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EAN : 9782070452361
320 pages
Gallimard (16/10/2014)
3.97/5   15 notes
Résumé :
"Serait-on citoyen si l'on ne préférait la satisfaction d'être utile à l'honneur d'être admiré ?". La vie de Louis Antoine de Bougainville (1729-1811) est un roman d'aventures. Militaire loyaliste, il a tout connu : les salons de la Pompadour ; la guerre au Canada en compagnie des Iroquois ; la création d'un établissement français aux îles Malouines ; le fameux voyage d'exploration scientifique rapporté dans Voyage autour du monde ; la préparation d'une expédition v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelle odyssée que la vie de Bougainville !

Né sous Louis XV en 1729, mort sous l'empire en 1811, Louis-Antoine de Bougainville est le premier français à effectuer un tour du globe (1766-1769) et explorer notamment les iles Tahiti, les Samoa et Vanuatu.

Mousquetaire en 1750, auteur d'un remarquable « Traité de calcul intégral, pour servir de suite à l'Analyse des infiniments-petits de M. le marquis de l'Hôpital » en 1754, aide de camp de Montcalm en 1756, il se distingue au Canada mais est contraint de négocier un armistice en 1760. Prisonnier sur parole, il rentre en France pour prendre le contrôle des Malouines en 1764 … que nos politiques abandonnent aussitôt …

En 1766, avec le naturaliste Philibert Commerson et l'astronome Pierre-Antoine Véron, il entame, à bord de la Boudeuse, un tour du Monde qui le dirige vers les Malouines, qu'il est chargé de remettre aux espagnols, emprunte le détroit de Magellan, parcourt le Pacifique suivant le tropique du Capricorne. En avril 1768 il est à Tahiti, en mai sur l'archipel des Samoa puis des Louisiades, longe les iles Salomon et découvre l'ile Bougainville le 30 juin avant de se ravitailler aux Molusques en septembre et de rentrer à Saint-Malo le 16 mars 1769 avec des pertes minimes (sept morts).

Il publie en 1771 son célèbre « Voyage autour du monde », qui lui vaut d'être voué aux gémonies par Diderot, mais suscite les vocations de James Cook et de la Pérouse. Il envisage une mission vers les pôles mais ne trouvre pas les financements nécessaires.

En 1778, au sein de l'escadre dirigé par l'amiral d'Estaing, il part secourir les insurgents et joue un rôle majeur en septembre 1781 à la bataille de Chesapeake, qui provoque la capitulation de Yorktown et l'indépendance américaine.

Coopté à l'académie des sciences et à l'académie de marine, il conseille les ministres et organise la mission de la Pérouse avant être nommé en octobre 1790 commandant de l'escadre de Brest pour y apaiser (provisoirement) le climat insurrectionnel.

En juin 1792 il est aux Tuileries pour défendre le Roi, emprisonné à Coutances sous la Terreur, libéré après Thermidor, il est nommé à l'Institut de France en 1795. Il prépare l'expédition d'Egypte en 1798, devient sénateur en 1799, comte d'Empire en 1808, préside le conseil de guerre chargé de juger les responsables de la défaite de Trafalgar, travaille sur un projet de sous-marin.

Louis-Antoine de Bougainville meurt en 1811 fidèle à sa vocation « Serait-on citoyen si l'on ne préférait la satisfaction d'être utile à l'honneur d'être admiré ? ».

Dominique le Brun, son biographe, fait revivre l'explorateur qui sut adroitement naviguer parmi les écueils politiques d'un monde en pleine révolution.

Un ouvrage synthétique, limpide et passionnant, enrichi d'annexes biographiques, chronologiques et d'un glossaire des termes maritimes, qui est admirable pour peu que l'on ne s'appesantisse pas sur l'appréciation injuste et superficielle (à mon avis) portée sur Louis XV.
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Louis-Antoine de Bougainville, un homme de qualité hors du commun, mathématicien, utilisant avec intelligence les faveurs de la Pompadour pour accéder à des postes importants sous Louis XV, puis Louis XVI; se fait élire à la Royal Society de Londres. Reçoit ensuite plusieurs honneurs de Napoléon. Débutant comme mousquetaire, car à l'époque pour avoir des gallons dans la marine il faut être militaire. Il est l'ordonnance de Montcalm durant les conflits au Québec. Prend possession des Malouines, avant de les négotier aux espagnols sur ordre de Louis XV. Dominique le Brun nous offre une biographie documentée avec précisions, en plus d'un glossaire maritime, l'auteur utilise souvent des termes de navigateur comme rafraîchissement: terme de marine signifiant "toutes sortes d'aliments frais, et différents de ceux qu'on porte en mer, qui sont ordinairement secs ou salés". La lecture est agréable, précise et vivante, sans longueurs ou passages ennuyants.
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Courte biographie du navigateur français de la fin du XVIIIe siècle. L'auteur nous livre ici l'essentiel de la vie du grand navigateur, de ses voyages et de sa vie personnelle. Une lecture intéressante.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Des Antilles, sur un appel pressant de George Washington, l'escadre appareille pour la Virginie, emmenant 3 300 soldats. Le 30 août 1781, ce corps d'armée est débarqué en baie de Chesapeake et, le 5 septembre, une force navale anglaise se présente. Avec 24 bâtiments, contre 21 pour leurs adversaires, les Français bénéficient d'une légère supériorité stratégique. Mais surtout, leur allant provoque des ravages chez l'ennemi. Placée en avant-garde, la division de Bougainville montre une grande efficacité. La bataille ne dure que quelques heures, du milieu de l'après-midi à la tombée de la nuit, mais elle est sanglante : sur l'Auguste, Bougainville perd 67 hommes. De Grasse n'est pas avare de compliments, affirmant par la suite, à Rochambeau et à Washington, que l'élément déterminant de la victoire de la Chesapeake ne fut autre que Bougainville. Après son repli, la Royal Navy ne tentera pas une nouvelle attaque. Dès lors, ayant obtenu la supériorité maritime, les armées américaine et française peuvent se concentrer sur l'attaque de Yorktown. Et la prise de ce point stratégique va marquer le début de la victoire américaine, et un jalon décisif vers l'indépendance.
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Pour Bougainville, tout cela paraît cependant bien déconcertant.

