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Citations sur Bougainville (12)

Des Antilles, sur un appel pressant de George Washington, l'escadre appareille pour la Virginie, emmenant 3 300 soldats. Le 30 août 1781, ce corps d'armée est débarqué en baie de Chesapeake et, le 5 septembre, une force navale anglaise se présente. Avec 24 bâtiments, contre 21 pour leurs adversaires, les Français bénéficient d'une légère supériorité stratégique. Mais surtout, leur allant provoque des ravages chez l'ennemi. Placée en avant-garde, la division de Bougainville montre une grande efficacité. La bataille ne dure que quelques heures, du milieu de l'après-midi à la tombée de la nuit, mais elle est sanglante : sur l'Auguste, Bougainville perd 67 hommes. De Grasse n'est pas avare de compliments, affirmant par la suite, à Rochambeau et à Washington, que l'élément déterminant de la victoire de la Chesapeake ne fut autre que Bougainville. Après son repli, la Royal Navy ne tentera pas une nouvelle attaque. Dès lors, ayant obtenu la supériorité maritime, les armées américaine et française peuvent se concentrer sur l'attaque de Yorktown. Et la prise de ce point stratégique va marquer le début de la victoire américaine, et un jalon décisif vers l'indépendance.
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Ayant la chance de ne pas être incommodé et donc de se trouver intellectuellement dispos, Bougainville a enregistré beaucoup de choses. Le vocabulaire dont il use le démontre. Comme un marin, il parle de lames et non de vagues ; il évoque un gaillard d’arrière engagé dans l'eau et non submergé par l'eau. En revanche, la phonétique lui joue des tours : les navigateurs ont sûrement parlé d'un appareillage « de conserve avec le Héros », une expression devenue « de concert avec le Héros ». Or la signification maritime de l'expression n'est pas la même. En effet, « de concert » signifie que les deux bâtiments se sont accordés pour appareiller au même moment (ils se sont concertés pour prendre la décision), alors que « de conserve » signifie qu'ils ont l'intention d'effectuer la traversée ensemble, en vue l'un de l’autre, prêts à se porter mutuellement assistance.
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En 1809 enfin, il est choisi pour présider le conseil de guerre relatif à la défaite de Trafalgar.

Lorsqu'il s'installe derrière la table des jurés, entouré de l'ancien secrétaire d'État à la Marine de Fleurieu et des vice-amiraux de Rosily et Thévenard, Louis Antoine de Bougainville est un vieux monsieur de quatre-vingts ans. Mais il se souvient sûrement avec une acuité toute particulière de ce mois de mai 1784, à Lorient, lorsqu'il fut lui-même jugé. Voici de cela vingt-cinq ans, il se trouvait dans la situation où se trouve aujourd'hui le contre-amiral Dumanoir. Le 21 octobre 1805, lorsque la flotte de Villeneuve a été défaite par celle de Nelson au large du cap Trafalgar, Dumanoir, commandant l'avant-garde de l'escadre française, aurait manqué à ses devoirs. Ironie du destin, voici Bougainville président du jury face à un homme sous le coup de la même accusation que celle qui, autrefois, mit un frein à sa carrière. Car entre la bataille des Saintes et celle de Trafalgar où l'on vit Nelson couper la ligne de bataille pour encercler la partie de la flotte française ainsi isolée, la similitude est frappante.
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Pour Bougainville, tout cela paraît cependant bien déconcertant.

Dire que dans les premiers jours de décembre 1776, comme lui-même prenait le commandement du Bien-Aimé, un audacieux petit bâtiment se glissait en rivière d'Auray afin d'y débarquer un envoyé des jeunes États d'Amérique en lutte contre leur colonisateur. L'homme s'appelait Benjamin Franklin, que les militaires de la guerre de Sept Ans connaissaient pour avoir affirmé : « Point de repos pour nos treize colonies tant que les Français seront en Amérique. » Eh bien, cet homme-là venait maintenant implorer Louis XVI de lui apporter une aide militaire pour chasser les Anglais.

