p.245.
Les zombies étaient nombreux à Saint-Domingue. Leurs visages n’étaient pas noirs, ni bruns, mais gris. Ils ne parlaient pas, ne vous regardaient jamais en face. J’avais depuis mon enfance entendu dire qu’ils étaient des morts tirés de leur tombeau et ressuscités par magie. Leur volonté propre avait disparu. Ils travaillaient surtout sur les plantations. On ne les payait pas, ils ne recevaient qu’un repas par jour. Les planteurs les achetaient à des sorciers vaudous. En achetait qui voulait et on pouvait les revendre comme animal, comme objet¹.
1. Selon des témoignages apparemment sérieux, on voit encore de nos jours, des zombies sur l’île de Saint-Domingue. Ce ne sont pas des morts qu’on ressuscite mais des vivants qu’une drogue administrée de force ou par surprise met en état de mort apparente, de catalepsie. On les enterre et, quelques jours plus tard, on les déterre, avant de les ranimer. Des analyses ont permis de découvrir que cette drogue contient des hallucinogènes et de la tétadroxine agissant sur le système nerveux. Les victimes restent pathologiquement apathiques, quasi amnésiques. (G.B.)
p.218.
À l’heure que je parle, il est élevé aux plus éminents dignités de la Jamaïque : ce qui fait voir qu’un homme, quel qu’il soit, est toujours estimé et bien reçu partout, quand il a de l’argent.
p.67.
Ils sont tout à fait singuliers dans leur piété, car ils prient Dieu avec autant de dévotion, lorsqu’ils vont ravir le bien d’autrui, que s’ils le priaient de conserver le leur. Ce qu’il y a de plus précieux dans le monde ne leur coûte qu’à prendre, et quand ils l’ont pris, ils pensent qu’il leur appartient légitimement, et l’emploient aussi mal qu’ils l’ont acquis : puisqu’ils prennent avec violence, et répandent avec profusion.
p.33-4.
Il y avait dans cette nef une infinité de diamants, tous très beaux et pour la plupart de vieille roche, car on avait découvert dans l’Inde, cette année-là, une mine si grande que, si l’Idalcan ne l’avait vite fait fermer, le diamant serait devenu banal comme le cristal et aurait perdu de sa valeur.
Dans les années 1620, on sait déterminer la latitude d'un lieu et d'un navire avec une relative précision, mais il n'en va pas de même pour la longitude.
Pour cela, ils vont en certains lieux épier les Espagnols qui ont des couraux ou parcs plein de porcs; ils forcent ceux qu'ils peuvent surprendre à leur apporter deux ou trois cents porcs gras, plus ou moins, selon qu'ils ont besoin, et sur leur refus ils les pendent, après leur avoir fait souffrir mille cruautés.
Qu'un seul navire, avec vingt-deux pièces d'artillerie, ait livré bataille pendant une journée, sans recevoir de secours et sans se rendre, à dix-sept vaisseaux armés chacun de trente-cinq à quarante pièces, je ne sais si cela est jamais arrivé.