Dire que dans les premiers jours de décembre 1776, comme lui-même prenait le commandement du Bien-Aimé, un audacieux petit bâtiment se glissait en rivière d'Auray afin d'y débarquer un envoyé des jeunes États d'Amérique en lutte contre leur colonisateur. L'homme s'appelait Benjamin Franklin, que les militaires de la guerre de Sept Ans connaissaient pour avoir affirmé : « Point de repos pour nos treize colonies tant que les Français seront en Amérique. » Eh bien, cet homme-là venait maintenant implorer Louis XVI de lui apporter une aide militaire pour chasser les Anglais.

Et qui l'avait envoyé ? Un certain George Washington. Washington, le colon américain qui avait commandé cette attaque traîtresse, en vallée de l'Ohio, à l'origine de la guerre du Canada, et par suite de l'éviction de la France !

Désormais, depuis le 8 février 1778, chacun sait à quoi s'en tenir : le traité de commerce et d'alliance signé entre la France et la République américaine ne peut pas être perçu par les Anglais autrement que comme une déclaration de guerre.

Comment Louis XVI le pacifique en est-il arrivé là ? L'opinion publique... Car entre le fougueux marquis de La Fayette qui ne parlait que de recruter une armée pour aller se battre aux côtés des insurgents, et Beaumarchais l'homme de théâtre et homme d'affaires qui leur livrait armes, munitions et matériel en contrebande, il n'y avait plus de place pour une diplomatie pusillanime.
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En 1809 enfin, il est choisi pour présider le conseil de guerre relatif à la défaite de Trafalgar.

Lorsqu'il s'installe derrière la table des jurés, entouré de l'ancien secrétaire d'État à la Marine de Fleurieu et des vice-amiraux de Rosily et Thévenard, Louis Antoine de Bougainville est un vieux monsieur de quatre-vingts ans. Mais il se souvient sûrement avec une acuité toute particulière de ce mois de mai 1784, à Lorient, lorsqu'il fut lui-même jugé. Voici de cela vingt-cinq ans, il se trouvait dans la situation où se trouve aujourd'hui le contre-amiral Dumanoir. Le 21 octobre 1805, lorsque la flotte de Villeneuve a été défaite par celle de Nelson au large du cap Trafalgar, Dumanoir, commandant l'avant-garde de l'escadre française, aurait manqué à ses devoirs. Ironie du destin, voici Bougainville président du jury face à un homme sous le coup de la même accusation que celle qui, autrefois, mit un frein à sa carrière. Car entre la bataille des Saintes et celle de Trafalgar où l'on vit Nelson couper la ligne de bataille pour encercler la partie de la flotte française ainsi isolée, la similitude est frappante.
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Ayant la chance de ne pas être incommodé et donc de se trouver intellectuellement dispos, Bougainville a enregistré beaucoup de choses. Le vocabulaire dont il use le démontre. Comme un marin, il parle de lames et non de vagues ; il évoque un gaillard d’arrière engagé dans l'eau et non submergé par l'eau. En revanche, la phonétique lui joue des tours : les navigateurs ont sûrement parlé d'un appareillage « de conserve avec le Héros », une expression devenue « de concert avec le Héros ». Or la signification maritime de l'expression n'est pas la même. En effet, « de concert » signifie que les deux bâtiments se sont accordés pour appareiller au même moment (ils se sont concertés pour prendre la décision), alors que « de conserve » signifie qu'ils ont l'intention d'effectuer la traversée ensemble, en vue l'un de l’autre, prêts à se porter mutuellement assistance.
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Je suis voyageur et marin, c'est-à-dire un menteur et un imbécile aux yeux de cette classe d'écrivains paresseux et superbes qui, dans l'ombre de leur cabinet, philosophent à perte de vue sur le monde et ses habitants, et soumettent impérieusement la nature à leurs imaginations. Procédé bien singulier, bien inconcevable de la part des gens qui, n'ayant rien observé par eux-mêmes, n'écrivent, ne dogmatisent que d'après des observations empruntées de ces mêmes voyageurs auxquels ils refusent la faculté de voir et de penser.
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Vidéo de Dominique Le Brun
https://www.librairiedialogues.fr/rencontres/15557/ Rencontre avec les écrivains de Marine, organisée dans le cadre du Rendez-vous des Écrivains de marine, qui a eu lieu le 22 juin à la librairie dialogues à Brest, avec pour invités : Patrick Poivre d'Arvor, François Bellec, Marie Dabadie, Dominique Lebrun et Jean Rolin. Entretien mené par Charles Kermarec. Réalisation : Ronan Loup.
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