours rajouter des pages et des pages. Ici, l'histoire est brute de coffrage, sans fioritures complètement inutiles, sans bluette qui vient comme un oeuf à la coque dans une cafetière. Brute, oui, simple, oui, mais bien écrite, crédible. On retrouve un Paris des années cinquante, avec la Butte, la rue Lepic où la vieille M'man vend ses cerises. Les truands sont pas des fous de Dieu, ils sont simplement fous d'artiche, de flouze, de grisbi qui permet de boire le Champ' avec des nanas, et de se promener en fils à fil gris, borsalino sur la calebasse, au lieu de se traîner misérablement en bleu de chauffe. Bon évidemment, ce sont des affreux, c'est sûr, qui n'hésitent pas à repasser de braves pères de famille pour s'approprier l'oseille. N'empêche qu'on ressort de tout ça avec une certaine sympathie pour Louis « le Blond », et un mépris certain pour son frangin.

A lire d'urgence si ce n'est déjà fait. Publié en 1954, « le rouge est mis » a été remarquablement porté à l'écran par Gilles Grangier, avec Gabin, Ventura, Frankeur, Bozuffi et Annie Girardot en salope haïssable. Sorti en DVD récemment, le film est remarquablement fidèle au roman.
Lien : http://noirdepolars.e-monsit..
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Des truands, des braquages qui tournent mal, des poursuites en traction, des trahisons, des passages à tabac et tout ça dans les années 50. Tout ce qui fait le charme des polars qu'on lit en noir et blanc. Et bien sûr, tout ça décrit et parlé en argot. Un régal pour les amateurs.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
S’il méprisait les sœurs, il ne les dépouillait pas. Et si quelque chose le débectait encore plus que les sœurs, c’étaient les maqs. Il ne comprenait pas qu’on puisse s’abaisser à se faire entretenir. Se mouiller en homme, oui ! Risquer sa vie, sa liberté, oui ! Mais encaisser le pognon des nanas ? Dépendre d’elles ? Plus souvent. Cependant, s’il l’avait voulu… Pas les occasions qui lui avaient manqué. Il aurait pu en mettre, des gonzesses, sur le ruban ! Des débutantes ! Elles ne demandaient que ça pour le garder !
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À risque égal, part égale, non ? Et dans leur vie, ça ne se passe pas tout à fait comme au ciné ou dans les bouquins. Le caïd ne distribue pas des baffes à ses équipiers comme s’il en pleuvait. Sans blague ! Pourquoi ne pas les faire marcher au pas cadencé, pendant qu’on y est ? Les rouleurs d’épaules ne font pas de vieux os, dans le milieu.
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Ne plus quitter Hélène ? Coucher près d’elle toutes les nuits ? Ne plus souffrir de cet éloignement qui lui rongeait le cerveau ? Ne plus sentir dans sa chair ces pointes douloureuses, cet incendie que seule Hélène pouvait éteindre ? C’était trop beau. Ça ne pouvait pas arriver.
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Sur le boulevard de Clichy, des passants flânaient, la bouche entrouverte. Ils manquaient d’air. Les mâles étaient en corps de chemise, veston sous le bras. Les nanas en robe légère, jambes nues.
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Chacun vivait comme ça devant tout le monde. Ça bectait, ça se cuitait, ça se bagarrait, ça se niquait sans se soucier du voisin.
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