Et qui l'avait envoyé ? Un certain George Washington. Washington, le colon américain qui avait commandé cette attaque traîtresse, en vallée de l'Ohio, à l'origine de la guerre du Canada, et par suite de l'éviction de la France !

Désormais, depuis le 8 février 1778, chacun sait à quoi s'en tenir : le traité de commerce et d'alliance signé entre la France et la République américaine ne peut pas être perçu par les Anglais autrement que comme une déclaration de guerre.

Comment Louis XVI le pacifique en est-il arrivé là ? L'opinion publique... Car entre le fougueux marquis de La Fayette qui ne parlait que de recruter une armée pour aller se battre aux côtés des insurgents, et Beaumarchais l'homme de théâtre et homme d'affaires qui leur livrait armes, munitions et matériel en contrebande, il n'y avait plus de place pour une diplomatie pusillanime.
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Je suis voyageur et marin, c'est-à-dire un menteur et un imbécile aux yeux de cette classe d'écrivains paresseux et superbes qui, dans l'ombre de leur cabinet, philosophent à perte de vue sur le monde et ses habitants, et soumettent impérieusement la nature à leurs imaginations. Procédé bien singulier, bien inconcevable de la part des gens qui, n'ayant rien observé par eux-mêmes, n'écrivent, ne dogmatisent que d'après des observations empruntées de ces mêmes voyageurs auxquels ils refusent la faculté de voir et de penser.
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Voltaire a raison : la circumnavigation d'Anson est un voyage de rapines, à peine moins empreint de piraterie que celui accompli par Francis Drake, entre 1577 et 1580. C'est aussi une expédition au bilan humain effrayant : des 2 000 marins embarqués (sur sept navires) ne revinrent, trois ans et neuf mois plus tard, que 188 survivants, à bord d'un seul bâtiment. On gardera ce chiffre à l'esprit lorsqu'on analysera le tour du monde que Bougainville, à Londres en cet hiver 1754-1755, est encore bien loin d'imaginer.
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...les navigateurs expérimentés disent : « Sans toutes les côtes qui l'entourent, la mer ne serait pas aussi dangereuse. »
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Les Hollandais s'intéressèrent tout particulièrement aux épices des îles de la Sonde et des Célèbes, où ils ouvrirent une série de comptoirs, eux-mêmes satellites d'un grand port chargé des communications avec la métropole : Batavia (actuelle Jakarta). Devenue un véritable État dans l'État batave, la Compagnie possédait son administration, son armée et sa flotte. C'était donc elle qu'il s'agissait de braver en volant des plants d'épices, à défaut de pouvoir les négocier.
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Aujourd'hui, on a peine à imaginer : sur cette coque longue de 40 mètres pour 10 de large s'entassent près de 220 personnes, pour un voyage de deux ans dans le meilleur des cas. Sur les ponts comme dans le gréement, partout on se bouscule. D'autant plus que dans l'entrepont — dont la hauteur n'excède pas 1,6 m, on a logé le bétail sur pied qui sera consommé durant la première partie du voyage. Aux hommes s'ajoutent donc des bœufs, des moutons, des porcs, de la volaille… Après quelques heures de route, surtout si le mal de mer sévit chez les hommes comme chez les animaux, on peut imaginer l'ambiance. Telle était à l'époque la vie des marins.
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En 1807, Napoléon en fait un comte de l'Empire, avec un nouveau blason qui illustre sa carrière : « D'azur à deux épées d'or passées en sautoir et une ancre d'argent posée en pal, à la mappemonde de même posée en abîme, brochant sur le tout 12. » Puis il prend la présidence de sa classe à l'Institut. En 1809 enfin, il est choisi pour présider le conseil de guerre relatif à la défaite de Trafalgar.
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